Adama Bagayogo, ex-otage du MNLA à Kidal raconte son calvaire

Journaldumali.com : O๠étiez vous avant qu’on ne vous prenne en otage? Adama Bagayogo: J’étais à  Kidal dans le cadre de la surveillance épidémiologique plus précisément pour la campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite. Nous étions logés dans le périmètre de la cité administrative pas loin du gouvernorat de Kidal. Le samedi matin on a été réveillé par des coups de feu. Après avoir pris le petit déjeuner vers 8 h 30, nous sommes rendus au gouvernorat pour la rencontre avec le Premier ministre. M. Mara et sa délégation sont arrivés au gouvernorat sous les coups de feu aux environs de 16h. Dans la salle, on pouvait constater les va et vient du général Gamou préoccupé par la situation sécuritaire. Juste après la réunion, le Premier ministre accompagné du gouverneur Adama Kamissoko sont partis au camp. Nous, les cinq médecins avons rejoint notre logement pour regarder un match de foot. A peine arrivé, nous avons reçu la visite désagréable de trois jeunes armés qui nous ont demandé de les suivre. Ils devaient avoir entre 17 et 18 ans. Ils nous ont fait marcher sur 50 m environ avant de rejoindre les autres à  bord de leur véhicule pick-up. Moi je ne portais qu’un petit t-shirt parce que J’avais enlevé mon boubou avant de suivre le match. Ceux qui sont restés au gouvernorat pour un débriefing ont été arrosés de balles. Parmi les victimes J’avais un ami sous-préfet qui m’appelait son ami lointain. Dans quelle condition étiez-vous détenus ? En cours de route, ces jeunes sans pitié, nous donnaient des coups de crosse jusqu’à  blesser un nos médecins à  la tête qui saignait. Ils nous ont amené dans une maison en banco o๠nous avons dormi à  même le sol, la nuit. C’’est là  o๠nous étions soumis à  une fouille corporelle. Nous étions dépossédés de nos téléphones et argents. Les ravisseurs cherchaient à  savoir s’il y a des militaires parmi nous. Ils ne cessaient de nous demander ce que nous sommes venus faire chez eux dans l’Azawad. Le dimanche, ils nous ont transféré dans une maison cette fois ci en dur. C’’est là  tous les otages ont décliné leur identité. Pour les ravisseurs, tous les médecins envoyés au nord sont des médecins militaires. Ils nous ont demandé de faire le diagnostic des 5 blessés parmi nous. Le lendemain, nous avons reçu des médicaments pour les soins. Il faut reconnaitre qu’à  ce niveau, nous avons mangé à  notre faim et pris du thé. Même ceux qui fument la cigarette ont reçu leur dose. Croyant que l’heure est arrivée pour notre libération, ce fut le début de notre calvaire. Nous sommes amenés dans un lieu, o๠il n’y a pas d’air. C’’était le dimanche à  22 heures. D’abord, ils nous ont bandé les yeux, puis nous ont transféré dans des chambres hermétiquement fermées. Il était interdit de parler pour éviter le bruit. On suait à  grosses gouttes et on était obligé de simuler un asthmatique. Notre geôlier ouvre la porte pour voir ce qui se passe et on profite pour respirer un peu. « Je m’en fous s’il meurt. il y a un marabout à  côté qui va prier sur son corps et C’’est fini » lance le fougueux gardien. Puis il ferme la porte encore jusqu’à  lundi. La situation était insoutenable. Quand est-ce qu’on vous a annoncé que vous êtes libre ? C’’est le lundi 19 mai vers 17 heures que nos ravisseurs sont venus nous chercher. Ils nous ont encore bandé les yeux et nous ont demandé de nous coucher derrière les véhicules sous la couverture. C’’est ainsi que nous nous sommes retrouvés au camp II de la Minusma. A notre arrivée nous avons vu Moussa Assarid, un des responsables du MNLA. Celui-ci nous a fait savoir qu’ils n’ont rien contre nous mais que leur revendication est légitime. Nous avons été remis à  la Minusma en présence de la croix rouge. Nous avons passé la nuit au camp II ou le contingent sénégalais s’est vraiment occupé de nous. Le mardi nous sommes parti à  Gao à  bord de l’hélicoptère des nations unies. C’’est à  Gao qu’un avion cargo de l’ONU nous a amené à  Bamako vers 18 heures o๠nous avons a été accueillis en grande pompe. Il faut signaler que J’ai été ému lorsqu’ils nous ont annoncé notre liberté.

