Explosion à Bamako : un « projet d’attentat de grande envergure »

l’explosion s’est produite aux environs de 8h du matin ce vendredi, dans un domicile privé, sis dans le quartier périphérique de Sirakoro Méguétana. Elle a causé la mort d’une personne, le gardien de cette résidence appartenant à  un ressortissant burkinabé. l’homme, arrêté sur le site de l’explosion, aurait révélé qu’il s’agit d’un « attentat de grande envergure qui se préparait » dans cette maison, rapporte une source sécuritaire. Un propriétaire connu de la police Trois civils membres du voisinage ont été blessés, selon la police et la déflagration a détruit en partie la maison. Le secteur a été bouclé par les forces de l’ordre, et des experts de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), dont des démineurs étaient visibles sur place dans l’après-midi. Selon la police, l’explosion a été causée par la manipulation d’engins explosifs. « A l’intérieur de la maison, il y avait plusieurs détonateurs (…) l’explosion a été causée par la manipulation de ces détonateurs », avait auparavant expliqué à  l’AFP Moussa Diallo, inspecteur de police présent sur les lieux. « Nous nous interrogeons sur le lien possible entre cette maison de Sirakoro et le camp de Samanko, o๠des armes ont été découvertes (début mars, ndlr) avant l’attentat contre un bar-restaurant de Bamako », le 7 mars a déclaré un responsable de la gendarmerie. Le gouvernement a publié en fin de journée un communiqué dans lequel il rappelle les constatations faites sur place par les enquêteurs. On y apprend que « les services spécialisés ont relevé dans les décombres la présence de composants explosifs dont les origines et la nature seront déterminées par lesdits services » et que « le propriétaire de la maison indiquée répond au nom de Monsieur Kindé Alhassane ». Il s’agit d’un commerçant qui opère dans le commerce de composants chimiques utilisés dans l’orpaillage et ayant des antécédents judiciaires au Mali.

Les Etats Unis de nouveau frappés par un drame

Le souffle de l’explosion a touché de nombreuses habitations alentour et envoyé une boule de feu d’une trentaine de mètres de large dans l’air. « C’est comme si une bombe nucléaire avait explosé », a déclaré sur CNN Tommy Muska, le maire de West, localité de quelque 2.500 personnes dans laquelle a eu lieu le drame. L’explosion s’est produite mercredi peu avant 20H00 (01H00 GMT jeudi) dans l’usine West Fertilizer, selon Don Yeager, porte-parole des pompiers. Il a précisé que son origine n’avait pas encore été déterminée mais qu’elle pourrait être due à  de l’ammoniac. Les médias américains ont avancé des bilans très variables pour l’explosion de West. Une chaà®ne de télévision locale a évoqué le chiffre de 60 à  70 morts. Interrogé au cours d’un point de presse sur ce chiffre, D. L. Wilson, porte-parole de la Sécurité publique du Texas, a répondu: « Je ne peux ni confirmer ni démentir ». « Il y a des morts. Le nombre n’est pas définitif. Il pourrait augmenter rapidement. Les recherches sont en cours ». « Les pompiers ne luttent pas contre le feu pour le moment… Ils sont sur la zone mais ils ne peuvent s’approcher en raison des fumées toxiques qui s’échappent », a-t-il expliqué. « C’est une scène de dévastation », a déclaré de son côté Patrick Swanton, de la police de Waco, soulignant que l’origine de l’incendie était inconnue et qu’il était impossible à  ce stade de dire s’il s’agissait d’un accident ou d’un acte criminel. « La situation évolue en permanence », a de son côté déclaré à  l’AFP Josh Havens, porte-parole du gouverneur du Texas. « Dès que le feu sera éteint et que les équipes pourront évaluer la situation sur l’usine et dans les alentours, nous en saurons plus », a-t-il ajouté, sans donner de bilan. Les blessés ont été conduits vers différents hôpitaux de la région. « J’ai été mis à  terre. C’est comme si la route s’était soulevée », a raconté sur CNN Cheryl Marich, dont la maison a été détruite et dont le mari était parti lutter contre le feu. Un autre témoin, Bill Bohannan, a raconté que « toutes les habitations sur environ quatre pâtés de maisons ont été soufflées par l’explosion ». Vendredi (le 19 avril) marque le 20e anniversaire de la fin du siège d’une secte à  Waco, au Texas, qui avait coûté la vie à  76 personnes. Et ce sera aussi la commémoration de l’attentat d’Oklahoma City, qui avait vu un sympathisant du Mouvement des miliciens, une organisation d’extrême droite, tuer à  l’explosif 168 personnes dans un immeuble du gouvernement fédéral, le 19 avril 1995. Ce drame intervient deux jours après l’attentat qui a été perpétré sur la ligne d’arrivée du marathon de Boston (nord-est), et qui a fait trois morts et 180 blessés lundi.

