État d’urgence : Suffisant pour tout légitimer ?

Depuis quelques semaines, certains Maliens dénoncent des arrestations extrajudiciaires sur les réseaux sociaux. D’autres se plaignent que leur liberté d’expression ne soit plus garanti. Ces « entraves » à l’état de droit peuvent-elles être légitimées par l’état d’urgence.

Entré en vigueur, sans interruption, depuis novembre 2015, après l’attaque d’hommes armés contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako, l’état d’urgence a une nouvelle fois été prorogé d’un an en octobre 2019 au Mali, jusqu’au 31 octobre 2020. Sous l’état d’urgence, certaines libertés fondamentales peuvent être restreintes, comme la liberté de circulation ou la liberté de presse.

Juridiquement, l’état d’urgence trouve son fondement dans la Constitution. Il renforce les pouvoirs des autorités administratives et judiciaires, des forces de police et même de l’armée, car la situation est telle qu’il faut renforcer le pouvoir exécutif.

Mais, il est instauré au détriment des libertés publiques. « L’état d’urgence est une situation exceptionnelle, une mesure qui viole les libertés publiques. C’est un pouvoir en soi, donc s’il faut tout légitimer par cet état, on sera dans un état de non droit.

L’état d’urgence est nécessaire dans certaines situations. Mais il est bon de se demander s’il a produit les résultats escomptés », estime Maître Makan Diallo, avocat inscrit aux barreaux du Mali et de Paris. L’important, selon lui, est de savoir ce que ce régime d’exception a apporté au Mali.

Certaines interdictions sont des garanties qui normalement sont prévues par la loi et doivent accompagner l’état d’urgence. « On est dans un état de droit, où les gouvernants, tout comme les gouvernés, sont soumis à des règles de droit. Donc, si l’État ne joue pas son rôle, les gouvernés ont le droit de manifester leur désapprobation », ajoute-t-il.

Dr Ali Maïga, représentant des universités du Mali à la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) et Président de la sous-commission promotion, abonde dans le même sens que l’avocat. « Il n’y a rien de plus naturel que le droit d’aller et de venir. Lorsque vous privez quelqu’un de sa liberté de se déplacer, vous faites une atteinte assez grave à ses droits fondamentaux ».

Il reconnait au citoyen le droit de montrer que ces « droits, qui outrepassent le cadre national et qui sont universels, ne doivent pas être violés sans justification ». Toutefois, il affirme que casser et brûler ne sauraient être des droits pour la population, mais plutôt des délits.

Aminata Keita

Prorogation de l’état d’urgence : Les résultats déjà acquis

À nouveau prorogé d’une année, l’état d’urgence en vigueur au Mali depuis le lendemain de l’attaque du Radisson Blu de Bamako, en 2015, sera maintenu jusqu’au 30 octobre 2019. Quels sont les résultats enregistrés en trois ans ?

Au sortir du Conseil des Ministres du 24 octobre 2018, selon le communiqué rendu public, le gouvernement a adopté un projet de loi afin de proroger l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire national pour une année supplémentaire. L’état d’urgence, depuis son entrée en vigueur, explique le communiqué, « a permis entre autres de renforcer les mesures de prévention au niveau des autorités administratives compétentes, de proroger les effets des poursuites judiciaires liées à l’état d’urgence, d’accroître les actions de contrôle et les capacités opérationnelles des forces de sécurité sur le territoire national ».

L’état d’urgence entraine un accroissement des pouvoirs de la police. Sa mise en œuvre a donc permis aux services de sécurité d’engranger des résultats probants à travers le renforcement des pouvoirs de contrôle et des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité intérieure.

