CPI : Ongwen plaide non coupable

Mardi 6 décembre a commencé le procès de Dominic Ongwen, un enfant soldat qui a fini par devenir commandant dans la sinistre rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du seigneur. L’accusé se pose en victime. Pour la procureur, Fatou Bensouda, il ne s’agit pas de trancher s’il est un homme bon ou cruel mais de déterminer s’il est coupable de crimes commis quand il était adulte et qui lui sont reprochés aujourd’hui. »

Quelle sera l’issue du procès de Dominic Ongwen, jugé à la CPI pour « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre » commis entre 2002 et 2005 dans le nord de l’Ouganda. Deux jours après l’ouverture du procès, il est difficile de prédire ce qu’il adviendra de celui qui est considéré par tous comme la tête pensante de la sinistre Armée de résistance du seigneur (LRA) de Joseph Kony, qui n’est toujours pas arrêté. Hier, à l’ouverture du procès, il s’est retranché dans un discours de victimisation et a plaidé non coupable.

Fils de professeurs, Dominic Ongwen a été enlevé sur le chemin de l’école alors qu’il n’avait que 10 ans, par la rébellion LRA, crée en 1987, dirigée par Joseph Kony. La macabre rébellion tentait d’implémenter un mode de gouvernance reposant sur les dix commandements de la Bible. Bien qu’il soit jeune, Dominic Ongwen se distingue par sa loyauté et sa témérité dans les combats. Au fil du temps, il devient l’un des leaders de la sinistre rébellion ougandaise qui a tué plus de 100 000 personnes et enlevé plus de 60 000 enfants, selon l’ONU. Aujourd’hui âgé de 40 ans, Dominic Ongwen, le premier enfant soldat à être jugé par la CPI, se présente comme une victime de la LRA. Une stratégie de défense que tente de démonter la Cour. Pour la procureure Fatou Bensouda,« il a embrassé avec enthousiasme les méthodes violentes de la LRA ». Encore plus important, il a décidé de ne pas déposer les armes pour se rendre, à la différence de 9 000 combattants, « qui se sont rendus et ont obtenu l’amnistie » entre 2002 et 2005. Le substitut de la procureur a ajouté qu’en 2004, il était à la tête de 3 000 hommes coupables d’attaques de camps de déplacés.

Des témoignages d’ex-membres de la LRA et de victimes ont été cités, outre les communications radios entre les commandants de la LRA dont Ongwen collectés par les services de renseignement ougandais. Aujourd’hui, mercredi 7 décembre, les représentants des 4 000 victimes feront leurs déclarations. Alors que la défense, elle, a décidé de s’exprimer à la reprise de l’audience en janvier prochain. Pour Fatou Bensouda, « La Cour n’est pas là pour trancher si Dominic Ongwen est un homme bon ou cruel, ni s’il mérite de la compassion. Elle est là pour déterminer s’il est coupable de crimes commis quand il était adulte et qui lui sont reprochés aujourd’hui. »