Excision au Mali : 45 villages s’engagent à abandonner la pratique

Au Mali, la pratique de l’excision est très répandue. Selon la quatrième Enquête Démographique et de Santé (EDSM-IV) réalisée en 2006, 85,2% des femmes en âge de procréer (15 à  49 ans) l’ont subie. Cependant, ce chiffre cache une grande disparité entre les régions et les groupes ethniques. Si dans les régions septentrionales du pays (Kidal, Tombouctou et Gao) seulement 15% des femmes ont été excisées, la tendance reste forte dans toutes les autres régions et même dans le District de Bamako avec des proportions variant de 98,3% à  Kayes à  75,4% à  Mopti. Abandon total et définitif de la pratique Pour l’ONG Plan Mali, qui œuvre depuis des années pour sensibiliser sur l’abandon de la pratique de l’excision auprès des chefs et conseillers de village, groupements de femmes, groupements d’enfants, exciseuses, responsables administratifs, élus communaux, directeurs d’école, communicateurs traditionnels et modernes, le combat continue. Il s’agit pour les acteurs de la lutte, de pousser ces communautés à  réaffirmer leur engagement par la signature d’une convention au niveau national en faveur de l’abandon de la pratique de l’excision ; Ainsi 45 villages ont adhéré à  la démarche. Ils se situent principalement dans les zones d’intervention de l’ONG Plan Mali entre Baraouéli, Dioila, Kati,Kadiolo,Bankass, Zégoua, Bandiagara et Kangaba sur l’ensemble du territoire malien. Pour la représentante de Plan Mali, Fatoumata Alainchar, « le processus de l’abandon de la pratique obéit à  des étapes et critères dont l’objectif est de susciter et d’assurer l’adhésion et la participation de toutes les couches sociales impliquées pour la prise de décision au niveau communautaire ». Il faut donc espérer que cet engagement ne soit pas qu’un effet d’annonce et soit suivis d’effets.

Najat Vallaud Belkacem : « Les femmes maliennes sont puissantes »

Pour la jeune et dynamique ministre française des droits de la femme et porte parole du gouvernement de François Hollande, ce jeudi 27 février a été une journée bien chargée. Après avoir assisté à  une cérémonie nationale au CICB, o๠45 villages ont fait une déclaration publique d’abandon de l’excision, Najat Vallaud Belkacem a rencontré des femmes de la société civile à  l’occasion d’une rencontre organisée par l’association Afled(Femmes leadership et développement) à  la Maison de la femme de Bamako. l’occasion pour la ministre de réitérer le soutien de son gouvernement à  la cause des femmes réfugiées, déplacées et sans ressources après l’occupation des djihadistes. Consciente que la réparation prendra un long chemin, Najat Vallaud Belkacem a surtout relevé que ces femmes du nord, ne voulaient plus être vues comme de simples victimes. Elles réclament plus. Un retour à  l’ activité économique, une autonomie financière, l’éducation et l’accès aux soins de santé pour leurs enfants, mais aussi, un retour des services sociaux de base dans le Nord du Mali, en clair, le retour complet de l’administration malienne dans la zone ou règne malgré tout une certaine insécurité en dépit de la présence des forces onusiennes. Droits des femmes l’une de ces femmes, tentera de témoigner, mais l’émotion sera plus forte pour évoquer cette période sombre qu’a été l’occupation djihadiste pendant plus de huit mois. Si certaines ont subi des traumatismes psychologiques et des violences sexuelles, difficile de se dévoiler, la pudeur est là , qui empêche d’entamer le processus de guérison interne. Maà®tre Djourté, la Directrice de la Maison de la Femme, dira qu’une écoute et une attention psychologique sont accordés à  ces femmes, victimes des conflits, mais « nous manquons de ressources, de moyens pour mener à  bien notre mission d’assistance » ajoutera t’elle ; Aicha Wallet Alkacam, présidente d’une association de femmes de Kidal, réclamera la paix et ensuite, la pleine et active participation de ses sœurs à  la vie sociale et décisionnelle. Pour appuyer ce témoignage, Mariam Diallo Dramé, présidente de l’Association AFLED, dira qu’elle rêve, de voir de jeunes femmes, accéder à  de hautes fonctions, afin faire émerger une nouvelle génération de leaders. Face à  toutes ces voix de femmes, Najat Vallaud Belkacem a réitéré la volonté de son gouvernement à  Âœuvrer dans ce sens. Elle ira plus loin en appelant les hommes à  s’ériger en acteurs à  part entière de l’égalité entre hommes et femmes. Sur les violences basées sur le genre(VBG), Mme Belkacem, expliquera que C’’est en période de non-crise, lorsque les conflits sont calmés, qu’il faut continuer la sensibilisation. « Il ne faut pas en arriver à  la banalisation de ces violences contre les femmes. On doit continuer à  faire du plaidoyer pour les prévenir »Â… Entretien. Journaldumali.com : Quel message êtes-vous venue apporter au Mali ? Najat Vallaud Belkacem : La France par ma voix, s’engage à  travailler avec le Mali pour poursuivre notre coopération. Une coopération qui dans un premier temps, s’est axé autour de la sécurisation du territoire malien qui n’est pas encore totale, mais ça va mieux. Et dans un deuxième temps, apporter un soutien, à  des ONG que nous avons rencontré, pertinentes dans leur action, mais aussi un certain nombre de travaux en commun sur les législations, qui pourraient être améliorées dans ce pays et faire davantage de place aux femmes. Aussi bien dans la vie économique que dans les responsabilités économiques, faire entendre la voix des femmes. Je pourrai citer ce projet de Radio pour les femmes qu’on apporte, pour qu’elles participent mieux à  la vie de la cité. Qu’avez-vous retenu de cette journée, de votre rencontre avec plusieurs femmes de la société civile et du monde politique Najat Vallaud Belkacem : Deux jours, C’’est très court mais en même temps, très intense. Cela m’a permis d’échanger avec des partenaires institutionnels. J’ai rencontré la Minusma ce matin, ainsi que la ministre de la promotion de la femme malienne. Je dois aussi rencontrer le ministre malien de la justice et le Président de la République demain. Et l’autre aspect, C’’est de rencontrer la société civile, parce que J’aime bien écouter ce qu’elle a à  dire, et je constate que les femmes maliennes sont assez puissantes. La loi, le cadre réglementaire, ne leur laisse pas forcément la possibilité de faire valoir leur puissance, mais fondamentalement, C’’est plutôt des femmes fortes qui vont de l’avant et qui quand elles s’engagent, le font à  part entière. Et C’’est tout à  fait remarquable et à  saluer !

