Echéances électorales : des « nouveaux venus » dans la bataille pour l’alternance en 2018

L’année 2018 promet d’être un grand moment de joutes électorales. Outre les élections locales et régionales, le moelleux fauteuil de Koulouba aiguise déjà bien des appétits, pas seulement de dinosaures, mais aussi d’une nouvelle génération d’acteurs prônant l’alternance.

Des annonces, des mouvements, des ralliements, le vent de 2018 souffle avant le jour j. Bien des hommes politiques nourrissent l’ambition de participer à ces rendez-vous électoraux à venir. De tous ceux qui ont concouru à la Présidence pendant plus d’une décennie, aucun ne s’est encore déclaré officiellement candidat. Ce n’est pas ce qui dissuade les petits nouveaux à se préparer à l’aventure. Point commun : tous prônent le changement dans la gouvernance et se démarquent d’IBK. Une nouvelle offre politique qu’ils comptent faire adopter par le peuple malien. Le maire de Sikasso, Kalfa Sanogo, fut le premier à annoncer sa candidature à l’élection présidentielle. Mais, n’ayant pas encore été investi par son parti, l’ADEMA, il ronge son frein. L’ancien patron de la CMDT est assez peu connu des Maliens, bien qu’il ait une réelle audience dans sa région, Sikasso, le plus important bastion électoral du pays. Un autre parti, Yelema de Moussa Mara, a opté pour une rupture avec le système en vigueur. Le candidat à la Mairie du district ne voit le salut du Mali ni avec IBK ni avec l’opposition. Tout en restant ouvert à tout regroupement pouvant réaliser le changement, Yelema n’exclut pas une candidature à l’élection présidentielle. « Nous ne soutiendrons plus IBK, encore moins les acteurs du mouvement démocratique, en 2018 », affirmait Amadou Haya, porte-parole du parti, lors d’une conférence de presse le 9 décembre. Selon Yelema, l’alternance en 2018 reste la seule option pour éviter au pays l’embrasement.

Elle a fait écho. La démission inattendue du Général Moussa Sinko Coulibaly de la direction de l’École de maintien de paix en a fait jaser plus d’un. Cet ancien ministre de l’Administration territoriale sous la transition de 2013 n’hésite plus à fustiger la gouvernance actuelle du pays. L’alternance semble également être le nouveau combat de celui qui tient à « contribuer activement au changement tant réclamé ». L’ancien Chef de cabinet de Amadou Aya Sanogo ne compte plus composer avec le système en place. Mais, de tous les « nouveaux » prétendants, seul le Dr Hamadoun Touré s’est officiellement déclaré, le 9 décembre au siège du mouvement dont il est désormais le porte-étendard.  Selon lui, « le pays a besoin désormais de sang neuf » car « il va droit au mur ».

Libéria: Dans l’attente des résultats

Tous les yeux sont tournés vers le Libéria où ont eu lieu ce mardi 10 octobre les élections présidentielles et législatives. Le Libéria organise, en effet, son premier processus électoral sans l’aide de l’ONU depuis que l’organisation a été créée. Ce pays ouest africain fondé en 1822 par d’anciens esclaves et des « free-born » états-uniens se relève dignement d’une guerre civile, dont les images et conséquences restent encore à l’esprit des plus de 25 ans.  

Dans une allocution à la Nation, la veille du scrutin, la Présidente sortante et lauréate du prix Nobel de la paix en 2011 a rappelé la fierté et la dignité que gagnera le peuple libérien si le processus électoral se déroule sans violence. Rappelons qu’effectivement, c’est « la première fois depuis trois générations, que la fonction suprême du pays sera transféré de manière démocratique et paisiblement d’un Président élu à un autre »  a t-elle souligné.

Ce transfert démocratique du pouvoir après les deux mandats de Madame Sirleaf, qui avait pourtant bien débuté avec un taux de croissance du Libéria à hauteur de 15,7% en 2007, a été profondément endommagé entre 2014 et 2017 par la crise EBOLA et la chute des matières premières. Ainsi, le nouveau Président élu devra relever plusieurs défis sur le plan socio-économique.

D’ailleurs, parmi les 20 candidats, les quatre qui se dégagent du lot prônent des stratégies de développement sur les infrastructures pour Joseph Boakai, ancien vice-président, sur l’agriculture pour l’homme d’affaires Benoni Urey et sur l’éducation et la formation professionnelle autant pour l’ex-footballeur et sénateur Georges Weah que pour l’homme d’affaires Alexander Cummings.