De nombreuses saisies

Selon les chiffres émanant du ministère de la Sécurité et de la protection civile, au titre de la police judiciaire, 2 753 personnes ont été interpellées pour présomption de participation à une organisation terroriste, association de malfaiteurs, assassinat ou trouble à l’ordre public. 2 913 perquisitions ont eu lieu, au cours desquelles 14 armes dont 1 PKM, 11 pistolets mitrailleurs, 1 pistolet automatique, 1 pistolet de fabrication artisanale et 2 deux grenades offensives ont été saisis. Pendant la même période, 531 descentes de police ont été menées, aboutissant à la saisie de munitions, dont 3 613 cartouches, tous calibres confondus. Concernant les drogues, 1 316,9 kg de cannabis, 122 doses de crack, 21 doses d’héroïne et 1 693,7 kg de produits pharmaceutiques ont été également saisis.

En matière de police administrative, pour le compte des patrouilles diurnes et nocturnes, 13 637 ont été menées, au cours desquelles 9 687 personnes ont été interpellées pour vérification d’identité et 5 750 engins, dont 5 443 à deux roues et 307 à quatre roues, ont été saisis. Les services de maintien et de rétablissement de l’ordre public ont quant à eux effectué 1 544 sorties.

Parmi les raisons sécuritaires qui justifient la prorogation de l’état d’urgence, entre autres, la persistance de la menace terroriste, notamment au centre du pays, et la création du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans sous le contrôle du chef terroriste Iyad Ag Ghali.

L’Egypte en état d’urgence après deux attentats anti-chrétiens

A trois semaines d’accueillir le pape François, l’Egypte est entrée sous le régime d’état d’urgence après les deux attentats à la bombe revendiqués par le groupe Etat islamique (EI) qui ont visé des églises coptes et fait 44 morts dimanche.

Annoncé pour trois mois par le chef de l’Etat Abdel Fattah al-Sissi dans une déclaration solennelle à la télévision, pour « protéger » et « préserver » le pays, cet état d’urgence devra cependant encore être approuvé par le Parlement.

Les premières funérailles ont eu lieu dès dimanche soir, à Alexandrie notamment, l’une des deux villes visées. Les corps des victimes, placées dans des cercueils en bois recouverts d’une croix dorée, ont été enterrés en présence de centaines de leurs coreligionnaires.

Des coptes à l’intérieur de l’église Mar Girgis après un attentat qui a frappé les fidèles et tué au moins 36 personnes dans la ville de Tanta en Egypte, à 120 kilomètres au nord du Caire le 9 avril 2017 / AFP

L’attentat d’Alexandrie, la grande ville du nord du pays, a été perpétré en début d’après-midi dimanche par un kamikaze « équipé d’une ceinture explosive » et a fait 17 morts — dont quatre policiers — et 48 blessés, selon le ministère de la Santé.

Après avoir été arrêté par des policiers, l’assaillant s’est fait exploser à l’entrée de l’église Saint-Marc où se trouvait le pape copte orthodoxe Tawadros II à l’occasion de la fête des Rameaux, selon le ministère de l’Intérieur.

– Combat « long et douloureux » –

L’autre attaque avait eu lieu dans la matinée, à Tanta, une grande ville située à une centaine de km du Caire, elle aussi dans le delta du Nil, en pleine célébration des Rameaux dans l’église Mar Girgis (Saint-George). Elle a fait 27 morts et 78 blessés, selon le ministère de la Santé.

Explosions en Egypte / AFP

Le 29 mars, sur sa page Facebook, cette paroisse Mar Girgis avait annoncé avoir dû faire appel aux forces de l’ordre pour faire enlever un objet « suspect » déposé trouvé devant l’église.

L’EI, dont la branche égyptienne avait récemment appelé à prendre pour cible la communauté copte, a revendiqué ces attentats commis, selon les jihadistes, par des kamikazes égyptiens.

Des Egyptiens amènent un corps après une explosion qui a fait 11 morts dans l’église copte de Mar Morcos à Alexandrie, le 9 avril 2017 / AFP

Ces attentats interviennent 19 jours avant une visite en Egypte du pape catholique François prévue les 28 et 29 avril.

