Caravane pour le vote : Inciter à une participation citoyenne

Pour contribuer à la participation massive des citoyens au scrutin présidentiel du 29 juillet 2018, le mouvement citoyen « Transformons le Mali » a entrepris une caravane de sensibilisation à Bamako et dans certaines localités du Mali. Une caravane plutôt bien accueillie, selon les organisateurs qui espèrent qu’elle permettra à davantage de citoyens de jouer pleinement leur rôle dans la construction de la cité.

Initiée il y a deux semaines dans le cadre des activités de  Transformons le Mali, la caravane du vote a sillonné la capitale, les localités de Kolokani et de Ségou. A Bamako des endroits stratégiques, comme le grand marché, le marché Dossolo Traoré, la gare routière de Sogoniko pour sensibiliser les citoyens à accomplir leur devoir civique.

Dans les différentes localités visitées, des jeunes du mouvement sont allés à la rencontre des populations souvent sceptiques et en retrait de la chose politique, reconnaît  Madame Dia Sacko , la porte parole de Transformons le Mali. « Ces échanges ont permis d’instaurer un climat de confiance quand au vote, parce que les gens sont en rupture avec la politique », précise t-elle.

Premier devoir citoyen, le vote est aussi le moyen d’exprimer son choix, ont notamment expliqué les caravaniers. « Très bien accueillie par les citoyens », la caravane a aussi servi à éclairer certains citoyens sur « la façon de retirer leurs cartes d’électeurs », précise la porte parole.

En plus de cette caravane et afin de contribuer à la transformation du Mali, le mouvement initie également d’autres actions, comme des débats citoyens pour échanger sur le projet de transformation. L’organisation a aussi soumis  à tous les candidats à la présidentielle, son projet de transformation.

 

Présidentielle 2018 : Après 5 ans, IBK de retour à Kidal

Le président IBK est actuellement à Kidal jusqu’à demain matin dans le cadre de sa tournée électorale. Sur place, il a rencontré les responsables de la CMA, les autorités traditionnelles et échangé avec la population, sur des questions cruciales comme la mise en oeuvre de l’accord de paix, le statut de l’Azawad et la sécurisation du processus électoral.

Cela faisait 5 ans que le président IBK n’avait pas foulé du pied le sable de Kidal, où il a atterri ce jeudi 19 juillet aux environs de treize heures dans un avion affrété de Gao par la Minusma. Sa venue dans ce bastion du Nord, fief des ex-rebelles de la CMA, s’est faite dans une relative discrétion. Cette étape, fortement symbolique dans la tournée électorale du candidat, avait d’abord été annoncée pour le 9 juillet dernier avant d’être à nouveau décalé au 19 juillet.

Sur le Tarmac de l’aérodrome de la Minusma, le président-candidat a été accueilli par Bilal Ag Chérif, président en exercice de la CMA, Mohamed Ag Intalla, l’Aménokal des Ifoghas ainsi que par les autorités traditionnelles de la ville.

Le cortège composé de plusieurs véhicules 4×4 s’est ensuite dirigé vers le siège du DDR, un ancien hôtel, ou le président a pris ses quartiers et a déjeuné avec ses hôtes avant de gagner le siège de l’autorité intérimaire, en fin d’après-midi, pour un meeting. C’est en présence des différents cadres et responsables de la CMA, de la société civile, des femmes et des jeunes, que le président candidat a fait un discours où il s’est engagé à construire sur place un aérodrome international, ainsi qu’un hôpital régional. Le président-candidat a ensuite pris part à des échanges directs avec l’assistance, notamment sur le retard dans la mise en œuvre de l’Accord et la question de la reconnaissance de l’Azawad.

Le président et ses collaborateurs passeront la nuit dans la ville où un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé. Dans les airs d’abord, où les chasseurs de la force française Barkhane ont patrouillé le ciel lors du déplacement du président, et sur terre où sa sécurité est assurée à 100 % par les forces de la CMA et de la CSMAK, la police locale. Pour l’occasion, la ville a été bouclée à l’intérieur comme à l’extérieur, jusqu’à quelques kilomètres autour de Kidal. Les Famas, récemment intégrés dans le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), n’ont pas été convié à sortir de leur camp pour venir renforcer le dispositif de protection du président-candidat.

Si il y a 5 ans, l’ambiance était un peu tendue avec notamment des manifestations contre la venue du candidat, il n’en a rien été pour sa seconde visite dans la cité des Ifoghas, même si les « vives IBK » n’ont pas ponctué l’arrivée du président-candidat comme on a pu l’entendre sur d’autres étapes de sa tournée. On pouvait tout de même lire sur des banderolles, des messages de bienvenue à l’adresse d’Elhadj Ibrahim Boubacar Keita. « Pour nous, c’est comme la visite de n’importe quel candidat à l’élection présidentielle. Ce qui nous importe, c’est leur potentiel à mettre en œuvre l’accord de paix d’Alger. Nous avons déjà expérimenté IBK ces 3 dernières années. Nous nous baserons sur ce qu’il va dire et les propositions concrètes qu’il va faire, sachant que parfois les déclarations faites ne sont pas forcément suivis d’effet », affirme Mohamed Ould Mahmoud, actuel porte-parole de la CMA, qui réfute toute inclinaison particulière pour le président candidat. « Il y a des cadres de la CMA qui le connaissent, depuis même avant le temps de l’Accord, mais nous savons aussi que pour ce qui est de l’Accord, il n’a pas fait grand-chose. En fait, on ne sait pas si ça a évolué avec lui. Ça a plutôt évolué avec le premier ministre actuel, Soumeylou Boubeye Maiga. On a quand même eu à faire à 4 premiers ministres ! Donc, nous ne sommes pas forcément très proches d’IBK, mais nous restons quand même très liés à la mise en œuvre de cet accord, car c’est la seule chose qui nous lie avec le Mali et c’est le candidat qui nous satisfera le plus à ce niveau qui aura notre faveur » poursuit Mohamed Ould Mahmoud.

