Libye : après la défaite de Daesh à Syrte, des combats entre acteurs militaro-politiques

En Libye, alors que la défaite infligée à Daesh à Syrte concentre toutes les attentions, les combats entre deux camps politico-militaires à côté du « croissant pétrolier » sont venus rappeler la nécessité d’un compromis entre les différents protagonistes libyens.

Pour nombre d’observateurs, il faudrait un miracle pour remettre de l’ordre dans la situation chaotique qui prévaut en Libye, depuis la chute de Muhammar Kadhafi en 2011. En dépit du soutien de la Communauté internationale, le gouvernement d’union nationale de Faïez el-Sarraj a compris que sa marge de manœuvre est réduite.

Dans la région, ni Alger ni Tunis ne voulait entendre parler d’intervention militaire, estimant qu’il faut d’abord trouver un compromis entre les acteurs politico-militaires libyens engagés dans une interminable bataille pour le pouvoir. Hier mercredi, les affrontements qui ont eu lieu en lisière occidentale du « croissant pétrolier », ont montré à quel point il est difficile d’envisager une sortie du tunnel. Des combats qui ont mis aux prises deux camps politico-militaires : d’un côté des milices de l’est favorables au gouvernement d’El Sarraj, de l’autre l’armée nationale libyenne dirigée par le désormais Maréchal, Khalifa Haftar, bras armé du Parlement basé à Tobrouk, opposé au gouvernement d’union soutenu par les chancelleries occidentales. Deux camps qui symbolisent la partition du pays : la Tripolitaine à l’ouest et la Cyrénaïque à l’est.

Selon des sources officielles, les milices pro-gouvernementales ont attaqué la ville de Ben Jawad, où passe la moitié du brut libyen exporté, mais ont été repoussés par les forces de Khalifa Haftar qui en ont le contrôle depuis septembre dernier, après en avoir chassé une milice alliée au gouvernement d’El Sarraj. Dans son communiqué d’hier, le gouvernement d’El Sarraj a nié une quelconque implication dans les combats.

Ces événements interviennent au moment où Daesh a été mis en déroute à Syrte, ville qu’elle contrôle depuis un an. Même si pour beaucoup d’observateurs, il est difficile de dire que c’est la fin du groupe extrémiste dont des leaders et des combattants se sont retranchés dans le sud du pays.

 

 

Libye, 32 morts dans une offensive contre l’EI

Le mercredi 18 mai, le gouvernement d’union nationale dirigé par Faïez el-Sarraj et soutenu par la Communauté internationale, a lancé une offensive pour reprendre du terrain sur l’État Islamique (EI) à Syrte, son fief.

Trente-deux morts, c’est le bilan tragique de l’attentat à la voiture piégée et des combats ayant opposé, le mercredi 18 mai 2016, les forces du gouvernement d’union nationale libyenne à l’État islamique à l’ouest de Syrte, une zone que le groupe djihadiste a conquise, affichant du coup son ambition de plus en plus grande de renforcer sa position dans ce pays devenu défaillant depuis la chute de Muhammar Kadhafi, en 2011. L’attentat, qui a fait trente-deux morts et une cinquantaine de blessés, est intervenu à Bouairat El-Hassoun, un village à l’ouest de Syrte dont les forces du gouvernement d’union nationale disent avoir pris le contrôle.

L’offensive du gouvernement d’union vise à stopper et pousser dans ses derniers retranchements l’EI. Mais, grand paradoxe, il fait face à la concurrence des forces militaires menées par le général Kalifa Haftar, bras armé du Parlement basé à Tobrouk, qui ne reconnaît pas El-Sarraj, refuse de céder malgré l’épée de Damoclès des sanctions brandie par la communauté internationale qui pense que ces divisions politiques n’arrangent pas les efforts de lutte contre le groupe djihadiste.

Le lundi 16 mai, 21 nations réunies à Vienne, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité compris, ont décidé de lever partiellement l’embargo sur les armes pour permettre au gouvernement d’El-Sarraj d’avoir les armes et munitions pour affronter Daesh.