Mali: après les évènements de Kati, l’inquiétude des proches des disparus

Après la mutinerie au camp de Kati contre le général Amadou Sanogo, chef de l’ex-junte, Amnesty International avait demandé aux autorités maliennes l’ouverture d’une enquête impartiale suite à  la disparition et à  la mort de plusieurs militaires qui s’étaient rebellés, le 30 septembre 2013. L’organisation évoque une « purge » menée par un groupe « qui se considère au-dessus de la loi ». Le ministère malien de la Défense a annoncé l’ouverture d’une enquête. Plus de trois semaines après les faits, les familles de militaires morts ou disparus s’inquiètent et demandent des nouvelles de leurs procches. Parmi les militaires maliens disparus, il y a Youssouf Traoré, membre de l’ex-junte au pouvoir. Son épouse Traoré Saaba Sissoko est aujourd’hui très inquiète : « Je le cherche. Depuis qu’il a quitté la maison, la nuit du 30 septembre, je n’ai plus de nouvelles de mon mari. Je sais qu’à  ce moment-là , ce sont des éléments de Kati qui sont venus le chercher. » Après la mutinerie de Kati, au moins quatre militaires maliens ont été retrouvés morts, certains par balle. l’une des hypothèses qui circulent est celle d’un règlement de compte entre militaires auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012. Parmi eux, certains sont actuellement aux arrêts. Devant les enquêteurs, ils auraient fait des déclarations accablantes contre leur ancien mentor, le général Amadou Sanogo. Ce dernier a été contraint de quitter le camp militaire de Kati et selon certaines sources, on l’oblige à  être très discret. Il pourrait être rapidement entendu sur les évènements de fin septembre survenus au camp militaire de Kati et sur les cas de disparitions et de morts de militaires.

Le capitaine Sanogo attend son heure

Toutes les «grosses pointures» de la scène politique malienne étaient là  pour assister, mercredi, à  l’investiture du capitaine Amadou Haya Sanogo à  la tête du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité. Un poste censé préparer la reconstruction de l’armée malienne, auquel il avait été nommé il y a déjà  six mois… La cérémonie organisée dans le palais présidentiel de Koulouba a rassemblé le président de transition, le premier ministre, les présidents des grandes institutions nationales et tous les responsables des forces armées et de sécurité, ce qui est assez exceptionnel. Est-ce à  dire qu’on assiste au retour du capitaine Sanogo, qui dirigeait la junte militaire à  l’origine du coup d’à‰tat du 22 mars dernier? Après avoir rapidement rendu le pouvoir aux civils, le capitaine avait continué de jouer un rôle important en coulisses. L’arrestation, puis la démission forcée de l’ancien premier ministre en décembre dernier, sur ordre du capitaine Sanogo, en étaient un parfait exemple. Mais depuis le début de l’intervention militaire française, l’ancien chef des putschistes se faisait discret. Pas de grande déclaration publique, aucune interview: le capitaine Sanogo restait reclus dans son camp militaire de Kati, fief des bérets verts auteurs du coup d’à‰tat, à  15 kilomètres de Bamako. «Le comité n’a aucune vocation politique et ne saurait se substituer à  la chaà®ne de commandement militaire», a très clairement affirmé Sanogo lors de son investiture, dans une forme d’allégeance au pouvoir en place. «Cette nomination procède d’une stratégie d’endiguement, analyse un proche collaborateur du président de transition, membre de son cabinet. C’est une ceinture qu’on lui met pour mieux le contrôler. On lui offre un placard doré, poursuit-il, mais il devra rendre des comptes au président. Il devient notre collègue!», s’amuse même cette source qui, il y a quelques jours, jugeait déjà  que Sanogo était «sur la touche». Une sentence sans appel qui résume la position de nombreux acteurs de la scène politique malienne. Une hiérarchie sous contrôle Mais pas celle du camp de Sanogo, bien sûr! Interrogé sur la discrétion du capitaine depuis plusieurs semaines, son porte-parole assure que Sanogo «suit les événements et travaille avec un comité de crise». Pour ses partisans, cette investiture en grande pompe revêt un caractère solennel, symbolique de l’importance du rôle futur de Sanogo dans le processus de réconciliation nationale. «Le cadre reste à  définir, mais le comité militaire de suivi aura un rôle à  jouer», assure ce proche de Sanogo. Il justifie cette participation en rappelant que «ce sont les militaires qui ont été tués sur le terrain et le président le sait très bien». Le capitaine Sanogo est pourtant investi à  la tête d’un simple comité de suivi, et non à  un poste de commandement. Doit-on comprendre que le meneur des mutins du coup d’à‰tat est toujours aux manettes? «C’est une évidence! s’exclame le collaborateur du président de transition. Il contrôle encore tout. Toute la hiérarchie lui est redevable.» Entre autres, le ministre de la Défense, le ministre de l’Administration territoriale – en charge de l’organisation des élections à  venir -, ou encore le chef d’état-major des armées, sont directement issus de l’ex-junte militaire. De nombreux jeunes officiers lui sont toujours fidèles. Des sources diplomatiques laissent même entendre qu’il aurait préparé un nouveau putsch au moment o๠l’armée française est intervenue au Mali, lui coupant l’herbe sous le pied. Le fameux comité dirigé par Sanogo sera dissous au terme de la période de transition, qui s’achèvera avec les élections générales prévues pour le mois de juillet. «Il est encore là  pour quelques mois, reconnaà®t le collaborateur du président, il faudra ensuite qu’il s’éclipse.» Le capitaine Sanogo a promis, lors de son investiture, qu’il ne resterait pas «un instant à  la tête de cette entité après la période de transition». Cela ne dit pas ce qu’il a prévu pour la suite.