Pour Nasser, habitant de Kidal, qui déclare sans ambage, « je ne voterai pas ! », ce ne sont pas les quelque 30 000 potentiels votants que vise le gouvernement malien à travers cette venue à Kidal, mais plus la garantie que, « les élections se tiendront bien à Kidal le 29 juillet de 8 h à 19 h et sans incident. Ça démontrerait que Kidal est devenue une ville malienne comme les autres », explique-t-il.

Le bon déroulement du processus électoral, c’est justement l’un des enjeux des discussions que le président-candidat aura avec les responsables de la CMA avec qui il devrait s’entretenir dans la soirée. « La CMA a posé des conditions pour être impliquée dans le processus électoral : la prise en charge des militaires, la sécurisation des élections, les autorités intérimaires au niveau des cercles. Ce sont autant de questions auxquelles nous attendons des réponses, car nous voulons dans les zones que nous contrôlons, assurer la sécurité du processus électoral à 100 %. Nous sommes un mouvement politico-militaire et nous entendons jouer un rôle important et prépondérant dans la sécurisation de ce processus », avertit le porte-parole de la CMA.

Ces audiences avec des personnalités de la CMA, pourraient achever de convaincre ceux qui doutent encore, à 5 jours de la visite de son principal concurrent Soumaila Cissé, même si, comme le concède ce cadre de la CMA sous anonymat, « plusieurs responsables de la CMA soutiennent IBK, car ils estiment qu’il y a eu un début d’exécution de certains points de l’accord sous son mandat. Pour eux, il vaut mieux le soutenir pour parachever ce qu’il a commencé ».

Le candidat IBK devrait quitter Kidal demain matin pour s’envoler  pour Tombouctou.

Élection présidentielle : Top départ de la campagne

Dans trois semaines, les citoyens maliens iront aux urnes pour l’élection du Président de la République. La campagne électorale, période décisive dans  la mobilisation des électeurs, démarre le 7 juillet. En attendant, dans les quartiers généraux des différents prétendants, c’est la course. Aperçu sur les débuts d’une joute déterminante pour le Mali.

« Nous la préparons avec tout l’enthousiasme que les militants sont en train de montrer sur le terrain. Nous continuons à mettre en ordre de bataille l’ensemble des partis politiques, associations, clubs  de soutien qui sont derrière le candidat Aliou Boubacar Diallo, pour harmoniser les points de vue, les stratégies et l’organisation de la campagne », affirme Cheick Oumar Diallo, Secrétaire politique de l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP Maliba). Tout content, le jeune militant s’affiche confiant devant la validation provisoire par la Cour Constitutionnelle de leur candidature. « La campagne qui va s’ouvrir bientôt sera palpitante, étonnante et pleine de surprises pour beaucoup des personnes, qui ne s’attendent pas à ce que le changement voulu par les Maliens se produise cette année »,  prophétise-t-il.

Il y a au total 24 candidatures validées définitivement par la Cour Constitutionnelle pour  l’élection du 29 juillet. Une première liste publiée le 30 juin avait semé la panique de quelques états-majors qui se sont dépêchés de répondre aux interrogations de la Cour. La bataille pour Koulouba peut donc désormais commencer. Après cinq années de gouvernance IBK, l’heure est au choix. Candidat à sa propre succession, le sortant compte parachever les actions déjà entamées. Face à lui, des candidats décidés à lui ravir le fauteuil. La campagne offrira sans doute à tous ceux qui aspirent à servir  le Mali l’occasion d’exposer leurs projets aux citoyens.

Dans ce jeu démocratique, les uns et les autres comptent  ne pas se faire de cadeaux. Partout s’affiche le souhait de gagner. Certains n’hésitent pas à mettre en avant la déception d’une certaine frange de la population du système actuel de gestion. Sur le terrain, la pré-campagne bat son plein. « Nous allons boucler l’international dans la semaine et revenir attendre l’ouverture officielle. Nous allons  nous atteler pour l’intérieur du Mali et l’ensemble des régions », affirme Nouhoum Togo, chargé de communication du cabinet de  chef de file de l’Opposition. Selon lui, on n’attend plus que le coup d’envoi. « Nous sommes prêts aujourd’hui pour l’organisation. Nous avons des démembrements, des structures, une convention de partis politiques pour  gagner dans les jours à venir ».

A l’intérieur du pays, celui qui aurait voulu porter les couleurs de l’ADEMA Pasj s’implante déjà. « Je suis suffisamment organisé. J’ai des cellules dans toutes les régions, sauf à Kidal », informe Kalfa Sanogo, candidat de la Coalition Kalfa 2018. Sikasso, région dont cet ancien Directeur général de la CMDT est natif, est un  véritable réservoir d’électeurs. Du côté du parti présidentiel, contacté mais qui n’a pas répondu à nos sollicitations, aucune réponse quant à l’approche retenue pour mettre en avant le candidat-Président Ibrahim Boubacar Kéita ne nous est parvenue.

Stratégies de (re)conquête

Accéder à la magistrature suprême s’avère être un exercice complexe. Mais l’idée de  séjourner au Palais de Koulouba aiguise bien des appétits. Stratégies de mobilisation et lignes directrices de campagne se précisent. Des moyens faramineux et des ressources humaines considérables sont en train d’être mobilisés. Le duel entre les caciques politiques et les nouveaux venus donnera un caractère particulier à cette élection.

Pour la troisième fois, Soumaila Cissé, candidat de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) s’engage. Cette fois-ci, il croit en ses chances. « Il y a au moins cinq secteurs qu’il faut défendre devant le peuple malien : la sécurité, sans laquelle rien ne sera possible, l’agriculture et l’élevage, qui sont la base, la santé, qui est une priorité, l’école, pour un nouveau type de Malien, capable de se réinventer », résume Nouhoum Togo. « Le travail que nous sommes en train de faire a pour matière première l’homme pour, opérer  le changement », poursuit-il.