« J’exprime mes profondes condoléances à mon cher frère, sa sainteté le pape Tawadros II, à l’Eglise copte et à toute la chère nation égyptienne », a réagi le pontife argentin.

Des experts sur le site d’une explosion à la bombe qui a frappé les fidèles de l’église copte de Mar Girgis à Tanta, à 120 kilomètres au nord du Caire le 9 avril 2017 / AFP

« Que le Seigneur convertisse le coeur de ceux qui sèment la terreur, la violence et la mort, et aussi le coeur de ceux qui leur fournissent leurs armes et commercent avec eux », a ajouté le pape.

Le président des Etats-Unis Donald Trump a condamné l’attentat sur son compte Twitter, se disant « confiant dans la capacité du président (Abdel Fattah al-Sissi) à gérer la situation comme il se doit ».

Assurant que le combat contre les jihadistes « sera long et douloureux », M. Sissi a également demandé à l’armée de déployer des forces pour aider la police à protéger les « infrastructures vitales » du pays.

Al-Azhar, prestigieuse institution de l’islam sunnite basée au Caire, a de son côté condamné « un attentat terroriste lâche ».

– Quatre mois après Le Caire –

Les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont qualifié de « lâches », les attentats, affirmant que « le terrorisme sous toutes ses formes constitue l’une des plus sérieuses menaces à la paix et à la sécurité internationales ».

Localisation des attentats qui ont visé des églises coptes en Egypte depuis 2011 / AFP

Ces attaques contre la minorité copte interviennent quatre mois après un attentat suicide spectaculaire, revendiqué par l’EI, contre l’église Saint-Pierre et Saint-Paul du Caire. Vingt-neuf personnes avaient été tuées. Dans une vidéo, l’EI avait alors menacé la communauté copte d’autres attentats à venir.

Cette attaque du Caire, en décembre, avait relancé les appels à durcir la lutte contre la mouvance jihadiste en Egypte, en particulier dans le Sinaï où elle a mené une série d’attaques sanglantes contre les forces de sécurité.

La branche locale de l’EI avait revendiqué un attentat à la bombe ayant coûté la vie, en octobre 2015, aux 224 occupants d’un avion transportant des touristes russes après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire de l’est de l’Egypte.

Les Coptes orthodoxes d’Egypte sont la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l’une des plus anciennes. Ils représentent 10% des 92 millions d’Egyptiens.

Régulièrement accusés d’avoir soutenu le renversement du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, ils se disent victimes de discriminations dans tout le pays de la part des autorités et de la majorité musulmane.

 

8 mois de plus pour l’état d’urgence

« Je voudrais vous rassurer que l’état d’urgence contribue à stabiliser et à préserver la sécurité du pays», déclarait  Abdoulaye Idrissa Maïga, ministre de l’Administration territoriale devant les députés de l’Assemblée Nationale réuni en session extraordinaire ce samedi 30 juillet. Cette session des élus de la nation est la réponse logique du Conseil des ministres extraordinaire qui a adopté un projet de loi visant à proroger une fois de plus l’état d’urgence. Sans surprise, le projet de loi a été  approuvé à l’unanimité des 99 députés présents dans l’hémicycle à Bamako. Cette nouvelle prorogation concerne la période du 1er août 2016 au 29 mars 2017 à minuit.

Cette mesure exceptionnelle prévue par l’article 72 de la constitution du 25 février 1992 est décrétée à chaque fois que le pays connait une situation difficile ou fragile notamment sur le plan sécuritaire. Décrété en Conseil des Ministres, l’état d’urgence ne peut être prorogé au-delà de dix jours qu’avec l’autorisation de l’Assemblée Nationale. Depuis l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako par des jihadistes, le 20 novembre 2015, qui a fait 20 morts et deux assaillants tués, l’état d’urgence a été instauré à plusieurs reprises au Mali. La derrière prorogation remonte au 21 juillet dernier avec l’attaque du camp militaire de Nampala durant lequel 17 soldats maliens avaient été tués ainsi que 35 personnes blessés.  Le compte rendu du Conseil des ministres de vendredi dernier explique que la nouvelle prorogation jusqu’au 29 mars 2017 « s’inscrit dans le cadre du renforcement des actions de lutte contre le terrorisme, les crimes organisés et toutes les formes de menace ou d’atteinte à la paix et à la sécurité des personnes et de leurs biens au Mali». Les problèmes sécuritaires que connaît la Mali actuellement, pourtait à l’avenir, proroger cette mesure d’exception.

