Ramadan 2012, la flambée des prix maîtrisée

D’habitude, les prix des denrées de premières nécessités prennent l’ascenseur pendant le temps de la soudure et le Ramadan qui constituent par excellence une période dispendieuse. Les pouvoirs publics semblent prendre des mesures plus austères pour que le consommateur n’en souffre pas. l’angoisse des hausses des prix et des pénuries de denrées alimentaire fait frissonner les ménages, et cette fois ci, la crainte des consommateurs est d’autant grande que la situation politico- institutionnelle s‘y greffe. Ajouté à  cela la crise alimentaire qui est une émanation de la mauvaise pluviométrie. Dans le souci d’atténuer la crainte des consommateurs, le Gouvernement s’est résolu à  engager des actions. En effet, depuis le 8 mai, 118 opérateurs économiques bénéficient de mesures d’exonération sur les produits de grande consommation, à  savoir le riz et le sucre. l’opération se poursuivra jusqu’au 8 Août prochain. Exonérations Ainsi, les 118 opérateurs ont apposé leur signature au bas d’un document qui permettra de ne pas payer des droits de douane et de la TVA. Pour le riz, en temps normal, les importateurs payaient 31, 28% de la valeur en droits et taxes. Avec l’exonération, ils ne paieront que 2%. s’agissant du sucre, les droits et taxes étaient fixés à  105% de la valeur contre 2%. Le cahier de charge fixe le kg de sucre à  515 F cfa pour les grossistes et 540 F cfa pour les détaillants. s’agissant du riz, son prix est fixé à  315 F cfa par Kg (grossiste) et 340 chez les détaillants. Selon la Direction générale de la société Grand distributeur de céréales au Mali (GDCM), bénéficiaire de l’exonération « Nous ne cherchons pas à  faire des bénéfices. Nous voulons ainsi contribuer à  soulager notre clientèle… ». Pour les pouvoirs publics, la tendance actuelle est plutôt rassurante. « Depuis le lancement des opérations d’exonération, le rythme des importations s’avère satisfaisant. A ce jour, 65% de la demande pour le riz est acheminé soit 78 000 tonnes alors que pour le sucre 21% du besoin est importé. Ce qui est important, C’’est la stabilité que les prix affichent sur le marché », souligne le directeur de la Direction nationale du commerce et de la concurrence (DNCC). Hausse ou pas, en tout cas, pour l’heure, le rapport hebdomadaire de la DNCC, les prix la situation des stocks est rassurante et les pris affichent déjà  une stabilité. « Les marchés, dans leur ensemble, sont correctement approvisionné et les prix affichent une certaine stabilité ».

Exonération du riz et du sucre au Mali : petites « magouilles » entre amis…

L’initiative est certes salutaire, mais le processus adopté est teinté de favoritisme, d’o๠le ras-le-bol de certains opérateurs économiques de la place. Le Gouvernement malien voudrait-il une fois de plus renflouer les caisses de «Â ses »Â opérateurs économiques ? A l’aune du mois de Ramadan, le marché malien du riz s’affole, le sucre est inabordable, le lait et l’huile deviennent plus que jamais des produits de luxe. C’est pourquoi, comme d’habitude, le Gouvernement met en place un dispositif financier permettant aux Maliens d’accéder à  ces denrées à  moindre coup. C’’est donc ainsi qu’il vient d’accorder des exonérations pour 60.000 tonnes de riz. Mais, la répartition de cette quantité pose déjà  problème. « Il n’y a aucune transparence dans l’attribution des exonérations. Le Gouvernement garde une main trop lourde sur le dossier. Le Ministre du Commerce et de l’Industrie choisit à  la tête du client, au mépris de tous les principes de transparence ». Le coup de gueule de M. Sylla, opérateur économique, en dit long sur la mafia qui règne sur ce dossier, qui semble constituer un fonds d’enrichissement illicite pour certains cadres et une catégorie d’opérateurs économique triée sur le volet. En clair, les 60.000 tonnes en question devraient être partagées entre les opérateurs économiques du secteur du riz et de façon équitable. C’’est une exigence de bonne gouvernance qui l’impose. Au Gouvernement, version Kaà¯dama, les notions élémentaires de bonne gestion sont arbitrairement ignorées. Favoritisme Selon notre source, C’’est le Ministre du Commerce, Mme Niamoto Ba qui a, elle-même choisi, ses «clients» : Bakoré Sylla, Modibo Kéà¯ta, Amadou Djigué, etc, sont des «Â requins » au sein de ces opérateurs économiques qui préservent jalousement leur monopole sur les importations de riz exonérés. «C’’est une affaire de magouilles. Le Gouvernement n’a pas le droit d’exclure sans preuve une catégorie d’opérateurs économiques et privilégier une autre. Nous payons nos impôts, nos travailleurs sont inscrits à  l’INPS ; nous participons à  la lutte contre le chômage. Nous aimons notre pays, mais pourquoi donc nous exclure des avantages liés à  notre domaine ? C’’est tout simplement inadmissible», s’insurge M. Sylla. Pour lui, malgré les avantages accordés à  ces opérateurs très particuliers, le marché du riz continue de flamber au désespoir général de tous les consommateurs en général et des musulmans en particulier au nom desquels l’Etat renonce à  ces droits. La Chambre de Commerce ignorée Pourquoi le Gouvernement isole systématiquement la Chambre du Commerce et d’Industrie du Mali (Ccim) ? En effet, il appartient à  la CCIM qui est une institution légitime de gérer des questions relatives au commerce. Malheureusement, elle aussi est totalement muette sur les abus dont elle est victime de la part du Gouvernement. En plus de la CCIM, il y a le tout puissant Groupement des commerçants détaillants qui, lui aussi, avait son mot à  dire. Hélas ! «Â Par rapport au sucre également, le phénomène est pire qu’une mafia japonaise », nous a confié un autre opérateur économique de la place. Car, dit-il, le Gouvernement impose aux opérateurs économiques de s’approvisionner chez le producteur national de sucre, SUKALA. Or, ici, les jeu est déjà  défini, et pour cause, en dehors de Bakoré Sylla et de Modibo Kéà¯ta, aucun autre commerçant n’a accès à  ce sucre. «Chaque année, on nous fait savoir que la production de l’usine est totalement achetée par ces deux gros clients. En réalité, ils passent une commande pour toute la quantité produite et celle à  produire, alors que la canne à  sucre n’a même pas encore germé. Mais, ce qu’on ne sait pas, C’’est qu’en réalité, il s’agit d’un commerce virtuel. Aucun sous n’est versé à  l’usine avant que les opérateurs n’aient reçu et vendu leur produit. Ainsi donc, les autres opérateurs du secteur sont obligés ou d’acheter chez les deux aux prix imposés, ou d’importer en payant les droits de douanes qui s’élèvent à  50.000 FCFA la tonne. Impossible donc de concurrencer le sucre de Bakoré et de Modibo. Dans ces conditions donc, l’Etat tombe encore dans une camorra animée par de redoutables barons. Le système est pourtant bien connu de nos autorités qui, on l’espérait, allaient prendre des mesures adéquates pour réparer cette injustice qui frappe la majorité des commerçants qui, pourtant honorent tant bien que mal leurs engagements fiscaux vis-à -vis de l’Etat ».