L’alternance est devenue le maitre mot. Chacun se propose d’amoindrir les souffrances des populations en « agissant » autrement. « Nous allons  présenter  le  programme,  des projets, des idées, aller sur le terrain du débat, pour faire en sorte qu’on sorte de tout ce qui a été une campagne de surface depuis des années. Il est temps aujourd’hui que ceux qui aspirent à gouverner ce pays commencent à faire des propositions en matière de retour de la paix, de sécurité, de développement économique, de création d’emplois et de richesse, dans tous les domaines qui concernent le bien-être de la population », souligne le Secrétaire politique de l’ADP Maliba. Pour les candidats, le combat se gagnera aussi dans les détails. Le lieu de lancement des activités officielles est pour le moment un « mystère ». « Je laisse planer le doute », confie un fervent militant de l’ADP Maliba.  Même stratégie dans le  camp de Soumaila Cissé.

Pour le candidat Kalfa Sanogo, qui participe pour la première fois à une présidentielle, battre campagne peut se faire « autrement ». « Il ne s’agit pas de faire des déplacements en grande pompe, mais de sensibiliser, de motiver les populations et de proposer du changement par rapport à ce qu’elles vivent ». Selon lui, la confiance des électeurs se base sur la jonction de l’acte à la parole.  « Parler et dire voilà ce que j’ai pu faire », telle est  la démarche que se propose le maire de Sikasso.

L’équation du nord et du centre

Si la volonté de tenir cette élection  à date est réelle, les défis se multiplient chaque jour. L’insécurité au centre et au nord du pays, les attaques récurrentes des groupes terroristes, la récente grève des administrateurs civils suscitent des inquiétudes. Les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali avaient convenu de sécuriser le processus électoral, avec l’appui de la mission des Nations Unies (MINUSMA). Mais la dernière session du Comité de suivi de l’Accord avant la présidentielle n’a pas abordé ces questions. Pire, des divergences entre la CMA et la Plateforme sur les directions des autorités intérimaires au niveau des cercles ont  relégué au second plan l’ordre du jour de la rencontre.

Le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile, le Général Salif Traoré, a récemment présenté un plan de sécurisation du processus. 11 000 agents environ seront mobilisés, avec l’appui des partenaires. « Nous souhaitons mener campagne sur l’ensemble du territoire national. Maintenant, il revient aux autorités pour organiser des élections convenables, transparentes, libres et crédibles, de créer des conditions de sécurité adéquates. Nous sommes prêts à aller au contact de tous les Maliens, où qu’ils se trouvent, parce que chacun d’entre eux mérite de se sentir concerné par la gouvernance de son pays », clame Cheick Oumar Diallo.

Une difficulté qu’a soulignée le chargé de communication du cabinet de chef de file de l’Opposition au ministère de l’Administration territoriale. « Nous allons livrer campagne dans des situations exceptionnelles et difficiles, mais nous ferons le travail avec beaucoup d’imagination et de préoccupation pour la sécurité », assure Nouhoum Togo, espérant une évolution positive de la situation. L’absence de l’administration dans plusieurs cercles au nord et au centre et une certaine indifférence des populations face à ce scrutin pourtant essentiel sont autant de facteurs à considérer.

Que prioriser ?

La profondeur de la crise que traverse le pays oblige à des efforts inédits. Au-delà des déclarations enflammées, c’est l’urgence de rétablir la paix et la sécurité qui hante les citoyens. « On nous avait promis que l’honneur des maliens et leur dignité seront rétablis, mais aujourd’hui le centre nous échappe et le Mali est en train de tomber. La seule solution pour relever le défi est de discuter, de s’asseoir et d’évaluer ce qui a marché ou pas depuis cinquante  ans », propose Nouhoum Togo. Les débats, l’ADP Maliba les attend « sans peur ». « C’est notre capacité à ressembler, à travailler, à reconstruire la confiance entre l’État et les citoyens que nous mettrons en avant, pour faire en sorte que le développement économique soit une réalité », précise le Secrétaire politique de l’ADP Maliba.

En attendant le 7 juillet, la mobilisation s’accentue. Reste à savoir qui des candidats,  au-delà des slogans, glanera la majorité des précieuses voix des Maliens le 29 juillet et éventuellement le 12 août prochain.

Dr Hamadoun Ibrahim Touré, candidat de l’Alliance Kayira

Des TICs à la politique ?

Nous connaissons tous la situation actuelle du pays, qui est plus que catastrophique : la mauvaise gouvernance, l’insécurité, les problèmes d’emploi, d’éducation et de santé etc. Le constat d’échec ne peut nous laisser indifférent. J’ai décidé de m’engager politiquement. Je suis déterminé à apporter ma contribution pour sauver le pays et j’ai tous les atouts requis pour ce faire ; en plus la population malienne, qui a toujours été patiente, est aujourd’hui déterminée à reprendre son destin en main. Les peuples détiennent le pouvoir par les urnes. Seul un homme nouveau, n’ayant pas été teinté par les systèmes anciens, pourra véritablement réaliser le changement dans l’unité et la concorde nationale.

Priorité des priorités ?

Le développement durable dans un pays réconcilié et sécurisé. Le Mali est devenu un immense chantier, où tout est prioritaire. La sécurité s’est dégradée par manque de dialogue entre Maliens. L’Éducation, qui est la base du progrès pour toute société, doit être réformée et tenir compte des matières et méthodes de la société de l’information dans laquelle nous vivons. Les questions d’alimentation et de santé pour tous sont des droits fondamentaux L’emploi des jeunes et la participation active et égale des femmes dans notre société seront des bombes à retardement faute de solutions. Enfin, la Justice Sociale sera le fondement même de la paix et de la cohésion sociale. Le pays devrait se fonder une idéologie commune sur la base de notre devise : Un Peuple, un But, Une foi. C’est pourquoi je prône un retour à nos fondements de base, tel que conçus par les pères fondateurs.

Sa vision

La sécurité. Dès les premières de l’indépendance, les pères fondateurs ont eu le souci de bâtir une armée forte, disciplinée, à la mesure des défis de leur époque. Cette armée a participé activement au développement économique du pays et à tous les fronts pour la défense de la paix, de l’honneur et de la liberté en Afrique. Aujourd’hui plus que jamais nos forces de défense et de sécurité doivent bénéficier de formations, d’équipements, d’organisation, constamment adaptés aux défis actuels (insécurité, terrorisme), pour assurer leur devoir régalien de défense du territoire national, de protection des citoyens et de leurs biens. Ces braves hommes méritent notre accompagnement soutenu. Nous pensons que le Mali a eu souvent des choix discutables dans les négociations relatives à la sécurité, notamment en ce qui concerne le niveau d’implication très élevé de nos partenaires (Accords d’Alger, de Ouagadougou, de Tamanrasset etc.).  A quand les accords de Gao, de Sikasso, de Nioro ou de Kayes… ?

