Concertations nationales : pour quoi faire ?

Des voix se font de plus en plus insistantes pour réclamer des assises devant permettre aux Maliens d’échanger, « car la solution à leurs problèmes ne peut pas venir seulement de l’extérieur ».

En mars dernier, Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), réagissait aux propos de Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre de la Réconciliation nationale, qui avait déclaré que l’opposition soutenait la mise en œuvre de l’Accord de paix : « Il ne peut pas parler à notre place. (…) L’opposition a demandé des concertations nationales qui n’ont jamais été faites ! ». Ces propos du chef de file de l’opposition ont remis en selle les partisans de l’organisation de concertations nationales, prévues dans l’Accord cadre du 6 avril 2012 pour déterminer la feuille de route de la Transition. Autrefois soutenues par le Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti au pouvoir, elles sont aujourd’hui réclamées par d’autres acteurs politiques, y compris au sein de la majorité et des organisations de la société civile.

Assises nationales, ou conférence d’entente ? À présent que certains blocages à la mise en œuvre de l’accord sont levés, et en particulier l’installation des autorités intérimaires, les mêmes voix s’élèvent pour ramener le sujet. Pour Djiguiba Kéïta dit « PPR », secrétaire général du Parti pour la renaissance africaine (PARENA), « la tenue des concertations nationales est maintenant nécessaire parce que nous les voyons comme une solution alternative à la mise à l’écart de pans entiers de notre pays dans les négociations ayant abouti à l’accord de paix ». La requête de l’opposition repose sur le postulat qu’un pays qui est en train de sortir de la crise ne pourrait faire l’économie de ces assises, qui permettront aux Maliens de s’asseoir « pour dire ce qu’il faut faire », ajoute Hammadoun Amion Guindo, secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Mais les larges échos donnés par les médias à la demande de l’opposition n’ont été écoutés que d’une oreille distraite dans les hautes sphères du pouvoir, où l’on s’interroge sur l’intérêt qu’il y a à organiser de telles concertations, à partir du moment où l’accord de paix prévoit une conférence d’entente nationale. « C’est après le coup d’État que ces concertations devaient avoir lieu, pas maintenant. IBK ne va jamais adhérer à une telle requête », confie un proche du Président. Il demeure tout aussi évident qu’il appartient au pouvoir de rendre inclusive cette conférence d’entente nationale, en l’élargissant aux partis politiques et organisations de la société civile qui soutiennent mordicus que les négociations pour l’accord de paix ont été « exclusives ». Nul ne saurait dire aujourd’hui si ces assises auront finalement lieu ou pas, même s’il y a quelques semaines, un responsable de la mise en œuvre de l’accord laissait entendre qu’elles étaient prévues. En attendant, cela reste un sujet de plus pour alimenter les dissensions au sein de la classe politique malienne.