Anniversaire des « Echos : 26 ans de combat démocratique

« Tout est parti le vendredi 17 Mars 1989 au petit matin, les Bamakois ont eu l’agréable surprise (un choc pour certains milieux), de voir partout des jeunes revendeurs leur tendre le premier numéro des Echos. Un journal audacieux pour les uns, téméraires pour les autres », écrit les Echos, dans sa livraison de ce mardi 17 Mars 2015; Tiré initialement à  2000 exemplaires, le journal est aujourd’hui à  35000 exemplaires », et estime son actuel directeur de publication, aucun quotidien n’a encore égalé ce tirage dans la sous-région. Depuis 1994, le bimensuel qu’était les Echos, est devenu un quotidien. Retour sur la genèse d’un journal parmi les précurseurs de la liberté d’expression au Mali. Journaldumali.com : Quelle est la genèse des Echos ? Ses fondateurs ? Qui étaient ses plumes phares ? Alexis Kalambry : Des intellectuels maliens, dont les plus connus sont Alpha Oumar Konaré, Ousmane Sy, Mme Sy Kadiatou Sow, feu Professeur Diop, feu Abdoulaye Barry… et d’autres, qui ont lancé une coopérative culturelle dénommée Jamana. Ils étaient convaincus que la culture peut nourrir son homme. D’ailleurs, en même temps que Jamana, C’’est eux qui ont créé la troupe « Gwa-Kulu », qui a donné des comédiens de talent comme Zantigui, Kary Coulibaly et bien d’autres grands noms du monde de la culture… Adossé à  Jamana, il y a eu également le centre Soleil d’Afrique, pour les artistes plasticiens, et qui aujourd’hui, constitue l’une des plus grandes galeries d’art maliennes, o๠s’exposent régulièrement des artistes maliens… Les « Echos » ne fut pas le premier journal qu’ils ont lancé : ils ont d’abord commencé par une revue culturelle intitulée « Jamana », ensuite ils ont réalisé une revue pour les jeunes, « Grin-Grin ». C’’est face au succès de ces revues, mais aussi face aux attentes des populations, que ces fondateurs ont lancé le journal « LES ECHOS ». N’oubliez pas le contexte: Jamana date de 1987 et LES ECHOS de 1989. En ce moment, il n’y avait que l’ESSOR, « l’organe de l’UDPM », le parti unique d’alors. LES ECHOS tirait à  30 000 exemplaires et se vendaient en une heure, tant la demande est devenue forte en peu de temps… Je crois qu’aujourd’hui encore, aucun journal Malien n’a égalé ce tirage. l’équipe qui a lancé ce journal était des jeunes professionnels. On peut citer des références comme Tiégoum Boubèye Maiga tout frais sorti du Cesti, Boubacar Sankaré, actuellement Directeur de 26 Mars, rentré de Cuba, et feu Aboubacar Saliph Diarra, diplômé de Bordeaux. Journaldumali.com : Les Echos, après avoir été un journal de combat pour la liberté, demeure une référence dans le paysage de la presse malienne, quelle est aujourd’hui sa ligne éditoriale ? Alexis Kalambry : LES « ECHOS » sont et demeurent un journal de combat démocratique. A la transition, les membres du CTSP disaient que si LES ECHOS demandaient à  entrer au CTSP, personne ne s’y opposerait. Nous n’avons jamais dévié. Nous nous considérons également comme une école de formation pour de jeunes journalistes. Les pères fondateurs sont partis, les pionniers sont partis, mais, tous ont veillé à  un bon passage de relais. Nous accueillons volontiers ceux qui veulent faire leurs premières armes dans le journalisme. Notre contexte de naissance nous impose notre ligne : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais, je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire (Voltaire). Pour nous, ce n’est pas un slogan, mais, une vraie ligne de conduite. l’expression plurielle. C’’est connu : la vertu est dans le dialogue. Journaldumali.com : La presse malienne fait face à  de nombreux problèmes : déontologie, manque de professionnalisme, sensationnalisme, mais aussi foisonnement des titres, quel regard Alexis Kalambry, Directeur des Echos, porte-t-il sur cela ? Alexis Kalambry : C’’est compliqué pour moi ! Je suis l’un des rares patrons de presse employé! Il est vrai que la coopérative Jamana, fidèle à  sa ligne de conduite, a encouragé la pluralité médiatique ! En effet, nous avons gratuitement imprimé beaucoup de confrères à  leur naissance. Mais, il est vrai que nous avons, à  un moment, tenté des fusions avec des organes. Il est temps au Mali, que nous allions vers de vraies entreprises de presse, des structures fiables et viables. Il est vrai que beaucoup veulent être patrons de presse juste pour être membre d’une grande structure. Il faut aussi avouer que le contexte de naissance des journaux, a fait que la presse malienne a commis beaucoup d’erreurs de jeunesse. Mais, il est temps que nous évoluons. La presse a longtemps été un refuge pour chômeurs, qui, « faute de mieux », viennent au journalisme. De ce côté, les politiques sont aussi à  blâmer, qui passent leur temps à  créer et à  actionner des organes. Les gouvernants ne soutiennent pas la presse, nous avons les plus symboliques appuis de la sous-région. Mis bout à  bout, on a ce que nous voyons actuellement. Chacun a sa responsabilité. Journaldumali.com : Comment percevez-vous l’Internet et la nécessaire mutation des journaux vers le web ? Alexis Kalambry : Vous savez, LES ECHOS a l’avantage d’avoir été le premier journal privé du Mali. En son temps, nous avions plus de 1500 Maliens abonnés hors du Mali. Aujourd’hui, ce chiffre ne dépasse pas les 600. Certains ont résilié parce qu’ils avaient les informations gratuitement sur les sites. Ceux qui gardent leurs abonnements le font par sympathie et par soutien au journal. Internet peut être nécessaire, mais, il faut la technologie. Actuellement, nous avons peu de moyens de faire des abonnements payant en ligne. Ce que nous faisons, C’’est que nous alimentons notre site avec trois jours de retard. Mais, il faut obligatoirement réfléchir à  mieux rentabiliser internet, sinon, à  l’heure actuelle, C’’est plus une menace qu’un atout.