Affaire des bérets rouges : la libération annoncée attendra encore !

Dans la nuit du 18 janvier, la nouvelle de la libération des bérets rouges et autres militaires détenus au camp I a été accueillie avec joie dans leurs famille respectives. De sources concordantes, l’accueil de ces détenus au camp para de Djikoroni ou est basé le 33è régiment des commandos para aurait constitué une mobilisation de taille comme le témoigne cette femme : « Je serai tellement heureuse de voir mon mari rentrer à  la maison ». Hélas ! la joie fut de courte durée, car après l’annonce de la libération des détenus, parents, épouses et enfants devront encore attendre. l’information est pourtant parvenue de militaires, sur cette remise en liberté ordonné par le juge d’instruction en charge du dossier… Les interrogation des uns et des autres vont bon train après le blocage de la procédure. « Pourquoi ces bérets rouges ne sont pas encore libres?», « Qui bloque cette libération ?», s’interrogent parents et proches des détenus. Parmi eux, le commandant Malamine Konaré, fils de l’ancien président Alpha Oumar Konaré, toujours détenu. Impatience et procédures judiciaires Sur cette libération, les informations sont contradictoires,. Pour les uns, le Procureur de la République du Tribunal de la Première instance de la commune III tarde à  donner l’ordre de remise en liberté. D’autres sources indiquent que les ex putschistes avec à  leur tête, le capitaine Sanogo, cherchent à  influencer le parquet chargé du dossier. « l’ex-junte de Kati ne va jamais accepter cette libération, qui constitue un vrai risque pour les bérets verts », exprime un proche de Kati. Le juge chargé du dossier joint par téléphone se refuse lui à  tout commentaire. Au niveau du ministère de la justice, on rejette toute instrumentalisation du département. Le Code de procédure pénale, peut on lire dans une note d’information du ministère de la justice (voir-ci contre), donne au Ministère public un délai total de 15 jours pour soit s’opposer à  la mise en liberté o๠bien au contraire l’ordonner. « Nul doute que le ministère public aura à  C’œur de concilier le droit des détenus et la nécessité de protéger l’ordre public, surtout en ce moment de crise sécuritaire. ». « En tout état de cause, le Ministère de la Justice donne l’assurance à  la communauté nationale et internationale qu’il veillera scrupuleusement à  l’observation stricte de la loi et des droits des personnes visées. », conclut ladite note. Il faudra pour les proches des bérets rouges encore détenus prendre leur mal en patience, d’autant que ce corps de l’armée malienne avait fait savoir sa volonté de participer à  l’offensive militaire française menée en terre malienne par la France.