L’économie.  En matière d’économie, il n’y a pas de recette miracle et nous devons commencer par l’adéquation formation – emploi. Développer des politiques en faveur de l’entreprenariat Jeunes (ruraux et urbains) et de l’autonomisation de la femme. Les nouvelles technologies et l’industrialisation sont la clé de voûte de l’essor économique d’un pays, tout en donnant l’opportunité à notre jeunesse d’innover. Les Hi Tech méritent d’être accessibles et disponibles pour tous. Elles constituent le secteur le plus pourvoyeur d’emplois dans le monde et concernent les secteurs primaire, secondaire et tertiaire, comme outil de gestion et d’amélioration des rendements. Nous devrons multiplier et densifier nos sources d’énergie pour booster l’industrialisation, qui doit concerner prioritairement la transformation des produits locaux afin de générer de la plus-value susceptible de supporter le financement des dépenses publiques. L’énergie ne devrait pas se limiter à donner la lumière, mais à produire.

En ce qui concerne  la bonne gouvernance, notre pays a besoin d’un leadership patriote, plus vertueux, compétent et respectueux du peuple et des valeurs démocratiques. Un leadership qui donne l’exemple en tout lieu et en tout temps. Nous devrons opter pour une gouvernance efficace, fondée sur le principe de la planification stratégique. Il est important de réhabiliter le travail bien fait et récompenser le mérite : l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. L’État doit impérativement fonder son action sur la vérité. La lutte contre la corruption ne se décrète pas, cependant, nous devons prendre des mesures énergiques pour endiguer les terreaux qui favorisent ce mal dans nos systèmes de gestion par des actions à court, moyen et long termes (salaires décents, éducation, formation, utilisation des technologies, lutte contre l’impunité…).

La société. La sécurité est un axe prioritaire qui appelle la réforme de notre outil de défense et de sécurité par la formation l’équipement et l’organisation. Le service social des forces de sécurité devra être solide et attrayant. La réforme de la justice est une attente très forte de nos populations qu’il importe de prendre en charge pour restaurer la crédibilité de l’État et la confiance en l’Institution judiciaire. Une bonne justice est gage de stabilité sociale. La force d’une nation réside dans sa jeunesse. Il est donc impératif que notre jeunesse soit éduquée et formée dans un environnement favorable. La conception, le développement et la moralisation dans la mise en œuvre de politiques et programmes en matière d’emploi peuvent participer à résorber très efficacement la crise : travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO), emploi rural, l’auto emploi, autonomisation des femmes.  Les Hi Tech offrent des opportunités nombreuses et immédiates pour l’emploi non encore suffisamment exploitées. Nous devons enfin avoir l’ambition de fabriquer des produits finis au Mali, de produire plus et traiter nos matières premières (Exemple : notre coton qui avec sa graine donne tissus, huile, savon, aliment bétail, n’est pas convenablement exploitée dans l’intérêt des concitoyens de même que notre bétail donc du lait et plus de viande). Nous allons mettre en chantier un État moderne qui garantira à chacun et à tous les droits fondamentaux (alimentation, éducation, santé et sécurité…)

La politique étrangère.  Nous travaillerons au renforcement de l’intégration africaine et cultiverons des relations « gagnant – gagnant » avec tous les partenaires du monde dans le respect de notre dignité. Cette diplomatie sera assurée par des ressources humaines hautement qualifiées et professionnelles. Cette diplomatie sera une diplomatie du développement. Il faut se mettre en tête que les États n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts.

La culture. Le Mali est héritier d’une culture riche et variée, plusieurs fois millénaire. Les générations actuelles ont le devoir de la conserver, de la protéger et de la promouvoir. Notre culture est notre première richesse, elle est notre identité. L’État a le devoir de mettre en place des structures et programmes en vue de sa valorisation et de sa promotion, pour participer sans complexe à la culture de l’universel.

Modibo Sidibé, candidat potentiel du Nouveau pôle politique de la Gauche démocratique et républicaine

Candidat du FARE ou du NPP ?

Nous sommes un parti politique (FARE) et nous sommes dans un regroupement de partis et d’associations qui est le Nouveau pôle politique de la Gauche démocratique et républicaine (NPP). Bien entendu, tout regroupement politique a vocation de conquérir le pouvoir et de l’exercer au profit du pays, des populations, selon sa vision. Notre démocratie a amené beaucoup de changement. Il y a des progrès, mais l’exercice démocratique n’a pas toujours permis une véritable union de la classe politique et des citoyens et n’a pas pu permettre de voir la citoyenneté émerger comme on l’aurait voulu, parce que c’est le socle de la République et de la Démocratie. Donc nous considérons qu’il faut faire de la politique autrement et réconcilier les deux. Les FARE ont fait un manifeste pour exprimer leur idéologie, leur philosophie. Nous pensons que la politique doit être une activité noble. Il n’y a pas de démocratie sans partis politiques dignes de ce nom. Personne ne peut décréter le nombre de partis, cependant on peut être dans une dynamique de polarisation. Nous avons une vision pour l’État, qui doit être un stratège.  Nous sommes dans un créneau qu’on peut appeler social-démocratie.  Le Pôle  n’a pas été crée directement en vue d’une compétition politique, nous sommes en discussion depuis deux ans. Il est composé de sept partis politiques (FUAC, PIDS, UPD, PSR, RPDM, REM ,FARE) et d’une vingtaine d’associations. Ce regroupement estime que le pouvoir actuel est à côté de la plaque. Il estime qu’il faut redonner espoir. Notre pays a un autre avenir. Il faut cette alternance.

