Rentrée scolaire : le CEECI dénonce des frais d’inscription «exorbitants et anarchiques»

Le Comité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (CEECI, syndicat estudiantin) a dénoncé, lundi, à Bouaké (379 km au Nord d’Abidjan) des frais d’inscription «exorbitants et anarchiques» pratiqués dans les établissements scolaires en Côte d’Ivoire à la veille de la rentrée des classes, prévue le 10 septembre prochain dans le pays.Animant une conférence de presse au campus 2 de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, le secrétaire général national du CEECI, Karamoko Traoré alias «Général TK » s’est dit « septique » quant à l’effectivité de la rentrée scolaire 2018-2019 à la date officielle prévue par les autorités, annonçant à cet effet des actions «de boycott en l’air» pour protester contre des mesures de frais annexes «non justifiés» exigés à l’inscription des élèves dans les établissements scolaires.

« On parle de la gratuité de l’école, on parle de l’émergence et chaque année on augmente les frais de scolarisation comme si nous étions sur un marché de vivrier », a fustigé d’entrée le premier responsable du CEECI devant les journalistes.  

« Cela fait déjà un bon temps que nous observons tant au niveau universitaire qu’au niveau scolaire des sommes exigées par nos différents ministères de tutelle sans justifications valables », a souligné ensuite M. Traoré, égrenant à ce propos une longue liste de frais annexes dont « une somme de 10 000 FCFA ajoutée à l’inscription dans les grandes écoles pour une carte biométrique quasiment inexistante».

Poursuivant, il s’est penché sur la situation des inscriptions physiques dans les lycées et collèges qui « regorgent trop » de poches de dépenses pour les parents.

Il s’agit selon lui de plusieurs achats « injustifiés » de table banc (2000 FCFA), enveloppes timbrées (1000 FCFA) alors « que les bulletins sont retirés manuellement », Vie scolaire (1300 FCFA dont 600F pour le DREN et 700F pour le proviseur) ainsi que 700 F CFA payés par les élèves pour une bibliothèque « fictive » et 3000 FCFA pour le tee-shirt de l’établissement « qui n’est pas obligatoire mais imposé par le DREN (Directeur régional de l’éducation nationale)».

Pour TK, tous ces frais annexes ont donc pour conséquences la diminution du pouvoir d’achat des parents qui se trouvent ainsi obligés de payer uniquement que pour les inscriptions, une somme de 11 500 FCFA pour les classes intermédiaires, 13 500 FCFA pour les 3è et 16 500 FCFA pour les classes de terminales « sans la cotisation exceptionnelle du COGES (Comité de gestion des écoles) qui est comprise entre 2000 et 3000 FCFA ».

 «Nous comptons mener avec certitude dans ces deux jours » des actions, a-t-il ajouté, estimant qu’il y a «clairement une menace sur la rentrée scolaire 2018-2019 (…) Il y a sans nul doute un message de boycott de la rentrée en l’air ».

« Ce sont les hommes qui ont fixé ces tarifs et il n’est pas trop tard pour l’autorité » de prendre ses responsabilités pour remédier à cette situation, a conclu le leader syndicaliste.

200 établissements scolaires fermés au Cameroun

Deux cent établissements scolaires de l’enseignement maternel, primaire et secondaire ont été fermés pour le compte de l’année scolaire 2018/2019, dont la rentrée des classes est prévue le lundi 3 septembre 2018, ont annoncé jeudi, les ministères de l’Education de base (MINEDUB) et des Enseignements secondaires (MINESEC).Il s’agit pour l’essentiel, des établissements scolaires privés laïcs n’ayant pas observé les dispositions réglementaires en vigueur.

Les principaux griefs ayant poussé les autorités à procéder à la fermeture de ces écoles sont l’absence de l’autorisation de création, d’ouverture et de fonctionnement.

Sur cette liste, la palme d’or revient à l’enseignement maternel et primaire avec 139 établissements scolaires fermés et 61 collèges fermés pour l’enseignement secondaire.

Pour éviter que les parents et élèves tombent dans le piège, le MINEDUB et le MINESEC ont dans leur communiqué, invité le public « à faire preuve de vigilance »

Au demeurant, ces départements ministériels demandent le cas échéant, « de prendre attache avec les services centraux et déconcentrés qui disposent de la bonne information ».

Par ailleurs, une mise en garde est lancée en direction de récalcitrants qui iront à l’encontre de cette décision.

Cette fermeture intervient à moins d’un mois de la prochaine rentrée, alors que les inscriptions ont déjà commencé.

11,92% du taux de réussite au premier tour du bac en RCA

Le taux de réussite au premier tour du baccalauréat 2018 est de 11,92%, a annoncé vendredi soir à Bangui, le ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, Nour Mokadas.S’adressant à la presse au terme de la délibération des résultats du premier tour du bac, le ministre Mokadas a expliqué que  ce taux est nettement supérieur à celui de 2017 qui était de 5%. « Cela s’explique par le fait que les élèves ont compris qu’ils doivent faire des efforts pour réussir au bac », a-t-il indiqué.

Après cette délibération, les résultats seront rendus publics ce samedi dans les radios par les présidents des centres d’examen pour éviter des truquages de listes.

Les candidats déclarés admissibles vont passer les épreuves du second tour souvent limitées à 3 matières, 2 ou 3 jours après la proclamation des résultats.

Ainsi, les candidats choisissent-ils les matières à composer au second tour par rapport à leur série. Ils ont donc des matières obligatoires à cause de leur série, mais aussi une autre au choix parmi leur plus faible moyenne pour relever leur note. Seuls ceux qui ont obtenu une moyenne supérieure ou égale à 10 sont déclarés définitivement admis au bac.

Cette année, les candidats au bac 2018 en RCA sont estimés à plus de 17.000.

Côte d’Ivoire: 60,14% de taux national d’admission au BEPC (Officiel)

Les résultats de l’examen du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) session 2018 publiés, mardi en fin de matinée, enregistrent un taux national d’admission de 60,14% contre 60,08% en 2017, a appris APA de source officielle, dans la capitale économique ivoirienne.L’information a été donnée par Mariam Nimaga-Dosso, Directeur des examens et concours (DECO) au ministère ivoirien de l’éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Ces résultats seront disponibles dans  les 677 centres du pays dans l’après-midi.

