Egypte: après un week-end très violent, la tension ne faiblit pas

Alors que les voix montent de partout dans le monde pour appeler à  un retour au calme, la situation en Egypte est toujours extrêmement tendue, après une fin de semaine particulièrement violente et meurtrière. Au moins 27 policiers ont été tués lundi dans le Sinaà¯, dont 25 dans un attentat. Des hommes armés, soupçonnés d’appartenir à  la mouvance radicale islamiste, ont tiré à  la roquette et à  l’arme automatique sur deux minibus de la police se dirigeant vers la ville de Rafah, o๠se trouve le point de passage vers la bande de Gaza. Le ministère de l’Intérieur a accusé des « terroristes », tandis que les sources de sécurité ont précisé que trois des assaillants avaient été arrêtés. Deux officiers de police ont également été tués dans deux attaques à  Al-Arich, la capitale du Nord-Sinaà¯, selon des sources au sein des services de sécurité. Le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, s’est exprimé hier dimanche devant des centaines d’officiers de l’armée et de la police. Il a promis aux islamistes qui ont choisi la violence une riposte « des plus énergiques », sans considération apparente pour le tollé déclenché dans les pays occidentaux dont certains parlent de « massacres ». Le gouvernement a par ailleurs annoncé l’interdiction des « comités populaires ». Il s’agit de milices de jeunes armés prenant pour cible au Caire tous ceux dont ils pensent qu’ils sont des islamistes – hommes portant la barbe ou femmes intégralement voilées – ainsi que les journalistes étrangers qu’ils accusent de défendre le camp du président Mohamed Morsi, déposé par l’armée. Tollé international et réunion à  venir Les condamnations ont fusé de partout pour condamner la violente répression des manifestants pro-Morsi. Les affrontements avec la police ont causé la mort de près d’un millier de personnes en une semaine. l’Union Européenne, les à‰tats-Unis ont demandé un retour au calme et la reprise du processus d’organisation d’élections anticipées. Londres et l’ONU ont dénoncé un « usage excessif de la force », alors que Berlin a appelé au « dialogue » pour éviter la « guerre civile ». La chancelière Angela Merkel a estimé qu’un arrêt des livraisons d’armes était un moyen de pression approprié. Des sénateurs américains, dont l’influent républicain John McCain, ont demandé que les à‰tats-Unis suspendent la substantielle assistance militaire – 1,3 milliard de dollars par an – à  l’à‰gypte après le « massacre ». En revanche, l’Autorité palestinienne, la Jordanie, l’Irak et surtout Ryad ont affirmé soutenir le pouvoir égyptien. Quant au Qatar, principal soutien des Frères musulmans, il a dit aider l’à‰gypte et non la confrérie, affirmant vouloir corriger des « conceptions erronées ». Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne doivent se réunir exceptionnellement ce mercredi à  Bruxelles pour examiner la situation en Egypte et s’entendre sur une position commune. La décision a été prise aujourd’hui à  l’occasion d’une réunion des ambassadeurs auprès de l’UE chargés des questions de sécurité, en pleine crise entre l’armée égyptienne et les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi. Manifestations annulées mais vive tension 36 détenus islamistes ont perdu la vie, hier dimanche, asphyxiés par du gaz lacrymogène pendant une tentative d’évasion selon la police égyptienne. Ces 36 détenus, tous des Frères musulmans, la confrérie de Mohamed Morsi, ont péri asphyxiés par les grenades de gaz lacrymogène tirées dans le camion qui les transportait dans l’après-midi vers une prison près du Caire, parce qu’ils avaient kidnappé un officier de police et tentaient de s’évader, a affirmé le ministère de l’Intérieur. Le convoi transportait plus de 600 prisonniers islamistes. La mobilisation des pro-Morsi a semblé marquer le pas dimanche, les manifestants redoutant sans doute davantage de morts dans leurs rangs décimés depuis cinq jours. Ils avaient annoncé neuf manifestations au Caire, mais les ont quasiment toutes annulées « pour des raisons de sécurité » dans la soirée. Plus d’un millier de manifestants et cadres des Frères musulmans ont été arrêtés en cinq jours, selon le gouvernement.