François Hollande va prêcher la concorde à Bamako

Accompagné par un fort parfum de communication présidentielle, François Hollande vient présenter samedi à  Bamako sa feuille de route politique aux autorités maliennes. L’armée française a conduit en trois semaines une guerre éclair. Le nord du pays est libéré de l’emprise des islamistes. Maintenant s’ouvre une nouvelle phase, qui garde sa dimension militaire, car les opérations vont durer contre les groupes terroristes encore vivaces le long de la frontière avec l’Algérie. Mais la dimension politique va de plus en plus s’imposer, l’issue du conflit dépendant de la qualité du dialogue que pourront nouer les autorités maliennes de Bamako et les Touaregs qui continuent de défendre leur particularisme au nord. François Hollande garde le tempo, très rapide, imprimé par les militaires. L’opération «Serval» n’est pas terminée qu’il débarque déjà  sur le terrain, flanqué de Laurent Fabius, son ministre des Affaires étrangères, de Jean-Yves Le Drian, en charge de la Défense, et du ministre du Développement, Pascal Canfin. La visite, annoncée vendredi mais pas détaillée, devrait passer samedi par Bamako, la capitale, et aussi par Tombouctou. Cette dernière ville avait été prise en avril 2012 par les Touaregs «laà¯ques» et indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), supplantés par les groupes armés liés à  al-Qaida en juin, avant d’être libérée par les troupes franco-maliennes. La voie d’une Entité régionale touareg L’arrivée à  Tombouctou du chef de l’à‰tat français et de son homologue malien, Dioncounda Traoré, symbolisera la victoire des troupes françaises et maliennes que les deux présidents se promettent de féliciter. La ville mériterait également d’être choisie pour lancer un message de réconciliation. L’imam de la grande mosquée Djingareyber, que les deux chefs d’à‰tat doivent visiter, a lancé vendredi un appel à  «la retenue» et à  «l’arrêt des pillages», dans son premier prêche depuis la fuite des djihadistes, qui a libéré les frustrations des populations noires à  l’endroit des Arabes et Touaregs. Pour les citoyens français, cette tournée présidentielle rappellera celle effectuée par Nicolas Sarkozy à  Benghazi, le 15 septembre 2011. Chef de guerre ayant triomphé de Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy n’avait pas attendu la libération totale de la Libye pour s’en venir dans la ville symbolisant son action déterminée. «Nous croyons à  une Libye unie, pas à  une Libye divisée», avait lancé Nicolas Sarkozy, déclenchant les vivats de la foule se pressant sur la place de la Liberté de Benghazi. François Hollande devrait également invoquer la réconciliation nationale, mais en engageant les autorités maliennes à  dialoguer avec les indépendantistes touaregs du MNLA. «Je vais au Mali aussi pour qu’il y ait un dialogue politique qui puisse permettre que le Mali, après avoir chassé les terroristes, puisse retrouver la stabilité et l’esprit de concorde», a-t-il indiqué vendredi. Quel que soit le mot choisi, la voie d’une entité régionale touareg au nord, plus ou moins autonome de Bamako, paraà®t la seule possible. Conforter l’autorité du président malien La communication politique n’existerait pas, l’empressement du président français à  se rendre au Mali n’en aurait pas moins sa justification. La ville de Kidal, aux alentours de laquelle l’armée française a pris position, s’est «libérée» toute seule, par l’action revendiquée des combattants du MNLA et du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dissidence du groupe islamiste Ansar Dine, essentiellement touareg. Ce sont des unités de l’armée tchadienne participant à  la force africaine dépêchée au Mali qui ont depuis fait route vers Kidal. à€ Bamako, un haut gradé de cette armée malienne qui devait demeurer en réserve pour éviter toute friction avec les combattants touaregs, n’en a pas moins annoncé l’arrivée jeudi de ses soldats à  Kidal. Une information semble-t-il fausse, qui traduisait surtout la volonté d’une partie de l’état-major de l’armée malienne d’en découdre avec les Touaregs, dans leur fief de Kidal. L’objet premier de la présence de François Hollande aux côtés de Dioncounda Traoré est de réaffirmer au plus vite l’autorité du président malien par intérim sur son armée. Le capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’à‰tat du 22 mars 2012, a toujours des partisans.

