Madame Kéita Mariam Boré: Réussir par la persévérance

Les femmes du Mali émergent. Certaines s’engagent, à leurs risques et périls, et prennent de nombreuses initiatives. Pour ces femmes d’ambition, la persévérance paie. Madame Kéita Mariam Boré, promotrice du complexe scolaire Mary Saint Claire et de l’université du même nom est l’une d’elles.

Sac à main, vêtements scintillants, bracelets en or au bras : Madame Kéita Mariam Boré arrive au complexe scolaire Mary Saint Claire, à Hamadallaye ACI. Un splendide établissement, qu’elle a bâti après en avoir longtemps rêvé, qui comprend un lycée, un centre de formation professionnelle et un de coiffure et esthétique. Un investissement de longue haleine.

La dame est née en 1967 dans la Cité de l’or blanc, Koutiala. Mariée et mère de trois enfants, elle a abandonné ses études en 11ème, en partie faute de moyens. Elle suit son mari à Dakar, où celui-ci poursuit ses études à l’université Cheick Anta Diop. Il l’inscrit au centre de formation Iba Gueye, où elle décroche un diplôme d’analyste programmeur en gestion. C’est là que naitra son goût pour les affaires. « J’ai commencé par les habits, en faisant des va et vient entre Dakar et Bamako ». A son retour au Mali, elle continue, en explorant de nouvelles destinations, comme Lomé. Elle achète un minibus qu’elle met en circulation comme Sotrama et y ajoutera 12 autres plus tard. « J’ai continué comme ça, grâce à mes recettes. J’avais trois boutiques devant ma porte à Hamdallaye, une de sacs et chaussures, une de produits de beauté et un salon de coiffure ».

Issue d’une famille de dix filles, elle se dit « habituée à faire ce que les hommes font. Chaque fois que je réussis une chose, j’en entreprends une autre », dit-elle avec le sentiment d’un vécu accompli. Elle acheta dès 1998 le terrain du complexe, mais le construire fut dur, tant elle manquait  d’accompagnement.

Toujours entreprenante, Mme Kéita vient d’ouvrir une université privée à Missabougou et a légué à sa fille, membre de la première promotion (2008), la direction du complexe.

 

Les coiffeurs de ces dames!

Ils sont frères et sont la nouvelle coqueluche des bamakoises. Mike et Kevin sont coiffeurs et d’après leurs clientes ont « des doigts de fée » ! C’’est avec un large sourire et quelques mots gentils que Mike accueille chacune de ses clientes.et ces dernières ne s’y trompent pas. Le week-end, il faut en moyenne deux à  trois heures d’attente pour voir son tour arriver tant le salon MK est rempli ! Il a commencé la profession il y a une dizaine d’années et aujourd’hui avoue en vivre décemment et même avoir des projets pour développer son activité : coiffeur pour dames ! Entretien celui qui s’appelle à  l’état-civil Michel Zé. Journaldumali.com : Un coiffeur pour dames, ce n’est pas chose très courante au Mali. Comment en êtes-vous arrivé à  pratiquer ce métier ? Mike : C’’est une passion. Depuis tout petit J’étais attiré par les belles femmes et particulièrement celles qui étaient bien coiffées. Je savais que C’’est ce que je voulais faire plus tard, rendre les femmes belles. Bon, après, J’ai fait des études qui me destinait à  devenir enseignant, mais Dieu a fait bien les choses et un matin, je me suis retrouvé en train de coiffer. Journaldumali.com : Avez-vous reçu une formation de coiffeur ou êtes-vous un autodidacte ? Mike : Je n’ai pas fait d’école de coiffure. J’ai appris sur le tas et puis C’’est la créativité qui fait le reste. Cela fait plus de dix ans que je coiffe et vraiment pour durer dans ce métier, il faut innover, il faut toujours proposer quelque chose de nouveau aux clientes. Tout métier, pour moi d’abord C’’est la volonté et bien faire son travail. Journaldumali.com : Justement d’o๠vous vient votre inspiration ? Mike : Pour moi, mon métier C’’est ma vie. Alors, je n’arrête pas de chercher. C’’est vrai que le talent, C’’est inné, mais il faut toujours avoir la soif d’apprendre. Je travaille avec mon frère Kévin avec qui je discute beaucoup et nous échangeons pour lancer de nouvelles tendances parce que lui est dans le métier depuis plus longtemps que moi, alors, il a peut-être plus d’expérience et cela on le met en commun pour avancer. Journaldumali.com : Etre coiffeur, ce n’est pas ce dont un parent rêverait pour son garçon. Est-ce que vous avez un message pour les jeunes qui connaissent des difficultés à  vous emboà®ter le pas ? Mike : Vraiment J’ai beaucoup à  leur dire. Si je me base sur notre expérience, à  mon frère Kevin et à  moi, je peux leur dire que la coiffure C’’est un métier prometteur. On peut s’instruire et finir au chômage ou encore réussir en s’investissant dans l’art et en particulier la coiffure. Nous avons été formés sur le tas, mais nous souhaiterions transmettre ce que nous savons faire. Pour aider justement tous ces jeunes, filles comme garçons qui trainent alors qu’ils peuvent s’en sortir grâce à  ce métier. Nous voudrions ouvrir un centre de formation o๠nous donnerions des cours gratuits aux jeunes maliens qui n’ont pas les moyens de continuer les études et qui se cherchent. Je me dis que dans quelques années, si nous y arrivons, nous pourrions rendre tout ce que nous avons reçu. Quand la vie te donne, il faut que toi aussi tu transmettes, C’’est une question d’honnêteté. Alors si quelqu’un veut nous donner un coup de main pour réaliser ce rêve, ce serait formidable. Témoignages de clientes Mouna B. : Depuis que je viens ici, je ne mets plus le pied dans un autre salon. D’abord l’accueil et ensuite la qualité du service, tout ça vous fidélise .Et je dois dire que dans les salons tenus par les femmes, il peut arriver qu’on vous prenne de haut ou bien que l’accueil ne soit pas à  la hauteur, ici ce n’est pas le cas. Assa : J’ai une nouvelle tête grâce à  Mike te Kevin. Ils ont trouvé le type de coiffure qui me va. En fait, ils prennent le temps de discuter avec vous, C’’est leur gentillesse qui attire les clientes, je crois !