Selon Mme Dosso, « aucun incident significatif n’a entaché  le déroulement »  de cet examen. Mme Dosso a indiqué que les candidats « disposent de 48 heures à compter de la proclamation des résultats pour introduire leurs réclamations dans leur centre respectif».

Les résultats du jury spécial de réclamation, a ajouté Mme Dosso, seront proclamés le mardi 10  juillet prochain.

Les  épreuves orales du BEPC se sont déroulées du mercredi 06 au samedi 09 juin 2018 avec 376 819 candidats en lice, suivies de la phase écrite du 12 au 15 juin dernier.

Ces résultats sont proclamés après ceux du Certificat d’étude primaire et élémentaire (CEPE) avec 83,57% d’admis. Ils interviennent également au moment où les candidats au baccalauréat affrontent depuis lundi les épreuves écrites.

Niger : 150 672 candidats à l’assaut du BEPC

150 672 candidats, répartis dans 499 centres d’examen à travers le Niger, ont entamé ce mardi les épreuves du Brevet d’étude du premier cycle (BEPC), session de juin 2018.Parmi ces candidats, on dénombre 66 419 filles contre 61 193 en 2017, année où il y avait au total 138 533 candidats.

Parmi les candidats de cette année, 48 264 proviennent des établissements privés (soit 32,03%) et 16 167 autres (soit 10,72%) sont des candidats libres.

Dans un message livré pour la circonstance, le ministre des Enseignements Secondaires, Mohamed Sanoussi Elhadj Samro, a réaffirmé, comme il l’avait fait le 30 avril dernier, lors du lancement du BEPC sportif, la volonté du gouvernement de bien organiser les examens de fin d’année, malgré les troubles qui ont émaillé l’année académique.

Il a assuré qu’après ces examens du BEPC, se tiendront ceux du Baccalauréat à partir du 11 juillet prochain avec la participation de 40 000 candidats.

À l’issue de son message, le ministre s’est réjoui de la tenue, dans de bonnes conditions de ces examens, tout en appelant les candidats à ne compter que sur eux-mêmes et à ne pas céder « à la tentation de la facilité que constitue la fraude ».

Le PAM invite les Etats ouest-africains à investir plus dans les cantines scolaires

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a exhorté, vendredi, les Gouvernements d’Afrique de l’Ouest à investir davantage dans les cantines scolaires pour servir de catalyseur du bien-être des élèves.«C’est une opportunité que les gouvernements doivent saisir dans leur quête de ressources humaines bien formées et qualifiées. Quand les élèves bénéficient d’une alimentation saine, ils seront plus susceptibles de rester à l’école et d’être performants», a déclaré Abdou Dieng, directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

M. Dieng a fait cet appel à l’occasion de la «Journée africaine du repas scolaire», célébrée pour la troisième année consécutive.

Le PAM participe à la mise en œuvre de programmes de cantines scolaires dans une quarantaine de pays africains au bénéfice de plus de neuf millions d’élèves chaque année.

Les cantines scolaires en Afrique bénéficient également aux producteurs agricoles en leur offrant la possibilité d’écouler leurs produits dans ce circuit.

Au Burkina Faso, par exemple, l’introduction du yaourt dans les repas scolaires a eu de multiples avantages. Un groupe de femmes qui collectent localement du lait a ainsi récemment mis en place une usine de transformation de yaourt, livré aux écoles par des jeunes en motocyclette.

Éducation des enfants : L’indispensable remise en cause

De responsabilité collective à « laisser-aller » général, l’éducation des enfants dans notre société a négativement évolué. Ce n’est qu’avec l’engagement de tous que la tendance peut être inversée. Même s’ils n’appellent pas à un retour aux méthodes d’antan, parents et éducateurs prônent le respect de certains principes.

« Il n’y avait qu’une famille, une même morale, une même rigueur », se souvient Yacouba Kéïta, enseignant, directeur d’école à la retraite, aujourd’hui chef de quartier du Badialan II, en Commune III du district de Bamako. Ce qui se traduisait par les « mêmes principes dans toutes les familles ». Lorsqu’un enfant commettait une faute, il pouvait être « corrigé » par un aîné, peu importait le lien de parenté. C’est cette responsabilité collective où «  la tâche d’éduquer  était dévolue à tous » qui a disparu, selon Cheikna Diarra, chef de quartier de Bolibana, en Commune III.

L’évolution de la société, l’influence d’autres valeurs ou même la pauvreté sont autant de facteurs qui ont contribué à l’abandon des principes qui régulaient nos relations. S’ils ne justifient pas le mauvais comportement des jeunes, ils expliquent certains phénomènes, selon M. Diarra. « On ne mange plus dans la même calebasse », ce qui créait une certaine proximité, affirme-t-il. Mais, plus que l’évolution des ménages, où l’individualisme a pris le pas, le développement, avec « ses avantages et ses inconvénients », c’est surtout l’abandon de certains principes, comme celui du « respect dû aux aînés », qui a négativement joué sur le comportement des jeunes, dès lors soustraits à l’autorité en dehors de la famille, et même en famille, car « je ne peux plus gronder le fils de mon frère » si ce dernier n’est pas d’accord, regrette M. Diarra.

Parallèlement, l’école, sur laquelle les parents avaient misé, n’a pas les moyens de sa mission. Paradoxalement, les parents y ont envoyé leurs enfants mais en « lui déniant une partie de ses missions », selon M. Kéïta. « Les parents ont fui leurs responsabilités et l’école est devenue un fourre-tout. Lorsque tu réprimandes un enfant, ce sont les parents qui te tombent dessus », déplore l’ancien directeur. Les dérives actuelles s’expliquent donc par l’effritement conjoint de l’autorité familiale et de celle de l’école. Le changement ne peut venir que de nous-mêmes, selon notre Directeur, qui refuse de croire que la pauvreté soit l’un des facteurs de cette dégradation des mœurs. « Nos pères n’étaient pas riches. Mais ils avaient de l’autorité ». Sans occulter la responsabilité des parents, l’éducateur appelle à une école qui retrouve pleinement son rôle, d’abord par l’amélioration des ressources humaines et en redonnant aux matières comme l’ECM (Éducation civique et morale), l’importance qu’elles méritent.