Le président Traoré rejette toute négociation avec les islamistes

Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, interrogé par FRANCE 24 et RFI, rejette tout dialogue avec le MIA (Mouvement islamique de l’Azawad), issu d’une scission au sein du mouvement djihadiste Ansar Dine, mais envisage des négociations avec les autonomistes touaregs du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad). « Avec les derniers développements auxquels nous avons assisté, il est évident qu’Ansar Dine s’est disqualifié, n’est plus éligible au dialogue, quel que soit par ailleurs le masque que certains d’entre eux ont décidé de porter désormais. Cette histoire de MIA (Mouvement islamique de l’Azawad) ne correspond à  rien du tout », affirme le chef de l’à‰tat malien par intérim, alors que les militaires français prennent position autour de Kidal, grande ville du Nord-Mali qui reste aux mains du MIA et du MNLA. En revanche, Dioncounda Traoré est ouvert à  des discussions avec le MNLA : « Le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations susceptibles d’aboutir, C’’est le MNLA, à  condition qu’il renonce à  toutes ses prétentions territoriales et qu’il accepte de s’intégrer au Mali définitivement et qu’ensemble, nous cherchions la solution dans la démocratie, dans la décentralisation et dans le développement », affirme le président. Exigences du MIA « La France est pour l’instant dans une position de « bonne intelligence avec les Touareg », selon les termes du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui précise : « Nous sommes dans une situation particulière à  Kidal ». Alors que jusqu’à  présent, des soldats maliens ont accompagné les militaires français dans leur offensive contre les groupes islamistes à  Gao et à  Tombouctou, les Français sont seuls à  l’aéroport de Kidal, o๠ils sont pour l’instant bloqués par une « tempête de sable », selon Paris. En manoeuvrant seule à  Kidal, l’armée française répond ainsi à  la demande de MIA, qui a exigé que « l’armée malienne et les forces de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ne pénètrent pas sur le territoire de l’Adrar des Ifoghas, région de Kidal, avant qu’une solution politique ne soit trouvée ». l’armée malienne « n’est pas là  pour se venger » Les exactions contre des Touareg et des Arabes, considérés comme proches des islamistes, constatées lors de la progression de l’armée malienne vers Gao et Tombouctou, « ne sont pas du ressort de l’armée malienne », assure le président par intérim Dioncounda Traoré. « Vous avez pu constater que même lors des scènes de pillages auxquelles nous avons assisté, l’armée malienne était là  pour dire aux populations : ne pillez pas, évitez les amalgames », affirme-t-il sur FRANCE 24 et RFI. Les militaires maliens « ne sont pas là  pour se venger ou mener des représailles. Ils sont là  pour une cause nette et claire : reconquérir notre territoire, faire en sorte que notre pays retrouve la paix et une vie constitutionnelle normale. Ce n’est pas une guerre contre une ethnie, contre les Touareg, les Soninkés, les Songhaà¯. Au Mali, ce genre de problème n’existe vraiment pas. »

