Pape François, symbole fort pour l’Eglise et le monde

Une fois la surprise passée, le monde entier s’interroge et s’intéresse de près au nouveau Souverain Pontife. Les 115 cardinaux ont en effet porté à  la tête de l’à‰glise catholique, il y a de cela 24 heures, un quasi inconnu. Cardinal Jorge Mario Bergoglio, prête jésuite devenu archevêque de Buenos Aires, la capitale argentine, ami des pauvres et défenseur des valeurs de l’à‰glise, est devenu François, premier Pape sud-américain de l’Histoire. C’est un choix éminemment symbolique qu’ont fait ceux qui ont entre les mains la destinée des catholiques, environ un milliard d’individus sur la planète. Un Pape qui vit comme Jésus D’abord symbole pour l’à‰glise. François a donné le ton lors de sa toute première apparition, juste après son élection, il est le Pape de la simplicité, de l’humilité. Il est en effet venu saluer saluer la foule qui attendait sur la place St-Pierre sans la tenue pontificale rouge, mais en habit blanc. Il a tenu son premier discours en romain, et non en italien ou en latin, car archevêque de Rome, pour que tous comprennent son message. Puis il est resté égal à  lui-même, en s’exprimant simplement, avec une pointe d’humour. Car, Jorge Mario Bergoglio est avant un homme proche des pauvres, à  l’image de Jésus. Membre de la communauté des jésuites, des religieux qui vivent comme le Christ, au service des pauvres, il s’est investi pour améliorer le quotidien des populations les plus marginales de son pays, das les prisons et auprès des malades et des toxicomanes. La lutte contre la pauvreté sera donc un de ses principaux chevaux de bataille. Mais il est aussi, un « puriste » de la religion catholique. Dans sa toute première messe célébrée ce jeudi dans la chapelle Sixtine en compagnie de ses pairs cardinaux, il a demandé aux chrétiens de construire ensemble une à‰glise plus forte, plus ancrée sur les valeurs du Christ. Le respect de la vie, de la famille, seront certainement au C’œur de son ministère. Les catholiques du monde entier comptent en tout cas sur lui pour leur redonner un nouveau souffle. Un instrument de paix dans le monde La prière la plus célèbre du saint dont le nouveau Pape porte le nom, St François d’Assises, commence par ces mots: « Seigneur, fais de moi un instrument de paix ». Au regard de l’engagement de l’homme pour le rapprochement entre les peuples et le dialogue entre les religions, on comprend mieux pourquoi il a choisi de se nommer ainsi. Il est en effet l’un des initiateurs du dialogue islamo-chrétien engagé pendant l’ère de feu Jean-Paul II. Depuis l’à‰glise catholique, même si elle commet des erreurs de parcours, ne cesse de tenter de maintenir les ponts, avec le monde musulman. L’élection du cardinal Bergoglio est donc un signal fort pour le dialogue entre les religions, mis à  mal sous le pontificat de Benoit XIV. Tous attendent maintenant son homélie du dimanche prochain lors de sa première messe sur la place St Pierre. Selon la tradition, c’est une espèce de déclaration de politique générale,qui permet d’indiquer les axes de l’action du pontificat. Mais une chose est sure, l’à‰glise comme le monde voient dans l’avènement de François, le symbole d’une page qui se tourne et surtout d’un espoir en un avenir meilleur.