État d’urgence : suite ou fin ?

L’état d’urgence, prorogé en dé- cembre dernier pour prévenir la menace terroriste qui pèse sur le Mali, prend fin ce 31 mars à minuit. Le ministère de l’Administration territoriale a rendu sa décision  : cette mesure d’exception s’arrête.

Instauré dans un contexte d’alerte maximum après l’attentat du Radisson Blu de Bamako le 13 novembre 2015, l’état d’urgence, qui avait été prorogé de 3 mois par un vote à l’Assemblée nationale le 29 décembre, prend fin ce, jeudi 31 mars à minuit. Ce régime d’exception, qui accroît considérablement les pouvoirs du ministère chargé de l’Intérieur, des gouverneurs, des préfets et des autorités judiciaires, a pour conséquences un plus grand contrôle et une restriction des libertés publiques et individuelles.

Dès la mi-mars, soit 15 jours avant la fin de l’échéance, une mission d’évaluation a été diligentée par le ministère de l’Administration territoriale auprès des gouverneurs des régions et de Bamako, ainsi que des préfets, pour évaluer l’application de l’état d’urgence durant ces 3 mois. Cette mission a fait ressortir que les pouvoirs élargis des autorités, perquisitions, assignations à résidence, internements administratifs, réquisitions de personnes, de biens ou de services, n’ont pas été fréquents et qu’une prorogation de l’état d’urgence serait peu productive. Par ailleurs, les partenaires techniques et financiers du Mali sont peu enclins à agir dans ce type de situation d’exception, qui limite les libertés publiques.

Cette mission a aussi fait ressortir que « la situation sécuritaire étant en train de s’améliorer et que les signes de paix étant de plus en plus rassurants sur l’ensemble du territoire national, la prorogation de l’état d’urgence n’était pas jugée nécessaire ». Conformément à ces conclusions, le ministère de l’Administration territoriale a donc décidé de ne pas prolonger ces mesures d’exception au-delà du 31 mars. Selon bon nombre d’observateurs, il peut paraître surprenant, après l’attaque du quartier général de l’EUTM, les récents attentats de Ouagadougou et de Grand Bassam en Côte d’Ivoire, de constater que la situation sécuritaire du Mali soit considérée comme étant « en train de s’améliorer ». Néanmoins, selon le ministère de l’Administration territoriale, «  la fin de l’état d’urgence n’est pas synonyme d’une moindre protection pour les Maliens, et il pourra y être fait recours à tout moment, en cas de besoin ». Espérons que le futur ne fasse pas mentir les conclusions de cette mission d’évaluation.

État d’urgence : suite ou fin ?

