Liberté de la presse au Mali: ce qu’en pensent les journalistes

Alexis Kalembri, directeur de publication « Les Echos » : « La liberté de la presse au Mali est très menacée du fait des multiples représailles contre les journalistes. Il y a aussi chez beaucoup de journalistes, un sentiment de se retenir, de s’auto censurer. Il y a un grand espoir pour cette année 2013, comme l’a dit le ministre de l’information, nous sommes le dernier rempart. C’’est vrai que le rempart est fortement attaqué mais nous ne devons pas céder. Le fait que pour une fois, l’ensemble des professionnels de la presse fédèrent pour organiser une journée (rencontre au CICB ce 3 mai ndlr). Ceci montre la volonté de vouloir faire bloc et de se donner mutuellement courage pour avancer ». Mamoudou Bocoum, directeur de la radio Kaounal de Mopti : « Je crois qu’au Mali, la liberté de presse souffre de tous les maux. Puisque la presse a connu toutes sortes de violences surtout ces derniers temps. Des inculpations aux agressions, on aura tout vu ici au Mali. Dans le classement de reporters sans frontière, notre pays a perdu des places, de 25e, nous nous retrouvons 99e. Ceci constitut un véritable danger pour la liberté d’expression et la démocratie ». Doussou Djiré, journaliste à  l’Essor, quotidien national : « La liberté de la presse est fondamentale pour l’existence des journalistes. Jusqu’à  présent cette liberté n’est pas effective au Mali. Le cas de l’emprisonnement de notre confrère Boukaru Daou est un exemple récent. Mais nous souhaitons qu’elle le soit car la liberté est notre arme de travail, elle est notre fondement. Il faut savoir que le rôle de la presse est essentiel dans le développement d’un pays malgré ce que peuvent penser les gens. Nous informons malgré les risques, nous sensibilisons et nous formons aussi. On est au 21e siècle, le journaliste ne doit plus être enfermé pour ses opinions ». Ibrahim Famakan Coulibaly, président de l’UNAJOM (Union Nationale des Journalistes du Mali) : « On ne peut pas dire que la liberté de la presse est effective au Mali. Avant on avait trop de liberté, cet excès de liberté a dégringolé et nous sommes arrivés au niveau zéro puis au niveau moins. Cela veut dire que rien ne va. La faute n’est pas qu’aux autorités. La journée de la presse constitue un jour d’auto-évaluation et d’auto critique pour le journaliste. Il faut respecter l’éthique et la déontologie. Les journalistes ont subi des cas graves de violations dans notre pays. Je pense qu’avec tout cela, chacun a pris conscience. Les journalistes se doivent de respecter le public et vice versa ». Rokia Diabaté, journal « Le prétoire » : « Le Mali traverse une période assez difficile. Cette 20e édition de la journée de la presse est célébrée dans un contexte de double crise. La liberté de la presse est assez fragilisée et vulnérable au Mali, pour preuve ce que notre confrère Boukary Daou du « Républicain » vient de traverser. Il s’agit pour nous de faire table rase sur tous ces événements pour voir comment la presse malienne peut faire un grand saut en avant par rapport aux difficultés qu’elle vient de traverser et de voir les défis à  relever».

