Erwan Davoux : « La France n’a rien à dicter à l’Afrique »

Chargé des Français de l’étranger dans le comité d’Alain Juppé pour la présidentielle de 2017, Erwan Davoux est arrivé à Bamako jeudi 3 novembre pour prendre part à un séminaire sur les primaires organisé par Jean-Louis Arajol, délégué des Républicains.

Pourquoi avez-vous choisi de soutenir la candidature d’Alain Juppé ?

J’ai choisi de soutenir la candidature d’Alain Juppé car sa ligne politique s’inscrit dans la mouvance gaulliste et la fidélité à Jacques Chirac. Alain Juppé évoque l’« identité heureuse » à construire pour réconcilier les Français, quelles que soient leurs origines, et les faire adhérer à un projet commun. Il y a une volonté de rassemblement de tous ceux qui adhèrent aux valeurs de la République. Alain Juppé dispose aussi d’une longue expérience et me parait être celui qui rétablira l’autorité et la dignité de la fonction présidentielle. Il sera l’homme d’État qui effectuera enfin les réformes dont la France a tant besoin.

En quoi est-il différent des autres candidats ?

Alain Juppé se démarque de tous ses concurrents par des options claires qu’il s’agisse de l’immigration, de la politique de l’asile ou du regroupement familial. Il souhaite voir les réalités en face et non pratiquer un langage démagogique agréable à entendre pour certains mais sans lendemain. Le concept d’identité heureuse traite des questions d’immigration sans passion, avec lucidité et humanité. La France doit être ouverte sur le monde.

De nombreux observateurs pensent que la France est au Mali pour défendre ses intérêts. Que leur répondez-vous ?

François Hollande a pris la bonne décision lorsqu’il a décidé l’intervention au Mali. Peut-être s’agit-il, d’ailleurs, de la seule bonne décision de son mandat. Néanmoins il est regrettable que la France n’ait pas été en mesure d’entraîner ses partenaires dans cette opération. C’est cette situation qui explique les interprétations qui peuvent être faites sur la présence française au Mali. Si la partie militaire de l’intervention a été réussie, François Hollande n’a pas su saisir cette chance pour développer une véritable politique africaine fondée sur une vision à long terme. Les Français qui connaissent bien l’Afrique savent que c’est en inscrivant son action dans la durée qu’on peut construire. Il faut du temps pour voir un arbre grandir…

Dans une interview à BFM TV, Nicolas Sarkozy a dit : « Pas question de laisser les colonies françaises d’Afrique avoir leurs propres monnaies !» Quelle lecture faites-vous de cette position tranchée?

En matière monétaire comme dans d’autres, ce n’est pas à la France de décider seule ce qui est bon pour l’Afrique et les Africains. Nous n’avons rien à dicter : nous devons agir de concert. C’est en tout cas ce que pense Alain Juppé.