Le MNLA, communication girouette et sujet de moquerie sur Twitter

On pourrait s’y perdre. Allié des islamistes radicaux l’année dernière, puis évincé par Ansar Eddine et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) se propose aujourd’hui d’aider l’armée française dans la reconquête du Nord-Mali. Revendiquant quelque 10 000 combattants, ce qui paraà®t peu vraisemblable, le mouvement touareg semble prêt à  beaucoup pour revenir dans le jeu. Sans vraiment se soucier de sa crédibilité. Ils étaient aux abonnés absents. Voire à  porter au rang des disparus. Les rebelles du MNLA ont pourtant repris une place dans le jeu politique, et militaire, malien, au moins sur le plan de la communication. Lundi 28 janvier, ils ont ainsi annoncé, via un communiqué, démenti par la présidence malienne, avoir repris huit villes du Nord-Mali : Kidal, que l’armée française a atteint, mercredi 30 janvier, Tessalit, Léré, In Khalil, Anefis, Tinzawatène, Tessit et Talatayt. « Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad a décidé de reprendre en toute urgence ces localités afin d’assurer la sécurité des biens et plus particulièrement des personnes en raison des graves dangers qui pèsent sur leurs vies avec le retour dans l’Azawad de l’armée malienne », peut-on lire dans le document. Opportunisme s’il revendique à  nouveau le contrôle de territoires désertés par les islamistes à  la faveur de l’opération Serval, le MNLA, qui n’a pas abandonné l’idée d’une indépendance de l’Azawad, cherche surtout à  devenir le seul interlocuteur local crédible attaché à  la protection de la population du Nord. Quitte à  passer pour opportuniste. Alors qu’il offre désormais son aide à  la France dans la lutte contre les jihadistes, il avait ainsi pris les armes aux côtés d’Ansar Eddine et d’Aqmi, il y a seulement un an. Ce que ne manque pas de noter la présidence malienne, via son compte Twitter, le 28 janvier : Porte ouverte Le ministre de la Défense français leur a cependant lancé, mercredi 22 janvier, un véritable appel du pied. « Les Touaregs, sauf ceux qui se sont laissés embrigader par des groupes terroristes que nous condamnons totalement, (…) sont nos amis », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Ils sont dans leur territoire au Nord du Mali et il importe de les respecter et de les considérer comme des Maliens comme les autres ». Dans la perspective de la guerre asymétrique qui se profile, la Défense française semble ainsi laisser la porte ouverte au MNLA, sans le dire officiellement, qui revendique un arsenal important issu de Libye et, surtout, quelque 10 000 combattants. Crédibilité Mais le MNLA est-il toujours crédible ? Le chiffre de 10 000 hommes est en effet contesté, nombre d’experts l’estimant très exagéré, du fait de l’érosion du mouvement, qui avait été écarté par les islamistes d’Ansar Eddine et d’Aqmi. Mais, ces derniers jours, C’’est sur Twitter que les observateurs, maliens et étrangers, montrent, avec humour, le plus de perplexité. absents. Voire à  porter au rang des disparus. Les rebelles du MNLA ont pourtant repris une place dans le jeu politique, et militaire, malien, au moins sur le plan de la communication. Lundi 28 janvier, ils ont ainsi annoncé, via un communiqué, démenti par la présidence malienne, avoir repris huit villes du Nord-Mali : Kidal, que l’armée française a atteint, mercredi 30 janvier, Tessalit, Léré, In Khalil, Anefis, Tinzawatène, Tessit et Talatayt. « Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad a décidé de reprendre en toute urgence ces localités afin d’assurer la sécurité des biens et plus particulièrement des personnes en raison des graves dangers qui pèsent sur leurs vies avec le retour dans l’Azawad de l’armée malienne », peut-on lire dans le document.

Les islamistes en route vers le Sud

l’affrontement aura-t-il bientôt lieu entre islamistes armés et forces de l’ordre malienne ? Alors que certains éléments ont hâte d’en découdre avec les envahisseurs du Nord, on apprend que la progression des djihadistes vers le sud s’accélère davantage, ces derniers jours, laissant entrevoir un possible affrontement entre les deux camps ennemis. Si ces derniers accusent Bamako de vouloir précipiter l’offensive alors qu’une promesse de dialogue a été formulé, une plateforme a été proposée par Ansar Eddine au médiateur Compaoré. Plateforme et qui reste inflexible, quant à  l’application de la charia, alors que du côté de Bamako, on ne transige pas sur le principe républicain de laà¯cité du Mali. Autant dire qu’on va vers le dialogue des sourds et la voie des armes… D’après les dernières éléments de RFI, « les djihadistes continueraient d’affluer vers la localité de Bambara Maoudé, un peu au sud de Tombouctou, en direction de Douentza. à€ bord d’une cinquantaine de véhicules, les islamistes seraient même à  une quarantaine de kilomètres de la ligne de front, dans une localité du nom de Boré. Des témoins les ont vu armés, en train de constituer des petit groupes à  l’est et à  l’ouest de cette localité qui débouche sur Konan, ville o๠les troupes régulières sont armées jusqu’aux dents. Et au cours des 24 dernières heures, ils ont véritablement progressé. Ils sont dans un premier temps arrivés dans le village de Ngouma, situé à  90 km de Douenzat. Ils ont contourné le lac Gnagagne, pris ensuite la direction de Nimignama, autre petite localité, avant de remonter sur la route nationale bitumée, pour se retrouver actuellement à  Boré. C’est-à -dire quasiment face à  face avec l’armée malienne ». Que croire ? Que les fous de la charia vont attaquer avant d‘être attaqués ? Offensive ? Jeudi 3 janvier, révèle une autre source, environ 200 véhicules ont encerclé et quadrillé la ville de Douentza pour rallier de jeunes éléments au Mujao contre monnaie sonnante et trébuchante. Par ailleurs, après Douentza, cap sur Sévaré, ville d’entrainement de l’armée malienne à  près de 15km de Mopti, elle base de l’armée, autant dire que les choses pourraient s’accélérer très vite. A Kati, alerté, le capitaine Sanogo aurait fait envoyer une partie de l’armement provenant de Guinée pour renforcer les positions maliennes et préserver Sévaré contre l’invasion de Mopti. Tentative d’intimidation des groupes rebelles et islamistes armés ? A noter que près de 400 instructeurs militaires européens doivent arriver à  Sévaré pour former les troupes maliennes sous la direction du Général français Lecointre récemment nommé. Reste que sur place, la situation reste tendue alors que des affrontements ont opposés le 3 janvier également des éléments du MNLA au groupe rebelle Ganda Izo, montrant la volonté de ces groupes d’auto-défense de participer à  une offensive malienne pour la libération du nord. Les jours qui viennent nous en diront davantage.