Journée sans presse au Mali

Aujourd’hui, c’est journée sans presse au Mali. En effet, plusieurs organisations de médias du Mali ont décrété ce mardi 17 juillet «journée sans presse», en réaction à  l’agression du fondateur et directeur de publication de l’Indépendant, M. Saouti Haà¯dara, dans la nuit du 12 au 13 juillet dernier. Cette action a été décidée le vendredi 13 juillet après une réunion des responsables des organisations comme la Maison de la Presse du Mali, l’Union des radiotélévision libres du Mali ( URTEL), Union nationale des journalistes du Mali (UNAJOM), l’ Association des Editeurs de la presse privée du Mali (ASSEP), l’ organisation des jeunes reporters du Mali (OJRM) et le Groupement patronal de la presse écrite (GROUPE). Une marche de protestation est en cours en ce moment même. Elle est partie à  9 heures du siège de l’Indépendant, à  coté du cimetière de Lafiabougou (ACI 2000). « Suite à  l’agression sauvage de Saouti Haà¯dara par des individus armés et encagoulés, les associations et organisations professionnelles de la presse, à  travers la Maison de la Presse du Mali, invitent tous les journalistes et démocrates à  une marche pacifique de protestation, le mardi 17 juillet en direction de la Primature », a déclaré Kassim Traoré,président de l’OJRM. Non assistance à  journalistes en danger Même son de cloche du coté de la maison de presse du Mali o๠les mesures iront jusqu’à  une plainte contre le gouvernement de transition. « Ce gouvernement est en charge de notre sécurité, il doit protéger l’ensemble des journalistes. Les militaires eux ne sont plus dans le système et ont accepté le retour à  l’ordre constitutionnel au Mali. A l’issue de la journée sans presse du 17 juillet, nous irons remettre une déclaration au Premier ministre, afin que le gouvernement prenne sa responsabilité dans cette affaire et nous donne une garantie de sécurité. C’est comme ça que la liberté de la presse au Mali sera sauvegardée au Mali. Nous avons même commis un avocat, Me Magatte Sy, pour suivre le dossier. » Confirme Mankan Koné président de la maison de presse du Mali. Au delà  d’un mouvement de solidarité à  l’égard de leur confrère de L’Indépendant, les organisateurs entendent envoyer un signal fort aux acteurs de la transition au Mali. « Les autorités doivent offrir des garanties de sécurité aux journalistes » conclut Mankan Koné.

Le Regard de Fatoumata : La liberté d’expression !

Rappelez vous le monde à  une certaine époque : tant de personnes ont étés exécutées parce que leur simple opinion allait à  l’encontre de certaines lois. En effet, Galilée s’est fait emprisonner parce que ses découvertes contredisaient certaines conceptions de l’église catholique. La liberté d’expression nous permet de dire ce que l’on pense d’un sujet. Du moment qu’un sujet nous intéresse et que nous avons un avis sur la question, nous avons le droit de l’exprimer. En ce siècle, ne pas faire valoir ce droit revient à  ne pas respecter le souvenir de toutes les personnes qui ont donné leur vie pour cette modeste cause. On peut tous changer le monde! Cela commence juste par dire ce qu’on pense. Si notre opinion ne comptait pas, nous n’aurions pas à  voter et la société resterait figée. Nous serions fatalistes : C’’est comme ça on n’y peut rien! Mais, il n’en est pas ainsi. De nos jours, il existe des syndicats pour défendre les droits des travailleurs qui sont le résultat de la lutte ouvrière. Regardez juste autour de vous, si tout le monde s’était tu, les êtres humains ne seraient pas jugés comme étant égaux. Donc, nous n’aurions pas le droit d’aller dans les mêmes écoles, de se marier avec la personne de notre choix, de travailler dans le secteur que nous avons choisi. Pourtant, dans certains pays du monde cette liberté n’est toujours pas acquise. Certaines personnes doivent se cacher pour exprimer leur opinion, mais une fois découverte, les conséquences sont inimaginables. Dans ces pays là , la prise de parole est une lutte quotidienne. Cependant, dans les sociétés occidentales, se taire quand on a un tel pouvoir, peut être associé à  un acte de lâcheté. Ceux qui choisissent de se taire, alors qu’un seul mot de leur part pourrait changer bien des choses, ne se rendent pas compte du pouvoir de la parole. La liberté d’expression va de pair avec celle de la presse. Un pays qui censure les médias parce qu’ils divergent de la politique mise en place par les dirigeants, empêche ses citoyens de voir les différents aspects d’un même fait. Regardez les publicités des campagnes américaines : beaucoup les trouvent agressives. Cependant, elles sont aussi très révélatrices. De nos jours, il est fréquent d’entendre des paroles de chansons contenant beaucoup de propos vulgaires qui sont malheureusement exposées à  l’ouà¯e de tous. Cependant, il est important d’accorder un temps à  la réflexion et de différencier cet excès de familiarité et la vie réelle. Chacun à  le droit de dire ce qu’il pense, mais le récepteur du message doit réfléchir à  ce qu’il doit en faire. Tout être humain dispose d’une liberté de penser et d’agir. De ce fait, l’industrie musicale n’est pas la seule à  blâmer : tout adulte doit être tenu responsable de ses actes. Si dans une chanson, il est dit que le ciel est jaune, alors qu’il ne l’est pas, nous saurons quoi faire de ce message. Le seul problème qui se pose est quand les destinataires ne sont pas des adultes mais des mineurs. Ces derniers n’ont pas la maturité requise pour analyser le message, donc le contenu peut sérieusement affecter leur jugement. Tout ce que qui est dit ne peut pas être vrai, il faut souvent se fier à  son esprit critique. Aujourd’hui, il est courant de voir dans le domaine politique des candidats se discréditer mutuellement. Est-ce nécessairement une mauvaise chose? Non, empêcher une personne de dire ce qu’elle pense, ce serait comme l’empêcher de vivre : la liberté d’expression est un droit fondamental. Mais, il est à  noter que la diffamation peut faire objet de poursuites judiciaires! Oui, il est possible d’exprimer ses pensées haut et fort, mais en faisant attention à  ne pas nuire aux autres. J’ai souvent entendu dire que la parole s’envole, mais les écrits restent. Toutefois, un proverbe dans mon pays met en garde sur le pouvoir immuable de la parole. On ne peut pas reprendre des mots déjà  prononcés. Pour preuve, les relations diplomatiques sont souvent interrompues à  la suite de propos tenus contre un pays. Des hommes et femmes se sont battus, et ce, des siècles durant pour qu’aujourd’hui nous pussions jouir d’une liberté d’expression. Cependant, il faut bien comprendre que cette même liberté peut être une arme à  double tranchant, car si on peut changer les choses positivement, on peut aussi le faire négativement. Ainsi, parfois, serait-il plus sage de se taire?