Lutte contre l’excision : une trentaine de journalistes en atelier de formation

Le Programme national de lutte contre la pratique de l’excision (PNLE) et Plan Mali ont initié un atelier de formation de deux jours à  l’endroit des journalistes sur le thème : « Droits des enfants et interrelation avec l’excision». Au cours de cet atelier, les professionnels des médias sont appelés à  maà®triser les informations et techniques leur permettant de bien traiter les thèmes sur les mutilations génitales féminines et l’excision, ainsi que le contenu de la convention relative aux droits des enfants. Au Mali, parmi toutes les pratiques traditionnelles néfastes à  la santé de la femme et de la petite fille, C’’est l’excision qui est la plus répandue. C’’est donc un problème de santé publique à  cause de son ampleur. 85% chez les femmes de 15 à  49 ans selon la quatrième enquête démographique et de santé du Mali (EDSM-IV) et 84% chez les filles de 0 à  14 ans d’après l’enquête nationale sur l’excision en 2009. Pour la directrice du PNLE, Mme Keà¯ta Joséphine Traoré, « la problématique de l’excision est un débat complexe. Cette pratique est une violation flagrante des droits humains et entraine des complications qui peuvent causer la mort. » En dehors des conséquences sur le plan sanitaire, il y a les conséquences socio économiques et psychologiques o๠ces femmes sont traumatisées à  vie. « Les médias doivent nous aider à  trouver des pistes de solution pour rendre la lutte plus efficace et faire changer les comportements » a ajouté Mme Keà¯ta. Même si la pratique de l’excision reste encore solidement ancrée au Mali, l’on enregistre des avancées significatives. Parmi les acquis, on peut retenir entre autres, l’enseignement d’un module sur l’excision dans les écoles socio-sanitaires, l’adoption d’une politique nationale assortie d’un plan d’action national 2010-2014. Précisons que les mutilations génitales féminines concernent toutes les interventions aboutissant à  l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme pour des raisons culturelles ou autres et non à  des fins thérapeutiques.

Docteur Morissanda Kouyaté sur RFI: «Nous allons pousser pour la mise en oeuvre de la loi contre l’excision»

Une première dans l’histoire de la lutte contre l’excision. Le docteur Morissanda Kouyaté dirige le Comité inter-africain, une ONG qui a statut d’observateur auprès de l’Union africaine et de l’ONU. Et ce vote, il y est un peu pour quelque chose. Le médecin guinéen répond aux questions de Christophe Boisbouvier. Après des années de combat, vous avez réussi à  faire voter par l’Assemblée générale des Nations unies une résolution contre les mutilations génitales féminines, le 20 décembre 2012. Une grande nouvelle, mais est-ce que ce n’est pas un coup d’épée dans l’eau ? Non, ce n’est pas un coup d’épée dans l’eau parce que, quand nous avons commencé la lutte il y a 28 ans, nous n’étions même pas sûrs de pouvoir parlé officiellement de ce thème, tellement C’’était tabou. Et quand vous voyez qu’après un quart de siècle, C’’est le monde entier – les 193 pays de l’ONU –, qui a voté à  l’unanimité cette résolution, ce n’est donc pas un coup d’épée. D’après cette résolution de l’AG de l’ONU, 100 à  140 millions de jeunes filles et de jeunes femmes sont encore victimes de ces terribles mutilations. Est-ce qu’en fait, derrière cette belle résolution, le mal n’est pas encore en train d’empirer ? Non. Depuis près de 20 ans qu’il y a la lutte, il faut remarquer, Dieu merci, que la tendance est à  la baisse partout dans le monde o๠la pratique existe. Les derniers chiffres montrent que les pays les plus hostiles, comme l’Egypte, comme la Guinée o๠C’’était à  99%, aujourd’hui se retrouvent au bas de l’échelle, avec une réduction de plus de 20%. Le Burkina Faso a pu diviser par deux le pourcentage. Ce que vous dites, C’’est que tous les ans, trois millions de jeunes filles et de jeunes femmes sont mutilées ? Absolument. Quand les gens ont commencé à  couper les mains en Sierra Leone, et tout dernièrement au Mali, tout le monde s’est levé ! De la même manière, dans le silence et dans la normalité, on coupe un organe chez les jeunes filles et personne ne dit mot. C’’est cela qu’il faut combattre. Ce que dit la résolution du 20 décembre, C’’est que plus les jeunes femmes sont autonomes, moins elles sont exposées à  ces mutilations ? Vous savez, l’autonomie des femmes est importante. D’abord, une autonomie économique, mais pas que cela. l’autonomie face à  l’information parce que ces jeunes filles, ces femmes qui sont là , on leur fait croire que cette pratique est imposée par l’islam, que cette pratique est une prescription du Coran. On leur donne de fausses informations pour défendre la pratique. Si elles ne sont pas ni à  l’école coranique, ni à  l’école traditionnelle, pour savoir que ce qui est dit n’est pas vrai, elles sont obligées de subir l’information. Le texte des Nations unies engage aussi les Etats à  associer les exciseuses traditionnelles à  des projets locaux, pour que ces dames puissent trouver un autre métier. Est-ce que ce n’est pas aussi un problème économique ? Absolument. Il faut savoir que les exciseuses, quand elles font la pratique, sont rémunérées. Elles ont de l’argent, elles ont des bœufs, elles ont des vaches. Et nous, le comité inter-africain, on s’est dit que si ces femmes acceptent d’arrêter la pratique, il y aura alors un manque à  gagner. Ce manque à  gagner doit être comblé. Et nous, au lieu de donner de l’argent en retour, ce que nous faisons, C’’est d’insérer ces femmes dans le système du micro-crédit pour qu’elles puissent franchir ce cap. Mais ces actions, est-ce que vous êtes sûr de leur pérennité ? Oui, parce que les exciseuses ne sont pas prises à  part, elles sont insérées dans un système économique. Est-ce qu’il y a des pays o๠ce que vous dites a marché ? Oui, J’ai fait l’expérience en Guinée à  Kouroussa [en Haute-Guinée dans la région de Kankan, ndlr], dans ma ville natale, o๠les exciseuses ont déposé officiellement les couteaux de l’excision. Puis la Banque mondiale nous a aidés à  monter des micro-projets. Il y a des boutiques villageoises o๠ces femmes sont en train de voir maintenant les articles. Donc cela marche ! Oui, mais ça marche combien de temps ? On est obligés de faire un suivi pour que ces femmes sortent totalement de leur état dans lequel nous les avons trouvées. Est-ce qu’il y a des pays qui restent hostiles à  tout ce que vous faites ? Avant de répondre à  cette question, je voudrais d’abord rendre hommage aux pays qui font plus. Par exemple, le Burkina Faso o๠madame Chantal Compaoré est l’ambassadrice de bonne volonté du Comité inter-africain sur les pratiques traditionnelles néfastes. Elle était la coordinatrice internationale de cette lutte. Il y a aussi le Bénin. Il y a la Guinée, o๠la première dame s’est impliquée à  organiser des ateliers pour les leaders religieux. Maintenant, il y a des pays réticents. Le Mali par exemple, C’’est compliqué alors que nous avons beaucoup d’activistes au Mali. Nous avons eu une résistance de la part des gouvernements précédents qui n’ont pas voulu prendre de loi contre les mutilations génitales féminines. Nous avons des pays comme la Gambie, et je ne veux pas aller plus loin, o๠le gouvernement est totalement contre la lutte. Nous nous sommes faits « renvoyer » presque, permettez-moi ce terme, quand nous nous avons organisé l’atelier pour les leaders religieux. A la clôture, nous avons eu par exemple le chef de l’Etat qui est venu pour dire : « Ce sont les Blancs qui vous ont inculqué ces idées. Nous devons respecter nos lois, nos traditions, nos cultures, etc. ». Ils ont carrément soutenu les mutilations génitales féminines. C’’est dangereux tout cela. Donc ça a tout mis par terre ? Oui, mais Dieu merci, nous avons un comité national très puissant en Gambie. Donc aujourd’hui, les populations de Gambie se sont appropriées [la question]. Moi-même J’ai participé au dépôt de couteaux à  Basse, qui est vraiment la partie profonde de la Gambie. Les populations ont fait sans le gouvernement et le gouvernement a été obligé de suivre. Ce qui était frappant le 20 décembre, C’’est ce vote à  l’unanimité à  l’ONU. Mais en réalité, est-ce qu’il n’y a pas un certain nombre de pays qui vote ce type de résolution pour faire plaisir aux bailleurs de fonds, et qui ensuite ne font rien. Il y a l’Arabie Saoudite qui a voté cette résolution. Or dans les pays africains, il y a des chefs religieux qui soutiennent la pratique en disant que C’’est une pratique qui est dictée par la religion. Donc le fait que l’Arabie Saoudite, qui est le berceau de l’islam, vote cette résolution, ça nous enlève déjà  une épine du pied. Maintenant, les gouvernements sont engagés en disant : « C’’est le monde entier qui a voté cela ». Ceux qui avaient peur de prendre des lois, nous allons passer chez eux parce que cette résolution ne va pas dormir dans les tiroirs, nous allons la suivre, nous allons bousculer, nous allons pousser pour que, ceux qui ont voté, acceptent la mise en œuvre.