 

Jeunesse malienne : Une génération en perdition ?

La jeunesse malienne, couche la plus importante en nombre de la population,  ne cesse aujourd’hui de scandaliser. Le fossé entre les dérives et les normes sociales de référence questionne la nature même de l’éducation inculquée aux enfants. Le récent viol collectif d’une fillette de 14 ans a remis au devant de la scène une problématique qui appelle des réponses urgentes. Et si chacun se regardait dans le miroir ?         

« Chez nous,  les pionniers,  l’éducation passe par trois niveaux : l’école, la  famille et  la rue », affirme Djibi Sacko, Commissaire général adjoint de l’association des Pionniers du Mali et Directeur de Renouveau TV. Processus indispensable pour  être pétris des valeurs culturelles, religieuses et morales, elle est apparue de tout temps comme le puissant vecteur qui oriente la vie de l’individu en société. Aujourd’hui pourtant, certains jeunes n’hésitent plus à commettre l’inadmissible. Le viol par quatre jeunes d’une fille de 14 ans, il y a dix jours, sonne comme l’illustration tragique d’une génération désorientée. Impossible d’imaginer les douleurs physiques et psychologiques d’une victime si jeune, qui restera marquée, comme tant d’autres, du sceau accablant de la honte et du  rejet. Partie visible de l’iceberg, nombreux sont les actes insoutenables qui se commettent sans grand émoi du public. Abus d’alcool, incivilités, violences, vols, viols, un chapelet de comportements se déroule sous le regard quasi complaisant de tous les acteurs. Comme dans un roman de Balzac, les tares dénoncées ne sont pourtant que le résultat de la faillite des fondements de notre société.

Une jeunesse délaissée Les actes dépassent l’entendement et le degré de leur gravité les condamne auprès de l’opinion publique et de la loi.  On  s’indigne des faits, sans questionner  leurs causes. « Les jeunes sont laissés à eux-mêmes. Les parents ont démissionné. L’éducation est déléguée aux réseaux sociaux et à la télévision », regrette Djibi Sacko. La responsabilité des parents est aux yeux d’un grand nombre d’observateurs une évidence. « J’indexe directement nos parents, car c’est à eux qu’il revient d’expliquer la vie aux enfants. Quand quatre jeunes violent une fille et ont le courage de filmer la scène, c’est qu’ils ont vu quelque chose qu’ils veulent imiter », affirme-t-il. L’accès à Internet offre une multitude de services, mais, selon Dr Fodé Moussa Sidibé, Professeur à la Faculté des Lettres, Langues et Sciences du langage, l’encadrement doit protéger l’enfant des offres inappropriées. « Quand on est bien éduqué dans sa famille, même sur les réseaux sociaux on sait sur quoi s’attarder et quoi ignorer », dit-il. Dr Georges Diawara, Professeur à l’École Normale Supérieure, pose la question des valeurs inculquées aux  enfants par  la famille, l’école et  la communauté.  « Quelle éducation a-t-on donné à ces enfants ? Quelle est la part que l’école a prise dans leur formation ? Comment évolue l’éducation dans le quartier où ils vivent ? ». Il se demande combien d’autres jeunes ont commis dans l’anonymat des actes déplorables. On parle de crise sociale et de passivité généralisée. « Il y a des musiques très violentes et très vulgaires que les enfants consomment. Mais personne ne bronche », interpelle Dr Fodié Tandjigora,  Professeur à la Faculté des Sciences Humaines et des Sciences de l’Éducation. En janvier, le maire de la Commune IV a interdit au rappeur Iba Montana toute activité sur son territoire, lui reprochant des incitations à la violence, des atteintes aux mœurs et des appels aux troubles à l’ordre public dans ses compositions.

Même les jeunes admettent la fulgurance du phénomène et font recours à leur enfance pour se souvenir d’une éducation qui fut douce. « Moi, j’ai eu la chance d’avoir profité de l’attention de mes  parents. En ce temps-là, ils contrôlaient nos moindres faits et gestes. Nous étions dans une société où l’enfant appartenait à tout le monde. Actuellement, chacun se dit que son enfant est pour lui seul », constate avec déception Baba Alpha Oumar Wangara, étudiant à la Faculté de médecine et ancien Secrétaire général de l’AEEM.  « Mais il ne faut pas généraliser. Il y a une minorité consciente. C’est à elle d’agir pour réorienter la majorité », propose-t-il. « Il n’est pas trop tard, les parents peuvent agir sur les plus jeunes », ajoute-t-il, appelant à l’implication de tous, dont les autorités scolaires et la société civile. Pour Mikaillou Barry, jeune sortant de l’ENSUP, la nature a horreur du vide et la jeunesse, manquant de repères, est livrée à elle-même.

Selon Dr Georges Diawara, il est urgent que la société regarde les choses en face. « La violence a été cultivée dans l’environnement de cette jeunesse. L’éducation, ce n’est pas seulement ce qu’on dit de faire, c’est ce que l’on voit aussi ». Pour Dr Fodié Tandjigora, les comportements tant décriés sont pourtant l’expression d’un laisser-aller et d’un recul de l’éducation communautaire. « L’échec se traduit par des actes violents, même dans le langage ». Dr Diawara opte pour une analyse minutieuse. « Puisque nous sommes le produit de notre éducation, quels sont ceux qui ont participé au processus de transformation ?», questionne-t-il. Selon lui, même les adultes ont commis des violences auxquelles beaucoup ont été indifférents. Un  cri de cœur  que relaye Mikailou Barry. « C’est l’ensemble de la société qu’il faut interroger », lance-t-il, considérant que les jeunes sont à la fois responsables et victimes. « Responsables dans la mesure où à un certain âge on doit se remettre en cause,  victimes parce que la société les abandonnés ».

La famille, une institution en faillite ?

Pour Dr Fodé Moussa Sidibé, la famille, socle de la société, s’est effritée. « Elle n’existe plus. Nous avons des groupements d’individus qui sont dans un enclos. La mère de son côté, le père aussi, et l’enfant totalement abandonné ». Il invite les uns et les autres à se remettre en question. « La première chose que nous avons à faire, c’est l’éducation des parents. Si nous sommes éduqués, nous saurons éduquer nos enfants ». Éduquer par l’exemple fait en effet partie des pièces manquantes du puzzle. « Tu ne fais pas voir à un enfant de 7 ans un film de guerre ou à suggestions pornographiques. Non ! Il y a des dessins animés. En Occident, on met le contrôle parental. Aujourd’hui, nos dames regardent les films brésiliens avec leurs enfants à côté ! », se scandalise Dr Sidibé.

