Présidentielle 2018 : Quels enseignements ?

Le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation a dévoilé jeudi dernier les résultats provisoires du 1er tour de l’élection présidentielle. 24 candidats ont concouru et quelques-uns d’entre eux tirent des enseignements de leur participation.

« Je ne suis pas surpris que l’argent soit devenu faiseur de roi, mais que cela atteigne une telle ampleur est juste inquiétant.  Ce n’est plus qui est capable de faire quoi, mais qui est capable de donner de l’argent ». Ces propos de Kalfa Sanogo, candidat à l’élection du 29 juillet pour la première fois, résument le constat du rôle qu’ont joué les « finances » dans ce scrutin. Avec 1,21% des voix, le maire de Sikasso ressent malgré tout une « satisfaction morale », au vu des embûches sur son trajet. « Sans ressources, sans structure partisane à la base, je suis arrivé deuxième à Sikasso, après le président sortant, et un peu partout des gens ont cru en moi sans avoir reçu 1 franc », se console celui qui dont la coalition n’a pas encore dégagé de perspectives.

Si la plupart des candidats ont obtenu des scores avantageux dans leurs bases, n’empêche qu’ils sont frappés par une certaine désillusion. La ferveur et la sympathie éphémères dont ils ont profité pendant la campagne n’auront été que des leurres. « L’électorat de Bamako n’est pas un électorat fiable, parce qu’il est sans conviction politique, sans aucune fidélité », regrette Youssouf Dia, porte-parole du candidat Harouna Sankaré. Il affirme « quand l’électeur prend 1 000 francs pour voter, il perd ses convictions » et tourne le dos au changement. Plébiscité dans la commune de Ouenkoro, dont il est le maire, le Président du Mouvement pour l’Union des Maliens,  par cette participation a vécu sa première élection présidentielle. Avec 1,77% des suffrages, le jeune guide spirituel de 38 ans a expérimenté les nombreux aléas de la politique. « Nous avons des déceptions par rapport à notre propre organisation. Nous n’avions pas de parti politique, pas de structures implantées sur toute l’étendue du territoire et peu des ressources », témoigne Youssouf Dia, précisant que « le  candidat s’est financé ». « Certains électeurs qu’on croyait fidèles nous ont abandonné le jour même du scrutin », déplore-t-il.

Si les deux prétendants ne sont pas virulents dans la dénonciation des résultats, d’autres, comme l’ex général Moussa  Sinko Coulibaly les rejettent et réclament la transparence. « Je ne connais pas mon score, c’est un problème. Nous demandons qu’on nous donne les vrais résultats et là, nous pourrons les commenter », s’insurge le candidat de la Plateforme pour le changement.

Suspension de la grève des enseignants : les raisons d’une mésentente

Le secrétaire général du COSES, M.Tiémoko Daou explique qu’il existe six points de revendications dans le préavis de grève. Il s’agit principalement de problèmes liés à  l’octroi des indemnités de logements des travailleurs de l’enseignement secondaire ; de la levée des obstacles juridiques qui dérangent généralement les contractuels de l’éducation qui ne peuvent être nommés à  des postes de responsabilité quelque soit leur ancienneté ; Ils ne peuvent pas prétendre à  une formation diplomante et à  un détachement ; La relecture du décret 323 du 6 Août 2003, portant statut particulier de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spécial ; le payement des arriérés dus aux enseignants contractuels. Le paiement de la formation modulaire, l’évaluation modulaire étant un nouveau système de formation dont le payement par l’Etat est exigé par les enseignants ; Suite à  ces longues tractations entre l’état et le COSES, des compromis ont été trouvés le 14 juillet dernier. Selon M.Daou, après cette longue période de grève, l’Etat a créé un cadre de gestion du cahier de doléances appelé ‘le collectif ‘. Ce collectif des syndicats de l’éducation regroupe essentiellement le syndicat des enseignants du supérieur (synesup), la COSES (coordination des syndicats de l’enseignement secondaire), la FEN (fédération de l’éducation nationale), et la FENAREC. Après une sérieuse analyse, les enseignants ont décidé qu’il était temps de s’arrêter afin de mieux se positionner pour la rentrée prochaine A la question de savoir si cette suspension est la résultante du discours du président de la république lors des Assises de la jeunesse tenues il y a quelques semaines, le secrétaire général précise : « nous avons même ignoré cette déclaration. Ce n’était ni le lieu, ni le moment de la faire. Nous sommes des adultes et il est donc normal qu’on discute entre adultes. On ne doit pas discuter des problèmes des enseignants avec les enfants qui ignorent tout du problème ; Ils ne savent pas de quoi il s’agit. On nous parle du nombre élevé des enseignants. Donc, plus on est nombreux, plus le traitement doit coûter cher. Puisque l’éducation n’a pas de prix, elle est le socle de développement de toute nation.» Le président de la république Amadou Toumani Touré affirme que le budget de fonctionnement de la présidence et de l’assemblée nationale et, même de certains ministères cumulés, ne dépasse pas 25 milliards de FCFA hors, les enseignants demandent 32 milliards de FCFA pour les revendications. M.Daou trouve tout à  fait normal que le traitement réservé aux enseignants soit plus élevé que dans les autres secteurs d’activité. Puisque les enseignants représentent presque 50% des effectifs de la fonction publique. Et en plus de tout cela, il estime qu’il y a un manque important d’enseignants au Mali. Signalons que la suspension de la grève dure 3 mois, donc jusqu’à  la rentrée scolaire prochaine. Dans trois mois donc, les discutions reprendront sur le taux des indemnités de logements avec le gouvernement. s’il n’y a pas de solutions plausibles, la grève reprendra de plus belle. Parmi les 6 points de revendication évoqués, deux principales revendications ont été satisfaites. Il s’agit notamment de l’indemnité de logements et de la levée des obstacles juridiques traduites en intégration. Ainsi, l’Etat propose l’intégration des enseignants contractuels à  la fonction publique de l’Etat et à  celle des collectivités. Mais le COSES préfère que ces contractuels soient gérés par l’Etat afin de pouvoir tirer l’école de la situation désastreuse dans laquelle elle se trouve. Les autres points de revendication ont aussi fait l’objet d’avancement. M.Daou explique : « Puisqu’il n’y a pas de texte autorisant les pouvoirs publiques à  nous octroyer une indemnité, ils nous avancé une majoration d’une indemnité, l’indemnité spéciale de responsabilité s’élevant à  10.000 FCFA, en attendant la fixation du taux des indemnités de logements dans les jours à  venir. » Il est temps que l’éducation malienne retrouve ses lettres de noblesse. Qu’elle redevienne une référence dans la sous région. Et pour ce faire, espérons que les enseignants, le gouvernement et tous les acteurs de l’éducation mettent de l’eau dans leur vin. Tout un chacun doit personnellement s’impliquer pour une meilleure remise sur pieds de l’éducation