Priorité des priorités. La question majeure que nous avons, c’est l’équation de l’État, sa solidité, sa capacité à délivrer les services de base à l’ensemble des populations sur l’ensemble du territoire. Sa capacité à mettre en place une administration, une justice qui répond aux normes. Des forces armées solides, capables de surveiller l’ensemble du territoire. La défense, la sécurité, impliquent de refonder l’État. Ce que nous proposons c’est une dynamique de très court terme, axée sur des mesures sécuritaires de premier ordre et une autre sur le long terme, qui consiste à refonder notre système de défense et à coordonner notre système de renseignement dans un 1er temps avec les forces étrangères et le G5, et plus tard aux forces de défense maliennes d’assumer la plénitude de la surveillance et de la sécurité du territoire.

Sa vision

La sécurité. La situation sécuritaire inquiète, elle s’étend au centre avec des affrontements et des violences que nous n’avions jamais connus. Il faut faire en sorte que les communautés ne quittent jamais les lignes derrière lesquelles elles ont toujours vécu en cohésion. La citoyenneté malienne signifie que l’on est d’abord citoyen malien, ensuite de culture peulh, dogon etc. Il faut que l’État prenne ses responsabilités.  Les récentes mesures annoncées, nous les avons demandées il y a longtemps. Si elles sont mises en œuvre, elles permettront que l’État soit le seul à pouvoir assurer la sécurité de tous et à faire en sorte de mettre fin à la prolifération des armes. Juguler l’insécurité nécessite que l’État assure la justice. Nous avons besoin d’un État fort et juste, mais pas autoritaire.

L’économie. Nous ferons en sorte que chaque région soit un pôle de développement adossé à l’ensemble national. C’est le Pacte de décentralisation, qui permet que les territoires, tout en ayant la possibilité de construire au plan régional, participent à l’ensemble national. Notre Vision 2030, c’est la transition vers une économie plus diversifiée, qui va partir de nos potentialités. L’industrialisation doit partir de la transformation, mais dans mille et une filière. Nous avons 6 filières, agro-silvo-pastorale, bâtiments, mines, textile. Tout doit être développé avec et autour du  secteur privé.  Nous devons être une puissance céréalière. Ne nous contentons pas de l’autosuffisance.

Sur le plan de la création d’emploi, on peut traiter socialement la question un moment, mais durablement c’est la création de richesses et cela, c’est le capital humain. Notre système éducatif n’est pas tourné vers l’apprentissage ou les secteurs  de croissance et notre université n’est pas aux standards internationaux. C’est tout cela qu’il faut développer et mettre en articulation, c’est un état d’esprit et une vision qui amènent les Maliens à avoir confiance en eux-mêmes.

Les infrastructures. L’État c’est le maître mot, il faut le rebâtir, être exemplaire, être redevable. Le besoin d’État fait que l’État est au cœur de tout : la bonne gouvernance, la capacité à faire vivre les territoires, le schéma d’aménagement discuté, c’est l’État qui l’organise.

La société Nous pensons que nous avons besoin de construire un capital humain. Pas la santé à part, la culture ou l’éducation à part, il faut mettre tout ensemble. Il faut un Malien du 21ème siècle : compétent, solide, qui peut travailler ici ou dans la sous-région, qui ne s’expatrie que parce qu’il le veut. C’est pourquoi nous parlons de vision à long terme, « Vision 2030 ».  Les choses les plus solides ne se font pas dans le temps de la politique. Le temps de la politique, c’est le temps des mandats. Le temps du maillage institutionnel d’un pays, ce sont plusieurs années, à partir de réformes qu’il faut engager et cela à partir d’une concertation nationale.

Dans ce schéma structurel, il  y a l’Office du Niger et d’autres espaces, des corridors qui peuvent être des hubs régionaux. C’est un Mali qui se dessine et les Maliens doivent s’engager. Certains parlent de panser les plaies. Non, il y a des mesures d’urgence, c’est vrai. Mais, si on a la même vision, la même perception, on peut construire. Il faut envisager un maillage d’instituts de formation en fonction des potentialités de chaque zone. Il faut de nouvelles communes, pas créées seulement, mais vécues autrement, où les citoyens s’impliquent à la base. L’État–stratège, en anticipant, en assurant la sécurité, permettra à cette vitalité à la base d’être le socle du Mali. Il n y a pas d’avenir si les gens ne peuvent pas se soigner ici, étudier ici et travailler ici et n’aller à l’extérieur que quand ils le désirent.

Les Maliens peuvent le faire, mais ce ne sera pas du jour au lendemain, ce ne sera pas sans effort, mais ce sera sans violence et sans sang.

Moussa Mara, candidat de Yéléma

Quelle motivation pour votre candidature ?

Je souhaite que notre pays tourne définitivement le dos à tous les maux qui ont divisé les Maliens, tendu le tissu social et amené nos compatriotes à douter d’eux-mêmes, de leur pays et de leurs leaders.

La priorité des priorités ?

Le renouvellement et le rajeunissement du leadership, car l’action de nos responsables publics, sur plusieurs décennies, a été déterminante dans l’enlisement de notre pays.

Sa vision :

La sécurité. L’application diligente et accélérée de l’accord pour la paix, conjuguée à la conduite hardie de la réforme des secteurs de la défense et de la sécurité, avec l’exécution totale des lois d’orientation et de programmation militaire, clarifieront un peu la situation sécuritaire. Nous devons intégrer définitivement que l’insécurité est la conséquence de déficits de leadership, de gouvernance, d’administration du pays, de fournitures de service aux populations et de pauvreté chronique en certains endroits de notre territoire. Il est de ce fait indispensable d’agir sur ces causes si on veut inscrire le Mali dans la voie de la sécurité durable.

L’économie (Emploi, industrialisation, financement des dépenses publiques)La gouvernance économique et le pilotage stratégique de ce secteur sont à réinventer, avec des hommes et des femmes qui s’y connaissent, dans le cadre d’un partenariat fécond avec le secteur privé. Nous devons privilégier la création de valeur et les secteurs qui créent de l’emploi. L’industrialisation de notre pays se fera par la conduite des réformes convenues avec les industriels, de manière déterminée et dans la durée. Nous nous orienterons vers la production primaire pour soutenir l’industrialisation, mais aussi tertiaire pour permettre l’essor des économies locales et urbaines et la mise en place de nombreux métiers (nouvelles technologies, services aux personnes…) qui aideront l’emploi des jeunes. Nous travaillerons à assainir la gestion des finances publiques, à accroitre les recettes fiscales propres, à simplifier et à rendre transparentes les règles fiscales, à limiter certaines subventions et exonérations qui perturbent la concurrence entre les opérateurs, à lutter profondément contre la corruption dans les régies financières et à améliorer le climat des affaires au Mali.

