Le Vétiver, pour sauver nos berges

Le Niger est en danger. Le sable l’étouffe. Par endroits, ce sont de vrais ilots qui surgissent dans le lit du fleuve. Ces amoncellements de terre prennent chaque année de l’envergure et menacent d’étouffer le cours d’eau. A Bamako, le phénomène est très visible au niveau de la Cité administrative et le phénomène a tendance à  empirer. l’ensablement du fleuve est dû à  l’avancée du désert, mais aussi à  l’érosion des berges. En règle générale, l’érosion est le résultat de l’action de l’eau et du vent, chacun provoquant une perte importante de sol chaque année. Selon Djiriba Traoré, ingénieur forestier en service à  l’Agence de l’Environnement et du Développement Durable (AEDD), les facteurs d’érosion sont le climat, un relief en pente, l’absence ou non de couverture végétale et la nature des végétaux et l’action de l’homme. En ce qui concerne le fleuve Niger, les variations climatiques avec leurs colloraires de trop forte ou trop faible pluviométrie contribuent grandement au phénomène. Les précipitations trop importantes lessivent les sols qui ne sont plus protégés par le couvert végétal et tous les sédiments se retrouvent dans le fleuve. Le peu de pluies, paradoxalement, produit le même effet avec des vents qui soufflent librement et emportent la terre vers le lit du fleuve. Ces contraintes climatiques sont aggravées par le facteur humain. En effet, de mauvaises pratiques agricoles comme l’arrachage des arbres pour installer des plantations le long des berges sont encore monnaie courane. Des berges qui se retrouvent à  nu donc plus vulnérables. Ou encore l’urbanisation qui met une pression considérable sur le cours d’eau et ses ressources, par exemple, à  travers l’extraction de sable ou encore l’installation d’ouvrages qui modifient le débit de l’eau. Pour atténuer l’effet de l’érosion hydrique des berges et tenter d’inverser cette tendance néfaste qui menace tout simplement de faire disparaitre le fleuve mais aussi la vie des populations riveraines, il existe des mesures mécaniques et biologiques que l’on met peut mettre en œuvre. La construction d’ouvrages avec des pierres et de la terre le long de la berge permet de canaliser le sol qui ne descend plus systématiquement dans le cours d’eau. La fixation biologique quant à  elle, consiste à  faire des plantations d’arbres le long des berges ou le repiquage des boutures de bourgou ou d’une plante dénommée vétiver et qu’on appelle en bambara « babi » ou « gongondili ». Selon, M. Balla Moussa Drabo de l’Institut ouest-africain de protection de l’environnement (IOAPE) , ce procédé très utilisé en Asie et dans certains pays voisins, consiste à  creuser des tranchées dans lesquelles on plante du vétiver. Cette plante permet dans une zone d’érosion, de retenir tout ce qui est solide et de laisser couler l’eau. « C’est une technique très facile, moins coûteuse et facile à  vulgariser auprès des populations. Il suffit seulement d’avoir une pépinière ou de planter des pousses du vétiver, les entretenir pendant seulement un mois pour obtenir une jeune plante » explique-t-il. « Nous pensons que, vue la faiblesse des ressources de notre pays, cette plante doit être vulgarisée pour sauver le fleuve » ajoute M. Drabo. Le vétiver est donc l’une des armes pour lutter contre certains effets néfastes des changments climatiques. Sa plantation qui ne coûte quasiment rien devra permettre dans un court terme de restaurer ou tout au moins de protéger ce qui reste des berges et freiner l’ensablement. Par ailleurs, le vétiver est utilisé pour de nombreux usages comme la purification de l’eau de boisson ou encore en pharmacopée traditionnelle. C’’est donc également une source de revenus non négligeable pour les populations qui le plantent.

