Les orphelins de Blaise

Les accointances du MNLA avec les djihadistes d’AQMI, au début de l’occupation du nord du Mali en 2012, sont connues de tous. C’’est sans doute ce qui a valu à  Mossa Ag Attaher, son porte-parole, d’être entendu pendant de longues heures le samedi 16 janvier dans les locaux de la gendarmerie burkinabè, au lendemain de l’attaque terroriste perpétrée à  l’hôtel Splendid et au café-bar Cappuccino de Ouagadougou, dont le bilan est de 30 morts. Il est loin le temps o๠les leaders de l’ancienne rébellion se pavanaient tranquillement dans la capitale du Faso, logés, nourris et blanchis, défiant ainsi l’à‰tat malien sous l’œil protecteur du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir en octobre 2014. On se rappelle qu’il y a quelques mois, un autre chef du MNLA, Mahamadou Djeri Maà¯ga, vice-président, avait aussi subi un interrogatoire pour ses liens présumés avec les auteurs du putsch manqué conduit par le général Diendéré. Le nouveau pouvoir burkinabé semble donc avoir d’autres préoccupations que de continuer à  chouchouter les enfants gâtés de la République malienne. l’heure est à  la lutte contre le terrorisme, et aucune piste ne doit rester inexplorée pour retrouver les coupables et prévenir de nouvelles attaques. Au Mali, il serait bon de savoir s’il est vrai que des cadres de la CMA ont précipitamment quitté l’hôtel Radisson Blu de Bamako, o๠ils séjournaient, dans la nuit du 19 au 20 novembre, veille du terrible attentat. Les a-t-on questionnés ? Avaient-ils des informations sur ce qui allait se passer ? Pour montrer leur bonne foi et faciliter la réconciliation nationale, une coopération accrue des anciens rebelles avec les services sécuritaires maliens est plus que nécessaire. Ils se trouveraient ainsi de nouveaux protecteurs.

Edito : Se rebeller contre les rebelles

De la capitale malienne, on minimise un acte odieux qui visait le chef du gouvernement. La « réponse politique appropriée » promise par le Premier ministre doit être musclée. Ils ont osé le faire. Ils l’ont planifié. Ils ont osé défier l’Etat. Ils ont voulu rappeler qu’ils n’ont jamais capitulé. Ces insurgés enragés, ces rebelles écervelés, ces groupes armés terroristes aiment semer la terreur. Ils ont beaucoup appris de Boko Haram, d’Aqmi et de bien d’autres organisations similaires qui les infiltrent ou pactisent avec eux. Samedi, ils ont manifesté leur volonté d’en découdre avec Bamako. Ces djihadistes qui ont laissé dans leur fuite en janvier 2013 un baril rempli de préservatifs sont avides de bonne chair, de produits prohibés par la religion qu’ils prétendent défendre et de billets de banque. Ils font de la rébellion un fonds de commerce pour jouir de passeports diplomatiques, de privilèges en tous genres et de prébendes. Ils ne respecteront jamais un accord. l’urgence les commande. Les coups spectaculaires les motivent Moussa Mara était une cible parfaite. Attenter à  sa vie aurait été une victoire. Menacer le Premier ministre devient un coup d’éclat. Aujourd’hui, le dialogue n’est plus la solution. « Le Mali ne sous traitera pas sa sécurité » avait dit le chef du gouvernement lors de la DPG, le moment est venu de le prouver. Face à  des partisans de la terreur, la réponse appropriée demeure la terreur, la guerre totale. Le Président Abdou Diouf l’avait dit « on ne négocie pas avec des rebelles », il faut les combattre sans relâche. Un groupe armé n’a jamais les mêmes référentiels d’éthique qu’un Etat. Le Mali a tenté par plusieurs moyens de négocier, de dialoguer, de pacifier et de mettre un terme à  la rébellion nordiste mais face à  une horde boulimique, une meute multicéphale, seul le langage des armes peut prévaloir. D’ailleurs avec qui dialoguer ? Une meute a ceci de particulier : tout règne y est éphémère, chaque clan se bat pour la survie. Moussa Mara a la mérite d’avoir secoué le palmier et de prouver aux sceptiques que tout est à  faire dans ce septentrion Malien. Le colonel Calvez de Serval l’avait dit « Kidal est un bouillon de culture ». Tout part de Kidal qui ne peut et ne doit pas être une principauté, une terre promise des groupes armés, un eldorado pour les terroristes de la bande saharo-saharienne. Aujourd’hui, les forces armées maliennes ont la puissance de feu requise, elles ont beaucoup appris ces derniers mois, elles se sont aguerries. Comme nous le confiait un officier supérieur de la zone militaire de Gao « nous pouvons défendre ce territoire à  condition que l’autorité politique nous suive et que la Minusma joue franc jeu». Justement, autant l’assassinat en novembre dernier de Ghislaine Dupont et Claude Verlon avait posé le problème du rôle de la force Onusienne autant les tergiversations entre les camps I et II à  Kidal samedi suscitent des questionnements sur la responsabilité des forces Onusiennes. Pourquoi le 31 décembre dernier la rébellion n’a pas tenté d’ouvrir le feu sur les délégations des ministres Malien et Français de la défense ? (sic). Moussa Mara a réussi une épreuve. Il lui faut, de concert avec le Chef de l’Etat, libérer les forces armées maliennes pour qu’aucune parcelle du territoire n’échappe au contrôle du pouvoir. l’hymne national du Mali le dit bien « La voie est dure très dure, qui mène au bonheur commun, courage et dévouement, vigilance à  tout moment ». La défiance appelle la résistance et vu qu’on devient rebelle quand les siens sont en cause, le pouvoir doit enfin se rebeller contre les rebelles pour « la dignité du Mali ».

