Les femmes et la danse des « djinns », un phénomène en vogue au Mali .

Une danse nonchalante et gracieuse ! Nous sommes en commune I dans une vaste cour au milieu d’une foule de spectateurs, une vingtaine de femmes sont assises en demi cercle et tapent avec des bâtonnets sur des calebasses renversés dans des bassines d’eau. Un batteur de tam-tam les accompagne, laissant échapper de son instrument des notes envoutantes. Quelques hommes habillés en tissu blanc se faufilent entre ces dames pour vérifier les membres de la secte présents à  la cérémonie. L’aire de danse était encore vide. D’autres femmes sont assisses sur des nattes multicolores, et tapent mollement des mains en dodelinant de la tête de gauche à  droite. Sur le lieu de la cérémonie, une dame confie que la danse atteindra son paroxysme lorsque le djinn d’un possédé viendra le visiter. « Chaque possédée a le nom de son Djinn( Amara, Kaba, etc.) » confie t-elle. En effet, notre curiosité n’ a pas tardé à  être satisfaite : une grosse femme venait de se jeter au milieu du cercle, criant et trépignant telle une hystérique. Elle se débarrassa de son voile, leva les bras au ciel écarquillant les yeux injectés de sang, et poussa un cri perçant. Elle dansait, tournoyait sur elle même puis s’arrêtait brusquement. Selon certains collègues initiés, elle était entrée en en transe et tremblait de tout son être en communion avec l’esprit. Parfois, elle se mettait à  prononcer des paroles incompréhensibles pour les profanes. Les initiées comprenaient qu’elle était entrain de prédire l’avenir. Selon certaines, elles annonçaient des naissances, des décès, des cataclysmes et parfois des moyens de conjurer le mauvais sort. Alors, deux hommes les saisirent de force pour mieux écouter leurs dires. Des femmes renommées dans la secte Ensuite, d’autres femmes furent visitées par leurs djinns, et envahirent la piste. Le désordre, les cris et la violence s’installèrent au cours de cette cérémonie o๠des dames connues, des artistes et certaines griottes connues du public, marchèrent à  quatre pattes en poussant des cris comme si le ciel venait de leur tomber la tète. Pour d’autres, l’appartenance à  cette « secte » permet de rehausser le succès dans le monde des affaires. D’autres femmes le font pour s’attirer la clientèle. Selon un vieux voyant, les djinns ont une existence qui transcende les appartenances communautaires liées à  la parenté ou au voisinage. Dans d’autre cas, la puissance des djinns est telle qu’elle échappe au pouvoir des hommes ; De cette danse hybride ou  » djinè tloguèn » en bambara, peut naà®tre, dans certaines circonstances, une nouvelle conjoncture, le djinn pouvant devenir complice des visées destructrices des hommes qui les manipulent à  des fins malsaines. « Le djinn attaque, la personne est envoûtée » affirme le voyant. On ne sait plus qui n’est pas possédé par les djinns à  Bamako: jeunes femmes, jeunes hommes, commerçants, fonctionnaires et même les artistes sont nombreux à  pousser des cris lors de ces manifestations rituelles. Mais ce sont surtout les femmes qui s’affichent à  travers des manifestations de danse collective dans divers quartiers de Bamako. Vigilance !