Excision : réadapter les messages au grand public

Si la sensibilisation sur le terrain continue au Mali, abandonner complètement la pratique de l’excision, dans un pays o๠presque 85% des femmes sont excisées, relève du parcours du combattant. Ils sont pourtant nombreux à  s’insurger contre ce fléau, venu du fond des âges. Joséphine Keita, que nous avons interviewé, est la directrice nationale du Programme National de lutte contre l’excision(PNLE), qui coordonne l’action des ONG sur le terrain . «Â l’excision, est souvent mise en corrélation avec la religion, et assimilé à  une maà®trise de la sexualité féminine, mais nulle part, vous n’en trouverez mention dans les écritures saintes ». Sur le terrain, les animateurs ont du travail. Lorsqu’ils rencontrent les chefs de villages o๠l’on pratique l’excision, il faut user de tact, expliquer les méfaits de la chose, les conséquences sur la santé de la femme, celle de la reproduction, la vie conjugale…D’un point de vue psychologique, il faut cibler le grand public. Au moyen de messages et support variés. Choix de messages et supports pour l‘abandon de l‘excision Pour le centre Djoliba, l’une des premières ONG à  travailler sur la question au Mali, on utilise des matériaux «Â GRAAP » ou groupes de recherche et d’appui à  l’auto promotion des populations. Qui comportent des images types qui montrent l’appareil génital féminin, les complications de l’excision et de l’accouchement. Autre moyen, les supports audiovisuels et des films célèbres comme «Â Niani », «Â Ni tou ya don », «Â Duperie », qui fustigent l’excision. Et aussi des sketchs et des poèmes à  l’intention des enfants ou du grand public. A l‘ANCD, l‘agence nationale pour la communication et le développement, Awa Coulibaly est réalisatrice de documentaires sur la question. Pour elle, le rôle des images est capital et frappe davantage la conscience collective. l’ong GAAS Mali, élabore plutôt des scripts et symboles dessinés pour parler de l’excision. «Â Ca passe mieux. Dans le travail avec les groupes cibles, on représente l’excision par un couteau,», explique Marie, une animatrice. s’y ajoute les visites à  domiciles ou les causeries débats. Dans le Kit «Â CIP » du Programme national de lutte contre l’excision, C’’est le plaidoyer national, et la formation des animateurs de terrain et autres communicateurs traditionnels sur la question, qui est mis en avant. Parler de l’excision sans choquer A la télévision, la réalité est complexe, «Â il faut arriver à  parler de l’excision, à  travers des magazines ou des documentaires sans choquer le grand publiC’ », explique Yaya Konaté, rédacteur en chef. Mais cela passe avant tout par un changement de mentalité. l’ORTM préfère donc accompagner des acteurs comme Plan Mali dans ses stratégies de lutte. A Plan Mali, on a mis le projet MGF en avant. l’objectif sur cinq ans ( 2010-2015) est de réduire, le taux de mutilations génitales féminines, et de faire abandonner la pratique de l’excision dans près de 60 nouveaux villages sur une base de 180. En outre, l’adoption d’une loi sur l’excision est un projet souhaité par l’ensemble des partenaires engagés pour la cause. D’ici 2014. l’objectif de l’atelier de Plan Mali, en partenariat avec les ONG comme Adico, ERAD, le Centre Djoliba, le PNLE, l’ORTM et beaucoup d‘autres, était surtout d’améliorer ces messages et choix de supports pour l’abandon de la pratique de l’excision.

