Sondage Mali-Mètre : Kidal, Gao et Ménaka s’expriment

Il y a quelques mois, Mali Mètre avait publié les résultats de son 5è sondage sur le Mali. Cette fois, il s’intéresse à  trois villes du nord. Gao, Ménaka et Kidal, dont l’accès avait été rendue impossible aux enquêteurs par l’insécurité régnante. « D’o๠l’idée de compléter le dernier sondage Mali Mètre par un numéro spécial, explique Jan Falhbusch, représentant de la Fondation Friedricht Ebert au Mali. Que pensent donc les Maliens, de la situation socio-politique, des négociations d’Alger, des capacités opérationnelles des FAMa, des mouvements armés, de Barkhane et de la Minusma ou même du Président de la Répuublique etc. Au regard des évènements et du contexte changeant, il fallait ajuster et revoir l’idée que se font les Maliens de leur pays et de sa gouvernance, ajoute Abdrahamane Dicko, chargé de programme. Mais ce Mali Mètre Spécial a été réalisé bien avant les derniers troubles à  Gao ou même le changement de gouvernement. A l’époque, Moussa Mara était encore Premier ministre et 69% des sondés à  Ménaka faisaient confiance au Président IBK. Un chiffre plutôt positif lorsqu’on sait que Ménaka est le bastion de la dernière rébellion du MNLA. Contre 41% seulement d’acquis à  Kidal. Nouvelles données Pour le Spécial Mali Mètre, à  Kidal, près de 200 citoyens ont été sondés. A Ménaka, environ 180 personnes et à  Gao, la plus grande ville du nord, pas moins de 380 personnes. De façon globale, il ressort une inquiétude vive chez les populations du nord, qui voient en le Mali, un grand patient très « malade ». Cela en relation avec les grands défis socio-économiques qui touchent les régions du Nord, avec le retour progressif de l’administration ou des services sociaux de base. Pas tout à  fait satisfaisant, estiment 62% des sondés à  Kidal ou 49% à  Gao. Cette insatisfaction est liée au chômage des jeunes, à  l’accès à  l’éducation, à  la santé et enfin l’insécurité. Des négociations d’Alger Sur les négociations d’ Alger, les habitants de Kidal, o๠règne l’un des principaux groupes à  la table des négociations, à  savoir le HCUA, il y a près de 94% des personnes en faveur de la tenue des pourparlers, contre 79% à  Gao et 63,5% à  Ménaka. Ce qui dénote d’une volonté des populations d’en finir avec les rébellions au Nord. Parmi eux, une majorité estime que ce sont les groupes signataires de Ouaga, qui doivent participer aux négociations, tandis qu’ à  Ménaka, on estime que l’ensemble des groupes doivent s’asseoir à  Alger. Enfin, sur l’intégrité du territoire nationale, la majorité des sondés estiment qu’il faut préserver cet aspect pour l’unité du pays. Même si à  Kidal, 70% des habitants sont contre toute forme de régionalisation pour favoriser le développement économique. Un autre point d’interrogation est la manière dont sont conduites les négociations. A Kidal, on a plus confiance aux groupes et autorités coutumières, tandis qu’à  Ménaka, on pencherait du côté des autorités maliennes et chefs religieux. Les divergences de vue sont là , mais de façon générale, le travail de justice doit se faire, pour arriver au pardon, à  la réconciliation et à  la paix, pensent une majorité des sondés sur l’ensemble des trois villes. Grosse préoccupation des habitants de ces régions du Nord. La sécurité bien sûr. A Kidal, la majorité (75%) fait confiance aux groupes armés et milices locales pour les sécuriser, tandis qu’à  Gao, on compte beaucoup plus sur les forces étrangères comme Barkhane ou les Tchadiens. De façon globale, la Minusma est très mal perçue dans les trois régions, encore plus depuis les incidents de Gao. Appréciation de la gouvernance et des priorités l’appréciation du président de la République n’a pas trop bougé depuis le dernier sondage. IBK cristallise encore plus de 60% de satisfaction à  Gao et Ménaka. Mais à  Kidal, il n’a que 41% d’intentions favorables à  son égard. Quant à  la gouvernance et aux défis du gouvernement actuel, la majorité des enquêtés ( 81%° pointent du doigt la lutte contre la corruption, et les injustices. Viennent ensuite la lutte contre l’insécurité, environ (76%) notamment à  Kidal, alors qu’ à  Gao et Ménaka, la réconciliation nationale et la lutte contre le chômage sont les défis de l’heure. Ce sondage Mali Mètre n’est qu’une cartographie du moment et remonte à  l’équipe gouvernementale précédente. Il précède le 6è sondage Mali Mètre, à  paraà®tre au mois de Mai 2015 ; Pour Jean Falhbusch, sa crédibilité se base sur une très grande transparence des méthodes de sondage et d’obtentions de résultats, tout comme, il demeure une référence, dans un pays, o๠il existe très peu de sondages d’opinion.