Mali : réunis à Alger, le MNLA et Ansar Dine s’accordent sur l’idée de discuter avec Bamako

Le MNLA et Ansar Dine ont signé un accord en fin d’après-midi, vendredi 21 décembre, à  Alger. Les représentants des deux entités, Mohamed Ag Akharib pour Ansar Dine et Bay Dikmane pour le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ont notamment prévu de négocier avec Bamako. Sécuriser la zone du nord du Mali, assurer l’aide humanitaire à  la population et enfin travailler ensemble pour éviter toute atteinte à  l’intégrité territoriale du pays. Voilà  les priorités des deux mouvements. Les deux chefs de délégation ont aussi répété qu’ils s’opposaient à  une intervention militaire internationale. Ils assurent qu’ils éviteront toute hostilité ou situation de confrontation et qu’ils veulent aider à  la libération des otages dans la région. Ils assurent par ailleurs qu’ils permettront la libre circulation des personnes, et la relance des activités économiques, politiques, sociales et éducatives. Enfin, l’accord prévoit que le MNLA et Ansar Dine négocient avec les autorités de transition à  Bamako pour trouver une solution pacifique. A la fin de la réunion, le représentant d’Ansar Dine a réaffirmé qu’il n’était pas question de négocier sur la charia. Mais l’accord prévoit malgré tout « le respect des valeurs authentiques du peuple de l’Azawad ». La charia Sur le terrain, à  Gao, le Mujao a repris sa campagne de châtiments corporels et de mutilations en public. Hier matin, un jeune homme a eu la main tranchée et quatre autres ont reçu des coups de fouet. Cet habitant de Gao qui souhaite conserver l’anonymat a assisté à  ces punitions infligées au nom du respect de la charia, au moment même o๠le Conseil de sécurité vient d’autoriser le déploiement d’une force d’intervention, et pour lui, ce n’est pas une coà¯ncidence.

Haut conseil islamique : la tempête avortée

Depuis un certain temps, les rumeurs faisaient état d’un bras de fer entre les deux personnalités religieuses au Mali, notamment Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique et Ousmane chérif Madani Haidara, leader spirituel du mouvement Ancar Dine, à  dissocier du mouvement d’Iyad Ag Ghaly. Mais l’amalgame a vite eu lieu et une rumeur a fait courir le bruit qu’Ousmane Madani Haidara aurait démissionné du Haut conseil Islamique, provoquant un tollé dans les milieux musulmans. Folles rumeurs DPour couper court à  tout cela, le guide d’Ancardine a vite réagi : « Je n’ai jamais démissionné du Haut conseil islamique. C’’est une cabbale orchestrée contre contre ma personne », a t-il déclaré lors d’un ses prêches. L’avocat, Amidou Lahou Touré l’avait également dénoncé lors d’une conférence de presse le 28 mai 2012 : « Il est inadmissible et incompréhensible que la chaine de télévision internantionale TV5 Afrique, qui a pourtant un correspondant averti au Mali, puisse diffuser des images de leaders religieux maliens, notamment celle de Chérif Ousmane Madani Haà¯dara et de sa mosquée, sise à  Banconi, pour illustrer un reportage sur les djihadistes du nord ». Dès lors, l’amalgame entre les islamistes d’Aqmi, et le Chérif Haidara a fait mouche. En associant son nom et sa réputation aux actes barbares commis par les islamistes, les médias ont crée la polémique. Si certains membres d’Ançardine ne cessent soutenir la thèse d’une cabbale contre leur guide spirituel, Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique du Mali et partisan des wahhabites comme Iyad Ag Ghaly a préféré garder le silence et assumer son rôle de médiateur dans la crise du nord. Affaire à  suivre.