L’IGP : l’échalote dogon en lice

Cette valorisation des produits, mise en œuvre par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) avec l’Agence Française de Développement et le Cirad dans le cadre du Programme de renforcement des capacités commerciales (PRCC), permettra d’améliorer leurs capacités d’exportation, grâce également à  une assistance technique institutionnelle et à  un volet formation. Très convoité, le label IGP participe à  la protection d’un patrimoine et représente un véritable levier économique et un enjeu important pour l’Afrique. La garantie apportée à  la qualité du produit permet de le vendre plus cher, sa distribution et son exportation sont améliorées – notamment vers l’Europe -, le bassin de production peut être développé et préservé à  la fois. En contrepartie, ce titre prestigieux suppose un effort de la part des producteurs, qui doivent maintenir la qualité tout en garantissant un volume à  leurs acheteurs. Avec, à  la clé, l’espoir de vendre leurs produits 40 % plus cher. Le miel d’Oku a ainsi été homologué en mai 2012, le poivre de Penja en décembre, et le café Ziama-Macenta le sera prochainement. Mais ce n’est que lorsque OAPI procédera à  l’enregistrement de ces homologations – ce qui est imminent – que les producteurs acquerront le droit d’utilisation de l’IGP. Le poivre de Penja, parfumé et puissant, très recherché par les plus grands chefs, est produit sur les reliefs volcaniques du sud du mont Koupé, au Cameroun. Le miel d’Oku, blanc et naturellement crémeux, avec des arômes de fleurs et d’agrumes, provient de la forêt protégée de Kilum-Ijim sur les flancs du mont Oku, au Cameroun également. Le café Ziama-Macenta, un robusta aux caractéristiques proches de celles de l’arabica, est apprécié pour sa saveur acidulée, son intensité aromatique élevée et persistante. Cultivé en plantations agroforestières sur le mont Ziama, dans le sud-est de la Guinée, il n’est pas encore commercialisé en France. D’autres produits africains sont sur les rangs. « Parmi eux, l’échalote du pays dogon, au Mali, l’oignon violet de Galmi, au Niger, et la toile de Korhogo, en Côte d’Ivoire », détaille Cécé Kpohomou, responsable du programme IGP à  l’OAPI. Culture à  forte potentialité économique, l’échalote constitue une importante source de revenus pour les exploitants agricole des régions de Mopti, notamment le plateau Dogon (bassin traditionnel de production) et Ségou. L’attribution de ces IGP résulte d’une démarche collective, entamée il y a cinq ans. Après le repérage des produits et l’évaluation de leurs qualités, un cahier des charges est dressé, et toute la filière, structurée. Puis le comité national des indications géographiques homologue les produits. A l’image de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) et de l’appellation d’origine protégée (AOP) françaises, l’IGP protège les producteurs des contrefaçons et permet aux gastronomes de bénéficier en toute confiance des immenses qualités que le terroir confère à  ces produits. A l’heure o๠les consommateurs demandent davantage de transparence et d’information sur l’origine des biens qu’ils consomment, la valorisation de productions locales représente donc une voie à  explorer.