Edito : 2013, le Meilleur reste à venir…

Oui, ensemble nous nous souviendrons de cette année 2012. Tous, nous remémorons comment chacun a vécu ce 22 Mars, o๠tout a basculé au profit d’une instabilité politique et institutionnelle sans noms au MalI; Bien sûr nous n’oublierons pas l’agitation qui a suivi ce Coup d’Etat et ses conséquences sur le pays, d’abord la partition et l’occupation au nord par les rebelles, ensuite la déroute du Sud, partagé entre pro et anti putschistes. Ce ne sera pas tout, le 21 Mai, nous n’oublierons pas ce cauchemar d’un Président sauvagement agressé par des manifestants déchaà®nés et puis nous assisterons médusés à  la destruction des mausolées de Tombouctou détruits par les islamistes. Et sur une note d’espoir, nous saluerons le 27 juillet, le retour du Président Dioncounda Traoré, un semblant de stabilité, malgré un calme précaire à  Bamako. Surtout, nous réaliserons à  quel point nos institutions étaient fragiles, nos hommes politiques déroutés et notre démocratie à  vau l’au…. Mais face à  la nouvelle année qui arrive, une année impaire, nous garderons l’espoir de reconstruite ce Mali divisé, pas seulement géographiquement, mais aussi dans les C’œurs, les esprits, les ethnies et surtout les actes… Alors, nous apprendrons à  nous reconstruire, à  édifier l’Unité que prône notre hymne national, à  restaurer l’Histoire du Grand Maliba et de ses hommes valeureux, les Tiéba, Babemba, Soundjata, Fihroun, Biton et autres… Nous regardons le passé avec un sourire de compassion et le futur avec humilité et sagesse. Des évènements du 22 Mars, nous ferons en sorte de reconstruire, tous ensemble, jeunes, vieux, femmes, vieillards, indigents, riches, Maliens de l’extérieur ce Mali que nous Aimons tant et qui nous a tant donné… Chers lecteurs, convaincus qu’après avoir vécu le pire, et lucides qu’il reste encore un long chemin à  parcourir pour récupérer le Nord et ses enfants et les délivrer des mains de l‘ennemi, il nous faudra regarder l’Avenir avec confiance et prier pour la Paix au Mali. Le meilleur reste venir, aussi l’ensemble de la Rédaction vous souhaite une Excellente et pacifiée année 2013… La Rédaction

Gbagbo, ce héros ?

