Une nouvelle ENA pour le Mali

Après l’accession de notre pays à  l’Indépendance, l’ENA a connu différentes évolutions dans son existence et même une période d’éclipse qui a duré une dizaine d’années. l’école qui a formé nombre de hauts cadres du pays contribuant activement à  écrire l’histoire de l’éducation dans notre pays connaà®t une seconde vie. Son processus de renaissance à  partir de 2006 est une volonté politique forte des pouvoirs publics de pallier le problème préoccupant de la faiblesse (surtout qualitative) des ressources humaines de l’administration. La nouvelle ENA qui a commencé à  fonctionner en 2009 aura bientôt de nouveaux locaux. La première pierre du futur complexe a été posée vendredi dans d’après-midi par le président de la République, Amadou Toumani Touré. l’ENA a vu le jour en 1958 sous l’appellation d’Ecole d’administration du Soudan. l’établissement prendra la dénomination d’ENA en 1963 après l’accession du pays à  l’indépendance. Il est chargé d’assurer la formation des fonctionnaires des catégories A et B et également la formation politiques des cadres. l’école a été déchargée de la formation des cadres B après la création en 1969 de l’ECICA à  laquelle sera dévolue cette mission, a expliqué le directeur de l’ENA. En 1972, un décret réorganise l’ENA et l’érige en établissement d’enseignement supérieur. A ce titre, l’école sera confrontée, comme les autres grandes écoles, aux difficultés et à  la crise du système éducatif surtout après l’arrêt du recrutement automatique des sortants dans la fonction publique ou le secteur parapublic dans les années 1980. Pendant les quatre premières décennies de l’Indépendance, l’ENA a pris une part importante dans le développement des ressources humaines en formant des milliers de cadres dont le pays avait besoin pour l’administration générale, l’économie, les finances, la diplomatie et la magistrature, entre autres. l’ENA compte parmi ses anciens élèves des personnalités qui ont exercé ou qui exercent aujourd’hui d’éminentes fonctions dans le gouvernement et d’autres institutions de l’Etat, dans l’administration et la magistrature, au sein des entreprises publiques et privées ou dans les organismes internationaux. TROIS MISSIONS ESSENTIELLES : l’arrêt des activités de l’ENA pendant une dizaine d’années par suite de la création de l’Université du Mali en 1993, a laissé un vide dans le dispositif de formation des cadres. Cette situation a eu des répercussions sur la qualité des ressources humaine et sur les performances de nombreux segments de l’administration. Sa réforme interviendra en 2006, avec l’adoption de la loi du 5 septembre 2006 et ses textes d’application. l’ENA est désormais dotée du statut d’établissement public avec trois missions essentielles : la formation initiale de certains fonctionnaires de la catégorie A, la formation contenue et le perfectionnement des cadres A et B et les études et recherches. Elle est placée sous la tutelle du Premier ministre, preuve de l’importance que les pouvoirs publics accordent à  la structure. La nouvelle ENA a commencé à  fonctionner en 2009. Elle a recruté sa première promotion en 2010 et le processus de recrutement de la deuxième promotion est en cours. Le programme de formation des agents en activités est en phase d’exécution, expliqué le directeur de l’établissement. « La réalisation de ces nouveaux locaux est un pari sur l’homme et sur son avenir. Elle va créer les conditions matérielles d’un renforcement véritable des capacités des ressources humaines de notre administration et mettre celle-ci en situation de mieux répondre aux attentes des citoyens, aux besoins de l’économie et aux exigences de l’environnement international », a relevé Fousseyni Samaké, en estimant que son envergure en fait une réalisation majeure pour les générations présente et future. l’ENA est faite pour les cadres et aucune complaisance ne sera admis en la matière, a précisé le chef de l’Etat.