Liberté d’expression en Afrique : encore un long chemin à parcourir !

Le gouvernement algérien de Bouteflika s’est illustré ce 3 mai, Journée internationale de la liberté d’expression, en interdisant la parution du dernier roman de l’écrivain Mohamed Benchicou. En effet, sur instruction du ministre de la culture, Mme Khalida Toumi, le Directeur de la Bibliothèque nationale a refusé le dépôt légal du dernier roman de Mohamed Benchicou, «Â Le mensonge de Dieu » qui devait paraà®tre chez un éditeur algérois. Ce dernier avait introduit sa demande le 19 janvier dernier. «Â Le mensonge de Dieu », roman historique, va sur les traces du peuple algérien de 1870 à  nos jours à  travers les destins croisés d’une famille de combattants indigènes, insoumis et séducteurs. Le roman sort en librairie ce jeudi en France et au Canada chez les «Â Editions Michalon ». Contraire à  la constitution du pays A l’heure o๠la parole se libère partout dans le Maghreb et dans le monde arabe, le régime algérien vient de légaliser la censure en transformant une formalité administrative en «Â autorisation de paraà®tre », s’indignent dans la presse, les défenseurs des droits l’homme en Algérie.  «Â l’Algérie devient le seul pays dans le monde à  utiliser la délivrance du numéro d’ISBN, simple enregistrement dévolu à  la Bibliothèque nationale pour immatriculer les ouvrages afin d’en faciliter la gestion par les professionnels, en «Â permission d’éditer », a déploré l’auteur dans un communiqué publié dans la presse algéroise. «Â Mme le ministre de la Culture se substitue à  la justice de son pays, dont elle bafoue les lois, déplore Mohamed Benchirou. Qui précise que la censure d’une œuvre de création intellectuelle relève des prérogatives exclusives de l’autorité judiciaire, et non d’un ministre. La Constitution algérienne proclame dans son article 38 : l’auteur a, en effet, saisi toutes les instances nationales (Syndicat des éditeurs du livre, SNJ…) et internationales (Unesco, Organisation mondiale des écrivains, presse internationale…)   à  propos de cette nouvelle censure d’un autre temps décidée à  la veille de la célébration de la Journée internationale de la liberté d’expression. Des efforts au Mali La nouvelle de cette censure a indigné les défenseurs des droits de l’homme. Elle relance, une fois de plus, le débat sur le respect de la liberté d’expression dans les pays africains o๠de nombreux journalistes et écrivains sont censurés, traqués à  cause de leurs idées. Beaucoup d’entre eux sont exilés, ou ont disparu dans des conditions non élucidés. Selon le rapport 2011 de Reporters sans frontières (RSF), 18 journalistes ont été tués à  travers le monde. l’exemple de notre confrère Norbert Zongo (de « l’Observateur Paalga » du Burkina Faso) en est une illustration parfaite. En Gambie, au Rwanda, en République démocratique du Congo (RDC), au Cameroun, etc. (pour ne citer que ces pays), la liberté d’expression a véritablement du chemin à  parcourir. Dans ces pays, plusieurs citoyens régulièrement victimes de chasse aux sorcières à  cause de leurs prises de positions. Au Mali, si des efforts sont à  saluer, certains cas d’emprisonnements de journalistes restent encore de mauvais souvenirs. En 2006, plusieurs journalistes et animateurs de la radio « Kayira » ont payé les frais de leur liberté d’expression à  Niono. l’affaire dite de « la maitresse du président », a occasionné l’emprisonnement de cinq journalistes maliens, une page sombre de notre démocratie. Le débat en cours pour la dépénalisation des délits de presse sonne ainsi aux yeux des observateurs, comme une réponse aux menaces sur la liberté d’expression au Mali.