Qu’à  cela ne tienne, je me saisis du droit absolu de faire jouer mon analyse et mon opinion sur une actualité qui continue de faire couler de faire couler beaucoup d’encres et de salives.Le moins que l’on puisse dire c’est que Gbagbo s’est irrémédiablement inscrit dans les pages de l’histoire. En bien ou en mal, peu importe. Quelque que soit la situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui, il peut se targuer d’avoir bravé la foudre de la France, des nations unis, des Etats unies…Bref de l’occident. Pour combien de temps, nul ne saurait le dire. Combien sont-ils, d’Hommes qui ont courbé l’échine devant le rouleau compresseur de la Communauté internationale dès que cette dernière émet un avis contraire ?. Nombreux certes. Mais Gbagbo lui semble déterminé à  faire perpétuer son nom sur la liste noire des résistants. Même si cela se fait au dépend d’un néo-colonialisme savoureusement entretenu par des occidentaux toujours avides d’imposer leur diktat aux bas peuple de l’Afrique noire. C’’est en cela d’ailleurs que nombre d’observateurs de la scène internationale apprécient l’attitude de Gbagbo. Jamais un homme, de surcroit un africain, n’a autant résisté au charme de la communauté internationale. Ni les ultimatums, encore moins, les sanctions n’ont réussi à  émousser son entêtement. La communauté internationale, nonobstant ses sanctions tous azimut, n’a nullement réussi à  ébranler la quiétude et la conviction de celui qui n’a eu aucun complexe de manifester que c’est lui « le garçon » de la Côte d’Ivoire. Son rival, Alassane Dramane Ouattara, retranché à  présent à  l’hôtel du Golf, semble se confiner de plus en plus, dans la résignation. A la place de Gbagbo, certains auraient tout simplement pris la poudre d’escampette. Histoire de sauver leurs têtes. Il est déterminé à  aller au bout de son ambition de diriger encore le pays. La région ouest-africaine privilégie d’abord une solution pacifique à  la crise ivoirienne. Elle n’entend pas aussitôt recourir à  la force pour mettre fin au règne de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Ainsi la Cedeao a annoncé qu’elle continuait de « discuter » pour résoudre la crise en Côte d’Ivoire, après avoir menacé Laurent Gbagbo d’une possible intervention militaire s’il ne cédait pas le pouvoir à  Alassane Ouattara. Arrivés à  Abidjan depuis une semaine, les émissaires y retournent aujourd’hui même. La question qui vaille est de savoir si la violence pourrait bien permettre de déloger Gbagbo. En tout cas, là  dessus, le doute est permis. Attendons de voir !

Edito : Le Mali, en panne de civisme !

Il n’est pas d’avenir pour le Mali, en dehors d’un changement de mentalité et de comportement, de la part de chacun et de tous et cela à  tous les niveaux. Si les aspirations actuelles à  la liberté, à  la responsabilité, à  la participation ne sont pas vécues avec un esprit nouveau, un C’œur nouveau de solidarité, de respect mutuel et d’amour mutuel, les changements risquent bien d’être des changements  »trompe l’œil ». Ces propos, extraits de la contribution de l’Eglise catholique à  l’avènement de la démocratie, le 30 octobre 1990 – tenus par le très regretté Mgr Luc Sangaré à  l’adresse du Général Moussa Traoré, demeurent plus que jamais d’actualité. 20 ans après, si l’on ne peut nier qu’il y a eu des changements, appréciés même comme des avancées. Ce sont : l’ouverture démocratique, l’expression plurielle, la libération des initiatives, la réalisation des infrastructures, la modernisation de notre façon de vivre etc. A côté de cela, il y a eu un autre développement, mais en sens inverse : c’est tout ce dont le pays souffre véritablement, à  savoir : le mensonge, la corruption, le laxisme, l’intolérance, l’impunité, la cupidité, l’incompétence, le chômage, l’injustice, l’indiscipline caractérisée …C’est à  tous les niveaux, chez les gouvernants tout comme chez les gouvernés. Comme le dit un confrère » Jeu de dupes ou conspiration du silence contre le Mali, contre les générations futures car ces comportements aux antipodes de la vertu ne peuvent aboutir à  la longue qu’au pire ». La  »Tchadisation », la  »Libérialisation », la  »Rwandisation », la  »Zaà¯risation » devraient nous servir de naturelles sources d’inspiration. Pour être béni il faut savoir mentir, voler et corrompre Le sort du Mali est-il aujourd’hui confié à  un homme providentiel, un patriote qui aime bien son pays et qui veut figurer en première ligne de ses fils méritants? Cela est évident. Seul hic, au lieu de l’accompagner dans ce sens noble dessein de servir le Mali, plus d’un ont opté pour tirer sur sa corde sensible- il est avant tout un être humain – pour se servir de lui. On veut avoir tout et tout de suite. L’incivisme, le laxisme et l’intolérance font des ravages sur nos routes avec leur cortège de morts et de blessés. Force n’est plus à  la loi, pourtant faite pour tous, la sécurité et le bien-être de chacun. Le citoyen est mort, vive le Malien. L’école malienne ? Au lieu de fabriquer des apatrides, elle devrait plutôt œuvrer (par la volonté de ceux qui détiennent les leviers de la gouvernance) à  ressusciter le citoyen. La problématique de l’emploi des jeunes ? Le président ATT ne disait-il pas qu’elle était devenue une question de sécurité nationale ? Il n’a pas totalement tort. Car ces milliers de jeunes diplômés qui sortent chaque année de nos universités et autres écoles constituent une menace réelle pour la cohésion et la paix sociale. L’autorité de l’Etat ! à‡a n’existe presque pas. Or, l’autorité de l’Etat est le passage obligé pour l’édification d’une nation prospère. La conscience professionnelle ! On s’en fout ! Le drapeau de la dignité et de l’honneur est en berne dans un pays o๠l’on assiste à  l’apparition d’une nouvelle race de responsables qui détournent les ressources censées appartenir à  tous.  » Il ne faut pas absolument pas que ceux qui, n’ayant plus rien à  perdre et tout à  gagner parce qu’ils se croient les oubliés et victimes du système, en viennent à  exprimer dans la rue, par la violence, leur exaspération et leur désespoir » avait pourtant averti Mgr Sangaré.

