Jobs de vacances : Un bon business

D’année en année, le travail des élèves pendant les vacances est de plus en plus visible à Bamako. Cet état de fait s’explique à plusieurs niveaux, d’ordre personnel, familial ou économique. Mais certains s’interrogent sur les effets négatifs de cette pratique sur les enfants.

Les vacances scolaires sont des moments dédiés au repos des enfants après neuf mois de dur labeur. Pendant ces périodes de détente et de repos, certains montent de petits business, la plupart étant des élèves du second cycle ou du lycée. Leurs motivations sont diverses, allant d’une volonté de tirer profit d’une activité à l’ambition de venir en aide à ses parents. « Je profite de ces moments pour me faire de l’argent, car avec mon petit commerce je parviens à mettre de côté quelques sous », déclare Bintou Traoré, une lycéenne. Pour Ousmane Diarra, un élève qui va en 9ème année à la rentrée prochaine, travailler pendant les congés permet d’aider les parents à acheter les fournitures scolaires.

Des avis partagés Ces jeunes sont très présents au Grand marché de Bamako, aux arrêts des Sotrama à travers la ville et autour du Monument de l’Indépendance. Munis de jeux divers, de biscuits, de moustiquaires, de sucettes ou de sachets de beignets de crevettes, ils les proposent aux automobilistes. Certaines mamans ayant comme activité principale le commerce amènent leurs enfants avec elles pendant les vacances pour qu’ils les aident et afin d’avoir toujours l’œil sur eux. « Je viens avec mes deux garçons au marché pour bien les surveiller, car Dieu seul sait ce qui pourrait arriver si je les laissais seuls à la maison », explique Fanta Doucouré. « Certes cette activité des jeunes écoliers leur permet de gagner de l’argent à la sueur de leurs fronts, mais force est de reconnaître qu’elle peut aussi avoir un impact négatif sur leurs études s’ils y prennent trop goût », affirme Samba Touré, économiste. Il interpelle donc les parents pour qu’ils encadrent bien les enfants et l’État pour qu’il veille à leur sécurité.

C’est bientôt, la reprise des cours et certains jeunes vendeurs comptent arrêter leur petit commerce dans quelques jours afin de se reposer avant la rentrée. « En deux mois j’ai fait un bénéfice de 25 000 francs CFA, sans compter mon argent de poche quotidien », précise Amadou Bamba, un élève de 6ème année. « Prendre de son temps pour se faire de l’argent est quelque chose de positif », confie Issa Bagayoko, un lycéen.

Bakary Sacko, le « monsieur sécurité » des écoliers

Après avoir maintes fois réclamé à  la mairie la construction de ralentisseurs devant son établissement, le directeur de l’école fondamentale de Torokorobougou a fait appel à  Bakary Sacko pour aider les écoliers à  traverser la voie. En quoi consiste votre travail? Je quitte la maison tous les matins à  7 heures muni d’une chasuble, d’un sifflet et d’un petit panneau « STOP ». Durant 1 heure 30 minutes, J’arrête les automobilistes et les motocyclistes lorsque des écoliers veulent traverser. J’agis ainsi pour éviter des accidents aux apprenants de l’école fondamentale Torokorobougou dit « école B ». Cela fait un an, jour pour jour que je fais cela. Ne craignez-vous pas d’être renversé par des usagers de la route ? C’’est un risque certes mais il faut bien que quelqu’un le prenne afin de protéger ces enfants qui ne désirent que rejoindre leur salle de classe. Plusieurs fois, des motocyclistes m’ont cogné mais que faire? On ne peut pas plaire à  tout le monde. àŠtes-vous rémunéré en faisant traverser les enfants ? Au début C’’est le directeur de l’école B et ses collègues qui cotisaient pour me payer 15 000 Fcfa par mois. Mais à  la reprise des cours cette année, on m’a fait savoir que je ne pourrai plus être rémunéré à  cause des difficultés financières et J’ai dû arrêter. Deux mois plus tard, J’ai repris grâce au frère cadet d’un ami de longue. Il s’appelle Siratigui Traoré et ses enfants vont également à  l’école B. Il me paie 10 000 Fcfa mais depuis janvier, je n’ai rien perçu. Il fait ce qu’il peut car lui aussi a des difficultés comme toute autre personne alors je le comprends. Que faites vous d’autre pour joindre les deux bouts ? Je suis coiffeur, marié et père de sept enfants. Pour dire vrai, ces 15 000 Fcfa m’aidaient énormément et depuis C’’est pas du tout facile pour joindre les deux bouts. Que feriez-vous si on ne vous donne plus rien ? Je n’en sais rien mais je ne souhaite pas cela, parce que je dois m’occuper de ma famille surtout que ma femme est enceinte. J’arrêterai donc s’il le fallait mais pour le moment je suis là .