Lutte contre l’ensablement : Reverdir le désert

Des dunes verdoyantes Dans le cadre du voyage de presse organisé par l’UEMOA, les journalistes des différentes régions venus d’Afrique et leurs homologues maliens visitent les réalisations de l’UEMOA. Apres les étapes des forages à  Tombouctou et Mopti, les hommes de media ont visité ce dimanche les dunes de sables en pleine végétation et les champs eucalyptus mises en place grâce au programme de lutte contre l’ensablement. Avant la visite du terrain, une présentation a été faite sur la réalisation de ce projet. Selon Seyni Seydou, coordinateur régional du projet de lutte contre l’ensablement, l’objectif recherché est de stabiliser 6100 ha de dunes d’ici fin décembre 2010 dans les zones les plus menacées dont 5000 ha sur financement du Fond africain pour le développement (FAD) et 1100 ha sur financement UEMOA. Il a rappelé que ce programme est né de la volonté des chefs d’Etat et regroupe neuf pays de l’Afrique tel que le Benin, Burkina Faso, Cameroun, Cote d’ivoire, Guinée, Mali, Niger, Nigeria, Togo . Au profit de la nature et des populations Apres la présentation du programme par le coordinateur, les journalistes sont partis pour une visite guidée sous la conduite de la direction des eaux et forêts a faite au village de Arhabou. Situé à  10 km de Gao, ce village envahi par le sable fonde l’espoir de reprendre le souffle grâce à  la végétalisation de la dune par les plantes (cram-cram et samba). Sur ce site, on peut admirer des dunes de sables verdoyantes que les populations exploitent pour la culture du maà¯s et du sorgho. Selon, le président du comité de gestion, cette initiative a sauvé tout le village de l’ensablement grâce à  ce projet des plantations et de fixation de dune. « Nous remercions l’UEMOA pour son appui financier afin de réaliser ce projet car aujourd’hui l’exode rural est diminué ». Apres cette étape, la délégation s’est rendue dans le champ d’eucalyptus du président du comité de gestion. Là -bas on peut compter plus de 2000 pieds d’eucalyptus dans un espace aéré et bien entretenu. Selon le promoteur de champ, le programme national de lutte contre l’ensablement lui est venu en appui pour financer son projet. « Je fais cette plantation d’eucalyptus pour les bois de construction, mais aussi pour les bois de chauffe qui coutent extrêmement cher à  Gao » dit-t-il. Selon le chargé de communication leur stratégie d’intervention est la mise en œuvre d’une approche participative et multidisciplinaire, valorisation des acquis techniques en matière de lutte contre l’ensablement et protection des berges contre l’érosion hydrique, recherche de synergie et la mise en place de cadre de partenariat et concentration et décentralisations .

Le combat de l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN) 

Mission de l’ABFN La création de l’ABFN a été fortement saluée par les populations. Et pour cause, elle a coà¯ncidé avec une période o๠le bassin du fleuve Niger devenait de plus en plus sombre, tant ledit fleuve manquait cruellement de politique d’aménagement appropriée. l’agence du Bassin du Fleuve Niger a pour mission la sauvegarde du fleuve Niger, et ses affluents et leurs versants, sur le territoire de la République du Mali et la gestion intégrée de ses ressources. A ce titre, elle est chargée de promouvoir et de veiller à  la préservation du fleuve en tant qu’entité vitale du pays, à  protéger les berges et les versants contre l’érosion et l’ensablement. Les zones d’intervention de l’ABFN sont les lits mineurs et majeurs du fleuve, ses affluents, et son bassin versants. Aux dires des responsables de la structure, les spécificités des quatre grands sous-ensembles du fleuve Niger que sont, le Niger Supérieur, le Delta Intérieur, la Boucle du Niger et le Bani seront pris en compte par des démembrements de l’Agence du fleuve Niger et du Comité de bassin. Richesse du fleuve Niger Le bassin du fleuve Niger, long de 570 000 km2, renferme une partie essentielle des richesses du Mali. Il constitue, à  n’en pas douter, un atout majeur pour le développement du pays. Long de 4 200 km dont 1 750 km au Mali, le Fleuve Niger est le principal pourvoyeur en irrigation du Mali, notamment à  travers les prélèvement des grands offices au rang desquels l’Office du Niger. D’o๠l’urgence à  Âœuvrer à  la sauvegarde du fleuve. Dès lors, la création de l’ABFN se trouve justifiée. Parallèlement à  ses missions initiales, l’ABFN a pour vocation de participer à  la coopération entre le Mali et 8 autre pays de la sous région, pour la sauvegarde du fleuve Niger. Préservation du fleuve Niger La création de l’ABFN a permis de poser des actions concrètes pour la préservation du fleuve Niger contre des menaces telles que l’ensablement et toute autre forme d’agression. Ces actions s’étendent aussi bien sur l’aménagement des berges qu’à  la préservation du lit du fleuve contre de multiples agressions ou intempéries. Pour Mr Dicko, Consultant à  l’ABFN, la structure a enclenché des opérations d’aménagement des berges du fleuve dans les régions traversées par le fleuve. Ainsi, l’effritement des berges peut être empêché par des moyens ou techniques très rudimentaires, comme la plantation du vétiver (une plante dont les plantes s’enracinent profondément. Comme objectif spécifique de l’ABFN, il faut noter, le renforcement des capacités de gestion des ressources du fleuve, de ses affluents, et leurs bassins versants ; la promotion de la gestion des ressources en eau pour les différents usages. l’un de ses objectifs C’’est de contribuer à  la préservation des risques naturels (inondation, érosion, sécheresse), à  la lutte contre les pollutions et nuisances et au maintien de la navigabilité du fleuve Niger. l’ABFN est également chargée de gérer les mécanismes financiers de perception des redevances auprès des organismes pollueurs d’eau.