Poursuivant, il s’inscrit en faux contre l’opinion courante. « Nous avons institué le fait que l’éducation ait pour piliers la famille, l’école et la rue. Ce qui est totalement faux ». Selon lui, l’école donne enseignement et instruction et la rue détruit. Seule la famille reste le fondement de toute éducation. « Quand la famille joue son rôle, tout le monde reçoit une éducation presque identique, mais quand elle laisse tomber, rien ne va », assure-t-il.

Lieu de socialisation et d’apprentissage,  l’école, selon Djibi Sacko,  ne répond plus à sa mission. « Quand on sort avec son professeur, qu’on le regarde sans gêne droit dans les yeux, c’est la dérive. Tout le monde sait ce qui se passe, mais personne ne réagit ». Toute l’architecture éducationnelle semble s’effondrer et les enfants grandir hors de tout contrôle. « Ils  se retrouvent dans la rue et boivent de l’alcool à outrance. Ils deviennent des individus dangereux, sans aucun égard pour leurs parents », justifie Dr Fodié Tandjigora. « Autrefois, mon enfant était celui du voisin. Aujourd’hui, si celui-ci touche à mon enfant, ça devient grave ! », admet Djibi Sacko.

Que faire ?

« Personne ne m’a appris à l’école à respecter mon papa ou ma maman. Si je ne les respecte pas, ce n’est pas la faute de l’école, mais la leur », martèle Dr Fodé Moussa Sidibé. Face à une problématique qui interpelle les parents et les autorités, l’urgence est plus que jamais de reprendre la main. « Que l’État sanctionne sévèrement ceux qui ont été interpellés. Que tout le  monde soit au courant que ce genre d’actes est criminel », propose Dr Tandjigora . Réguler l’éducation de la jeunesse, la restaurer au sein des communautés, à travers les élus locaux, sont des pistes à explorer. C’est ce que propose Dr Sidibé. « Commençons par structurer les communes, par louer des espaces aux enfants, avec des jeunes responsables, pour qu’ils y jouent », conseille-t-il. Il invite aussi à consacrer plus d’heures aux enfants, jugeant l’éducation civique et morale « insuffisante ». L’État doit prendre ses responsabilités en mettant en demeure de le faire les parents qui ne s’occupent pas de leur progéniture. « On ne peut mettre des enfants au monde et ne pas les éduquer », se révolte Dr Diawara. Le changement de comportement ne s’opèrera pas par les sanctions et la frayeur, mais par un investissement dans l’éducation. « Éduquer la jeunesse, c’est la responsabiliser ».

 

Une éducation pour tous

La troisième conférence de reconstitution des fonds du Partenariat Mondial pour l’Éducation (GPE), ouverte à Dakar prend fin ce vendredi 2 février 2018. Cette rencontre a pour but de mobiliser 3,1 milliards de dollars sur la période 2018-2020.

Le choix du Sénégal est une reconnaissance de la communauté internationale des efforts soutenus du gouvernement en faveur de l’éducation et de la formation. En plus, ce choix se justifie, à travers les différentes allocations budgétaires en faveur du secteur et de son programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de transparence dans l’éducation. « Nous sommes honorés d’accueillir la conférence de financement du Partenariat Mondial pour l’Éducation à Dakar. Et nous nous réjouissons de continuer notre étroite collaboration avec le GPE », a déclaré Macky Sall, président de la République du Sénégal. Le Partenariat Mondial pour l’Éducation, créé en 2002, œuvre aux côtés des pays en développement pour garantir à chaque enfant une éducation de base de qualité, et en priorité aux plus pauvres.

Au cours de ces deux jours de rencontre, les experts vont échanger sur plusieurs thèmes. Parmi lesquels, « un investissement pour l’avenir », ou encore « les politiques de financement de la stratégie du secteur de l’éducation ».

Un fonds pour une éducation pour tous

Cette conférence réunit les partenaires techniques et financiers, le secteur privé, les fondations philanthropiques, ainsi que des organisations internationales. Cet évènement a pour objectif de mobiliser 3,1 milliards de dollars sur la période 2018-2020, afin de pouvoir financer l’éducation des centaines de millions de filles et de garçons, à travers le monde. Plus particulièrement, ceux qui n’ont toujours pas l’accès et les pays touchés par les conflits.

Les enseignants togolais en grève de 72h

Les enseignants de l’école publique du Togo observent à partir de ce mardi une grève de 72 heures, selon un mot d’ordre adressé par la Coordination des syndicats de l’éducation du Togo (CSET) au ministre des Enseignements primaire, secondaire et de la Formation professionnelle.Cette grève que ses organisateurs qualifient d’indignation est « reconductible les prochains jours » si les questions des primes, d’indemnités et d’amendements ne sont pas satisfaites, souligne le mot d’ordre.

La CSET avait suspendu son mot d’ordre de grève lancé pour le 8 janvier, pour permettre l’aboutissement des négociations entamées dans le groupe de travail mis en place par le Premier ministre sur les discussions relatives au système éducatif.

Niger : Le président Issoufou distingué par le CAMES

Le président nigérien Issoufou Mahamadou, a été élevé, ce jeudi, à la dignité de Grand-Croix de l’Ordre international des palmes académiques (OIPA) du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES).La cérémonie consacrant cet événement a eu lieu au Palais des congrès de Niamey, en marge de la sixième session extraordinaire du Comité consultatif général du CAMES et des activités commémorant le cinquantenaire de l’institution de l’enseignement supérieur en Afrique.

En agissant ainsi, a expliqué le secrétaire général du CAMES et également Grand Chancelier de l’OIPA, l’institution entend  témoigner à ce dernier toute sa gratitude pour le soutien qu’il ne cesse de lui apporter. Un appui qui participe, selon celui-ci, « à sa légitimation sur la scène internationale, caractérisée désormais par la compétition des marques ».

