BOAD : plus de 165 milliards pour l’énergie solaire

Plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest parmi les moins avancés en matière d’énergie vont bénéficier d’un financement de la Banque Ouest africaine de développement (BOAD) afin de booster les investissements privés dans le domaine de l’énergie solaire.

Le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger et le Togo vont bénéficier d’un cadre innovant pour financer l’accès à l’énergie. Le Programme de promotion des  investissements privés dans le secteur de l’énergie (PPIS) se veut un appui au secteur privé afin de lever les obstacles d’ordres technique et financier.

D’un montant de 165,958 milliards de francs CFA, financés par le Fonds vert pour le climat (40 milliards de FCFA), la BOAD (40 milliards FCFA), ainsi que les institutions financières locales et le secteur privé, le fonds aidera le secteur privé à travers la formation, la sensibilisation et le marketing, sous forme de prêts concessionnels directs.

Le projet ambitionne de permettre aux pays concernés de multiplier par 4 leur capacité de production d’énergie solaire afin d’atteindre une production de 1 192 MW d’ici à 2030. Ce programme permettra au Mali d’accroître son offre énergétique à travers une source d’énergie propre et accessible en termes de coût.

Pour accroître son offre tout en baissant le coût de l’énergie, le Mali compte, comme les autres pays, s’appuyer sur des producteurs indépendants d’énergie.

Le futur de l’énergie au Mali se conjugue au solaire

Akuo Kita Solar, ça ne vous dit rien ? Pourtant, à quelque 200 km à l’ouest de Bamako fonctionne depuis mars 2020, dans un total anonymat, la plus grande centrale solaire d’Afrique de l’ouest, qui produit 12% de l’électricité du Mali. La Centrale de Kita, ce sont 186 000 panneaux solaires, appelés modules photovoltaïques polycristallins, sur plus de 108 hectares. Cette réalisation gigantesque, actuellement de 35 MW (Mégawatts), va porter prochainement sa production à 50 MW, pour satisfaire la consommation en énergie de plus de 100 000 habitants. C’est l’œuvre de la société Akuo Kita Solar, sponsorisée par Akuo Energy, le plus grand producteur indépendant français d’énergie renouvelable, installé sur quatre continents, qui a mis en œuvre une soixantaine de projets dans l’énergie solaire, l’éolien, la biomasse et l’hydraulique.

En octobre 2015, Akuo Energy et l’État malien ont signé une convention de concession et un contrat d’achat pour la construction et l’exploitation du projet de Kita. La convention, qui porte sur une durée de 30 ans, prévoit, selon les termes du contrat qui en découle, qu’Énergie du Mali (EDM) s’engage à acheter durant 28 ans toute la production d’électricité d’Akuo Kita Solar.

Le montant de l’investissement s’élève à 54 milliards de FCFA (82 millions d’euros). Au nombre des partenaires d’Akuo figurent la BNDA (Banque nationale de développement agricole) et la BOAD (Banque ouest-africaine de développement).

Akuo Kita Solar ouvre ainsi la voie à de nouvelles perspectives pour la couverture nationale en électricité, dont le taux actuel avoisine 49% en milieu urbain, auxquels s’ajoutent environ les 20% de l’Amader (Agence malienne pour le développement de l’énergie domestique et de l’électricité rurale). Aux côtés de la société Akuo, et même avant elle, de nombreux opérateurs de moindre envergure se sont intéressés à l’énergie solaire qui, sans aucun doute, est la solution d’avenir aux besoins d’énergie du Mali.

Si au départ les coûts d’investissement sont très élevés, au point de décourager les entrepreneurs privés, à long terme, l’exploitation de l’énergie solaire deviendra beaucoup plus rentable et l’entretien des modules photovoltaïques infiniment plus aisé. En outre, comparée à l’énergie conventionnelle, l’énergie solaire offre d’importants avantages : en termes d’installation, elle est plus flexible, plus indépendante et beaucoup plus propre, contribuant ainsi à la protection de l’environnement, qui pâtit tant actuellement des déchets toxiques produits par l’utilisation frénétique de l’énergie conventionnelle. En guise d’illustration, le parc solaire de Kita devrait permettre, estiment ses concepteurs, d’éviter l’émission de plus de 51 700 tonnes de gaz carbonique (CO2).

Rappelons ici que, selon le principe du pollueur – payeur, les projets d’énergie solaire au Mali sont éligibles pour être financés par les « crédits Carbone ».

Diomansi Bomboté

Africa Solar : la lanterne malienne

Avec ses lampes solaires qu’il veut faire fabriquer au Mali, Chérif Mohamed Lamine Haïdara ambitionne de révolutionner l’usage du solaire dans son pays. Jeune malien de la diaspora, sa démarche vise à apporter des solutions tout en créant des richesses localement.

Chérif Mohamed Lamine Haïdara, 30 ans, est diplômé en commerce international et développement avec l’Asie. Expert des marchés asiatiques, il parle couramment le mandarin, l’anglais et l’espagnol. Développer une éco-entreprise n’était donc pas à la base son métier. Et pourtant, c’est avec enthousiasme qu’il se lance dans l’aventure entrepreneuriale il y a deux ans, après une discussion sur les énergies renouvelables pendant une conférence de son association Cap Afrikasia. « Lors de mes premiers voyages en Chine, j’en ai profité pour m’associer avec un industriel chinois afin de fabriquer des lampes solaire dédiées à la diaspora africaine basée principalement en France ». Après avoir mis en place un partenariat avec un grand designer français, Marcel Ramond, ainsi qu’une ingénieure en éco-énergie Kadio Niang, il initie « un atelier de fabrication de lanternes solaires au Mali, avec des Maliens, pour des Maliens. Une partie sera distribuée dans la sous-région puis à l’export ».

De grandes ambitions Il créé alors Afrikasia World Connection (Afrikasia Group), qui fait du conseil à l’export, et assure la fabrication et la commercialisation de lanternes solaires depuis la Chine vers l’Afrique, puis lance en janvier 2015, le projet Afrika Solar, sélectionné en mai dernier parmi les 10 premiers porteurs de projets pour participer au concours « Diaspora Entrepreneurship », qui aura lieu en juillet-août 2016 à Bamako, à l’initiative de Fanaday Entertainment. « Afrika Solar sera la première entreprise qui fabriquera au Mali des lanternes solaires, formera des artisans sur place pour son usine et intègrera des artistes locaux pour le décor « made in Africa », le tout en sensibilisant au développement durable et en utilisant des matériaux locaux et recyclés », explique le jeune entrepreneur. Pour Afrika Solar, les ambitions sont grandes. En 2016, 6 500 unités devraient être produites et à l’horizon 2018, ce sont près de 30 000 personnes qui pourraient avoir accès à ces lanternes solaires. Auxquelles viendront bientôt s’ajouter des chargeurs solaires multifonctions (PC, téléphone, appareil photo, MP3, MP4, console), des sacs solaires, des panneaux solaires photovoltaïques, etc. Et bien entendu, le tout made in Mali.