Adame Ba Konaré : « Mobilisons-nous pour défendre notre continent meurtri et bafoué »

Ceux qui n’ont pas la liberté d’expression se battent pour l’obtenir ; ceux qui l’ont n’en usent pas. Telle me semble être le paradoxe de l’Afrique. Alors qu’ils clament urbi et orbi l’unité de leur continent, qu’ils ont créé une organisation -l’Union Africaine – pour affirmer leur volonté d’union, mieux faire entendre leurs voix, compter davantage et s’imposer, les Africains, mystérieusement et incompréhensiblement, en ces temps graves o๠quelque part le sort de leur continent se joue, restent silencieux. Une fameuse Communauté internationale, qui n’a d’international que par la volonté des puissances occidentales, s’agite pour expulser un «Â dictateur africain », au grand mépris de l’avis des chefs d’Etat africains et des Africains. l’Afrique est exclue d’un débat qui aurait dû être prioritairement le sien. Mais l’Afrique se tait : les chefs d’Etat se taisent ; les classes politiques et les sociétés civiles sont aphones ; même les «Â ELDERS » (le comité des sages africains) sont muets. Les quelques tentatives d’expression sont peu visibles. Nous avons appris, alors que d’autres grandes puissances – l’Allemagne, la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde – se sont abstenues, que trois pays africains, en l’occurrence l’Afrique du Sud, le Gabon et le Nigéria, ont voté, dans le mépris souverain de la résolution adoptée à  Addis Abeba par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, pour la résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies sur la zone d’exclusion aérienne en Libye, pour des frappes ciblées, contre un pays africain. A aucun moment, les puissances occidentales n’ont fait référence à  l’appartenance de ce pays à  l’Afrique. l’Union africaine, en tant qu’institution, était absente à  la réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Tout au long du débat, C’’est de ligue arabe qu’on a parlé et là  aussi, C’’est un pays arabe qu’on livre aux Occidentaux, en utilisant d’autres pays arabes. Insidieusement, on insiste sur la participation arabe, le parapluie arabe. Ce samedi, une réunion s’est tenue à  Paris regroupant des pays européens, arabes et nord-américains. A son honneur, l’Union Africaine a refusé d’aller à  cette rencontre. Quatre avions français, notamment, furent immédiatement déployés dans le ciel libyen : deux Rafale et deux Mirage. Puis ce fut le carnaval macabre, baptisé «Â Aube de l’odyssée », une coalition de cinq armées, frappant depuis les airs et la mer Méditerranée : France, Grande-Bretagne, Etats-Unis d’Amérique, Italie, Canada. Une véritable armada : en ce samedi déjà , 111 missiles Tomahawk furent tirés par des navires de guerre et des sous-marins britanniques et américains contre des sites libyens. Des grêles plus drus sont attendus. On nous assène solennellement que «Â le seul objectif est de venir en aide à  un peuple en « danger de mort », « au nom de la conscience universelle qui ne peut tolérer de tels crimes », qu’on ne fait que «Â protéger la population civile de la folie meurtrière d’un régime qui, en assassinant son propre peuple, a perdu toute légitimité. » (Dixit Nicolas Sarkozy.) Pendant ce temps, le mouroir palestinien est là Â ; il ne suscite nulle compassion de la part de notre fameuse communauté internationale et ne heurte nullement la «Â conscience universelle. » Un Internaute du site du journal «Â Le Figaro » écrivait: «Â je ne comprends pas. En Libye, des rebelles armés, ça s’appelle des «Â civils » et il faut les protéger. En Palestine, des gamins ramassent des pierres, ça s’appelle des terroristes. Comprend