L’ONU, l’Union africaine et la Cédéao exigent la dissolution immédiate du CNRDRE

L’ONU, l’Union africaine et la Cédéao, exigent la dissolution immédiate du CNRDRE, l’ex-junte malienne, et son retrait immédiat de la gestion de la transition. Elle demandera dans les prochains jours au Conseil de sécurité d’autoriser cette intervention africaine. Communiqué final Le document final indique que les participants ont « affirmé leur volonté d’oeuvrer à  la mobilisation rapide d’un appui adéquat des Nations unies », qui passerait par « une requête formelle » de l’UA, fixant le « mandat précis » d’une opération militaire, destinée à  rétablir l’intégrité territoriale du Mali. La réunion a « reconnu la nécessité de mobiliser tous les moyens appropriés, y compris militaires », pour aider l’Etat malien à  restructurer son armée et « appuyer les efforts visant à  restaurer dans les plus brefs délais possibles son autorité sur le nord du pays ». Il s’agit aussi, précise le texte, de l’aider à  « combattre les groupes terroristes », « criminels » ou autres « dont l’action remet en cause la stabilité et la sécurité du Mali et de la région ». Les participants ont assuré que leurs organisations et pays étaient prêts à  apporter un appui notamment « financier » et « logistique » à  ces efforts. Mais la réunion n’a pas précisé les contours, les composantes ni le mandat exact d’une opération militaire dans le nord du Mali, qui constitue les deux tiers du territoire. Et puis l’ONU, l’UA et la Cédéao, Comunauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, ont aussi « exigé la dissolution immédiate de l’ex-junte malienne. Les trois organisations demandent aux putschistes du 22 mars de se retirer « complètement de la gestion de la transition ». Réactions Le gouvernement malien n’est pas opposé à  ce que la communauté internationale lui apporte de l’aide, mais il souhaite rester maà®tre de la décision, du calendrier et fixer lui même les contours de la mission qui échoirait à  ses partenaires. Hamadoune Touré, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, s’en explique. Hamadoune Touré, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement malien « le Mali fait partie de l’Afrique et des Nations unies. Il n’est pas question pour nous de dire que nous ne voulons pas un appui. Mais il y a des conditions à  remplir d’abord chez nous. Il nous faut évaluer nos propres capacités, puis en fonction de cela, voir s’il y a besoin d’aide extérieure ». Ibrahim Boubacar Keita, le président du Rassemblement pour le Mali, n’est pas non plus contre une possible intervention militaire internationale mais pas à  n’importe quel prix. « Ces missions doivent bien être explicitées. Ces troupes venant au Mali n’auront pas mission de faire interposition. Ce qui veut dire prendre acte de la partition du pays et la consacrer quelque part. Cela serait pour nous, absolument insupportable. Mais si ceux qui occupent par la force le nord du pays sont butés hors du territoire national, là , il n’y a aucun problème », signale Ibrahima Boubacar Keita, président du Rassemblement pour le Mali. Par ailleurs, le président nigérien Mahamadou Issoufou, interrogé par France 24, notamment sur la crise malienne, est revenu sur les rapports de force existant aujourd’hui au nord du Mali, après l’interruption des relations entre le groupe islamiste Ansar Dine et le MNLA, Mouvement national de libération de l’Azawad. Pour le chef de l’Etat nigérien, c’est clair, ce sont les djihadistes qui dominent le terrain. « Ce sont les djihadistes qui contrôlent la situation au Mali. Les autres forces, qui ont d’autres objectifs, sont très marginales (…) On a des informations sur la présence d’Afghans, de Pakistanais dans le nord du Mali. Ils serviraient de formateurs, ils entraà®neraient ceux qui sont recrutés dans les différents pays de l’Afrique de l’Ouest ».

Sommet de la CEDEAO à Dakar : la transition malienne maintenue à 12 mois

Pour le président sénégalais Macky Sall, hôte du sommet extraordinaire de la Cédéao qui s’est tenu à  Dakar sur les crises malienne et bissau-guinéenne :  » La situation n’évolue de manière positive au Mali ». l’attitude de défiance des deux juntes militaires nous amène à  faire un pas supplémentaire vers la mise en œuvre des décisions de notre organisation ». «Â  Sanctions » La déclaration de Macky Sall a donné le ton de la conférence. En présence d’une dizaine de chefs d’Etat, dont l’ivoirien Alassane Dramane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO, le burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la crise ou encore la libérienne Ellen Johnson Sireaf, la conférence a très clairement signifié son engagement à  maintenir les organes de la transition, dont le président en intérim Dioncounda Traoré. Sous peine de sanctions. «La prorogation à  douze mois de la durée de la transition est maintenue, les organes de la transition y compris le président de la République par intérim, restent en place durant la même période. Et toute personne qui tentera d’entraver le retour à  la normalité constitutionnelle, s’exposera à  des sanctions sévères. « Une force si le Mali en fait la demande « La conférence instruit la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de préparer la force en attente de la Cédéao en vue de son déploiement immédiat dès que le Mali en fera la demande ». Cette décision intervient après les récentes conclusions du Sommet d’Abidjan du 26 avril dernier, qui avaient stipulé l’envoi d’une force de 600 hommes pour sécuriser la transition à  Bamako. Ce qui n’avait pas été approuvée par la junte. Violation de l’Accord cadre, ingérence, pressions de la CEDEAO, avaient été les sentiments parmi la population malienne. Que va-t-il se passer le 17 mai à  l’issue des 40 jours du président intérimaire Dioncounda Traoré ? Ce dernier, dans son discours du 1er Mai, avait affirmé ne pas vouloir faire un jour au-delà  des 40 jours. Sa présence au sommet de Dakar démontre clairement que la décision finale ne lui appartient pas. Et en dépit des avertissements de l’ex junte. Faut-il craindre de nouvelles tensions à  Bamako à  l’issue du délai constitutionnel ? Les Maliens retiennent leurs souffles.