L’édito : Mais enfin, on est toujours mieux servi que par soi-même…

Alors qu’il existe des sociétés qui peuvent faire le travail à  leur place, ces chefs de famille et bien souvent aussi des chefs d’entreprise se lancent eux-mêmes dans la vidange de leur fosse sceptique. Enfin, pour ceux qui en ont ! Les voici donc qui investissent nuitamment nos rues, enfin…pas eux-mêmes mais leurs gardiens ou des employés préposés à  cette gratifiante besogne. Ils sortent donc de nuit pour vider les eaux des patrons dans les rues ou encore mieux les caniveaux. Autrefois, on utilisait des seaux, mais aujourd’hui, attention, nous avons modernisé la chose. Maintenant, nous achetons ou louons des motopompes et le tour est joué ! Tous aux abris, rentrons vite chez nous, fermons nos fenêtres, nous allumons les climatiseurs et laissons les voisins respirer les relents de nos digestions terminées… Une question s’impose à  mon esprit et je suis certaine que vous tous, compagnons d’infortune qui ne disposez pas de fenêtres hermétiques ou des climatiseurs, vous la partagez : pourquoi ne font ils pas comme tout le monde, enfin, ceux qui essaient de bien de faire ! Si vous avez les moyens d’acheter du gasoil, d’en mettre dans une motopompe qui elle aussi coûte de l’argent, pourquoi ne pas respecter la loi qui dit clairement que la vidange des eaux usées domestiques est du ressort des sociétés spécialisées. En plus, ce n’est pas le choix qui manque, vu qu’il y en a même à  dos d’âne à  Bamako. Que dire alors à  celui qui manifestement n’a pas les moyens de se payer ces services ? Pourra t-on exiger de lui de se conformer aux règles ? Une chose encore… Obtient-on une dispense en assainissement et d’hygiène publique si l’on est le cousin du maire ou la belle-sœur du frère de… enfin, vous m’avez comprise…

Edito du Lundi : la bataille de la pluie et du cinquantenaire !