Joséphine Keita :  » Au Mali, l’excision n’est plus un tabou ! »

Après 10 ans de lutte, la directrice du Programme national de lutte contre l’excision (PNLE), Joséphine Keita, fait le bilan sur cette pratique néfaste à  l’occasion d’un atelier à  l’initiative de l’ONG Plan Mali. Journaldumali.com : Quelle est la perception de la pratique de l’excision? Joséphine Keita : Beaucoup a été fait. Aujourd’hui, on peut affirmer que la question n’est plus taboue au Mali, ce qui constitue une avancée dans les mentalités. Environ 400 villages ont abandonné la pratique. Cela veut dire que leurs chefs et autorités coutumières arrivent à  convaincre les populations et vont rencontrer les autres communautés et faire des déclarations publiques d’abandon. Ils signent également des conventions avec les autorités locales, religieuses et administratives. Au-delà  des déclarations comment être sûr que ces villages abandonnent l’excision ? L’abandon total n’existe pas. Mais à  partir du moment o๠une déclaration publique est faite, la parole d’un leader communautaire a force de loi. Cela n’empêche pas d’aller exciser hors du village, mais ces personnes encourent le risque d’être excommuniées de leur village et d’être mises au ban de la société. Nous avons trois classifications : les villages totalement réticents à  l’abandon de la pratique, les villages à  moitié réticents et les villages qui ont signé la convention publique d’abandon. On considère avoir atteint l’objectif lorsque un village ne pratique pas l’excision pendant un cycle de deux ans. Espérez-vous le vote d’une loi contre l’excision ? O๠se situent les blocages actuels ? Le PNLE, des ONG et d’autres structures ont proposé depuis longtemps un « Pacte pour l’adoption d’une loi ». Mais il faut d’abord préparer les esprits, organiser des concertations avec les communautés, les élus et les leaders religieux pour sensibiliser sur la question. Il faut également définir les modalités de cette loi. Interdire la pratique peut entraà®ner la pratique dans la clandestinité. Tout le monde doit être impliqué dans le processus pour parvenir à  une proposition de loi en 2014. Revenons aux origines. D’o๠vient l’excision ? Pourquoi excise t-on ? Cette pratique serait d’origine égyptienne, pharaonique précisément. L’excision n’a rien à  voir avec la religion. En Arabie Saoudite vous n’en entendrez jamais parler. Ceux qui excisent pensent qu’il faut maà®triser la sexualité féminine. On avance aussi des raisons de pureté ou d’hygiène. Les représentations traditionnelles du clitoris maléfique entrent aussi en compte, tout comme la pression de la norme sociale, pour éviter la marginalisation et la stigmatisation. Au Mali, on excise au Sud et pas au Nord ? A Tombouctou même, on n’excise pas. Mais dans des cercles du Nord, comme Goudam ou Niafunké, il peut y avoir des cas d’excision du fait des déplacements de populations. A Bamako, contrairement aux idées reçues, l’excision demeure, malgré un accès plus facile aux informations. Le niveau d’instruction n’a aucune influence sur l’excision, qui n’est pas seulement une pratique rurale. Les pesanteurs socio-culturelles, la peur d’etre stigmatisé, peuvent pousser des personnes dites intellectuelles à  jutifier l’excision. Quel est le profil de l’exciseuse type ? Les exciseuses traditionnelles viennent de la caste des forgerons. Mais aujourd’hui, il y a de tout. Les gardiennes de filles dans les villages, les grands-mères dans les milieux urbains. Les devins en milieu traditionnel bambara encouragent cela, et désormais, pour des raisons pécunières, le personnel médical, hospitalier, les matrones, les infirmières aussi. Pourtant une circulaire du ministère de la Santé l’interdit, mais certains agents se déplacent parfois dans les familles pour le faire. Quelles sont les conséquences de l’excision ? Elles dépendent du type d’excision. Ablation partielle ou totale du clitoris, des petites lèvres, des grandes lèvres de l’appareil génital féminin, voire cautérisation, suture ou introduction de subtances corrosives dans le vagin. Au cours de l’excision les douleurs, les infections ou l’hémorragie peuvent entraà®ner la mort. Par la suite cela peut entrainer des difficultés d’accouchement, la stérilité, des douleurs de règles. Il ne faut pas oublier les conséquences psychologiques qui limitent la femme, l’exclusion consécutive aux souffrances liées à  l’incontinence ou aux fistules obstétricales, et l’impossiblité de s’épanouir sexuellement avec son mari. Comment vous êtes vous engagez dans cette lutte ? En 1973, pendant mes études, j’ai vu une femme mourir sous mes yeux en accouchant. Après cela, j’ai décidé de m’engager pour qu’il y n’ait plus d’excision au Mali. C’est un devoir de santé et un combat pour la vie humaine. J’ai ensuite été conseiller technique au ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille de 1997 à  2002, date de création du PNLE. Vous dirigez le PNLE depuis dix ans. Comment rendre les messages et les campagnes plus efficaces ? Ceux que nous avons déjà  émis ont porté leurs fruits, grâce à  des informations mises à  la disposition du grand public. Aujourd’hui, nous renforçons les capacités des acteurs de terrain par la formation. Nous recueillons des témoignages et utilisons des supports de communication, audiovisuels ou oraux, des kits techniques. « Il vaut mieux voir une fois qu’entendre plusieurs fois », a t-on l’habitude de dire. Si nous sommes à  cet atelier à  Sélingué, c’est aussi pour améliorer ces messages et les rendre plus pertinents. Et au niveau de la prise en charge des femmes excisées ? Elle est globale. On assure la prise en charge financière, médicale, et aussi psychologique. Il y a aussi la prise en charge intégrée et médico-chirugicale. Parce que ces femmes doivent reprendre confiance en elles. J’aimerais vous parler du projet de Médecins du Monde avec l’hôpital de Mopti, qui s’adresse aux femmes victimes de fistules obstétricales. C’est un partenariat dynamique. Il y a bien sûr de nombreuses possibilités dans ce combat, y compris pour toutes celles qui peuvent être réparées par la chirurgie. C’est pourquoi, on travaille avec d’autres structures comme le Comité National d’Action pour l’abandon des pratiques néfastes, CNAPN et ses branches régionales, locales ou villages. L’excision, c’est un long combat, mais tant qu’on aura pas atteint notre but, on ne s’arrêtera jamais de sensibiliser !

