Commerce mondial : l’Afrique jouera-t-elle sa partition ?

Malgré une croissance importante du secteur des services, l’Afrique, qui compte 14% de la population mondiale, ne représente que 2,3% du commerce import et export. Avec une faible performance des investissements et des exportations basées sur des matières premières, dont il ne contrôle pas le prix, le continent doit imaginer une stratégie plus cohérente et plus globale afin de relever les défis face à des partenaires plus solides.

La nécessité d’une adaptation du commerce africain est d’autant plus cruciale que les investissements pour rendre ce secteur plus performant ont encore baissé. Avec des exportations de combustibles fossiles dont le monde « ne veut plus » et une faible offre de produits manufacturés, qu’elle importe majoritairement, l’Afrique reste exposée aux aléas des crises qui touchent le commerce mondial.

Les investissements sur le continent, qui constituent le « miroir » du commerce, sont centrés sur les mines et, dans ce domaine, les investissements directs étrangers (IDE) provenant d’Europe en direction de l’Afrique ont représenté 47%, les produits manufacturés 41% et les finances 11% entre 2013 et 2020.

En ce qui concerne le commerce intra africain, les exportations de matières premières ont représenté 36%, les produits manufacturés 45% et les produits alimentaires 19%. Les importations ont quant à elles représenté pour les matières première 68%, pour les produits manufacturés 20% et pour les produits alimentaires  12% des échanges. Les produits échangés à l’intérieur du continent sont principalement les céréales, fruits et légumes.

Prises individuellement, les économies sont relativement petites et donc, pour développer le commerce, le marché unique est une opportunité importante. « Le profil commercial du continent est risqué », estime le Professeur David Luke, Professeur en pratique et Directeur stratégique du Firoz Lalji Institute pour l’Afrique.  « Construire des économies résistantes ne peut se faire en ne comptant que sur les produits de base », ajoute-t-il. L’exemple de la crise de la Covid-19 doit à cet égard servir de leçon. En effet, alors que le reste du monde amorçait sa remontée, l’Afrique devait envisager sa résilience.

Meilleure structuration

Dans le domaine des exportations, l’Union européenne est le premier partenaire du continent avec 26%, suivie de la Chine 15%. Le commerce intra africain représente 18%, les États Unis 5%, le Royaume Uni 3% et les autres partenaires 34%. L’Afrique étant un partenaire avec plusieurs spécificités, cela peut compliquer sa situation. Le partenaire européen doit donc être « considéré comme une entité économique ».

À l’OMC, « on doit imaginer l’interaction devant exister avec l’Afrique. Et les décideurs africains doivent être précis sur la manière de rendre les règles flexibles pour le continent ». Les pays africains doivent au-delà de parler d’une voix et avoir une stratégie bien pensée de la manière de traiter avec les autres.

Filière mangue au Mali : un vrai potentiel économique

Ces fruits sont confrontés à  l’exportation à  des contraintes d’ordre sanitaire et phytosanitaire « La mangue, avec une production annuelle de plus de 300 000 tonnes, est le premier fruit d’exportation avec 12 000 tonnes exportées en 2008 dont le tiers vers les pays de l’Union européenne (UE) » : le constat est établi par Adama Coulibaly, conseiller technique au ministère de l’Agriculture qui présidait hier à  l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA), le lancement du Projet d’appui à  la maà®trise des risques sanitaires et phytosanitaires au niveau de la filière mangue d’exportation. La cérémonie s’est déroulée en présence du directeur général de l’ANSSA, le Dr Youssouf Konaté, du président du Comité directeur du projet et coordinateur du Programme de compétitivité et diversités agricoles (PCDA), le Dr Gagni Timbo, et d’autres acteurs de la filière.Les experts et les autres acteurs ont établi que la filière mangue fait actuellement face à  des contraintes réelles. Celles-ci sont d’ordre sanitaire et phytosanitaire. Notre pays disposant d’un énorme potentiel dans ce domaine précis, il y a donc nécessité, et surtout urgence, d’agir pour une meilleure maà®trise des risques sanitaires et phytosanitaires liés à  ce produit. Concrètement, des actions doivent être menées pour améliorer la filière et rendre nos mangues encore plus compétitives sur le marché international. Il faut aussi renforcer l’infrastructure nationale de maà®trise des risques sanitaires et phytosanitaires pour améliorer l’accessibilité de nos mangues d’exportation au marché mondial. Des efforts sont accomplis dans ce sens depuis quelques années mais il faut maintenir le cap sur le renforcement des capacités de la filière avec l’implication de l’ensemble des acteurs et partenaires concernés. Améliorier la filière Dans cet objectif, l’ANSSA et le PCDA sont des acteurs majeurs qui s’inscrivent dans un partenariat avec les autres acteurs notamment les entreprises d’exportation et les organisations professionnelles de la filière. A ce niveau, les responsables de ces structures ont pris la mesure des enjeux réels. Le directeur général de l’ANSSA a confirmé l’intérêt accordé à  au développement de la filière mangue et à  l’exportation de nos mangues par les différents acteurs. Dans l’amélioration des filières de production agricole, le PCDA multiplie les initiatives et les actions pour promouvoir les filières à  vocation commerciale et porteuses de croissance et d’investissement. A ce propos, le président du comité directeur du projet a rappelé la sélection d’un portefeuille de filières d’intervention comprenant également des filières à  consolider et à  paramétrer, notamment celle de la mangue. Gagni Timbo a expliqué que pour chacune des filières, le PCDA a préparé, en rapport avec les acteurs concernés, un plan d’actions prioritaires devant servir de tableau de bord pour la réalisation des investissements. Le Projet d’appui à  la maà®trise des risques sanitaires et phytosanitaires de la filière mangue planchera sur des problématiques essentielles. Il travaillera ainsi sur l’harmonisation des normes adoptées dans la filière et des textes législatifs nationaux avec les normes à  l’échelle internationale et la finalisation et l’adoption du système de traçabilité des mangues. Le renforcement des capacités des acteurs et leur accompagnement dans l’implémentation des mesures figurent aussi parmi les priorités du projet. Adama Coulibaly a noté que nos textes législatifs et réglementaires ne sont pas toujours en harmonie avec les normes internationales applicables, les procédures et critères d’évaluation de la conformité des produits. La compétitivité croissante au niveau des marchés d’exportation de la mangue ne laisse, a-t-il averti, aucune place aux origines ne faisant pas l’effort de maà®triser les risques sanitaires et phytosanitaires. Le projet qui résulte d’un partenariat public-privé, entend être un exemple dans la mise en œuvre de bonnes pratiques d’hygiène et de production, mais surtout du dispositif d’auto-contrôle.