Début du carême: les chrétiens du Mali intercéderont pour la paix

Ce mercredi 13 février débute le carême chrétien dans le monde entier avec la prise des cendres. Dérivé du grec « quaresma » (quarante), le carême est une période de 40 jours qui correspond au voyage du peuple d’Israà«l qui a marché durant quarante ans dans le désert. Les chrétiens catholiques, à  travers jeûnes et prières chercheront à  se rapprocher de leur Dieu et de leur prochain. Quarante jours durant, hormis les dimanches, les fidèles catholiques du monde entier se consacreront à  la prière, au partage et au jeûne. Le début de ce carême est marqué par une période festive célébrée hier mardi, avec des réjouissances et carnavals à  travers le monde. Mercredi des cendres Pour entrer dans le temps de carême, les chrétiens participent à  un office particulier célébré le premier jour et dénommé « imposition des cendres ». Le « mercredi des cendres » est institué pour rappeler à  chacun qu’il «est poussière et qu’il redeviendra poussière», leçon d’humilité et rappel de notre condition de mortel et de la nécessité de suivre le chemin de Dieu pendant le passage terrestre. Les chrétiens qui prendront part à  la messe ce mercredi se verront tracer sur le front une croix accompagné des paroles du célébrant «convertissez-vous et croyez en l’à‰vangile ». Durant le temps de carême, l’Eglise invite ses fidèles à  la prière, au jeûne et à  la conversion, pour se préparer à  la grande fête de Pâques, commémorant la Résurrection de Jésus-Christ. Le carême, C’’est aussi le chemin de la réconciliation. Prière pour la paix au Mali Si les chrétiens du Mali n’ont pas attendus le temps de carême pour prier pour le retour de la paix et la stabilité dans le pays, cette période particulière sera mise à  profit pour intercéder davantage. A la cathédrale de Bamako, les fidèles seront nombreux à  prendre part aux différents offices et prières en faveur de la paix, à  l’image de Georges Dembélé, un jeune catholique qui entend pour la première fois jeûner et surtout prier pour son pays. Appel est également fait à  la générosité et à  l’esprit de solidarité des chrétiens. Il y a quelques jours, le Président de la Conférence des à‰vêques du Mali, Monseigneur Jean-Baptiste Tiema, invitait tous les fidèles à  mobiliser des ressources financières et matérielles afin de venir en aide aux personnes en situation difficile. Toute la communauté chrétienne est invitée à  la vigilance pour aider nos plus hautes autorités à  assurer la sécurité de leurs concitoyens. « Nous devons réaffirmer notre foi en Dieu en posant des actions qui vont dans le sens de l’amour du prochain comme Jésus Christ à  demandé d’aimer ton prochain comme soi-même » avait ajouté Mgr Tiema. C’était à  l’issue d’une session extraordinaire des évêques du Mali tenue dans la salle de conférence de l’archevêché de Bamako, du 21 au 23 janvier dernier.

Benoît XVI démissionne

Le Souverain Pontife, âgé de 85 ans, affirme ne plus avoir « les forces » de la diriger en raison de son « âge avancé ». Cette annonce a été faite dans une salle du Palais Apostolique lors d’un consistoire au Vatican pour la canonisation de martyrs d’Otrante. Et ce sont des chaà®nes de télévision italiennes qui les premières ont annoncé l’information, très vite reprise dans le monde entier. Il est vrai que C’’est un évènement rarissime qui s’est produit une seule fois auparavant. Unique précédent dans l’histoire de l’Eglise, Célestin V avait abdiqué de sa fonction peu après avoir été sacré en 1294. Il avait vécu en ermite jusqu’à  sa désignation comme pape, et ne se sentait pas prêt à  assumer ce rôle dans l’à‰glise. Le Vatican et le monde pris de cours La démission de Benoit XVI prendra effet à  20H00 (19H00 GMT), le 28 février prochain. Commencera alors la période de « sede vacante » (siège vacant), a indiqué, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Un nouveau pape sera désigné « pour Pâques », a-t-il précisé ensuite lors d’une conférence de presse convoquée à  la hâte au Vatican. Le père Lombardi a admis que « le pape nous a pris un peu par surprise, en outre un jour férié pour le Vatican ». Selon lui, le pape a « saisi l’occasion qu’un grand nombre de cardinaux étaient réunis à  Rome » pour le consistoire. « La plupart n’en avaient pas été informés à  l’avance », a assuré le père Lombardi. Le doyen des cardinaux Mgr Angelo Sodano a parlé de « coup de tonnerre dans un ciel serein ». Les réactions des chefs d’Etat n’ont pas tardées non plus à  tomber. En Italie, qui abrite le micro-Etat du Vatican, le chef du gouvernement sortant Mario Monti s’est dit « très secoué par cette annonce inattendue ». Le président français François Hollande a qualifié la décision du pape d' »éminemment respectable ». L’Allemagne pays d’origine du cardinal Joseph Ratzinger a exprimé son « respect » et sa « gratitude » envers le pape « pour avoir mené l’à‰glise comme il l’a fait pendant huit ans ». Un pontificat perturbé, un Pape fatigué Josef Ratzinger devenu Benoà®t XVI se retirera après son départ dans un monastère situé dans l’enceinte du Vatican. Il a accédé à  la tête de l’Eglise catholique le 19 avril 2005 à  l’âge de 78 ans après avoir régné près d’un quart de siècle sur la Congrégation pour la doctrine de la Foi. Très conservateur, il a été confronté dès le début de son règne à  une cascade de scandales scandale d’abus pédophiles dans le clergé, la crise la plus profonde de l’à‰glise contemporaine. L’an dernier, il a également dû faire face à  l’intérieur du Vatican à  un scandale de fuites de documents confidentiels, qui a conduit à  la condamnation de son propre majordome, Paolo Gabriele: un symptôme des mécontentements et des divisions dans la Curie, et une trahison personnelle qui avait beaucoup affecté Joseph Ratzinger. Un départ annoncé ? Même si les premières réactions sont à  la surprise face à  cette décision, on se souvient que Benoit XVI en avait évoqué l’éventualité en 2010. Dans un livre interview intitulé « Lumières du monde », le pape avait évoqué la possibilité d’une démission au cas o๠il ne se serait plus senti en état de continuer. Répondant au journaliste allemand Peter Seewald, Benoà®t XVI avait affirmé qu’un pape « a le droit et, selon les circonstances, le devoir de se retirer » s’il sent ses forces « physiques, psychologiques et spirituelles » lui échapper. Il a donc tenu promesse en déclarant ce lundi 11 février être « parvenu à  la certitude que (ses) forces, en raison de l’avancement de son âge (« ingravescentem aetatem » en latin), ne sont plus aptes à  exercer de façon adéquate le ministère » de pape et évêque de Rome. Un nouveau pape devrait être désigné «pour Pâques», le 31 mars, un conclave devant être organisé dans les 15-20 jours suivant la renonciation du pape.