Situation sociopolitique: ce qu’en pensent les Maliens

« Mali-Mètre » est un sondage initié par la Fondation Friedricht Ebert Stiftung pour déterminer la perception et l’appréciation des citoyens maliens sur des aspects dominant l’actualité sociopolitique du pays. Présente au Mali depuis plus de 45 ans, la Fondation allemande Friedricht Ebert Stiftung (FES), a présenté ce jeudi 06 novembre 2014 à  la presse, le cinquième numéro de son sondage « Mali-Mètre 5 », un baromètre de la vie sociopolitique du Mali. La cérémonie s’est déroulée à  la Maison de la presse en présence de la représentante résidente de la Friedrich Ebert Stifung au Mali, Mme Katja Mà¼ller, du chargé de programmes à  la FES, Abdourhamane Dicko et du représentant de la Maison de la presse, Ibrahim Coulibaly. l’enquête d’opinion « Que pensent les Maliens? » a été réalisée du 19 au 28 août 2014 dans l’ensemble des capitales régionales, excepté celle de Kidal pour des raisons de sécurité. « Mali-Mètre » a été développé par la FES dans le but d’appréhender les perceptions des Maliens sur des thématiques diverses telles que : la citoyenneté, le dialogue, les négociations et la réconciliation, la sécurisation et la stabilisation du pays et des régions du Nord en particulier, les capacités opérationnelles des forces armées et de sécurité, de l’opération Barkhane et de la Minusma, l’accord de défense avec la France, la prochaine organisation des élections communales ainsi que le financement du développement national des régions du Nord. Le rapport de 141 pages présenté aux journalistes, parle en première partie du contexte et du cadre méthodologique du sondage et la seconde partie présente les résultats proprement dits à  travers une analyse générale et détaillée des réponses. l’avenir de la démocratie dépend de l’amélioration de la communication et de la confiance entre le peuple et les décideurs politiques ou les élus, a déclaré en substance, Mme Katja Mà¼ller. Pour ce qui concerne l’approche méthodologique, les populations cibles sont constituées de tous les citoyens âgés d’au moins 18 ans au moment de l’enquête faisant partie de l’échantillon et qui ont été interrogés dans toutes les capitales régionales du Mali, excepté Kidal. La taille de l’échantillon est fixée à  3072 individus répartis entre huit localités soit 384 individus par localité. Quelques chiffres Sur la situation générale du Mali, la majorité (72, 5%) des Maliens interrogés déclare ne pas être satisfaite. Pour ce qui concerne le futur accord de paix, 70% pensent qu’il pourrait garantir la paix et la sécurité dans les régions du nord et au Mali en général et 60% estiment que les prochaines élections municipales devraient être tenues après les négociations. Près de 70% des Maliens pensent que la durée de présence des forces armées de la Minusma et de Barkhane au Mali, après les accords avec les mouvements armés, doit être d’un an au maximum (46,6%) ou de un à  deux ans (22,3). Par rapport à  l’appréciation des forces militaires internationales au Mali, les Maliens, dans leur quasi-totalité (89,2%), ont confiance aux militaires tchadiens. Ces derniers sont suivis des Nigériens (64,8%) et des français pour plus de la moitié (51%) des enquêtés, indépendamment du sexe. Par ailleurs plus de la moitié, (57%) se déclarent favorables à  payer plus d’impôts ou de taxes pour renforcer le développement des régions du Nord contre plus du tiers (37%) qui n’y sont pas favorables. De l’opinion des enquêtés, 44% estiment que la communauté internationale soutient assez le Mali pour son développement et presqu’autant 41% pensent le contraire ; 15% sont sans opinion. La fièvre Ebola est aussi une préoccupation pour la grande majorité (90,4%) et les populations estiment que le gouvernement s’investit positivement pour la prévention. Pour les populations, les principaux défis auxquels le Mali doit faire face sont : l’insécurité (86%), le chômage (80,7%), la corruption (66,7%), la santé (64,3%) et l’éducation (61,9%).