Lutte contre l’excision, une brochure pour sensibiliser

L’excision, un problème de santé publique Publié en Décembre 2010, par Rokia Sanogo, Docteur en pharmacie, spécialiste en Pharmacopée traditionnelle, la brochure est un outil de support et de plaidoyer pour faire de l’excision un problème de santé publique au Mali, en prenant en compte les aspects socio-culturels. Le livret est la synthèse des activités réalisées à  Kadiolo à  partir de 2002 ainsi que les réflexions menées sur ces activités de promotion de la maternité à  faible risque, les divers échanges avec les accoucheuses traditionnelles, les conséquences des Mutilations génitales féminines comme cause des accouchements difficiles. Il s’agit surtout de parler de la santé de la mère et de l’enfant. Selon Rokia Sanogo, la priorité était l’instauration d’un dialogue entre les acteurs sociaux et les leaders religieux. La participation au dialogue politique a ensuite permis de faire remonter au niveau national les expériences positives de lutte contre l’excision réalisées au niveau local. l’objectif était d’apporter une contribution au débat, aux réflexions et aux actions en cours sur la problématique de l’excision. Le défi était de définir avec les différents intervenants des approches plus novatrices et des stratégies plus efficaces et plus utiles en vue de l’abandon progressif de la pratique de l’excision. Appréciant cette initiative l’excision, Mme Keita Joséphine Traoré a rappelé que l’excision était un problème de santé publique et que cette brochure aiderait les acteurs à  mieux sensibiliser. La brochure a été grâce au soutien de la coopération suisse au Mali, partenaire principal de l’ONG d’aide au développement de la médecine traditionnelle(AIDEMET). A la conférence, on notait la présence de la coordinatrice du programme national de lutte contre l’excision, Mme Keita Joséphine Traoré, la représentante du Directeur national de la santé, le président de la Fédération malienne des associations des thérapeutes et herboristes du Mali(FEMATH), Souleymane Dolo du groupe PIVOT Santé.

Excision, une pratique d’un autre temps

C’’est le propos de Madame Maiga Sina Damb, Ministre de la promotion de l’enfant de la femme et de la famille lors de la célébration de la journée mondiale de lutte la pratique de l’excision au Mali. Les festivités ont eu lieu ce jeudi 10 février au centre international de conférence de Bamako. Cette année, le thème retenu est « les medias modernes et traditionnels se mobilisent pour l’abandon de la pratique de l’excision ». Selon Mme Keita Joséphine Traoré, l’objectif est d’informer les hommes de medias de l’existence de la politique nationale et du plan d’action 2010 pour l’abandon de la pratique de l’excision, sensibiliser sur la problématique de l’excision , mobiliser les medias modernes et traditionnels pour une large diffusion des informations sur le phénomène de l’excision, et mettre à  la disposition du département de la communication et des nouvelle technologie et les supports d’IEC pour la sensibilisation. Le ministre de la communication et des nouvelles technologies, Mme Diarra Flantié Diallo, co-marraine de cette journée, a souligné que le rôle de la presse et de la communication dans la lutte contre l’excision et tous les autres phénomènes néfastes à  la santé est assez déterminant. « Les radios de proximités, les journaux, la presse en ligne, la télévision sont les principaux canaux par lesquels des messages appropriés et cibles pouvant véhiculés » a-t-elle déclaré. Elle a également salué le rôle prépondérant joué par les communicateurs traditionnels dans la lutte contre l’excision. Pour finir, elle a exhorté les medias à  accorder une place privilégiée dans leurs grilles de programme et publications aux questions relatives à  la santé et particulièrement à  la lutte contre l’excision. Difficile de changer les mentalités La lutte contre la pratique néfaste demande de la patience surtout dans un pays sous les pesanteurs socio-culturelles. Et C’’est avec le professionnalisme dans les débats autour de cette question à  la fois complexe et sensible que ce sujet doit être abordé. Ce qui demande la créativité et l’imagination pour identifier des stratégies appropriées susceptibles d’apporter un changement de comportement positif des populations. l’évolution des connaissances exige parfois une nouvelle façon de vivre, de voir le monde et de s’y adapter. Cette évolution permet d’analyser nos us et coutumes et de bannir les pratiques portant atteinte ou pouvant nuire à  la santé de la personne humaine. « Oui préservons les valeurs culturelles positives, elles constituent un fondement de notre société mais laissons de coté celles qui freinent notre épanouissement et qui portent préjudice à  notre bien-être, ceci est valable aussi bien pour les femmes que pour les hommes » a déclaré le ministre de la promotion de la femme tout en s’interrogeant ainsi : « les scarifications n’ont-elles pas disparu aujourd’hui ? Pourquoi pas l’excision ? Est-ce parce que la pratique concerne seulement et uniquement les filles et les femmes ? Sommes-nous obligés de faire subir ces violences à  nos filles ? Assurément non, non et non ! » Continuant dans son intervention, elle a affirmé qu’abandonner une pratique néfaste n’est pas renier sa culture, C’’est au contraire vivre en harmonie avec son temps. A noter que public a assisté la prestation de l’artiste Assan Kida, le groupe Fima et Diema et Guimba National. Il faut signaler la présence du ministre du logement des affaires foncières et de l’urbanisme ainsi que celle de plusieurs anciens ministres.