La gouvernance et la lutte contre la corruption sont la seconde priorité, après le renouvellement et le rajeunissement du leadership. Les effets de la corruption sur notre pays sont plus graves que l’insécurité ou la rébellion au nord. Nous devons lutter farouchement contre la corruption des élites, qui fait le plus de ravages sur l’économie et la société. Cela contribuera à redonner confiance aux Maliens en leurs élites. La systématisation des déclarations de patrimoine, avec le contrôle de leur sincérité, la mise en place d’un dispositif de dénonciation et de protection des lanceurs d’alerte, la généralisation de l’utilisation des nouvelles technologies pour recueillir des preuves, l’accélération du fonctionnement de la justice sur les dossiers de contrôle, le renversement de la charge de la preuve, comme c’est le cas au Sénégal, seront quelques mesures que nous mettrons rapidement en place. L’objectif est d’obtenir des résultats palpables dans les six premiers mois du mandat.

Les infrastructures. Notre pays fait face à quelques défis stratégiques qu’il est indispensable d’évaluer et il faut s’organiser pour y faire face, avec l’objectif de mieux nous préparer et donc d’améliorer nos chances pour les gérer. Il s’agit de ceux liés à la démographie, rapportée à l’urbanisation, aux changements climatiques, impactant la sécurité alimentaire, à l’accès à l’eau et à l’énergie, au numérique et à sa généralisation indispensable. Nous devons travailler à situer notre pays dans le sillage de la maitrise de ces cinq grands défis afin de l’inscrire dans le concert des nations qui gagnent à l’orée de 2030, à travers une transition démographique effective, un réseau de villes en harmonie avec les campagnes, dans le cadre d’un équilibre territorial effectif, la maitrise de l’eau et une plus grande productivité agricole, la généralisation des énergies renouvelables, dont le solaire, et l’accès à l’électricité pour la majorité des Maliens et un pays baignant dans le numérique en créant de la richesse grâce à ses avantages.

La société (Santé, éducation, droits humains)Nous nous engageons à doter pendant le mandat les 800 CSCOM qui manquent de médecins. Nous allons atténuer le coût des soins et des médicaments grâce à une assurance maladie universelle au bénéfice de tous les Maliens. Le système éducatif privilégiera la production et la créativité et nous donnerons une seconde chance aux jeunes grâce à un dispositif de formation professionnelle adaptée. En rapport avec les Objectifs de développement durable, nous travaillerons à ce qu’aucun Malien ne soit laissé pour compte et veillerons à accroitre les revenus ou à diminuer les peines de tous ceux qui vivent avec moins de 1 000 francs CFA par jour.

La politique étrangère.  L’intégration régionale ouest-africaine, prioritaire, puis continentale sera la pierre angulaire de la politique étrangère. La défense des intérêts de notre pays et l’équidistance vis-à-vis des puissances étrangères guideront nos actions, de même que le soutien au multilatéralisme. La protection et la promotion des Maliens de l’extérieur seront les déterminants de nos rapports avec tous les pays.

La culture. C’est une source de création de richesses parmi les plus importantes de notre pays. Le Mali est d’abord connu à l’extérieur pour sa riche culture. Nous augmenterons le budget de la culture de 25% chaque année, pour le multiplier par deux avant la fin du mandat. Nous protégerons les créateurs contre toutes les pirateries et les ferons bénéficier d’assurances pour permettre à nos artistes d’être à l’abri du besoin. Nous promouvrons la consommation de nos productions locales au niveau de l’État et soutiendrons fortement l’artisanat, qui est un outil de promotion culturelle et de développement économique. La culture, facteur de brassage entre les Maliens et d’intégration sociale, sera soutenue à travers quelques manifestations culturelles, locales, régionales et nationales.

Présidentielle 2018 : Jour J – 100

Le compte à rebours commence. Ou s’accélère… c’est selon. Dans les états-majors des partis et mouvements politiques, en tout cas, l’effervescence monte crescendo et les dispositifs se mettent en place. Pour ceux qui ont des candidats, comme pour ceux qui ont déjà choisi leur camp, et même pour ceux qui hésitent encore, la présidentielle de 2018, c’est déjà demain. Prévue pour le 29 juillet prochain, cette échéance est cruciale pour le pays.

Les préparatifs vont donc bon train, y compris du côté administratif et logistique, même si la délivrance à date des nouvelles cartes d’électeurs soulève quelques inquiétudes. Le gouvernement, par la voix de son chef, assurant qu’il ne s’agit que d’un gage supplémentaire de sécurité et de transparence du scrutin, nous nous tournons donc vers ceux qui vont être les vedettes de ces 100 prochains jours. A un peu plus de trois mois du premier tour donc, ce que tout le monde s’entend à appeler la « pré-campagne » bat son plein. Les rencontres, réunions, parutions de livres, poignées de main et publications sur les réseaux sociaux se succèdent, précisant peu à peu les visages de ceux qui solliciteront nos votes fin juillet. Si l’on en croit les « sources bien informées » (sic !), ils seraient une bonne quarantaine à être tentés. De ceux qui ont plus ou moins déjà déclaré leur candidature et de ceux qui attendent l’investiture officielle de leur base pour monter au créneau, nous avons approché l’essentiel. Avec pour objectif d’exposer aux Maliens leur projet pour le pays, un exercice auquel peu se sont livrés par le passé. Sur le total de nos sollicitations, seules 4 réponses nous sont parvenues. Elles répondent au même schéma de la motivation de la candidature, officielle ou pas encore, et de la vision du candidat pour le pays, à travers des domaines-clés. A 100 jours de la présidentielle de 2018, découverte de quatre candidats et de leurs ambitions pour le Mali.

Moussa Sinko Coulibaly, candidat de la Plateforme pour le changement 

Qu’est qui motive votre candidature ?

