Le GP/ DCF veut booster la participation des femmes aux élections

 

Le Groupe Pivot Droit et Citoyenneté des Femmes a lancé son projet « Contribuer à une meilleure participation des Femmes au processus électoral », ce 4 juillet 2018. Fortement mobilisées dans la salle multifonctionnelle du CNDIFE, les femmes de divers horizons ont eu droit à plusieurs communications dont celles relatives à l’importance de la carte d’électeur et le rôle des femmes dans l’apaisement du climat social.

« Pour asseoir la démocratie, il faut une participation des femmes qui constituent plus de la moitié de la population au Mali », souligne Madame Diallo Mama Diarra, la Directrice du Centre National de Documentation et d’Information pour Femmes et Enfants (CNDIF). Une participation plus accrue que le ministère soutient à travers l’appui à plusieurs projets dont celui du GP/ DCF, qui regroupe 8 organisations de la société civile engagées dans la défense des droits humains. Pour rendre effective cette participation, le projet vise notamment à « renforcer la capacité des femmes à participer au processus électoral ». Ceci à travers notamment la connaissance de leurs droits civiques.

Et l’une des condition d’exercice de cette citoyenneté passe par la participation au vote. C’est pourquoi la Directrice du CNDIF a incité les femmes à aller retirer leurs cartes d’électeurs et à participer massivement au vote.

Même si certaines difficultés persistent pour accéder à ces cartes d’électeurs, la présidente du GP/ DCF a encouragé les femmes à user de leur droit civique et a évoqué certaines solutions, notamment l’usage du numéro 36777 pour connaître son bureau de vote et donc là où il faut retirer sa carte avant de se déplacer. Des élues locales ont néanmoins souligné ne pas avoir accès à leurs cartes d’électeurs qui ne sont pas encore au niveau de la préfecture. Des difficultés qui devraient prendre fin en principe avec la fin de la grève des administrateurs civils ce 4 juillet.

Rendre effective la participation des femmes, mais surtout tenir les élections dans un climat apaisé, c’est aussi l’un des objectifs de ce projet. Et compte tenu du contexte sécuritaire qui prévaut au Mali, il est primordial de prévenir les tensions, selon Madame Diarra Fatoumata Dembélé, ancienne magistrate et ancienne Procureure à la CPI. Car en effet, « prévenir la déchirure est plus facile que la recoudre ». Invitant les femmes à profiter de leurs rôles de mère, d’épouse, de sœur pour apaiser les tensions et être des médiatrices naturelles, car c’est « toute l’humanité qui est perdante » en cas de conflit.

Le projet qui concerne les différents scrutins de cette année, couvre les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso ; Ségou et le District de Bamako et est financé à plus de 140 millions de francs CFA par ONU Femmes et d’autres partenaires.

 

Soumaila Cissé : « Une élection sans observateurs entacherait la crédibilité du Mali »

L’Union européenne a posé ses conditions aux autorités maliennes pour l’envoi d’une mission d’observation lors du scrutin présidentiel de 2018. Approché par Journal du Mali, le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé nous fait part de ses inquiétudes sur la question.

L’Union européenne vient de poser un ultimatum au gouvernement malien, afin qu’elle respecte les remarques faites à la suite de la présidentielle de 2013, comment analysez-vous cette sortie ?
En 2013, à la suite des élections présidentielles, l’UE a déposé un rapport sur les élections, dans lequel elle a fait une série de remarques en 18 points pour améliorer le processus électoral au Mali. Le gouvernement du Mali depuis quatre ans et demi aurait dû analyser cela, et échanger avec les différents acteurs pour améliorer le système. Cela n’a pas été fait. Dans le rapport, l’UE a particulièrement épinglé la Cour constitutionnelle. Nous avons vu à Niono, Gao, Djenné, pour ne citer que ceux-là des personnes qui ont gagné des élections avec plus de 54% des voix, mais qui au final ont été éliminé par la Cour Constitutionnelle et nous savons tous que c’était profondément injuste.
À l’opposition, nous avons demandé au temps du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga, une commission paritaire pour améliorer le système. Il y a 15 experts qui ont été désignés pour travailler sur la question. Cette commission est composée de quatre membres de la majorité, quatre de l’opposition, autant pour les partis dits du Centre et trois du ministère de l’Administration Territoriale. Ces 15 personnes travaillent déjà depuis quelques semaines, mais malheureusement la majorité présidentielle boycotte ces réunions. Ce qui nous amène à penser qu’elle préfère organiser la fraude que de préparer des élections transparentes. Dans d’autres pays, c’est plutôt l’opposition qui boycotte, mais chez nous c’est la majorité. C’est pour vous dire que les remarques malheureusement de l’UE sont fondées.
Estimez-vous que cela représente une menace pour l’élection ?
Ceci introduit une menace claire sur les élections, parce que si l’UE refuse d’assister aux élections, il y a malheureusement des chances qu’elle refuse de financer et dans son sillage elle peut entraîner les autres partenaires, comme les Etats européens, les Etats-Unis ou même les grandes institutions. Ce n’est pas une bonne chose, il appartient au gouvernement de réagir rapidement.
Quelles pourraient être les conséquences d’une élection sans observateurs ?
Cela entacherait la crédibilité du Mali. Une élection non-crédible créée des doutes, des troubles ce qui peut malheureusement aboutir une crise électorale, mais aussi et surtout cela peut créer des difficultés avec nos principaux partenaires pour le financement des projets. Nous serons bien avisés de régler cette situation rapidement, nous avons le temps de l’améliorer, une commission est déjà en place pour cela, à condition bien sûr que tous les acteurs soient intéressés par une élection transparente et crédible.

