Mali – Housseini Amion Guindo : « aucune malice ne saurait prévaloir »

Le 7 mars, l’alliance Jigiya Kura a signé sa rentrée politique avec un meeting tenu au Palais de la culture et porté par la CODEM d’Housseini Amion Guindo. Ce dernier, dans cet entretien, évoque la marche de la transition et la vision de cette plateforme.

Quel message avez-vous voulu faire passer ?

Le meeting était autour de deux thèmes. Tout d’abord les réformes indispensables, puis le vivre-ensemble. Nous avons parlé d’inclusivité, qui doit être la règle pour nous permettre une sortie apaisée de la transition. Nous avons exigé un chronogramme clair et précis pour les élections et nous avons aussi demandé que les efforts des gouvernants actuels soient recentrés sur la sécurité et l’organisation des élections dans un cadre inclusif.

Craignez-vous qu’avec les différentes actions inscrites dans le PAG la transition aille au-delà de 18 mois ?

Nous disons qu’aucune malice ne saurait prévaloir. Il y a une feuille de route bien concoctée, d’abord entre acteurs maliens et ensuite en rapport avec la communauté internationale. Donc nous distraire avec des choses qui n’ont rien à voir avec ce qui a été convenu, aux fins probablement d’obtenir des bonus, nous pensons que cela peut être de la malice. Le risque serait un embrasement supplémentaire du pays. La situation actuelle nous condamne à mettre le Mali au devant de tout et non jouer de malice pour s’éterniser et jouir du pouvoir.

L’organe unique de gestion des élections ne sera probablement pas opérationnel sous la transition. Êtes-vous inquiet pour la crédibilité et la transparence des futurs scrutins ?

Je pense que ce n’est pas l’organe unique qui va nous garantir forcément la crédibilité et la transparence des élections. S’il doit être mis en place aujourd’hui, ce sont encore les autorités de la transition qui le feront. Elles peuvent mettre qui elles veulent et en faire ce qu’elles veulent. L’organe unique n’est pas l’assurance de l’organisation de bonnes élections, c’est la conscience patriotique des autorités de la transition qui nous permettra, même dans le cadre d’une organisation des élections par l’Administration territoriale, de garantir l’égalité de chances pour tous, dans le seul souci du Mali.

Vous vous êtes beaucoup déplacé, à l’intérieur du pays et même à l’extérieur, ces derniers temps. Êtes-vous en précampagne ?

Bien entendu. Vous savez, une transition c’est une parenthèse et une exception, dans un pays démocratique. Elle ne fait rien d’autre qu’organiser la mise en place d’autorités légitimes. Donc c’est pendant cette transition qu’il faut remobiliser les troupes autour d’un projet pour essayer de leur proposer une alternative après la transition. C’est ce que nous faisons dans un rassemblement national.

Djiguiya Koura : Une nouvelle alliance politique en gestation

Alors que le Mali amorce une période transitoire pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel, suite à la démission de l’ex Président Ibrahim Boubacar Keita, un nouveau regroupement de partis politiques et d’associations sera lancé dans les prochains jours. Cette nouvelle force, composée aussi bien de partis d’opposition que de l’ancienne majorité, se veut avant-gardiste, pour « rester sur les rails, aller à la conquête du pouvoir et assurer le tournant générationnel ».

Les démarches de création de Djiguiya Koura sont très avancées et la nouvelle force sera lancée officiellement avant le 22 septembre 2020. « C’est une force qui est composée de partis politiques jeunes, pas forcément issus du mouvement démocratique, mais également d’associations, de groupements d’associations et de personnalités, notamment des cadres financiers et juridiques, pour ensemble non seulement s’organiser en avant-garde mais aussi regarder vers l’avenir », explique Housseini Amion Guindo, Président de la Convergence pour le développement du Mali (CODEM), l’un des partis à l’origine de l’initiative.

Selon Guindo, la force en création rassemblera des partis politiques et des associations de jeunes, de femmes et professionnelles qui étaient avec le M5 – RFP, ainsi que des associations et partis politiques issus de l’ancienne majorité.

« C’est pour que le Mali ne dévie pas, pour que nous allions à l’essentiel et essayions de préserver le pays, que cette période ne soit pas l’occasion de créer une nouvelle caste de privilégiés et que le véritable souci de tous soit le Mali », précise l’ancien ministre de l’Environnement.

Au-delà de la transition

« Djiguiya Koura n’est pas une force pour gérer une transition. Nous sommes plus tournés vers l’avenir que sur le présent », clame M. Guindo, dont le parti, la CODEM, est « entièrement engagé et même dédié » à la nouvelle formation politique.

On peut en déduire que cette force, qui s’inscrit sur la durée, partagera la vision de la CODEM sur la transition. Une vision qui articule cette transition autour de deux missions essentielles, la sécurisation du pays et la préparation d’élections générales libres et crédibles.

« Nous sommes convaincus que la transition n’a aucune légitimité pour s’installer longuement, encore moins aller vers des réformes en profondeur dans notre pays », confie celui qui s’est classé cinquième lors de la présidentielle de 2018.

Toutefois, ajoute-t-il, Djiguiya Koura sera là pour « non seulement suivre cette transition mais également l’aider si nécessaire avec des propositions, si elle est invitée à y participer ».