En recevant cette distinction, Issoufou Mahamadou s’est dit réjoui de la marque d’intention qui lui est portée. Après un bref historique de la création du CAMES, il a rendu hommage à trois éminents chercheurs nigériens.

En l’occurrence, les professeur Abdou Moumouni, premier africain agrégé en sciences physiques et chercheur émérite en énergie solaire, Ba Boubacar, premier mathématicien africain et Dan Diko Dan Koulodo, chimiste et premier responsable exécutif de l’agence de coopération culturelle et technique qui donnera naissance à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

C’est avec beaucoup d’émotion, explique Issoufou Mahamadou, « que j’évoque le souvenir de ces trois grands professeurs, surtout que j’ai eu la chance d’avoir été enseigné par deux d’entre eux, en mathématiques pour l’un et en thermodynamique pour l’autre ».

Aujourd’hui, ces trois éminentes personnalités n’étant plus parmi nous, le président Issoufou émis le souhait « que leur exemple soit une source d’inspiration pour notre jeunesse, afin que l’Afrique produise davantage d’enseignants et de chercheurs à la hauteur de leur réputation ».

L’Ordre international des palmes académiques du CAMES a été créé en 2000, à l’issue du 17ème Conseil des ministres de Tananarive (MadagasacaR)

Il vise à témoigner la reconnaissance du CAMES aux personnalités administratives et politiques qui ont contribué pour son essor et pour le développement en Afrique, de systèmes d’éducation de qualité. La dignité de Grand-Croix est la distinction la plus élevée de cet ordre.

Emplois au Mali: Le collectif BiTon se remobilise

C’est à la faveur d’une conférence de presse tenue ce 10 octobre 2017, le collectif BiTon relance sa campagne sur la problématique de l’emploi au Mali. Il envisage un meeting le samedi 14 octobre 2017. Pour rappel, le collectif BiTon  est une association qui lutte pour une éducation pour tous et pour une liaison entre  les études  et les emplois.  Il a été créé le 13 juillet 2015 suite à la promesse de 200.000 emplois promis par le président de la république. « BiTon est un espace de rencontre pour les demandeurs d’emplois et nous  les aidons à avoir de l’emploi » explique Sega Diarra, président du collectif Biton. Qui s’interroge sur le système éducatif malien et rappelle que selon le dernier rapport de l’Unesco, le taux de scolarité au Mali était de 89 % contraire de 75% en 2011. « Le système éducatif a démarré sur une bonne base, c’était une éducation de qualité et une formation qui aboutissait à un emploi.  Compte tenu du taux de scolarisation des enfants qui augmentent d’année en année. «  Nous devons  tous réfléchir pour résoudre ce problème de formation –emploi » a déclamé Sega Diarra.

« Le collectif a décidé  de ne pas mettre tout le fardeau sur le gouvernement » nuance M. Diarra. Il ira donc à la rencontre des jeunes demandeurs d’emploi de Kayes à Kidal pour échanger et dégager des pistes pour arriver au plein-emploi au  Mali. « Nous organisons le samedi 14 octobre 2017 au palais de la culture un meeting à 09H00 », informe BiTon qui invite les jeunes à participer à cette rencontre d’information.    

 

Nord et Centre du Mali : guerre contre l’éducation ?

Pour la nouvelle année scolaire, il y aura une augmentation de 70 % du nombre d’écoles fermées par rapport à l’année scolaire 2015 – 2016. Une situation due principalement aux menaces des groupes armés et au climat d’insécurité, mais aussi à une certaine méfiance envers le système scolaire national.

Leurs enseignants ont fui sans jamais revenir. Leurs écoles ont été saccagées, incendiées, par des individus armés. Dans le Nord et le Centre du Mali, les écoles fermées sont légion et créent une génération sacrifiée de garçons et de filles déscolarisés. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), l’année 2016 – 2017 s’est terminée avec 500 écoles fermées, soit 31 % de l’ensemble du Centre et du Nord du pays, et 150 000 enfants déscolarisés. La région de Mopti, avec 248 écoles fermées, est la plus touchée. « Les djihadistes ordonnent de fermer toutes les écoles non coraniques. Ils sont hostiles à l’école de la République. Partout où ils passent, ils menacent les enseignants, qui ont tous déserté. Pour eux l’école fondamentale vient du Blanc, et ils n’aiment pas ça », explique un habitant de Youwarou. Dans les territoires enclavés de la région de Mopti, où l’État et l’armée ne sont présents que dans les grandes villes et où l’islam est fortement enraciné, on rencontre aussi une hostilité naturelle envers l’école de la république, un état de fait antérieur à la présence des djihadistes. « Chez nous, c’est une question de culture. Auparavant, il y avait même des parents qui allaient jusqu’à payer des directeurs ou des enseignants pour que leurs enfants ne soient pas recrutés. Beaucoup profitent de la situation créée par les djihadistes car ils considèrent qu’un enfant qui va à l’école française deviendra difficilement un bon musulman », souligne un enseignant du cercle de Tenenkou, où 91 établissements scolaires sont fermés depuis l’année dernière.

Cursus franco-arabe, une solution ?  « Les écoles publiques sont mal vues parce que c’est le français qu’on y enseigne et que la population, comme les djihadistes, préfère les écoles coraniques », confirme Sékou Bakaye Traoré, Président du Conseil de cercle de Youwarou. Pour lui, il y a une solution qui pourrait favoriser qui pourrait favoriser la réouverture des écoles dans la région : la mise en place d’un système où l’on pourrait conjuguer apprentissage de l’arabe et du Coran et cursus conventionnel. « Je pense que l’État doit entreprendre certaines réformes. Il faut introduire l’arabe dans nos écoles dès le primaire. Les écoles franco-arabes, la population a toujours souhaité ça. Enseigner le français ici encourage l’islamisme. Je pense que si on fait ça, il y aura des effets importants. Ce sont des décisions politiques à prendre, mais je suis convaincu que, pour rouvrir les écoles, il faut modifier un peu les programmes », affirme-t-il.

