Crise au Mali : jusqu’où ne pas aller…

Les sages disent qu’au Mali, il n’y a pas d’ethnies ni de races, il y a des parents et des alliés. Depuis des siècles, la société malienne s’est bâtie puis a prospéré et enfin s’est maintenue grâce aux liens qui unissent les familles, les clans, les groupes ethniques et raciaux. « Dans notre pays, tout le monde est parenté à  tout le monde, C’’est ce qui fait notre force » se réjouit B. Camara, jeune gérant de société. Délit de faciès Cette unité, cette cohésion a été définitivement mise à  mal par les événements des derniers mois et la grave crise que traverse le pays. Déjà , il y a presque un an, au lendemain des images atroces d’Aguelhok, ce sont les citoyens maliens touarèg qui ont fait les frais des agissements du MNLA et de ses alliés salafistes. Des centaines d’entre eux avaient fui dans la précipitation la capitale et plusieurs autres grandes villes, de peur de représailles. Certains ont même tout perdu comme l’ancienne ministre Zakiatou Wallett Halatine, qui a vu partir en fumée des années d’efforts après que des manifestants s’en soient pris à  ses biens à  Kati. Malheureusement, la liste ne s’arrête pas là . Depuis le début du conflit, on rapporte de nombreux cas e ce qu’il est convenu d’appeler délit de faciès. « Il suffit aujourd’hui de porter un nom à  consonance touareg ou même d’être simplement de teint clair pour que les gens te regardent de travers dans la rue. Moi, J’ai même été menacé par des jeunes dans la rue » raconte un jeune homme surnommé Ag par ses camarades de « grin ». l’un de ses amis se dit choqué par cette situation. « Quelque soit ton ethnie, si tu es malien, cette situation va te faire mal. Nos frères du nord souffrent plus que nous tous, leurs familles sont réfugiées et vivent dans des conditions difficiles. Ce n’est pas juste de s’en prendre à  eux». Il faut préparer l’avenir « ensemble » Mais bien au-delà  de l’inconfort de nos frères du nord, en ces heures difficiles, C’’est l’avenir même de notre Nation qui se joue. Quand sera fini le conflit armé, quand le Mali territoire sera redevenu un, C’’est le Mali peuple qu’il faudra soigner. Il est normal que les cicatrices soient visibles après un conflit provoqué par des fils d’un pays contre leur propre Etat. Mais, nous pouvons et devons limiter les dégâts. Moulaye Haidara est un jeune originaire de Gao. Selon lui, nombreux sont ses proches qui étaient impliqués dans l’aventure du MNLA. Après avoir condamné leur action, il a très vite attiré l’attention sur les risques. « En tant que jeune, tu dois aussi tout faire pour que jamais un arabe, un touareg, un sonrhai ou un peul à  présent ne soit « tué » ou « lynché » car si nous en tant qu’individus ici sommes « insignifiants l’impact de tels actes sera « terribles » pour notre pays et l’avenir « ensemble » » déclare-t-il à  qui veut l’entendre. « Cela ne fera que nous préparer à  une autre guerre, et cela, je suis sur qu’aucun malien ne le souhaite », conclut-il. Pendant que la guerre au terrorisme bat son plein, il est déjà  temps de lancer la guerre à  l’intolérance et à  la division. Réfléchir à  un mécanisme pour la réconciliation nationale et la justice pour ceux qui auront été victimes, cela aussi doit être une priorité d’aujourd’huiÂ