Élections 2018 : La société civile dans l’arène politique

 

 

A l’aube des scrutins de 2018, c’est à un véritable essor de mouvements de la société civile que l’on assiste. Leurs initiateurs souhaitent influencer les prochaines échéances. Déclarations, prises de position et évènements s’organisent, sur un air de précampagne…

Mais ce ne sont pas tant ces positions et ambitions affirmées qui attirent l’attention. En politique en général, et dans le contexte malien en particulier, chaque échéance électorale voit à la fois un renouvellement et une continuité de son échiquier politique, avec l’arrivée de nouvelles têtes, de bonne ou de mauvaise foi.

La singularité,  aujourd’hui, réside dans la forme adoptée. La communication donne l’impression qu’une véritable guerre de stratégies électorales a lieu dorénavant sur la scène politique, afin de mettre fin aux méthodes traditionnelles, pour ne pas dire pernicieuses.

Est d’abord prôné l’amour de la Patrie, comme le fait « Mali Kanu », avec pour tête de file l’expert-banquier Modibo Koné, ex PDG de la CMDT (Décembre 2015 – Octobre 2016), qui affirme vouloir mener une véritable refonte de la politique agricole du pays. Toutefois, ce potentiel candidat de 59 ans, cadre de la BOAD, qui n’est pas encore fixé sur la recevabilité de son dossier de candidature, ne semble pas véritablement innover sur l’arène politique.

Responsabiliser les citoyens

Certains mouvements font un choix complètement différent de ceux qui proposent d’ores et déjà des candidats – messies. Aujourd’hui, ils exhortent d’abord leurs adhérents à être individuellement le dirigeant qu’ils souhaitent avoir. Un nivellement par le bas, par l’éducation civique, consistant à « donner pour recevoir ».

C’est ce que prône le mouvement « Wele wele » de Mohamed Salia Touré et Alioune Ifrane N’Diaye, lancé le samedi 21 Octobre 2017 après des formations intercommunales en éducation civique, à Faladié Sema. Ces deux acteurs de la société civile malienne prônent ainsi la définition selon laquelle la noblesse de la politique c’est d’essayer d’améliorer le fonctionnement de la société sans se contenter de s’indigner. Le but, selon Mohamed Salia Touré, étant de « passer d’un cercle vicieux à un cercle vertueux ».

Les adhérents au cœur du choix..

La troisième singularité de ces mouvements, à l’instar de « Mali kanu », est que leurs initiateurs  affirment ne pas encore avoir effectué le choix définitif de leur potentiel futur candidat. Choix qui sera fait par les adhérents eux-mêmes après concertations, et fidèle à un « portrait-robot », selon l’activiste Ras-Bath de « Alternance 2018 ». Ces nouveaux profils différents, qui laissent présager d’un changement  dans l’arène politique, passeront-il du côté obscur de la force ?

 

L’opposition malienne dénonce la gouvernance d’IBK

 

 

 

La maison de la presse de Bamako a servi d’espace de rencontre  pour les responsables de l’opposition républicaine et démocratique le 23 octobre dernier.  Ils avaient convié la presse  pour une conférence lors de laquelle  ils ont exposé  les maux qu’ils attribuent à la gouvernance actuelle. Ils entendent s’unir  pour conquérir Koulouba en 2018.