 

Ras Bath, une modeste analyse

Qui au Mali ne connaît pas Ras Bath ? Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath ou encore Rasta, est un journaliste, activiste et consultant en droit devenu populaire à travers ses émissions à la radio. Ses propos, souvent farouche, ont conduit à son arrestation le 16 août 2016. Un grand mouvement de jeunes s’est alors mobilisé pour le soutenir, conduisant à sa libération le 18 août 2016. Depuis, sa popularité ne cesse de croître. Accueilli ce jeudi 03 août 2017 à l’aéroport tel un président, il est aujourd’hui l’icône d’une génération de jeunes qui s’expriment et influencent à travers les réseaux sociaux.

Choquer pour éduquer Que fait Ras Bath ? Il fait de l’éveil de conscience. Il informe. Il dénonce les irrégularités, preuves à l’appui. Il analyse l’actualité et livre son opinion. Son discours s’adresse avant tout aux jeunes et à toutes ces populations qui sont souvent victimes des discours politiques. Voyons comment fonctionne son approche.

Ras Bath fait appel aux émotions de ses auditeurs. Sa méthode consiste à provoquer un « choc » émotionnel chez ses derniers. Plus qu’un journaliste, en écoutant Ras Bath, vous n’êtes pas simplement informé. Vous êtes également émus, impliqués et concernés.

L’information et la sensibilisation à travers l’usage des émotions sont au cœur de la démarche du Rasta. C’est pourquoi il a adopté le slogan : « choquer pour éduquer ». L’objectif n’est pas simplement de provoquer un choc. Il s’agit surtout d’impulser une action, un changement.

De nombreuses études ont montré le pouvoir qu’ont les émotions sur les décisions et les actions quotidiennes. Dans un ouvrage de référence en particulier, une étude montre comment les émotions poussent les gens à s’impliquer d’avantage dans leur travail. On y lit que le sentiment de culpabilité pousse les employés à travailler et à faire preuve de responsabilité.

C’est justement ce sentiment de culpabilité que recherche Ras Bath. A travers sa critique, il crée chez les jeunes cette perception; celle de ne pas suffisamment s’impliquer dans les affaires de la cité et de rester passif face aux maux du pays. De même, il tente de provoquer chez les dirigeants le même ressenti; en décriant leur mauvaise gestion et leur indifférence face aux souffrances du peuple. Grâce à cette méthode, le Rasta fait bouger les lignes tant chez les jeunes qu’au sein de la classe politique.

Les résultats sont perceptibles. Les jeunes ne sont pas restés en marge du processus de révision constitutionnel. Des mouvements comme la plateforme « An tè A Bana ! » ont émergé et perturbé la tenue du référendum. Ici également, les vidéos de Ras Bath n’ont pas manqué à l’appel.

Ces exemples sont encourageants. Pourtant, l’univers « choquer pour éduquer » n’est pas tout blanc. On y trouve aussi des tâches noires. Dans les prochaines lignes, nous vous introduisons l’autre facette de l’approche du Rasta.

De la critique à l’outrance Revenons quelques instants sur l’arrestation de Ras Bath. Ce qu’on lui reprochait n’était pas tant sa critique, mais sa façon de critiquer. Pour reprendre les mots de Mamadou Lamine Coulibaly, le procureur de la cour d’appel de Bamako, il était poursuivi pour ses « déclarations qui offensent la pudeur ».

Jugez cet exemple. Pour avoir refusé un de ses meeting, pour des motifs certes peu convaincants, Ras Bath estimait que la maire de la commune 3, Madame Djiré Mariam Diallo est « une femme qui est indigne d’être une mère de famille » et qu’en conséquence, il « allait l’éduquer ».

De tels propos ne sont pas rares dans le milieu de la presse. Le chroniqueur Madou Kanté, récemment agressé, en est un autre exemple. Comme le Rasta, il anime sur le site web Youtube une émission en Bambara intitulé « Madou ka journal ». Dans une de ses vidéos, il répond sous un ton coléreux à des remarques qui lui étaient adressées. Certains termes qu’il y emploie sont amères: «  Tu n’es pas éduqué. Va demander à tes parents de t’éduquer à nouveau. ». Ces exemples nous poussent à reconsidérer la culture du « choquer pour éduquer ». Le choc présenté plus haut n’éduque pas. Il offense. Mettons en évidence les inconvénients de cette approche.

Un premier danger apparent est l’excès de confiance. On en voit des traces dans la majorité des publications de Ras Bath. Toutefois, une de ses récentes vidéos donne une meilleure indication de son zèle. Dans cette vidéo, il considère que « la parole de Rasta est la parole de Dieu. ». Ceci nous semble excessif. L’information n’est pas parfaite. Elle est rarement complète. Garder une place à l’erreur permet de se mettre à l’abri des jugements prématurés.

Il y a également le risque de généralisation abusive. Ce sophisme consiste à réduire une personne à ses mauvais actes. Un bon exemple serait l’argument de Ras Bath selon lequel « une personne qui commet un acte de vol n’est autre qu’un voleur ». Ceci est vrai (en partie). Toutefois, le philosophe Alfred Korzybski (1879 – 1950) nous fait remarquer que « la carte n’est pas le territoire. » Nous sommes, pour la plus part, un peu comme Wangrin, le personnage central du livre d’Hampâté Bah ; louable d’un côté et machiavélique de l’autre. Il est normal que les fautes soient dénoncées et sanctionnées. Il nous semble en revanche injuste de résumer une personne à ses traits négatifs.

Un dernier inconvénient du « choc » de Ras Bath serait son côté contreproductif. Il est très difficile de changer une personne en attaquant sa fierté et sa dignité. Ceci crée au contraire une résistance voire une persistance. Les propos « choquants » envers les dirigeants sont très souvent sans conséquence. Il est vrai, comme nous l’avions déjà souligné, que le sentiment de culpabilité puisse produire des effets positifs. En revanche, une attaque frontale entraîne une réaction de défense qui bloque le changement.

Ces éléments nous amènent à repenser notre façon de critiquer. Ci-dessous, se trouvent quelques pistes de réflexion en ce sens.

Repenser la critique au Mali Une critique ne consiste pas uniquement à toucher du doigt les insuffisances d’une idée, d’un projet, d’une décision ou d’une action. Sa vertu réside aussi en sa capacité à améliorer le système auquel elle s’adresse. Le cas échéant, elle est vue comme une dénonciation stérile, un discours improductif, un bruit dérangeant et souvent, des propos outrageants.