Nous essayons d’être sûrs que les aspirations que nous avons pour le peuple malien, des aspirations de stabilité, de sécurité, de paix, d’éducation…, sont partagées par une majorité de Maliens. Nous avons fait le tour du Mali, nous pensons que c’est le cas. C’est pourquoi nous avons décidé qu’au sein de la Plateforme pour le changement, nous ferions une ouverture à tous les Maliens, sans exception. Nous essayons également de nous rapprocher d’autres personnes qui ont des projets pour le Mali, afin de présenter un projet inclusif, qui répondra à l’essentiel des besoins des Maliens. Nous voulons être sûrs de ne pas diviser lors du rendez-vous électoral du mois de juillet. Nous sommes prêts, mais nous attendons encore de valider un certain nombre d’éléments dans notre projet de société avant de rendre notre candidature publique.

Priorité des priorités ?

La priorité, c’est évidemment la bonne gouvernance. Les problèmes que nous connaissons actuellement, pour la plupart, sont liés à un déficit de gouvernance. Nous voulons changer la gouvernance et ce changement passe par celui des hommes et des femmes qui animent la vie publique de l’État. C’est pourquoi nous invitons tous les Maliens à changer d’équipe dirigeante en juillet. Nous sommes convaincus que tant que nous n’aurons pas des hommes et des femmes déterminés à respecter les lois de la République et la Constitution, à veiller sur les institutions de l’État, à faire du Mali la priorité, en dépit de toute mesure qui sera adoptée, nous n’aurons pas de résultat. Nous sommes convaincus que le changement que nous voulons mettre en place passe par celui des personnes qui animent la vie publique.

Sa vision

La sécurité. Sur cette question, nous partirons essentiellement de l’Accord pour la paix et la réconciliation signé par les différentes parties au conflit. Dans cet accord, il y a un certain nombre de paramètres, tels que le DDR, qu’il va falloir accélérer pour une mise en œuvre effective. Il y a un processus de réforme des forces de défense et de sécurité, il va également falloir l’accélérer. Mais il ne faudra pas négliger le volet économique, même si c’est l’aspect sécuritaire de la crise que nous voyons le plus. Les causes de la crise sont profondes. Il faut donc s’attaquer aux racines de la crise pour que les résultats que nous voulons, la sécurité sur le territoire, nous puissions les atteindre. Nous nous assurerons que tous les enfants du Mali fréquentent l’école, pour éviter que les enfants qui l’abandonnent ne puissent tomber dans des travers, en étant par exemple recrutés par des groupes terroristes.

L’économie. Un des volets de la bonne gouvernance est la lutte contre la corruption. Si, aujourd’hui, les étrangers et même les Maliens hésitent à investir au Mali, c’est parce que nous avons un système qui les décourage, notamment à cause de la corruption à tous les niveaux, et surtout au somment de l’État. Nous allons commencer par mettre fin à cette institutionnalisation de la corruption. Avec cela, nous encouragerons les nationaux à mettre de l’argent dans le circuit économique, de même que les étrangers. Nous relancerons la machine économique avec cette stratégie et les effets mécaniques derrière seront qu’il y aura plus d’emplois, en particulier pour les jeunes, plus d’opportunités économiques pour tout le monde. Nous estimons qu’en mettant fin à la corruption au sommet du pays, nous pourrons dégager près du tiers du budget de l’État malien actuel, que nous pourrons ensuite réinjecter dans le circuit économique.

Les infrastructures. Il est très difficile de se déplacer au Mali. Il va falloir faire en sorte que toutes les régions du Mali soient accessibles facilement, aussi bien par voie aérienne, route ou rails. Il nous faudra également passer de l’économie primaire à une économie où l’industrialisation va prendre de l’essor. De plus en plus d’unités de transformation de nos produits, pour permettre non seulement de créer des emplois mais aussi pour permettre à l’économie malienne d’être tournée vers la consommation intérieure. Voici les deux pistes, les routes et l’industrialisation.

L’éducation. Nous considérons l’école comme une question de sécurité nationale. Les enfants maliens doivent apprendre à lire et à écrire, des métiers, s’imprégner des outils modernes. L’éducation est un axe majeur de notre programme. Nous allons beaucoup investir dessus, ce sera l’une de nos priorités.

La santé. C’est un des services fondamentaux que l’État doit pouvoir offrir à tous les Maliens. Il faut un minimum de services de santé disponibles, il faut de l’eau potable, il faut qu’il y ait une vraie autosuffisance alimentaire. Ce sont des élémentaires que l’État doit offrir.

Le Mali dans le concert des Nations. Pour le volet paix et sécurité, il nous faut travailler avec étroitement avec les pays du G5 Sahel et les pays voisins. Nous allons renforcer nos rapports avec ces pays. Sur le plan économique, au niveau de la CEDEAO et de l’UEMOA, il nous faut être plus présents sur le marché. Au-delà, nous allons continuer à entretenir de bonnes relations avec les amis du Mali. Les pays avec lesquels nous n’avons pas encore de contacts, nous allons les établir et les pérenniser. Nous allons également renforcer nos relations avec Barkhane et la MINUSMA.

La culture.  Si les conditions sécuritaires le permettent, nous ferons en sorte que les étrangers et même les Maliens qui le souhaitent puissent venir visiter le pays. Ces opportunités doivent être relancées. Nous pensons qu’avec le volet sécuritaire que nous allons mettre en place le tourisme va reprendre rapidement. Et la richesse culturelle du Mali, que certains avaient commencé à oublier, va de nouveau rayonner à travers le monde.

Election présidentielle : Cheick HarounaSankaré se déclare

 

A trois mois du rendez-vous électoral au Mali, les déclarations de candidature se succèdent.  Le 14 avril, c’était au tour de Cheick Harouna Sankaré, président du Mouvement pour l’Union des Maliens (MUM) de se lancer. Le maire de Ouenkoro fixe par la même occasion les priorités de son combat pour le Mali.