Abandon de l’excision : Communiquer pour y arriver

Ce 6 dimanche février, le monde entier a célébré la Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines. l’excision reste encore chez nous un phénomène récurrent. Chaque année, trois millions de filles sont excisées en Afrique. C’’est la raison pour laquelle le Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants a lancé en 2003 la Journée internationale de tolérance zéro pour les MGF. Dans sa résolution 2003/28, la sous-commission des Nations unies de la promotion et de la protection des droits de l’homme a engagé l’Assemblée générale des Nations unies à  «proclamer le 6 février Journée internationale pour l’élimination des MGF et de toutes autres pratiques traditionnelles nocives pour la santé des femmes et des fillettes». Cette journée est célébrée désormais chaque année à  la fois en Afrique et en Europe. Il y est précisé que: «Parmi ces mutilations, l’excision est non seulement une mutilation, mais une atteinte à  la dignité et à  la sexualité des femmes». Cette année, le thème retenu est : « les medias modernes et traditionnels se mobilisent pour l’abandon de la pratique de l’excision ». Le ministère de la promotion de l’enfant de la femme et de la famille a organisé le vendredi dernier une conférence de presse dans ses locaux. C’’était sous la présidence de Mme Maiga Sina Damba chef du département et en présence de Mme Keita Joséphine Traoré, coordinatrice du programme national de lutte contre l’excision. l’objectif était d’informer les medias de l’existence d’une politique nationale et d’un plan d’action pour l’abandon de la pratique de l’excision, de les sensibiliser sur la problématique de l’excision. Les organisateurs ont ainsi pu mobiliser les medias modernes et traditionnels pour une large diffusion des informations sur le phénomène de l’excision. Cette journée de sensibilisation a enfin été l’occasion d’attirer l’attention des décideurs et des populations sur les conséquences liées à  la pratique de l’excision. Selon Mme Maiga Sina Damba ministre de la promotion et principale conférencière, depuis quelques années, les médias modernes et traditionnels ne cessent d’accompagner le Programme national de lutte contre l’excision et ses partenaires dans leurs activités. « Ces différents appuis ont enregistré des résultats forts appréciables dans le changement de comportement des populations. Vu l’immensité du territoire malien et la diversité culturelle, il s’avère encore plus utile de solliciter le concours des medias modernes et traditionnels d’une façon plus accrue pour donner la bonne information à  toutes les populations du pays. Ce qui explique en partie le choix du présent thème « les media modernes et traditionnels se mobilisent pour l’abandon de la pratique de l’excision ». Les conséquences sur les plans psychologique et physiologique de l’excision sont souvent irréversibles, exposant ainsi les victimes aux multiples effets néfastes: perte abondante de sang, frustration permanente, traumatisme, frigidité et prostitution chez la femme, risque d’infections pouvant même conduire au décès puisque ces opérations ne se font pas toujours dans des conditions saines. Il s’agit là  d’une violation de l’intégrité physique de la femme, car la nécessité thérapeutique constitue la seule dérogation légale au principe de l’indisponibilité du corps humain. Selon Mme Keita Josephine Traoré, il est important de souligner qu’aujourd’hui, il existe des solutions pour remédier à  cette mutilation, que les victimes peuvent espérer retrouver une vie quasi-normale. Une méthode médicale de reconstruction du clitoris a été mise en place par le gouvernement du Mali qui permet de redonner dignité et intégrité à  ces jeunes filles et femmes qui en ont été privées. C’’est une avancée considérable mais le chemin reste long… Quelques Chiffres Il est, aujourd’hui, difficile de chiffrer le nombre de victimes de mutilations génitales féminines dans le monde et en particulier le Mali: une femme sur trois est excisée sur le continent africain, soit environ 130 millions de personnes. On dénombre 3 millions de nouveaux cas par an dans le monde. Au Mali ce taux est de 85% chez les femmes de 15 à  49 ans selon EDSM-IV. Si la plupart des vingt-huit pays d’Afrique concernés par cette pratique ont promulgué des lois interdisant l’excision, le chemin reste encore long pour l’éradiquer définitivement. Chez nous au Mali, cette loi peine à  voir le jour à  cause des pesanteurs socio-économiques. A signaler que les manifestations devant marquer la journée auront lieu le 10 février prochain pour cause de calendriers chargés des autorités.

Excision au Mali : une pratique toujours courante

Une pratique qui a la dent dure l’excision comme définie par l’OMS est une forme de mutilation sexuelle féminine qui désigne toutes sortes d’interventions aboutissant à  une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes ou toutes autres mutilations des organes féminins pour des raisons culturelles et autres et non à  des fins thérapeutiques. Au Mali, o๠la pratique demeure courante, 91,6% de la gent féminine est excisée. Ce qui fait dire Docteur Dolo, l’un des intervenants du débat sur la sensibilisation sur cette pratique que la difficulté de la lutte contre l’excision réside de la perpétuation de la pratique par les exciseuses qui en héritent de leurs parents. Véritable phénomène social, pratiquée sous certains cieux depuis des millénaires, cette pratique n’en est pas moins aujourd’hui un problème de santé publique de par ses conséquences néfastes sur ses victimes. Et pourtant, depuis quelques années les organisations non gouvernementales et les associations ne cessent d’en parler et de sensibiliser l’opinion afin d’y mettre fin. Mais, comme on le sait, les vieilles habitudes ont la dent dure et le combat semble très loin d’être gagné. De la nécessité de sanctions Dans la sous-région ouest africaine, certains pays ont adopté des lois interdisant l’excision. C’’est le cas du Burkina Faso o๠les exciseuses encourent de lourdes peines de prison. Au Mali, les autorités semblent craindre cette option. Le pays est cependant l’un des premiers à  s’être lancé dans la lutte. Il fait aujourd’hui office de mauvais élève, se faisant même réprimander par ses voisins. Ainsi en 2008, la représentante de Burina Faso lors d’un atelier sous régional déplorait l’absence de cette loi au Mali, car certains burkinabés quittent leur pays pour exciser leurs filles au Mali. Pour tenter de corriger cette situation et mettre un terme définitif à  cette pratique dans un avenir pas trop lointain, les acteurs de cette lutte ont décidé d’instaurer le dialogue direct entre différents acteurs et débattre de la problématique de l’excision. Pour eux, sur un plan juridique, la pratique est considérée comme une atteinte à  l’intégrité physique de la femme et de la jeune fille. Selon Mathieu Traoré, magistrat au tribunal de la commune IV, notre pays a ratifié plusieurs traités internationaux qui l’interdissent. Mais, beaucoup reste à  faire. Il a ainsi rappelé que la loi pénale est d’interprétation stricte. Or, aucun article de loi au Mali n’interdit l’excision. Il préconise alors de relever toute ambigà¼ité et de la classer comme infraction et de déterminer la peine applicable ou à  défaut, adopter une loi spéciale interdisant la pratique. Avant l’adoption d’une loi interdisant la pratique, il s’avère plus que nécessaire en l’état actuel des choses, de sensibiliser le maximum de maliens sur la question de l’excision. Et ce en utilisant des moyens adéquats pour éviter toute agitation sociale.

