Changements climatiques : Aider les communautés à s’adapter grâce à une gestion durable des forêts

Le saviez-vous, les écosystèmes des forêts sont un moyen efficace de lutter contre la vulnérabilité sociale liée aux effets négatifs du changement climatique. Cela est bien possible grâce à  une gestion durable et maitrisée des forêts. C’’est ce qu’on appelle l’Adaptation basée sur les Ecosystèmes (AbE). Au Mali, les savanes, qui constituent 25% de la surface du globe, représentent une grande partie du paysage naturel et subissent également les changements climatiques avec de nombreuses conséquences, érosion des sols, désertification etC’… En Afrique de l’Ouest, au Mali et au Burkina, les politiques nationales n’intègrent pas assez les forêts dans les programmes d’adaptation aux changements climatiques. C’’est pourquoi, le CIFOR, le Centre de Recherche Forestière Internationale, dont le bureau régional en Afrique de l’Ouest est basé à  Ouagadougou au Burkina Faso, propose de fournir aux communautés et aux décideurs politiques une meilleure compréhension et utilisation des services écosystémiques forestiers. Il s’agit par exemple de l’intégration adéquate des services d’approvisionnement comme le bois de feu ou les produits forestiers non ligneux dans les stratégies d’adaptation mais sans pour autant dégrader les écosystèmes ni compromettre leur biodiversité. Au niveau national , il s’agit de promouvoir et intégrer la gestion durable des forêts dans les politiques publiques. Le projet «Â forêts et adaptations au changement climatique, en Afrique de l’Ouest » ACFAO vise cet objectif en particulier. Le lancement du projet a eu lieu à  Bamako, le 28 février 2012. Houria Djoudi et Mathurin Zida sont chargés du projet; Ils nous expliquent qu’en termes d’initiatives pour répondre aux défis du changement climatique, le Mali fait figure de modèle. «Â En l’espace de trois ans, le Mali a élaboré une Politique Nationale et une Stratégie Nationale Changements Climatiques et mené des actions d’adaptation », précise Houria, ravie de conduire le projet au Mali. D’un budget global de 3 millions d’euros et financé par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) pour l’environnement, le projet s’étale sur une durée de trois ans ( 2011-2014 ). Dialogue science-politique Instaurer un dialogue entre la science et la politique est l’un des clés du projet. «Â Entre la science et la politique, il n’y a pas assez de dialogue, de concertations », précise Houria Djoudi. C’’est pourquoi l’atelier de lancement du projet ACFAO à  Bamako a réuni des représentants d’institutions nationales habilitées sur les questions de forêts, de changement climatique et de politique environnementale, d’institutions de recherche et d’enseignement supérieur, d’organisations de la société civile et de partenaires techniques et financiers. l’Agence de l’Environnement et du Développement Durable (AEDD) est l’un des partenaires clés du projet au Mali pour stimuler le dialogue entre les acteurs de la recherche sur les questions de gestion durable des forêts et les utilisateurs des résultats de cette recherche, notamment les décideurs politiques. La Direction Nationale des Eaux et Forêts du Mali, (DNEF) a présenté des actions et projets en cours, relatifs aux forêts et aux changements climatiques. Elle a insisté sur la dégradation des ressources naturelles , résultant en une perte importante de la biodiversité qui laisse entrevoir une menace sur la sécurité alimentaire. l’ONG Malifolkecenter a évoqué la perception qu’ont les communautés rurales de l’impact des changements climatiques en termes de dégradation du couvert végétal, et de baisse de la production agricole qui entraà®ne les communautés à  utiliser les forêts de manière agressive. Des arbres comme le Néré, le cailcédrat sont aujourd’hui menacés de disparition. De même que certaines espèces animales. La maturation de fruits d’essences forestières comme le Zaban, ou le N’Gouna, symbolisent par exemple le début de la saison des pluies…Des perceptions utiles dans la préservation des forêts et leurs richesses. Si l’Alliance Globale sur les changements climatiques (AGCC) Mali, elle œuvre davantage à  un niveau international, des institutions comme le programme des Nations-Unies pour le développement, (PNUD), lors de l’atelier ACFAO, ont surtout caractérisé l’impact sur la pluviométrie, et prônent l’instauration d’une économie verte et résiliente aux changements climatiques à  travers plusieurs programmes d’adaptation financés. Adaptation ou atténuation ? Depuis la dernière conférence de Durban sur les changements climatiques qui s’est tenue à  Durban en Afrique du Sud, il semble que la priorité est donnée en Afrique, à  l’adaptation aux effets néfastes du changement climatique plutôt qu’à  l’atténuation. Un premier programme Fast-START d’une trentaine de milliards de dollars a été sollicité par les états africains pour cela. Comment réduire la vulnérabilité des communautés locales face aux effets des changements climatiques ? Une des options qui peut y contribuer est l’approche de l’Adaptation basée sur les Ecosystèmes » (EbA), selon le CIFOR. Cette approche prend en considération des systèmes socio-écologiques (écosystèmes et communautés) et permet d’améliorer le rôle des services éco systémiques dans la réduction de la vulnérabilité des communautés. En clair, la gestion des écosystèmes forestiers constituent une option d’adaptation aux changements climatiques. l’utilisation abusive des services écosystémiques pourrait cependant conduire à  une mal-adaptation parce qu’à  long terme, elle entrainerait la destruction de la forêt et engendrerait une vulnérabilité plus grande pour les populations et pour toute la société. Le projet ACFAO voudrait relever le défi de la promotion d’options durables d’adaptation basée sur les écosystèmes.