Il était 16 heures  quand la presse et quelques proches du candidat s’installent dans le salon du domicile privé de ce dernier. De  blanc vêtu, bonnet sur la tête, l’imam et maire sort d’une pièce.  Il salue, mains levées, l’assistance et prend place sur un fauteuil rembourré. Cheick Harouna Sankaré apparaît à l’écran. La déclaration de sa candidature, est en effet préenregistrée. L’assistance écoute donc le discours solennel de l’homme religieux qui se lance donc en politique. De toute son allocution, un passage a retenu l’attention du public. « Nous sommes candidat à l’élection présidentielle  du 29 juillet 2018, pour redonner confiance aux Maliens et Maliennes, pour bâtir une paix durable, gage d’une cohésion sociale et d’une concorde nationale », déclare le maire. Des acclamations  de ses  sympathisants retentissent, guise d’approbation et de soutien à sa cause.

Tout au long de  cette intervention,  le contenu apparait tel un foisonnement d’ambition et de défis que l’homme s’engage à accomplir. Mesurant l’ampleur de la situation du pays  et les enjeux de cette ‘’crise qui menace l’existence même de notre pays’’ et qui ébranle son destin, Harouna Sankaré ne se résigne pas et sonne l’appel. « Il est grand temps que notre pays reprenne sa marche inébranlable vers la paix, la prospérité et le développement dans la démocratie et la modernité », souligne-t-il.

Le président du Mouvement pour l’Union des Maliens pense posséder les moyens pour la relève. « Notre pays a besoin d’être à l’abri de l’insécurité et du terrorisme. Nous devons nous donner des grands moyens  pour remédier à cette guerre asymétrique qui nous est imposée », a-t-il fait savoir. Des atouts non négligeables existent  à mettre en œuvre. « L’accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger demeure un instrument  juridique dont l’application efficiente  aidera le Mali pour une sortie définitive  de la crise », rappelle-t-il.Militant pour la paix, Harouna Sankaré souligne dans son discours que la lutte contre le terrorisme passe inévitablement par « la modernisation de notre outil de défense et la mise à niveau de nos forces armées et de sécurité ». Aussi, dans ses priorités, le développement constitue ‘’un défi permanent’’.  Moderniser le secteur primaire, ouvrir l’économie nationale vers l’industrialisation pour créer des emplois, assainir les finances publiques, éduquer et former pour  avoir des ressources humaines qualifiés ont été entre autres les axes évoqués par le candidat.

Alors que le pays  peine à renaitre, Cheick Harouna Sankaré  estime, au regard des urgences, que  la reconstruction passe par des réformes politiques, institutionnelles et économiques. Analysant le climat du pays, l’homme rassure et promet que la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale du pays ne seront pas négociables. C’est pourquoi il sollicite « les suffrages » pour « reconstruire le Mali dans la paix et la prospérité.» Un challenge de Sisyphe. Le candidat dit s’engager « à faire redémarrer le progrès, à redresser les finances publiques et l’économie. Le maire de la commune de Ouenkoro, dans le cercle de Bankasse a  rappelé que le Mali est une grande nation « admirée pendant des siècles pour sa culture et ses valeurs ». Pour lui, la  mission ‘’est de servir le Mali et les Maliens’’ et ce,  en bâtissant un pays nouveau.Sa commune a d’ailleurs remporté, il y a quelques jours,  le concours de transparence du Programme de Gouvernance Locale Redevable.  Avec son regard direct, ce membre du conseil des collectivités territoriales de l’UEMOA mesure la grandeur et la noblesse de la fonction présidentielle. « Oui nous sommes prêts et engagés à conduire notre Nation, à redresser le Mali et à rassembler les Maliens et les Maliennes de l’intérieur et de la diaspora ! » persiste-t-il. Dans les prochains jours, un nouveau contrat social, issu des propositions des forces vives de  la nation sera proposé, a  soutenu Cheick HarounaSankaré.

 

Élection présidentielle : Vers une nouvelle carte d’électeur

Les préparatifs pour  la  tenue de l’élection présidentielle s’accélèrent. Lors du Conseil des ministres du 21 mars a été adopté un projet de loi annonçant le remplacement de la carte Nina par la carte d’électeur pour l’élection de juillet.  Pour l’heure, cette option reçoit un accueil quasi glacial.

Alors que la carte NINA était le seul document permettant aux citoyens d’exprimer  leur choix aux élections, l’annonce d’une carte d’électeur alternative a semé l’ambiguïté. Ainsi, le projet de loi adopté en Conseil des ministres le 21 mars  souligne qu’ « en cas de non disponibilité de la carte d’électeur pour les électeurs inscrits sur les listes électorales, la possibilité d’utiliser la carte NINA comme carte d’électeur » est prévue. Au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, on rassure. « Nous ferons tout pour que les cartes d’électeurs soient disponibles à temps », affirme Madame Camara Fata Maiga, chargée de communication. Selon le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maiga, qui a annoncé cette mesure sur la BBC, il s’agit ainsi de « mettre fin à la polémique selon laquelle des cartes NINA auraient disparu en 2013 ».

Pour le moment, et malgré ces assurances, l’incertitude plane sur la carte qui servira de pièce de vote. Dans le chronogramme élaboré par le ministère de l’Administration, l’examen du projet de loi  par l’assemblée doit intervenir lors de la session qui s’ouvre le 2 avril et dure jusqu’au 1er mai. «  Le projet n’est pas encore passé devant les élus. Tout dépendra de leur approbation », temporise un agent de la Délégation générale aux élections (DGE).

Du côté de l’opposition, c’est la prudence. Pour  Djiguiba Kéita, Secrétaire général  du Parena, il y a désormais des doutes sur ces cartes. Il déplore le manque de préparation des autorités. « Pour nous, il fallait faire une croix sur la carte NINA et établir une carte d’électeur. Mais ce n’est qu’à trois mois de l’élection  qu’on parle de cela. C’est pour faire des choses bâclées », regrette-t-il. Il admet tout de même les insuffisances de la carte NINA. « Apparemment, on peut la fabriquer facilement ici et  il y a des stocks qu’on ne maitrise pas », dit-il. Djibril Cissé, détenteur d’une carte NINA, a son idée : « le mieux, c’est de confectionner une nouvelle carte d’électeur sur laquelle il y aurait les informations sur le bureau de vote aussi. Mais je ne sais pas si  cela pourra être fait à temps ».