Instauré dans un contexte d’alerte maximum après l’attentat du Radisson Blu de Bamako le 13 novembre 2015, l’état d’urgence, qui avait été prorogé de 3 mois par un vote à  l’Assemblée nationale le 29 décembre, prend fin ce, jeudi 31 mars à  minuit. Ce régime d’exception, qui accroà®t considérablement les pouvoirs du Ministère chargé de l’Intérieur, des gouverneurs, des préfets et des autorités judiciaires, a pour conséquences un plus grand contrôle et une restriction des libertés publiques et individuelles. Dès la mi-mars, soit 15 jours avant la fin de l’échéance, une mission d’évaluation a été diligentée par le ministère de l’Administration territoriale auprès des gouverneurs des régions et de Bamako, ainsi que des préfets, pour évaluer l’application de l’état d’urgence durant ces 3 mois. Cette mission a fait ressortir que les pouvoirs élargis des autorités : perquisitions, assignations à  résidence, internements administratif, réquisitions de personnes, de biens ou de services, n’ont pas été fréquents et qu’une prorogation de l’état d’urgence serait peu productive. Par ailleurs, les partenaires techniques et financiers du Mali sont peu enclins à  agir dans ce type de situation d’exception, qui limite les libertés publiques. Elle a aussi fait ressortir que « la situation sécuritaire étant en train de s’améliorer et que les signes de paix étant de plus en plus rassurants sur l’ensemble du territoire national, la prorogation de l’état d’urgence n’était pas jugée nécessaire ». Conformément à  ces conclusions, le ministère de l’administration territoriale a donc décidé de ne pas prolonger ces mesures d’exception au-delà  du 31 mars. Selon bon nombre d’observateurs, il peut paraà®tre surprenant, après l’attaque du quartier général de l’EUTM, les récents attentats de Ouagadougou et de Grand Bassam en Côte d’Ivoire, de constater que la situation sécuritaire du Mali soit considérée comme étant « en train de s’améliorer ». Néanmoins, selon le ministère de l’Administration territoriale, « la fin de l’état d’urgence n’est pas synonyme d’une moindre protection pour les maliens, et il pourra y être fait recours à  tout moment, en cas de besoin ». Espérons que le futur ne fasse pas mentir les conclusions de cette mission d’évaluation.

Les Maliens face à l’état d’urgence

« De quoi me parlez-vous ? De balani shows ou de prêches à  ciel ouvert organisés à  Bamako ? ». Cette interrogation d’Ali, fonctionnaire, résume bien l’impact de l’état d’urgence dans l’esprit des citoyens. « Celui décrété au Mali n’empêche nullement les citoyens de vaquer à  leurs occupations ou distractions, mais vise plutôt à  muscler le dispositif des forces de l’ordre », explique Moustapha, cadre dans l’administration. Un dispositif pourtant peu visible qui n’a pas empêché certains de sortir le soir du 31 décembre, tandis que beaucoup ont préféré célébrer le nouvel an en famille sans prendre de risques. « Il est important que les populations soient raisonnables, comprennent et respectent l’état d’urgence, ce qui contribue à  la sécurité globale », estime Aicha Walett, résidente à  Moribabougou. Malgré cette mesure exceptionnelle, le risque d’attentat mentionné par les autorités a-t-il réellement été pris au sérieux en dissuadant les grands rassemblements, comme le prévoit la loi instituant l’état d’urgence ? « Si le prêcheur Ousmane Madani Haà¯dara a pu tenir son meeting lors du Maouloud 2015, cela ne va pas en empêcher d’autres de faire pareil, en témoigne la tenue du concert d’Akon à  la mi-janvier au stade Modibo Keà¯ta, un lieu qui peut contenir jusqu’à  30 000 personnes », s’inquiète Fatoumata, réalisatrice, qui estime que l’état d’urgence est mal compris de beaucoup de citoyens. Pourtant, le Maouloud du 30 décembre s’est tenu l’après-midi au lieu du soir, et les églises ont également avancé la veillée de Noà«l du 24 décembre, preuve que le message est bien passé auprès de certains leaders religieux. Par ailleurs, de grandes manifestations comme le Festival sur le Niger de Ségou, incontournable dans l’agenda culturel malien, pourraient être annulées, même si son promoteur Mamou Daffé affirme le contraire. En définitive, l’instauration de l’état d’urgence, après l’attaque de l’hôtel Radisson en novembre dernier, qui a fait l’objet d’une intense communication gouvernementale, entend surtout donner plus de pouvoir d’action aux forces de l’ordre: « Depuis son instauration et jusqu’à  sa fin, explique l’inspecteur Goita du 14ème arrondissement, nos hommes seront en tenues noires dites « Chevron », ou tenues de combat liées à  une situation exceptionnelle. Cela nous permet d’être prompt à  réagir en cas d’urgence justement ». Une urgence que l’on espère définitivement contenue et pour un bon moment.