L’idée est d’identifier l’imperfection, de la corriger ou de la remplacer. Ainsi, lorsqu’on critique, notre intention est d’apporter une amélioration. Si la personne se sent blesser dans sa fierté, elle résiste. Nous perdons le changement que nous convoitons. Il faut donc « choquer » les consciences et non les personnes.

A terme, il s’agit de respecter les consignes de Mahatma Gandhi (1869 – 1948) : « lorsque nous critiquons, il faut le faire avec une humilité et une courtoisie qui ne laisse subsister aucune amertume. » Les mercuriales de Ras Bath manquent par temps d’humilité et de courtoisie.

Soyons clair ! Il ne s’agit aucunement de stopper la critique, ni de la rendre « gentil ». La critique doit continuer. Elle doit rester ferme voire sévère sans être discourtoise. Elle doit surtout conserver son essence : contribuer à une amélioration.

Concluons cette analyse en formulant des suggestions générales pour accroître le climat démocratique du Mali.

Critiquer pour avancer Nous vivons une période de l’histoire de notre pays où le climat social est tendu. Les défis sont nombreux et complexes. Les attentes, en particulier celles des jeunes, envers le gouvernement et la classe politique, sont fortes. Les acteurs sont multiples et leurs intérêts sont souvent divergents. Espérer que les dirigeants résolvent seuls ces problèmes est illusoire. Autant nous sommes en droit d’attendre de nos gouvernants des résultats satisfaisants, autant nous avons le devoir de leur apporter notre support par la critique et les actions.

A l’instar de Ras Bath, nous espérons que cet article sera une contribution utile à la construction démocratique. Notre ambition est de répondre à l’appel du président de la république Ibrahim Boubacar Keïta, à l’occasion de la Conférence d’Entente Nationale (CEN) : « La démocratie n’approchera la perfection que lorsque chacun comprendra qu’il lui appartient d’apporter constamment ses idées et son talent à l’œuvre patriotique. C’est l’addition de nos talents qui nous permettra d’enrichir la construction de la démocratie dans cette terre sacrée du Mali. »

L’analyse présentée dans cet article est centrée sur Ras Bath. Elle vise plus généralement tous les leaders d’opinions, inclus les journalistes. S’adressant à Mohamed Youssouf Bathily, Madou et tous les leaders engagés pour la cause de la jeunesse, nous louons et soutenons leur effort de conscientisation, d’éducation, et d’information. Nous les encourageons à mettre leur talent de communication et de raisonnement au service d’une critique constructive. A ce titre, nous suggérons notamment de remplacer la culture du « choquer pour éduquer », au regard des lacunes de celle-ci, par celle du « critiquer pour avancer. »

Conscient qu’un « choc » soit souvent nécessaire pour faire bouger les lignes, je soutiens que nous pouvons changer les mauvaises pratiques de nos élites en alliant la force à l’humilité. Il ne s’agit pas d’abandonner le combat,  comme le craignait Bob Marley dans sa réplique « Don’t give up the fight ». La quête pour la liberté, la justice et l’accès aux ressources universelles (l’eau, l’éducation, la santé, un emploi décent, etc.) continuera. Cette lutte devrait toutefois s’alimenter de la vertu de l’humilité. Comme le soutenait Ghandi: « Lorsque la retenue et la courtoisie s’ajoutent à la force, celle-ci devient irrésistible.».

Enfin, nous invitons les journalistes à plus de vigilance dans leur tâche honorable. L’information est sensible. Elle ne doit ni être masquée, ni être dites de façon complaisante. Elle doit en revanche rester aussi impartiale et désintéressée que possible. Il est question de présenter l’info sous sa forme la plus distillée ; après y avoir enlevé les jugements, les biais, les incertitudes, les présomptions et les soupçons.

Comme le souligne la récente étude de la fondation Free Press Unlimited, les maliens attendent des médias qu’ils:

  1. intensifient leur effort d’explication et de décryptage,
  2. fournissent des informations plus factuelles en menant un rude travail d’investigation,
  3. fassent preuve d’impartialité pour être crédible.

Pour terminer, nous aimérions résumer le message de cet article par les sages mots du médiateur de la république, le 01 avril 2017, au cours de la CEN. Le grand-père Baba Akhib Haïdara a voulu « qu’on se dise la vérité fermement mais poliment. »

Les valeurs à l’école pour une école de valeur

Les politiques publiques au Mali traduisent la volonté des plus hautes autorités de dispenser une éducation de masse et de qualité afin de transformer le jeune enfant malien en adulte conscient et motivé en faveur du développement social et économique du pays. Malgré cette volonté politique, le secteur est en proie à des difficultés structurelles. Pour offrir une éducation inclusive, équitable et de qualité pour tous les enfants du Mali, il n’y a pas mille solutions.

D’abord, il faut travailler sur les déterminants de la qualité, à savoir : les infrastructures, les enseignants et les manuels. Des infrastructures adaptées en nombre suffisant pour accueillir le nombre sans cesse croissant d’enfants en âge de scolarisation devrait être la première priorité. La mise à disposition d’enseignants bien formés et motivés devrait être une autre priorité. La dotation des enseignants et apprenants en manuels adaptés aux objectifs de scolarisation, à l’orientation politique du pays, au contexte mondial marqué par son corollaire de compétition et la nécessaire ouverture au monde.

Ensuite, il faudra veiller à ce que les ressources soient transformées en résultats. Les efforts publics en termes de construction de salles de classe n’auraient aucun sens tant que l’on ne se réfère pas à la démographie et aux statistiques scolaires des différentes circonscriptions. Autrement, on ferait des éléphants blancs. Dans un souci d’efficacité, le mécanisme de formation initiale et continue des enseignants devrait s’appuyer sur les technologies de l’information et de la communication. Il y a aussi un impératif dans la planification des sessions de formation continue : préserver le temps réel d’apprentissage. Le suivi des enseignements devrait aussi être de mise à tous les niveaux : central, déconcentré, opérationnel. Les ressources destinées à l’alimentation scolaire, à l’entretien courant des écoles, à l’acquisition de matériels didactiques devraient connaître une gestion rigoureuse, conformément aux dispositions réglementaires en la matière, et non être à la discrétion des élus locaux qui se livrent à un usage détourné.