Ils étaient tous présents  ou presque ; en plus  du  chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé qui présidait la rencontre ,  il faut notifier la présence d’Amadou Thiam de l’Adp-Maliba,  Souleymane Koné du Fares An ka Wuli,  Mody N’Diaye  de l’URD, Oumar Hamadoun Dicko du PSP , Seydou Cissé du Parena,  Oumar Mariko du Sadi, Baki Diarra du RpDM , Hammadoun Amion Guindo de la CSTM  et le célèbre chroniqueur  Ras Bath. Un concentré de responsables de l’opposition et de la société civile qui a expliqué dans les détails les aspects socio- économiques, sécuritaires, scolaires, restriction de la liberté de la presse, gouvernance qui minent le pays. Dans la déclaration lue par l’honorable Amadou Thiam de l’Adp-Maliba, ce sont des attentes non comblées des Maliens qui sont exposées. « L’opposition n’a eu cesse de dénoncer les dérives constatées dans l’approche et l’action de ce régime » introduit la déclaration. Ils ont salué la Plateforme Anté A Bana ,  qui est parvenue à faire reculer le Président dans sa volonté de réviser la constitution malgré que l’ORTM et  d’autres medias de l’Etat aient refusé de couvrir leurs activités. La sécurité, la politisation de l’école et l’occupation illicite de l’espace médiatique (ORTM) , les élections programmées en 2017 et 2018 , étaient entre autres  thèmes retenus pour la circonstance.  Sur l’aspect sécuritaire, le constat est accablant. L’honorable Thiam a souligné que «  l’embrasement du Nord du Mali s’est généralisé à travers le Centre qui constitue aujourd’hui le nœud névralgique de l’insécurité » s’y ajoutent « le Sud et l’Ouest » qui «  connaissent des actes de banditisme sans pareils.»  L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger avait suscité des espoirs mais très vite devenus désillusions. « Aucun progrès n’a été enregistré après la signature de l’Accord de paix, issu du processus d’Alger », qui « comporte les germes rampants d’une partition du pays », renchérit la déclaration. Pour l’opposition républicaine et démocratique,  les attaques à répétition au centre du pays et l’occupation  partielle ou totale de certaines parties par des groupuscules armés sont la traduction de l’échec du Président de la république, « qui en moins d’un an de la fin de son mandat ne peut que constater les indiscutables dégâts de sa martiale politique.»

L’autre point développé par les intervenants est relatif à la politisation de l’école et l’occupation illicite de l’espace médiatique (ORTM).  Lors de la rentrée scolaire 2017- 2018, l’opposition s’était inquiétée de voir l’école politisée avec les « distributions de cahiers à l’effigie du Président de la République, de son fils, du Président et vice-président de l’Assemblée nationale en violation flagrantes des lois de la république » et « l’octroi d’un véhicule à l’AEEM ». Parallèlement, et  en raison de la persistance de l’insécurité dans le Nord et le Centre du Pays, plus de 500 établissements scolaires restent  fermés et plus de 150 000 enfants privés de leur droit à l’éducation  rappelle la déclaration. Les parties politiques de l’opposition démocratique et républicaine ont appelé  « les  partenaires de l’école à poursuivre leurs efforts afin de maintenir la quiétude et l’égalité des chances entre les enfants du pays. »

Les élections programmées en 2017et 2018, avec les problématiques de la carte Nina, la biométrie et l’audit du fichier etc. n’ont pas été occultées. Les parties de l’opposition ont dont aussi dénoncé la décision du gouvernement de tenir les élections communales, des cercles et des régions le 17 décembre prochain. Face à la confusion que le gouvernent  a créé l’opposition a tenu à réitérer la  réalisation de ses préoccupations qui sont entre autres : la résolution dans la transparence de la question  de neuf cent mille cartes NINA de trop évoquées par le vérificateur général, l’utilisation de la biométrie pour garantir la transparence des élections, l’audit du fichier électoral, la création d’une autorité unique et indépendante de gestions des élections, la question de la prise en compte des citoyens devenus majeurs sur les listes, la mise à disposition des cartes NINA non distribuées aux ayants droit. C’est pour cela que les différentes parties de l’opposition ont d’ores et déjà prévenu officiellement le gouvernement, qui selon elles, « s’aventure avec une aveuglante persistance à engager le pays dans une nouvelle crise électorale aux conséquences désastreuses. » Toujours la même déclaration récapitule sur les quatre années de la gouvernance, avec un constat « triste et amer pour le Mali et les Maliens. » Les scandales financiers à répétition, les mensonges et mensonges d’Etat, la mauvaise gouvernance politique et économique, l’insécurité permanente et l’instabilité sociale chronique, la corruption endémique et surtout l’impunité insultante, entre autres, ont aux yeux de l’opposition, caractérisé les quatre années de pouvoir du président de la république. «  Ça suffit !!! »  ont-ils lancé dans la déclaration. Le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé  a promis qu’ils s’uniront pour une alternance en 2018  pour sauver le Mali.