Immigration, les raisons du départ

l’immigration clandestine fait davantage de morts chaque jour. Ils veulent tous partir, mais partir o๠? Comment partir ? C’’est à  ces questionnements que nous essayerons de répondre afin de mieux comprendre les attitudes des uns et des autres face à  ce phénomène qui ronge le continent africain. Pourquoi veulent-ils tous partir ? Les causes de l’immigration sont-elles liées aux conditions de vie misérables de la population ou au taux de chômage trop élevé ? l’altermondialiste Aminata Dramane Traoré estime que le Mali est un pays à  forte tendance migratoire :« les candidats à  l’immigration sont surtout des jeunes et leur envie de partir est due, d’une part, à  l’échec des programmes d’ajustement structurels, la mauvaise gestion de ressources humaines et financières et les partis-pris. ‘l’Afrique subit les conséquences des choix macro-économiques qui lui sont imposés’. Depuis les évènements dramatiques de Ceuta et Melilla, les alter- mondialistes se sont impliqués dans un travail de communication avec les jeunes, afin de les amener à  mesurer et à  comprendre les risques liés à  la l’immigration clandestine », explique Aminata Traoré, ‘ Dans de nombreux villages du Mali, récemment visités, les jeunes n’ayant pas de projet d’émigration, n’ont aucune chance d’avoir une fiancée ! ‘ Partir est un objectif à  atteindre coûte que coûte et par tous les moyens, quitte à  y perdre la vie’ Kayes, une région du Mami à  fort potentiel migratoire Le taux de migrants originaires de la région de Kayes est élevé. La ville de Kayes qui compte 1 400 000 habitants est considérée comme l’exemple réussi de l’immigration au Mali, en raison de l’apport économique des migrants au pays. Le jeune fonctionnaire de police de 28 ans, Abdoulaye, met le phénomène de l’immigration sur le compte de la pauvreté et du chômage : « Partir est une seconde nature chez l’être humain. Même si on a tout le luxe voulu, cela ne suffit pas, il faut toujours découvrir de nouveaux horizons. Lui est prêt à  partir loin de son pays dès qu’une occasion se présentera. ‘’C’’est un idéal que je souhaite atteindre. Mon poste de policier ne me permet pas de gagner ma vie comme je le voudrais réellement. Je trouve mon salaire trop bas pour le train de vie que mènent ma femme et mes gosses. » Drissa Sidibé est gardien d’une grande banque de la place. Il est lui aussi très favorable à  l’immigration. Avec 30.000 FCFA mensuels, Drissa se plaint de ne pas pouvoir s’occuper convenablement de sa femme et de ses quatre enfants : le loyer à  payer, l’électricité, l’eau et toutes les petites dépenses constituent une lourde charge. A plus de 45 ans, Drissa est prêt à  risquer sa vie et laisser sa famille pour partir se chercher ailleurs comme il dit. Encadrer le phénomène migratoire au Mali ! La réalité de l’immigration irrégulière et de ses drames au quotidien, la prise conscience par les gouvernements des pays d’origine des potentiels humains financiers et culturels des migrants, constituent des enjeux de société importants. C’’est au regard de tout ceci, que la Commission de l’Union Européenne (UE), a envisagé, avec la collaboration du gouvernement malien, la création du centre d’information et de gestion des migrations (CIGEM) qui a été inauguré le 6 octobre dernier au quartier ACI Hamdallaye. Le Président de la Commission Européenne, Louis Michel explique que ‘’le Mali étant le 2e pays de l’Afrique de l’ouest par sa taille, a davantage conscience des avantages que la migration peut apporter au développement. Il y a la nécessité de réduire au maximum, ses effets négatifs. Le gouvernement malien mène depuis plusieurs années, des actions en faveur des Maliens de l’extérieur. Le Mali a ainsi été choisi par la commission de l’UE pour abriter ce centre ». Selon Abdoulaye Konaté, le directeur du CIGEM, le centre vise à  mettre en place un cadre de gestion durable des flux migratoires. Le Mali reçoit également des migrants venus d’ailleurs et particulièrement, d’Afrique. Il est donc nécessaire de promouvoir la migration légale. Le centre accueille principalement les migrants expulsés de France, d’Espagne, de Libye et d’ailleurs. Ce sont surtout eux qui viennent pour des cas de réinsertion et retour par voie légale. l’expérience du CIGEM aborde la problématique migratoire selon une approche globale et durable. Cette approche est en cohérence avec les éléments de politique de développement du Mali qui visent non pas à  arrêter le phénomène mais à  le positiver, le développer et le structurer. Notons que le refus du Mali de signer avec la France, un accord de gestion des flux migratoires, démontre sa volonté de ne servir de telles fins. Signalons aussi que contrairement à  ce que beaucoup semblent penser, la première destination des maliens C’’est l’Afrique : Côte d’Ivoire, Gabon, Congo, Angola, Guinée Equatoriale … Sur une population expatriée estimée à  plus 4 millions de personnes, quelques 3.5 millions se trouvent dans ces pays là . Le gouvernement espagnol, en collaboration avec l’ANPE, a procédé au recrutement d’une trentaine de cultivateurs maliens pour l’Espagne. Parmi ces candidats, Brahima Traoré : Refoulé le 23 novembre 2007 avec de nombreux compatriotes, il est passé par des pirogues de fortunes, et s’est fait arrêter par les autorités espagnoles aux larges des côtes marocaines. Après 40 jours à  la Croix Rouge Espagnole, ils ont été expulsés au Mali. ‘’Je voudrais cette fois ci, passer par la voie normale, légale. Lorsque J’ai entendu parler de cet appel à  candidature lancé par le CIGEM, je suis venu…’. Les trente candidats seront en Espagne d’ici quelques semaines et n’attendent plus que la confirmation de leurs visas. l’impact économique des migrants sur le Mali est assez important et diversifié. Selon une étude réalisée par la banque africaine de développement (BAD), la diaspora africaine transfère de 14 à  17 milliards de dollars US par an. Cette étude relève aussi que la diaspora malienne de France effectue par le circuit officiel, un transfert annuel de 120 milliards de francs CFA, un montant supérieur, au niveau de l’aide publique au développement perçue par le Mali. Plus récemment, selon l’agence PANA, se référant au haut conseil des maliens de France( HCMF), environ 200 milliards de francs CFA sont transférés chaque année, à  travers différents circuits, par la diaspora malienne.