Enfin, il faut s’appuyer sur une vision et des valeurs. Quel est le type de citoyen que nous voulons former pour le Mali de nos rêves ? Quels sont les principes et les valeurs qu’il faudrait lui inculquer à cet effet ? Déjà, il faut sortir du passéisme béat qui ne profite malheureusement pas aux générations actuelles. Il faut une vision qui ferait de notre école un lieu d’acquisition de savoirs théoriques, de savoirs pratiques et de savoirs procéduraux ; un lieu d’acquisition de valeurs comme le respect de soi, des autres, du bien public. Sans ces principes, nous continuerons malheureusement à former des jeunes qui ne se préoccuperont pas de l’intérêt général, mais plutôt des hommes et des femmes qui détourneront sans scrupules les maigres ressources destinées au bien-être de tous.

En somme, les problèmes de l’école malienne ne sont pas insolubles. Bien au contraire ! Il faut juste se convaincre et accepter que les enfants qui y vont devront acquérir des connaissances nouvelles, des compétences et des comportements au service du Mali. Mission possible !

 

 

DEF 2016, la chute du taux de réussite

Depuis le samedi 9 juillet, les 221 873 candidats au Diplôme d’études fondamentales (DEF) sont fixés. Les résultats ont, en effet, été proclamés dans tout le Mali. Seuls 66 615 candidats ont été admis, soit 30,2%.

Samedi, 9 juillet 2016, les résultats de l’examen du Diplôme d’études fondamentales (DEF) ont été officiellement proclamés sur l’ensemble du territoire national. Le taux national d’admission au DEF 2016 est de 30,02% contre 33,01% en 2015.

Après l’annonce de ces résultats officiels, peu de candidats et parents d’élèves étaient heureux. La tristesse se lisait sur le visage de beaucoup d’entre eux, surtout ceux qui ont été recalés. Sur 221 873 candidats, qui s’étaient présentés au DEF, seulement 66. 615 candidats ont pu décrocher leur diplôme. L’académie d’enseignement de Gao a obtenu le taux national de réussite le plus élevé avec 47,01%. Interrogé par le quotidien national L’Essor, le Pr Mohamed Maïga, directeur du Centre National des examens et concours de l’éducation  a déclaré : « la chute du taux national de réussite du DEF 2016 est due à la bonne organisation de la session de cette année, à la vigilance des surveillants, des acteurs de l’école et de la presse ». Il a invité aussi les enseignants et les et les parents d’élèves à suivre les enfants pendant l’année scolaire et les périodes des examens. « C’est ce suivi qui permettra d’obtenir de bons résultats et performances lors des examens scolaires» a-t-il ajouté.

Pas de fraudes

Cette année, les examens du DEF ont été organisés dans des conditions relativement correctes, en ce sens que les fraudes massives ont pu être circonscrites. De plus, il n’y a pas eu de fuite de sujets. Pour qui s’intéresse au domaine de l’éducation au Mali, il n’est pas un secret que ces dernières années ont été marquées par des affaires de fraudes et de fuite de sujets qui ont gravement entaché la crédibilité ou la valeur des diplômes délivrés à l’issu de ces examens scolaires (DEF, Baccalauréat), les premiers du cycle scolaire. Mais, il n’y a aucun doute que ces résultats, qui sont tout sauf satisfaisants, vont relancer le débat- interminable sur l’avenir de l’éducation au Mali, où nombreux sont ceux et celles qui pensent qu’il faut redresser le système éducatif qui est en faillite, ramener l’école à l’école…

DEF 2016 : pas de fuite de sujets, mais des fraudes

Hormis Kidal, 236 694 élèves étaient candidats à l’obtention du diplôme d’études fondamentales cette année. Cette année, comme l’année dernière, le département est arrivé à circonscrire la fuite des sujets et rendre la fraude moindre.

Cette année, à la grande surprise de tous, ou presque, l’organisation des examens de fin d’année du diplôme d’études fondamentales (DEF) et du certificat d’aptitude primaire (CAP) n’ont pas fait beaucoup de bruit, comme ce fut le cas ces dernières années, où les fuites de sujet, les fraudes massives ont montré à quel point l’État malien avait du mal à organiser ces examens dans des conditions correctes. La fraude, ce n’est pas exagéré de le dire, avait atteint un seuil intolérable, ôtant du coup toute valeur à ces diplômes, les premiers du cycle scolaire. À ce phénomène, est venu s’ajouter la fuite des sujets. Ainsi, les sujets d’examens circulaient dans les salons, les rues, entre les quartiers, étaient envoyés par SMS, polycopiés dans les cybercafés avant même la date des épreuves. On se souvient qu’en 2014, les fuites de sujets ont valu au Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, et sa ministre de l’Education, Jacqueline Nana Togola, d’être taxés d’incompétence par l’opposition.

Cette année, comme l’année dernière, « il n’y a pas eu de fuite de sujet au DEF », se félicite-t-on au ministère de l’Éducation de base où des mesures ont été prises avant les épreuves. Ombotimbé Amadou, membre de la cellule de communication du ministère, explique que le ministre a dépêché une mission d’experts composée de l’ancien directeur national du centre national des examens et concours, Hassimi Adama Touré, du directeur national de l’éducation de base, Mamadou Diabaté et de l’actuel directeur-adjoint du centre national des examens et concours, M. Coulibaly. La mission a sillonné 18 académies sur les 19 (mis à part celle de Kidal) que compte le pays pour sensibiliser sur la bonne tenue des examens. Elle a aussi rencontré les acteurs de l’école, à savoir les associations de parents d’élèves, les comités de gestion scolaire, les syndicats, les associations des mères d’élèves, les directeurs d’académies et de centres d’animation pédagogique, les enseignants et les directeurs d’école. De plus, la police de surveillance, le modèle de rédaction des procès-verbaux (en cas de fraude), le code de conduite ont été distribués dans les centres d’examens. Et chacun s’est engagé à accompagner le département dans l’organisation des examens.

« Le message de la bonne organisation a été passée », dit M. Ombotimbé. Il s’est tout de même montré réservé sur les cas de fraude. Selon de nombreux témoignages recueillis auprès de certains candidats, il y aurait eu des fraudes. Au Mali, tout se passe comme s’il y avait une règle non écrite qui veut qu’il n’y ait pas d’examen sans fraudes.