Lutte contre l’excision : le Mali à la traine malgré la sensibilisation

Depuis 1996 le Burkina Faso dispose une loi interdisant la pratique de l’excision et le Sénégal depuis 1999. Dans ses pays, la pratique de l’excision encourt des peines d’emprisonnement. A cet effet les ressortissants de ces pays voisins ou l’excision est interdite viennent faire opérer leur fille au Mali qui ne dispose pas encore une loi. Ce qui fait que le Mali est dans le viseur des pays voisins. Pourtant le Mali a signé des conventions internationales qui l’obligent à  abolir l’excision. C’’est le cas du Protocole de Maputo, ratifié en 2005, qui condamne les Mutilations génitales féminines (MGF). Un projet de loi gelé sur la table de l’Assemblée Nationale Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’excision est définie comme « toute intervention aboutissant à  une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons culturelles ou autres et non à  des fins thérapeutiques ». Selon une enquête sanitaire conduite par le gouvernement en 2006, 85 % des Maliennes âgées de 15 à  49 ans sont excisées. Ces femmes qui ont subi cette mutilation, ont de nombreux problèmes de santé. Face à  cette situation un groupe d’ONG a remis, début juillet, un projet de loi ‘interdisant la pratique de l’excision sur les bancs des députés et qui doit être débattu. Ce projet élaboré soumis en début juillet à  la Commission des lois de l’Assemblée nationale est resté sans suite à  cause du non adhésion de la population en majorité. Selon certains députés, C’’est l’opinion de leurs électeurs qui sont pour la plupart contre l’abolition de l’excision. « En tant que politiciens; nous tiendrons compte de leur opinion » a dit un député de l’Assemblée Nationale. Les avis restent partagés sur la loi interdisant la pratique Pour vérifier les informations avancées par le député;nous avons approché certains citoyens sur l’adoption d’une loi interdisant la pratique. Les avis restent très partagés. Agé de 65 ans, N’Golo est vendeur des colas , « ça m’énerve que vous m’abordiez sur ce sujet, les femmes qui luttent contre l’excision sont excisées non. à‡a veut dire qu’elles ne sont motivées que par l’argent donné par les occidentaux pour combattre l’excision », s’insurge t-il. Son point de vue est largement partagé par la plupart des Maliens et relayé dans certaines radios, pour qui cette pratique fait partie de leur identité. « Ces femmes sont les ennemies de notre culture. Nos parents ont appris l’excision de leurs ascendants. Nous, nous devons la transmettre à  nos enfants », commente Abdoulaye Ballo un jeune cadre d’une entreprise de la Place. Le rôle des religieux Quant aux religieux, ils s’opposent aussi à  la lutte contre la pratique de l’excision. Les plus fervents détracteurs de la lutte contre l’excision sont qui se réclament de l’Islam. Adama Sylla commerçant détaillant au Marché et membre des associations des jeunes musulmans a rejeté en bloc la lutte contre l’excision. « ‘Soubana allah’ la pratique de l’excision est citée dans les hadiths donc sa pratique est normale, je ne vois d’inconvénient sa pratique par les musulmans» avance t-il. Par contre, ce jeune est farouchement contre cette pratique; « il n’est dit nulle part dans le coran que la pratique de l’excision est autorisée, elle relève de nos pratiques traditionnelles ». « Si cette pratique est néfaste pour la santé de la femme, je pense que l’on peut l’interdire » argue Kalifa Traoré; professeur d’arabe au lycée. De même avis que cette dame transitaire Awa Samaké qui a comparé le Mali aux autres pays « J’ai voyagé dans beaucoup de pays musulmans ou l’excision n’est pas pratiquée tels que l’Iran, Arabie Saoudite et même l’Egypte, ces pays sont cités en référence comme les pays musulmans. Le sujet n’est plus tabou au Mali Malgré la réticence de la majorité des maliens face à  l’adoption de la loi contre la pratique de l’excision, le sujet n’est plus tabou au Mali. Mme Maiga Kadiatou Touré; représentante de l’organisation mondiale de la francophonie lors d’un atelier de formation des journalistes sur l’excision a laissé entendre « Contrairement à  leurs aà®nés, les jeunes abordent aujourd’hui facilement ce sujet. à€ travers des troupes scolaires, ils sont nombreux à  présenter des pièces de théâtre sur les conséquences de cette opération ». A noter que la sensibilisation a permis à  certaines exciseuses d’abandonner la pratique dans les contrés du Mali.

Marche des Femmes: Objectif ; l’ adoption d’une loi contre l’excision

Les femmes du Mali ont organisé ce matin à  Bamako une marche de soutien à  l’adoption du projet de loi contre la pratique de l’excision. A l’initiative de la CAFO, la coordination des associations et ONG féminines du Mali, et sa branche santé, la COSADES, cette marche a débuté par le centre Aoua Keita, pour se terminer au Gouvernorat central du district ! Elles ont donc marché ce matin pour réclamer l’adoption d’une loi contre la pratique de l’excision. Elles les femmes, des villes, des milieux ruraux, de la société civile. Ensemble, elles ont marché du centre Aoua Keita, jusqu’ à  la Mairie Centrale du district, o๠elles ont d’abord été reçues par le 1er adjoint au Maire. Sur place, Estelle Keita, de la coalition Santé et Développement de la CAFO, a remis aux autorités un document de plaidoyer. Après la Mairie du district, direction l’Assemblée Nationale, une étape clé de la marche ! C’’est en effet là  que se votent les projets de loi et il était important pour les femmes de la CAFO et leurs sœurs, de rencontrer les députés. C’’est donc le 2è vice président de l’Assemblée Nationale, l’honorable Assarid Ag Imbarkawa, qui leur a personnellement assuré du soutien du Parlement, en vue d’adopter une législation contre l’excision  » Nous avons suffisamment été sensibilisés ssur la question et il est temps de légiférer en la maatière », a déclaré ce dernier. L’excision concerne près de 100 millions de femmes en Afrique et le Mali reste l’un des pays les plus touchés par les mutilations génitales féminines. Leurs conséquences sont lourdes et affectent durablement la vie intime de la femme :  » Nous ne pouvons plus accepter cela et c’est un combat quee nous devons mener ensemble, en complémentarité avec les hommes, », a ajouté Mme Oumou Touré, secrétaire Exécutive de la CAFO. Convaincre les autorités Dernière étape de la marche : le gouvernorat du district. Et les femmes sont descendues des bus pour marcher, banderoles en main, déterminées, énergiques vers lee gouverneur Ibrahim Féfé Koné :  » Elles sont braves les femmes du Mali et toujours debout pour faire changer les choses et je puis personnellement les assurer de mon soutien »  » Non à  l’excision »! Voilà  donc le slogan de cette journée, riche en mobilisation. Si le projet d’une loi contre l’excision, une pratique ancrée dans les mentalités, risque de prendre du temps à  l’instar du code de la famille et des personnes qui vient d’être enfin voté, les femmes ne baisseront pas pour autant les bras pour continuer leur plaidoyer en faveur de leur plein épanouissement !