Le ministre de la communication explicite l’état d’urgence

Le Ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement rappelle aux responsables des organes de presse et de média et à  l’ensemble des professionnels de la communication que l’état d’urgence entre en vigueur, ce samedi 12 janvier 2013 à  partir minuit. Le décret instituant cette mesure stipule en son article 14 les dispositions suivantes: 1. Conférer aux autorités judiciaires compétentes ainsi qu’au Ministre de l’Intérieur, aux Gouverneurs de régions et aux Préfets le pouvoir d’ordonner en tout lieu des perquisitions de jour et de nuit ; 2. Habiliter l’autorité administrative compétente à  prendre toutes mesures appropriées pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques ou télévisées, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales. Par conséquent, le Ministre invite les responsables d’organe et tous les professionnels de la communication à  Âœuvrer en toute responsabilité et strictement dans le cadre des dispositions en vigueur. Tout manquement aux dispositions suscitées exposera les auteurs aux sanctions prévues par la législation en vigueur. Aucune défaillance ne sera tolérée. Le Ministre sait pouvoir compter sur le professionnalisme et le patriotisme de l’ensemble des acteurs de communication. Bamako, le 12 janvier 2013 Le Ministre de la Communication

Etat d’urgence, une situation exceptionnelle

Le Mali est en guerre. Et à  circonstances particulières, décisions exceptionnelles. Le gouvernement, après s’être réuni ce vendredi en conseil des ministres extraordinaires a décidé d’instaurer l’état d’urgence. Face à  la « recrudescence de l’insécurité sur toute l’étendue du territoire national se traduisant par des atteintes graves à  l’ordre public, des menées subversives de nature à  compromettre la sécurité intérieure », les autorités ont donc décidé de prendre « des mesures appropriées » pour faire face à  la situation, selon le communiqué publié ce vendredi soir par la Primature. Libertés restreintes A l’annonce de cette mesure qui prend immédiatement effet, un vent de panique s’est emparé de al capitale, des rumeurs de couvre-feu immédiat ayant commencé à  circuler dans la ville. Nombreux sont ceux qui se posent la question dans le contenu à  mettre dans la notion d' »état d’urgence » et sur les réseaux sociaux, chacun y va de son explication. Voici ce qu’on pouvait lire sur le mur d’un internaute de Bamako qui conseille prudence et vigilance. « Le conseil des Ministres vient de décréter l’état d’urgence. Le pouvoir des autorités militaire et policière est renforcé. Les libertés individuelles et collectives sont réduites. Tout individu peut être interpellé à  n’importe quelle heure et à  n’importe quel lieu et gardé sans procès sur la base de simple soupçon » écrit-il. Avant de préciser qu’il faut « obtempérer donc à  tout contrôle de tout porteur d’uniforme du Mali, une question de sécurité nationale ». 10 jours voire plus Dans le droit français dont le nôtre s’est largement inspiré, la situation d’état d’urgence « confère aux autorités civiles, dans l’aire géographique à  laquelle il s’applique, des pouvoirs de police exceptionnels portant sur la réglementation de la circulation et du séjour des personnes, sur la fermeture des lieux ouverts au public et sur la réquisition des armes ». Ainsi, les réunions publiques, rassemblements, manifestations de rues et « tout ce qui est de nature à  troubler l’ordre public » sont interdits. Selon le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, cette mesure est prévue légalement « pour une dizaine de jours, mais nous nous donnerons les moyens de prolonger (la mesure) si c’est nécessaire ». Il a ajouté que le pays « est dans une situation exceptionnelle. On a besoin de nous assurer que la situation sécuritaire est maà®trisée » et l’état d’urgence permet « aux « forces de sécurité et à  l’administration territoriale de pouvoir contrôler toutes les manifestations et tous les regroupements ». Le décret adopté à  cet effet, détermine les pouvoirs conférés aux autorités administratives pour assurer la sécurité des personnes et des biens. Il faut préciser que l’état d’urgence décrété ce soir s’applique à  tout le territoire national.

