Association Kisal : défendre les Peuls autrement

Dans le « monde peul », des associations qui défendent cette communauté mettent en garde contre l’usage de la violence. L’association Kisal, 100% pacifiste et opposée à la création d’un mouvement politico-armé, propose une autre façon de mener le combat pour la justice, au nom des Peuls.

L’annonce pour le moins surprenante, le samedi 18 juin dernier, de la création du mouvement politico-armé Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ) en a laissés peu indifférents. Pour preuve, les réactions ou condamnations multiples qu’elle a suscitée, non seulement dans le microcosme politique, mais aussi chez ceux et celles qui vivent avec crainte les manifestations de repli identitaire. Elle a eu des résonances jusque dans le « monde peul » où, depuis, des associations de jeunes pour la plupart, qui ont jusqu’ici résisté aux appels du pied des entités politico-militaires comme la Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad, ont voulu réagir pour s’en démarquer. Parmi elles,  Natal, Pinal, Jeunesse Tabital Pulaaku et Kisal. Cette dernière association, dont le nom signifie en peul « l’aide, la surveillance », créée en novembre 2015, est la branche droits humains de l’association Tabital Pulaaku International, qui vise à donner une voix aux communautés d’origine nomade en Afrique de l’Ouest. Son président, Dougoukolo Alpha Oumar Konaré, psychologue clinicien, fait savoir d’emblée que son association est au courant des exactions à l’encontre des Peuls, « aussi bien de la part des militaires que des groupes armés, des djihadistes ou d’autres communautés. Il y a les meurtres, les vols de bétail, les arrestations ». 100% pacifistes, les membres de Kisal estiment que « la radicalisation ethnique peut s’ajouter aux dérives religieuses ». M. Konaré ajoute que la création d’un mouvement armé pour défendre les Peuls est « une mauvaise idée, dans les termes mentionnés par l’organisation concernant l’antagonisation de l’armée, parce qu’il y a déjà assez de problèmes ainsi ». Kisal entend surtout jouer un rôle d’intermédiaire et être un pont avec les institutions nationales et internationales. « Nous ne croyons pas au fait d’abandonner ceux qui prennent des décisions de ce type. Il faut toujours maintenir le dialogue. C’est aussi le rejet qui entérine la radicalisation (ethnique comme religieuse) », ajoute Dougoukolo Konaré, qui met en garde contre le fait que les services de sécurité maliens, déjà sur la défensive, profitent du climat actuel, on ne peut plus tendu, pour brutaliser les civils.