Adoption d’une loi contre l’excision : le Mali devancé par les pays limitrophes

Le Mali traà®ne le pas pour l’adoption d’une loi contre la pratique de l’excision. C’’est ce qui ressort globalement de l’analyse de l’organisation internationale de défense des droits humains et égalité. « Appel au gouvernement Malien en faveur de l’adoption d’urgence d’une loi efficace interdisant les mutilations génitales féminines » tel a été le thème d’une conférence du mouvement des groupes de base africaine pour mettre fin aux mutilations génitales féminines, ce 24 juin. Vingt-quatre activistes d’organisations anti-MGF de base, venus de dix sept pays africains, se sont réunis à  Bamako pour présenter leurs plus grandes réussites dans le domaine et mettre fin à  ces pratiques traditionnelles. Après quatre jours d’échanges, les activistes ont retenu la Non-adoption de la loi, en arguant que cette législation serait pourtant capitale pour accompagner le combat contre l’excision. « Le fait que le Mali n’ait pas adopté une loi, met les efforts consentis à  plat », a martelé Dr. Kouyaté de la Guinée. A l’évidence, le retard du Mali dans la répression contre la pratique de l’excision dérange les pays voisins. Et pour causes, les exciseuses immigrent souvent dans les pays limitrophes oà¹l’excision n’est pas formellement interdite et s’adonnent à  la pratique en toute illégalité. « Sans la loi contre l’excision au Mali, nous qui sommes dans les pays limitrophes o๠les lois ont été adoptées, serons dérangés dans les efforts enclenchés », a fustigé Meddah Félicité du Burkina Faso. C’’est pourquoi le Dr. Kouyaté ajoutera que cette loi protégera les petites filles. Un appel lancé au Président Amadou Toumani Touré et à  son épouse. Bannir les mutilations génitales féminines A titre de rappel, au Mali, les mutilations génitales féminines sont extrêmement repandues. 92 % des femmes et des filles y ont été soumises; Et les fillettes qui subissent cette intervention sont de plus en plus jeunes. Le Mali est devenu un pays cible pour la pratique des MGF ; Fillettes et exciseuses y sont emmenées depuis que les pays voisins ont banni la pratique, à  savoir le Burkina Faso, la Guinée et le Sénégal. « Nous avons choisi le Mali pour nous réunir parce que nous espérons que le point de vue des activistes des pays dans lesquels il existe des lois contre les MGF (17 pays au total) aidera les autorités maliennes à  comprendre l’urgente nécessité d’une loi réprimant les MGF », explique Mme Faiza Jama Mohamed de Nairobi au Kenya. Après la conférence, les experts prévoient de rendre visite aux ministres de l’Education, de la Promotion de la femme et de l’Enfant, de la Santé et de la Justice.

L’excision, un sujet d’une extrême sensibilité

L’excision ou les mutilations génitales féminines (MGF) dans toutes leurs formes, sont pratiquées à  grande échelle sur le continent africain et touchent environ 130 millions de femmes et d’enfants avec des conséquences physiques et psychologiques parfois irrémédiables. Particulièrement au Mali o๠plus de 92 % des femmes sont excisées. Bien vrai que cette pratique constitue une violation de l’intégrité physique et des droits fondamentaux de la personne et en dépit du péril de mort qu’encourent celles qui la subissent, elle reste un sujet sensible dans une société o๠le poids de la tradition pèse. Le cas du Mali en est une parfaite illustration. l’excision, un sujet encore tabou Le Mali a créé un Programme National de Lutte contre l’Excision (PNLE). Objectif : adopter une stratégie de sensibilisation de la population en vue d’un changement de comportement pour l’abandon définitif de la pratique. Mme Kéà¯ta Joséphine Traoré, Directrice du PNLE, affirme que « le sujet reste tabou dans notre pays. Quand on parle de la sexualité ou que l’on touche à  l’intimité de la femme, cela est perçu comme quelque chose de sacré ». Comme en témoigneMme Sidibé Aminata Diakité (femme enceinte) et que nous avons rencontré lors d’une consultation prénatale au centre de santé de Badialan II (un quartier de la commune III de Bamako). Pour elle, « C’’est une pratique ancestrale, donc une valeur sociétale à  conserver et qui purifie la femme et lui évite de ne pas être indexée dans son foyer ». Dans le même ordre d’idée, un homme d’une quarantaine d’années, électricien de son état, fulmine que l’excision constitue une pratique nécessaire à  la santé de la femme. Il désapprouve les acteurs de la lutte contre l’excision : « les occidentaux veulent spolier nos valeurs traditionnelles pour implanter les leurs ». Poursuivant son « coup de gueule », cet homme ajoute que « la pratique est recommandée dans les dogmes religieux précisément dans l’Islam ». Ce qui est faux. A l’inverse, Awa Guindo, enseignante de profession, regrette d’avoir subi cette pratique et pour cause, elle évoque les conséquences néfastes sur son intégrité physique : « J’ai fait deux maternités difficiles, finalement, on m’a conseillé de ne plus tomber enceinte pour ne pas mourir ». A chaque accouchement, les sages femmes étaient obligées de procéder à  une intervention chirurgicale au niveau du vagin. Une étudiante de la Faculté de médecine nous confie qu’elle subit des perturbations de son cycle menstruel dues à  l’excision. Lamine Traoré, professeur d’Anthropologie à  l’Université de Bamako et responsable du programme de Lutte contre l’excision, a souligné que les enquêteurs envoyés à  l’intérieur du Mali ont été ‘’arrosés » d’injures par les locaux pour avoir abordé l’idée de l’abandon de la pratique. Mais, la situation s’améliore sur le terrain… Notons que dans sa politique de lutte contre l’excision, le gouvernement malien a rendu gratuit le traitement des complications causées par l’excision.