Jean Zerbo :  » Nous privilégions la voie du dialogue tant qu’ il est possible »

Journaldumali.com : pourquoi la ville de Kita abrite le pèlerinage de l’Eglise catholique du Mali ? L’église malienne vit depuis 124 ans. Mgr Jean Zerbo  : Quand les premiers missionnaires venaient au Soudan français les 18 et 19 novembre 1888, C’’est à  Kita qu’ils ont été accueillis. Ils étaient venus à  Tombouctou mais ça n’a pas marché, donc ils sont entrés par Kita. Et Kita est le premier lieu o๠ils ont été accueillis. C’’est pourquoi nous avons classé cette ville comme le berceau de l’Eglise catholique du Mali. Journaldumali.com : qu’a fait l’Eglise dans le cadre du dénouement des multiples crises que vit le Mali ? Mgr Jean Zerbo  : Vous savez, l’Eglise s’engage sur plusieurs plans. Le premier engagement est une démarche de solidarité à  l’endroit de ceux qui sont en situation difficile. Notre Caritas vient au secours des déplacés du nord. Plusieurs d’entre eux sont hébergés au Centre de formation de Nyamana. Nous prenons en charge leur séjour et nous leurs faisons des gestes, des dons en attendant que les choses s’arrangent.Nous avons emmené avec nous deux tonnes de céréales afin que les malades et les prisonniers sachent que Jésus est passé à  Kita aujourd’hui. Deuxième élément de notre intervention, en tant que religieux, nous intervenons comme des guetteurs, et des sentinelles afin de prévenir qui de droit en cas devant l’imminence d’un danger. Troisièmement, nous sommes des intercesseurs, nous prions. Devant les conflits, nous invoquons la clémence et le pardon du Seigneur. Aussi, nous intervenons entre les belligérants pour que chacun accepte la négociation et que le pays puisse avoir la paix. Nous ne privilégions que la voie du dialogue tant qu’elle est possible. Journaldumali.com : pourquoi « la dignité de l’Homme » comme thème de ce pèlerinage ? Mgr Jean Zerbo : nous pensons que la notion de dignité, une vertu cardinale de notre société, est en déperdition totale tant dans nos grandes villes que dans nos campagnes. Les gens sont laissés à  eux-mêmes. Et surtout, ce drame ou encore cette tragédie que le pays vit, la personne humaine n’est plus respectée. Or la vie humaine est sacrée. Le Mali n’a jamais enregistré autant de morts. C’’est grave pour notre pays. C’’est pourquoi nous disons, « retrouvons notre dignité en renonçant à  la violence ». Le thème qui nous a conduits à  cela, C’’est que nous retrouvons notre dignité en Dieu. Et nous devons être saints comme notre père céleste l’est. Ne rendons jamais le mal par le mal. Jésus nous dit, aimez vos ennemis, priez pour vos persécuteurs. Je vous laisse le soin d’apprécier par vous-même cet appel. Si sa mise en pratique peut oui ou non contribuer à  la restauration de la paix et de la stabilité. Je sais que cela peut s’avérer très difficile, mais ayons comme modèle Dieu lui-même!