«Â C’’est tout de même incroyable de voir ces ouvriers peindre un pont, en plein jour ! Normalement, C’’est la nuit qu’ils doivent faire ça ! », s’exclame Assane, un conducteur de taxi à  Bamako. Mais un Malien n’est pas un Chinois, habitué aux travaux nocturnes d‘une fourmi. Assane pourra donc rouspéter encore quelques jours car partout, Bamako vit un véritable lifting destiné à  redorer allées et avenues de l’aéroport à  la Cité administrative, on repeint le goudron, on arrange les voies et chaussées, pour mieux impressionner les visiteurs lors du 22 septembre. l’avenue de l’indépendance, o๠se déroulera le majestueux défilé militaire et qui doit voir 20 chefs d’états africains de la sous région , est même fermé à  la circulation sur un côté et voit le trafic bouleversé ! C’’est qu’il reste à  peine une vingtaine de jours pour que Bamako fasse peau neuve. Et à  côté, la nature s’en mêle ! Violente avec des pluies d’une intensité rare. Des inondations notamment sur l’avenue de l’OUA qui mène aussi à  l’aéroport. La boue s’amoncelle à  côté des rues repeintes, un véritable contraste entre le gris du bitume, le blanc de la peinture et l’ocre de la terre qui ne cesse de modifier le paysage urbain. Pourquoi faut-il attendre de grands évènements pour faire un semblant de réaménagement, bon d’accord, ça fait un moment que ça dure avec les grands travaux, l’échangeur, le troisième pont, les petites plantes vertes ça et là , etC’… ! «Â Mais les gens ont faim ! Le cinquantenaire, franchement, C’’est pas le moment ! », jure encore Assane qui tente de se frayer un chemin dans la circulation du nouveau pont vers le centre ville. Et toux ceux qui sont inondés dans les quartiers ? Par les eaux de pluie, faute de caniveaux curés ? De prise en charge de leur environnement par la mairie du district ? On se gonflera d’espoir avec les discours des autorités du district, du Maire central, du charmant Gouverneur Féfé Koné et des officiels à  peine consternés, mais à  quand un lifting en profondeur et pas seulement de forme, car le problème est là  ! Un vraie politique d’assainissement et d’évacuation des eaux de pluie, d’aménagement urbain. C’’est aussi cela le signe des grandes métropoles urbaines, vers lesquelles Bamako tend à  l‘instar de Dakar, d’Accra ou d‘Abidjan auparavant… Parce qu’une fois la fête terminée, chacun rentrera chez lui mais la pluie, elle ne s’arrêtera pas et les inondations non plus ! Et peut être ne restera-t-il plus trace de cette belle peinture blanche… du cinquantenaire. Vaya con Dios

Adam Thiam : « Toi aussi, Dadis ? »

Le Capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte de Conakry, avait alors, aligné les innovations : démocratie directe ici pour parler de la gestion opaque du secteur minier, audition télévisée par là  des suspects du narcotrafic, pardon humblement demandé pour tous les charniers de la Guinée sanguinolente, langage d’humilité aux accents de sincérité. Des gens plus avisés avaient appelé pourtant à  la prudence. Selon eux, le nouvel homme fort de Guinée ne pouvait être l’officier immaculé et débonnaire qu’il prétendait. Mais nous avions délibérément omis les précautions d’usage pour nous empresser de saluer la jeune équipe de Conakry. Car il pouvait être important, sur le moment, d’encourager Moussa Dadis. Nous avions aussi déploré et dénoncé que la communauté internationale utilise deux poids deux mesures dans sa politique africaine. Et nous maintenons encore qu’il est malsain d’être complaisant envers certains pays et impitoyable envers d’autres. Nous ne pensions pas que ce qui se passait à  Conakry, à  savoir la candidature plausible de Dadis était moins grave que ce qui s’est passé hier à  Nouakchott et Niamey Mais depuis hier, la junte guinéenne a franchi les frontières de l’inhumanité et versé dans une bestialité qui nous ramène aux heures atroces de la guerre civile sierra léonaise et libérienne. Et les propos du Capitaine Dadis, loin de convaincre, écoeurent. Près de deux cent morts, des femmes violées et violentées, comme punition d’un ordre transgressé n’est pas digne du 21è siècle. Ce n’est pas digne de l’Afrique. Ce n’est pas digne de la Guinée. Et les mesures traditionnelles de suspension de la coopération, les sanctions ciblées contre les membres du CNDD ne suffiront pas. Les cruautés en cours en Guinée exigent une ferme mesure d’ingérence humanitaire, une commission d’enquête indépendante et des poursuites judiciaires contre tous les criminels impliqués dans les massacres. Nous avons souvent honte pour l’Afrique mais aujourd’hui, du fait de Dadis, ce capitaine que nous avons adulé, nous avons encore plus honte. Pire, nous nous sentons profondément humiliés.