Comptes extérieurs du Mali : Les exportations ont atteint 935 milliards de FCFA en 2008

L’Hôtel Salam a abrité, le jeudi 8 avril, la journée annuelle de diffusion de la balance des paiements au Mali. Organisée par la BCEAO, cette deuxième édition a été marquée par la présentation et l’analyse des résultats des comptes extérieurs au titre de l’année 2008, suivie des discussions sur le thème de « l’Analyse de l’évolution des investissements directs étrangers dans les pays de l’UEMOA ». La balance des paiements est un instrument fondamental pour l’analyse, la décision et la formulation des politiques économiques. Paradoxalement, cet instrument est peu connu des décideurs politiques et des acteurs du secteur privé. D’o๠l’institution, depuis l’an passé, d’une journée annuelle dédiée à  la diffusion des comptes extérieurs. Cette initiative vise à  familiariser les acteurs de la vie économique nationale aux concepts de la balance des paiements et renforcer le dialogue entre les secteurs public et privé dans le cadre de l’analyse économique, la définition des politiques économiques, notamment l’amélioration durable de la position extérieure. La balance des paiements résulte de la compilation des statistiques sur les échanges économiques et financiers avec l’extérieur, fournies par l’ensemble des acteurs économiques, publics et privés confondus. Selon le Directeur national de la BCEAO pour le Mali, l’élaboration de la balance des paiements est confrontée à  trois grandes difficultés. En premier lieu, des lacunes sont observées au niveau des données. Ainsi, les statistiques douanières sont souvent incomplètes et la portée des enquêtes auprès des entreprises est parfois limitée. Les données du système bancaire sont généralement plus complètes alors que les transactions financières sont parfois réglées hors du système bancaire, dont les données sont alors loin d’être exhaustives. La deuxième difficulté tient à  la sous-évaluation des transactions, d’o๠la nécessité de procéder à  des recoupements. La troisième difficulté porte sur l’évaluation du prix du marché comme recommandé dans le manuel.  » Nonobstant ces limitations, la balance des paiements est un outil indispensable pour la politique économique. Ses rubriques et ses soldes, par l’importance et le signe des montants qu’ils enregistrent, informent, d’une part, sur la participation d’une économie aux flux d’échanges internationaux et, d’autre part, sur sa structure et sa situation conjoncturelle « , a-t-il précisé. A le croire, pour la BCEAO , l’enjeu est la préservation d’un niveau confortable de réserves de changes afin de défendre la valeur externe de notre monnaie commune, de faire face aux besoins d’importations des agents économiques et de couvrir les besoins de règlement du service de la dette extérieure. b L’or, le coton et les animaaux vivants ] l’analyse des résultats des comptes extérieurs du Mali au titre de l’année 2008 par la BCEAO , fait apparaà®tre que les principaux produits d’exportation ont été l’or avec près de 70%, le coton pour 10% et les animaux vivants avec 5,5%. Les exportations ont atteint 935 milliards de FCFA en hausse de 26% par rapport à  2007. l’orientation géographique des exportations fait ressortir trois grandes destinations. A savoir, l’Afrique avec 86,7%, l’Asie 7% et l’Europe 5%. Pour les importations, le Mali a été le premier fournisseur de l’Afrique avec plus de 40% dont 96,7% pour la seule zone UEMOA, l’Europe pour près de 30% et l’Asie avec moins de 20%. Par ailleurs, les transferts des migrants ont enregistré une augmentation de 16% pour un montant global de 141,3 milliards de FCFA. Pour sa part, la représentante du ministre de l’Economie et des finances, Mme Assitan Kouyaté, a souligné que le Mali, à  l’instar de tous les pays de l’UEMOA, a un besoin immense d’investissement pour amorcer son décollage économique. A la croire, l’Etat réalise sa part d’effort dans la réalisation de ces investissements, mais ses ressources sont limitées. Le secteur privé malien, bien qu’étant particulièrement dynamique, manque également de ressources nécessaires pour la réalisation d’investissements structurants. Le recours aux capitaux privés étrangers, notamment sous leur forme la plus stable, à  savoir les investissements directs, permettra de pallier ces insuffisances. « A cet égard, le Gouvernement du Mali fournit beaucoup d’efforts pour mettre en oeuvre les réformes institutionnelles et administratives permettant de créer un cadre propice à  ces investissements. Ces efforts concernent l’amélioration du cadre juridique et réglementaire des investissements (relecture du code des investissements, aménagement de zones industrielles), la création d’un environnement des affaires compétitif (réduction des délais de création d’entreprises, ouverture du guichet unique pour la création d’entreprises) », a indiqué Mme Assitan Kouyaté.