Les élections de ce mardi se sont bien déroulées malgré quelques désagréments pour certains électeurs qui ne trouvaient pas soit leurs noms sur les différentes listes soit leurs bureaux de vote. Si certains reprochent à la commission électorale de ne pas avoir expliqué de manière pédagogue le processus de vote aux citoyens, cette dernière considère que ces différents « désagréments » n’entachent en rien la légitimité de ces élections.

 

Anniversaire de l’élection d’IBK: 1 Malien sur 5 dit vouloir voter pour lui

Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a été élu, Président de la République du Mali, le 11 août 2013, il y a excactement 3 ans. Le Journal Du Mali a réalisé un micro trottoir pour savoir si le choix des sondés serait le même si le vote était à refaire aujourd’hui. Sur cinq personnes interrogées seulement une personne défend le bilan d’IBK.

Mamadou Diallo, commerçant détaillant 

Je rappelle qu’en 2013, j’étais le porte parole du groupe pro IBK à Baco Djikoroni. C’est nous qui avons fait campagne pour lui et c’est grâce à nous qu’il a été élu président du Mali au second tour de l’élection présidentielle le 11 août. Je rappelle tout cela pour que vous sachiez l’espoir qui nous animait à l’époque. Mais aujourd’hui, je suis au regret de vous dire que nous sommes déçu, moi personnellement. Je suis déçu d’avoir fourni autant d’énergie et d’avoir mis autant d’espoir en IBK parce que ça n’a rien servi. Trois ans après son élection, les attentes sont aussi grandes que lorsque nous avons voté pour lui. La corruption est partout et la crise du nord empire un peu plus chaque jour. Son mandat a été un échec total. Le fait d’avoir eu 5 gouvernements en 3 ans est la preuve qu’IBK est incapable de gérer le pays. Alors si je devais voter aujourd’hui, Dieu m’en est témoin, ce n’est pas pour IBK que je voterais.

Sekou Coulibaly, mécanicien 

Je voterais pour lui sans hésiter. Je sais que beaucoup reste à faire mais il ne faut pas oublier qu’IBK est venu à la tête de l’Etat dans des conditions difficiles. Je veux parler de la crise du nord, la corruption, la mauvaise gouvernance etc. IBK est un homme pas un magicien. Il a trouvé le pays dans un état presque critique et il fait ce qu’il peut pour redresser la barre. Ceux qui le critiquent n’auraient pas pu faire mieux à sa place. C’est pourquoi, s’il souhaite se présenter à la prochaine élection présidentielle, je voterais pour lui sans hésiter.

Sekou Diakité, professeur d’Université

Il faut faire la part des choses à mon avis. Je ne suis pas pour la gestion actuelle de l’appareil étatique mais il a posé des actions qui pour moi méritent d’être saluer. Je veux parler de la signature de l’Accord de paix par exemple. Cependant, beaucoup reste à faire car signer un accord est une chose et l’appliquer pour un retour à la paix définitif en est une autre. Il faut qu’il présente au peuple un programme détaillé de ses actions pour les deux ans à venir. C’est seulement comme ça qu’il pourra faire ce qu’il faut pour un Mali uni et réconcilié. Personnellement, il est difficile de dire avec certitude si je voterais à nouveau pour lui ou pas.

Souleymane Diarra, chauffeur de taxi

Je ne souhaite même plus évoqué son nom à plus forte raison me rappeler de l’erreur que j’ai fais en votant pour IBK. Ce sont les pauvres qui souffrent le plus de sa gestion calamiteuse du pays. Il se met à casser nos magasins pendant que les terroristes tuent chaque jour nos soldats dans le nord. Son fils, Karim Keïta se croit le plus important du pays. Les amis et connaissances d’IBK ne ressentiront peut être jamais ce que je ressens parce qu’eux, bénéficient de ses grâces pendant que le peuple souffre. Pour moi, me demander si je voterais pour IBK si c’était à refaire est une insulte. Je regrette tout ce que j’ai dis et fait pour lui pendant les élections en 2013. Une chose est certaine, je ne commettrai pas deux fois la même erreur, celle de voter pour lui !

Sokona Kané, menagère

IBK nous a dit le « Mali d’abord » lorsque nous avons choisis de voter pour lui. Aujourd’hui, il a donné raison à Tiébilé Dramé et Soumaïla Cissé parce que c’est « ma famille d’abord ». Puis qu’il nous a montré qu’on est pas de sa famille alors je voterais pour quelqu’un d’autre s’il le faut.