Guinée : L’état d’urgence décrété !

Maintenir la sécurité sur tout le territoire Le décret ne précise pas l’étendue de la mesure, mais la première nuit de couvre-feu décrété mardi, à  Labé (Moyenne Guinée), a commencé de 17 heures GMT à  6 heures du matin. Le chef d’état-major général des Armées, le général Nouhoum Thiam, a indiqué à  la télévision d’Etat que depuis la publication, lundi soir, des résultats provisoires de la présidentielle annonçant l’élection du Pr Alpha Condé avec 52,52% des voix, devant Cellou Dalein Diallo (47, 48% des voix), ‘des individus mal intentionnés s’attaquent délibérément aux forces de l’ordre en plusieurs endroits du pays’. Les magasins et les bureaux sont restés fermés dans la capitale, Conakry, o๠les militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo qui récuse depuis plusieurs jours la victoire de son challenger pour ‘fraudes’ s’en prennent, avec gourdins et armes blanches aux forces de l’ordre dans les quartiers de la Commune de Ratoma, fief de l’ancien Premier ministre. Selon plusieurs témoins, notamment des taximen et autres habitants, les sympathisants de l’UFDG, en majorité des Peuls, s’en prennent aux Malinkés, l’ethnie du Pr Alpha Condé qui, depuis lundi soir, appelle au calme et à  la retenue, assurant tendre ‘une main fraternelle’ à  Cellou pour relever ensemble les nombreux défis. ‘Souvent, ces manifestants arrêtent les taxis sur les tronçons de Ratoma, fief de Cellou Dalein, pour vérifier l’identité des passagers en vue de s’en prendre aux Malinkés’, a confié un témoin. Fragile retour au calme Des habitants de Labé (ville natale de Cellou Dalein), notamment des Malinkés, ont indiqué que le couvre-feu a permis de ramener ‘un calme précaire’ dans la ville o๠les fidèles musulmans n’ont pu se rendre mardi, dans les mosquées pour prier à  l’occasion de la fête de la tabaski à  cause de la violence perpétrée par des Peuls armés de gourdins et de coupe-coupe, menaçant de mort des personnes proches du leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le Pr Alpha Condé. « Ils ont incendié des maisons qui avaient été pillées d’abord », avant l’arrivée des militaires qui continuent de sillonner en ville pour débusquer les poches de violence, ont déploré des membres de la communauté malinké à  Labé. Les mêmes représailles ont fait tâche d’huile à  Pita, Dalaba et Koubia (Moyenne Guinée) o๠l’ancien Premier ministre a fait le plein de voix, mais a été battu à  plate couture dans les régions de la Savane (Haute Guinée), de la Guinée Forestière (Sud), bastions de son adversaire, ainsi qu’en Basse Côte ou Guinée Maritime o๠Cellou Dalein avait gagné largement au premier tour, en juin dernier. Le candidat Cellou Dalein Diallo a indiqué mardi soir, à  l’issue d’une audience avec le président Konaté, qu’il avait dénoncé ‘la répression sauvage et barbare’ des forces de l’ordre à  l’encontre de ses militants et assuré avoir obtenu des assurances pour ‘un traitement humain’ en faveur des manifestants. Il a exigé la libération des responsables de son parti arrêtés à  Dalaba. Pour sa part, le Premier ministre, Jean Marie Doré, a exhorté les forces de l’ordre à  mettre hors d’état de nuire ‘tous les loubards’ qui s’attaquent aveuglément aux paisibles citoyens qu’ils menacent souvent de mort depuis bien avant la publication des résultats provisoires, contestés par le candidat Cellou Dalein. La publication définitive des résultats devrait intervenir dans environ une semaine.