3 questions sur l’AEEM au Dr. Ichaka Camara Sociologue – Chargé de cours à la FSHE

Peut-on dire que l’AEEM n’est que le reflet de la société ?

On pourrait dire ça parce que ce sont les étudiants qui composent ce mouvement, des Maliens, et surtout que l’homme n’est que le fruit de son époque. Ces étudiants-là se caractérisent par le vol, la corruption, la violence. Depuis quelques années, l’école est politisée. Il semble que des gens s’en servent pour parvenir à leurs fins. Donc, oui, l’AEEM n’est que le reflet d’un pays où l’on s’est éloigné des normes fondamentales.

Pensez-vous que le gouvernement soit responsable de la dérive de ce syndicat étudiant ?

Depuis 1991, pour avoir été un acteur de l’avènement de la démocratie, l’AEEM a toujours été traité avec un certain laxisme par l’État qui, même s’il n’est pas responsable, est complice parce que passif. Il a démissionné. Quelle explication trouvez-vous au fait que les membres de l’AEEM ont un bureau à l’ENSUP alors que les professeurs n’en ont pas ? Quand des étudiants deviennent des bureaucrates, cela veut dire que l’État a failli. Et le résultat est qu’aujourd’hui, dans les facultés, ils insultent doyens et professeurs et vont jusqu’à exiger d’être associés à la proclamation des résultats.

Que faire aujourd’hui pour l’AEEM ?

Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il faut dissoudre l’AEEM. Je suis réaliste. Ces étudiants-là sont bien enracinés et personne ne veut les avoir sur le dos. Ce qu’il faut, c’est revoir le fonctionnement de ce mouvement, fixer ses prérogatives et ses limites.