Concours d’entrée à l’ENA : la grande ruée

Au centre du lycée Askia Mohamed o๠plus de 3000 candidats du corps des inspecteurs des impôts et de celui des finances ont concouru, l’atmosphère était très tendue au moment o๠notre équipe de reportage se trouvait aux environs de 8 heures. Pendant que la plupart des candidats avaient commencé à  traiter la première épreuve, une poignée de leurs collègues étaient bloqués dans la cour, non pas parce qu’ils sont en retard, mais ils n’avaient pas de carte d’identité nationale. Ils avaient tout de même soit un passeport soit un permis de conduire. Le président du centre Youssouf Kéita, visiblement débordé par la situation, avait catégoriquement refusé de les laisser passer. Il avait même ordonné aux policiers de les mettre à  la porte. Ces malheureux candidats qui n’avaient que leurs yeux pour pleurer ont crié à  l’injustice. Certains même avaient commencé à  perdre leur sang froid en face des éléments des forces de l’ordre. « J’ai un permis de conduire en cours de validité et je ne comprends pas pourquoi on m’interdit la salle. Je pense que c’est injuste de leur part car le permis de conduire est un document officiel au même titre que la carte d’identité nationale », a lancé l’un d’entre eux. Une autre candidate, très choquée par son sort, avait les yeux pleins de larmes. Un de ses collègues est venu la consoler. « Même si on avait accès à  la salle, ce n’est pas sûr qu’on va passer », lui dit-il. Le président du jury chargé de superviser le concours, Mama Djénépo et d’autres responsables sont intervenus pour calmer les esprits. Les candidats détenteurs de passeport et de permis de conduite en cours de validité sont-ils autorisés à  concourir ? Ne s’étant pas entendus sur la question, le président du centre et le président du jury se sont lancés dans de chaudes discussions. « Je suis rigoureux et implacable s’il s’agit d’appliquer les règlements à  la lettre », a insisté le président du centre. Le président du jury pense qu' »on peut être rigoureux, mais pas intransigeant ». Le sort des candidats en difficulté a été débloqué lorsque le directeur général de l’ENA, informé de la situation par téléphone, a autorisé tous les détenteurs de passeport et permis de conduire en cours de validité d’accéder à  leurs salles. C’était une demie heure après le démarrage de l’épreuve de culture générale. La même consigne a été donnée aux présidents des autres centres qui étaient confrontés au même problème. A propos de cette situation, l’article 7 de l’arrêté n°10-0836/PM-RM du 25 mars 2010 fixant le nombre de places offertes au concours à  100 précise que « l’accès à  la salle est subordonné à  la présentation d’une carte d’identité nationale en cours de validité ». LA TRANSPARENCE Finalement on aura tout vu au centre du lycée Askia Mohamed. Après le déblocage de la situation des candidats détendeurs de passeport et de permis de conduire, des bruits ont soudainement retenti dans la salle 30. Les candidats qui ont été autorisés à  y entrer ont été mal accueillis par leurs collègues. Ces derniers ont mis en doute leur présence dans leur salle après plusieurs minutes de retard. Le président du centre et le prédisent du jury qui avaient fini à  reprendre leurs esprits sont une fois de plus intervenus pour instaurer le calme. « Nous veillerons à  ce que tout se passe dans la transparence. Ne vous inquiétez pas par rapport à  ça », a assuré le président du centre Youssouf Kéita. Après 1 heure 15, une candidate est sortie de la salle 15. Elle pense que le sujet de culture générale était un peu abordable. « On nous a proposé deux sujets. J’ai choisi le deuxième qui porte sur la lutte contre la corruption. L’atmosphère était très calme dans notre salle. Après avoir terminé, j’ai déposé ma copie et mon brouillon comme l’impose le règlement », a-t-elle commenté.Au centre du lycée Ba Aminata Diallo o๠se trouvaient les candidats aux corps des inspecteurs des douanes et des services économiques, la situation y était très calme et l’atmosphère studieuse. « Au départ, nous avons connu une certaine incompréhension due à  la situation des candidats détenteurs de passeport et de permis de conduire. Maintenant tout est rentré dans l’ordre et c’est le calme qui prévaut en ce moment dans les 39 salles qui sont ici », a assuré le président de ce centre Mamadou Sékou Sissoko.Nous avons croisé dans la cour un candidat qui venait de terminer son épreuve. « Le fait que le sujet soit abordable n’a rien à  avoir avec les résultats. J’ai fait sept fois le concours de la fonction et c’est toujours le même résultat. Cette fois aussi je suis plus ou moins sceptique », a-t-il raconté. La situation de calme était aussi identique au centre du CFP o๠ont concouru les candidats aux corps des inspecteurs des douanes et des planificateurs. « Il y ici 1068 candidats repartis dans 18 salles. Bien sûr il y a eu des cas d’absence. C’est après qu’on va établir la liste complète des absents. Les trois surveillant qui ne se sont pas présentés ont été remplacés », a expliqué le président du centre Brahima Mariko. Les candidats aux corps des administrateurs civils et des administrateurs du travail et de la sécurité sociale étaient à  l’ECICA tandis que leurs collègues au corps des conseillers aux affaires étrangères ont concouru au centre du lycée technique. à€ la date de clôture des inscriptions, le 3 mai, la direction de l’ENA a reçu environ 9 400 dossiers de candidatures. Le président du Jury a expliqué que son organisme est chargé de veiller à  la supervision du concours du début jusqu’à  la proclamation des résultats. « Après les épreuves, il sera procédé immédiatement à  la centralisation des copies. Les copies seront corrigées par les correcteurs désignés par le directeur général de l’ENA. Le jury ne fera que superviser les corrections », a-t-il précisé. Le règlement indique que toutes les copies feront l’objet d’une double correction. Toutefois si un écart de 4 points apparaà®t entre la première et la deuxième correction d’une copie, celle-ci est soumise à  une troisième correction.Le président du jury estime que la proclamation des résultats va prendre du temps, compte tenu de nombre de copies à  corriger.