Attentat contre l’ambassade de France : la main d’Aqmi?

Le Sahel est devenu une zone dangereuse pour les Français. En août 2009 à  Nouakchott, capitale de la Mauritanie, un jeune homme s’était fait exploser près de l’ambassade de France, blessant légèrement deux gendarmes français et une Mauritanienne. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué cet attentat dans lequel le kamikaze mauritanien avait péri. l’incident intervenu mercredi soir à  Bamako semble différent, dans la mesure o๠la bonbonne de gaz n’a pas été actionnée, contrairement aux premières infos diffusées, et le terroriste n’avait visiblement pas l’intention de se suicider. Dans un communiqué officiel de quelques phrases, le ministère malien de la Sécurité a simplement annoncé hier dans la soirée: «Vers 19 heures (GMT) ce mercredi, un individu de nationalité étrangère a fait exploser une bonbonne de gaz devant l’ambassade de France à  Bamako, faisant deux blessés légers parmi les passants». «L’individu également armé d’un pistolet n’a pas pu faire usage de son arme. Maà®trisé par les forces de sécurité, il est actuellement interrogé par la brigade anticriminelle de Bamako», a ajouté le ministère. Cet homme «de nationalité tunisienne», «s’est revendiqué d’Al-Qaà¯da» devant les policiers. Des dispositions sécuritaires ont été prises et par prudence, le Lycée français n’a pas ouvert aujourd’hui. l’information a bien entendu vite fait le tour de la capitale, et tous se posent la même question : comment est-ce possible et de quoi cela augure-t-il ? Acte isolé ou attentat planifié ? En se revendiquant d’AlQaida, l’auteur de cette attaque laisse peu de doutes sur ses intentions. La France avait été maintes fois menacée ces derniers temps par la nébuleuse terroriste, notamment depuis son intervention militaire sur le sol malien en juillet 2010 pour faire libérer Michel Germaneau, otage français détenu par Aqmi. Les appels à  frapper des intérêts français dans le monde s’étaient multipliés, sans que la France n’ait cédé à  aucune des revendications, qui portaient notamment sur l’abrogation de la loi qui interdit la burqa dans les lieux publics. Cela dit, l’attentat d’hier n’a pas encore été revendiqué officiellement par Aqmi. Alors, l’homme qui dit se nommer Sennoun Béchir est-il un éclaireur ? l’homme est-il tout simplement un malade qui a voulu se faire remarquer à  travers un coup d’éclat ? L’ambassade de France était-elle spécifiquement visée ? Ou était ce juste un test pour évaluer le dispositif sécuritaire existant ? Ou encore cette explosion a-t-elle un lien avec l’affaire des otages français retenus dans le nord-est du Mali par Aqmi? Le climat actuel pousse à  prendre en considération toutes ces options. Le Mali, indexé comme le maillon faible dans la lutte contre les réseaux terroristes, vient une nouvelle fois de faire parler de lui. Coà¯ncidence ou pas, le président de la République se rend aujourd’hui au Nord du pays, à  Tombouctou, pour l’ouverture du Festival du désert. Il s’agissait pour Amadou Toumani Touré de montrer que la situation était sous contrôle et que la sécurité était garantie dans cette partie du pays, devenue depuis quelques années, fief des narcotrafiquants et autres islamistes preneurs d’otages. Occasion ratée de rassurer les touristes et autres étrangers qui rechignent désormais à  se rendre au Mali, placé sur liste rouge par certains pays occidentaux. La situation ne risque en tout cas pas de s’améliorer et tout le monde attend la réaction des autorités, qui n’ont pas intérêt à  prendre à  la légère un évènement qui veut en tout cas dire une chose : la menace est dans nos murs, définitivement.