Crise: pourquoi l’Eglise du Mali se tait ?

Epine dorsale de la religion chrétienne au Mali, les Eglises catholiques et protestantes ont toujours entretenu une position floue sur les questions d’intérêt national. Complexe de la minorité? Crainte d’être mal compris? Consultées à  l’aune des grandes prises de décision, leur position s’aligne d’ordinaire sur celle des musulmans, ultra-majoritaires. La fuite des chrétiens du Nord La crise actuelle ne déroge pas à  la règle. Alors que le moindre petit regroupement donne de la voix pour faire entendre sa position, que les partis, les personnes et les coalitions s’entredéchirent, l’Eglise préfère garder le silence. l’offensive des islamistes avec à  la clé l’occupation des 2/3 du territoire national et son corollaire de chasse aux chrétiens, pas plus que l’instauration d’une charia qui risque de se propager, ne l’ont fait sortir de son mutisme, qui peut passer pour de l’indifférence. Elle sait pourtant bien que C’’est elle qui serait menacée la première si la charia venait à  se répandre. La prise des régions du Nord a jeté sur les routes les rares chrétiens qui prêchaient le nom de Jésus. «Les chrétiens de Kidal, Tombouctou, Gao ont tous fui. Depuis le 1er avril, les lieux de culte comme l’Eglise de Gao et la chapelle de Tombouctou seraient occupés par le groupe Ansar Dine», témoigne un chrétien déplacé. à€ Bamako, les chrétiens – qui représentent moins de 2 % de la population – sont de plus en plus inquiets de la tournure des événements. Monseigneur Jean Zerbo de l’Eglise catholique, tout comme le pasteur Daniel Coulibaly de l’Eglise protestante se font de plus en plus rares. Aux premières heures du coup d’Etat, on les avait pourtant vus avec Mahmoud Dicko du Haut Conseil Islamique (HCI), à  Kati comme à  Ouagadougou. Depuis plus rien. Seul le président du HCI est visible. Est-ce à  dire que ces trois personnalités n’ont pas la même vision des choses? « On n’est pas sûr d’être compris de la même façon par tout le monde » Ce n’est pas la première fois que l’Eglise disparait en temps de crise. En 2009 elle était restée muette lors du tourbillon politique et social qui avait entouré la réforme du code de la famille. Même après le renvoi du code en seconde lecture, aucune autorité de la confession n’avait pipé mot. Le combat des leaders musulmans visait pourtant à  réduire les droits de la femme. Très souvent, la voix des chrétiens ne se fait entendre que via quelques fidèles qui n’approuvent d’ailleurs pas le mutisme des dirigeants. «Les responsables de l’Eglise doivent se mettre en tête que la religion est là  pour aider les hommes à  vivre. Il y a donc pas de mal à  ce que l’Eglise fasse part de sa vision sur des questions d’intérêt nationales », lâche Théophile Mounkoro, ancien séminariste. Selon George Koné, un proche collaborateur de l’archevêque de Bamako, l’Eglise n’aimerait pas se mettre au devant de la scène pour faire des déclarations officielles. Et pour cause, soutient-t-il, «le pays est fragilisé. Il faut se garder de faire toute déclaration susceptible d’attiser le feu. Car on n’est pas sûr d’être compris de la même façon par tout le monde ». Il faut cependant souligner que le Pape Benoà®t 16 s’est exprimé à  plusieurs reprises sur la crise que traverse le Mali. D’abord, au lendemain du coup d’état et la prise des régions nord, pour prier pour la paix.Et ensuite, pour condamner la destruction des mausolées à  Tombouctou. Mais l’Eglise du Mali, elle reste dans son silence, qu’elle juge plus prudent.