pas la différence de traitement. » Oui, cette différence de traitement, il faut qu’on nous l’explique. Il faut que l’on nous explique la politique de «Â deux poids deux mesures », non seulement en Palestine, mais aussi dans la situation des immigrés, et de bien d’autres situations dans le monde. Africains, la Libye est sous les feux de forces étrangères en quête de gloriole personnelle et de défense de leurs propres intérêts. De quelle légitimité politique, de quelle crédibilité morale, ces puissances qui ne tiennent pas leurs engagements, qui affament les peuples, pillent les ressources des pays, peuvent-elles se prévaloir ? Le pétrole et le gaz libyen sont-ils absents de leurs motivations? Ne veut-on pas régler aussi ses comptes à  Kadhafi pour des marchés non tenus, et pour avoir exigé un dédommagement au titre de la colonisation à  l’Italie, l’ancienne puissance coloniale ? De quelle révolution parlent-elles ? Qui ne se souvient de leurs amitiés et de leurs embrassades avec ceux qui sont tombés, Ben Ali et Hosni Moubarak ? Qui a déroulé le tapis rouge à  Khadafi dans sa capitale ? Qui lui a proposé des armes sophistiquées ? Dans quelles banques sont déposés ses fonds? Africains, la partition de la Libye est en marche. Bientôt peut-être, flottera, à  Benghazy, le drapeau de la Cyrénaà¯que, enjeu réel de toutes ces agitations, aux couleurs de la monarchie. A qui le tour demain ? Quel autre mets va nous servir cette organisation au fonctionnement anachronique que sont les Nations-Unies avec des privilèges datant d’une autre époque, notamment ce fameux droit de véto obsolète ? Africains, un de nos proverbes dit : «Â si tu tues ton chien méchant, celui d’autrui te mordra. » Africains, sont révoltantes, au plus haut point, les appétences bellicistes des Grands de ce monde, qui le pressurent selon leur volonté, tout simplement parce qu’ils en ont les moyens. Le plus paradoxal est qu’il ne se trouve, parmi leurs entourages, aucune voix pour en appeler à  la mesure, à  la sagesse, pour mettre le pointeur sur les conséquences de leurs actes sur le reste de l’Afrique et du monde. l’Afrique peut-elle continuer à  n’enregistrer qu’humiliations sur humiliations ? Malgré ses méthodes souvent étranges, le caractère contestable de ses théories, Khadafi n’aura-t-il pas été l’un des chantres de l’unité africaine ? N’a-t-il pas essayé d’apporter plus de ressources à  maints pays africains que nombre de puissances qui aujourd’hui le condamnent ? N’a-t-il pas soutenu les mouvements de libération et la lutte contre l’apartheid en Afrique ? Lui qui n’aime pas les partis n’a-t-il pas aidé des partis politiques en Afrique ? Certes tout cela ne saurait le dédouaner d’actes répréhensibles qu’il a pu commettre, tel que le soutien à  des mouvements terroristes ou la violence contre des populations civiles mais son sort peut-il être décidé en dehors de l’Afrique ? Certainement non. Je suis inquiète. Hurlons notre inquiétude, Africains, clamons nos opinions, nos appréciations. Mobilisons-nous pour défendre notre continent meurtri et bafoué. Ne laissons pas le monopole de l’expression à  nos seuls chefs d’Etat ; prononçons-nous en tant qu’opinion publique, à  travers nos partis politiques, nos sociétés civiles, nos intellectuels, nos jeunes et nos femmes. Surmontons nos peurs, nos misérables petits tas d’intérêts personnels pour nous tourner vers l’Afrique et seulement vers l’Afrique. Osons barrer la route à  la désintégration de notre continent, afin d’éviter sa recolonisation. Osons barrer la route au sectionnement de l’Afrique en Afrique noire et Afrique blanche. l’Afrique est une et indivise, de Tripoli au Cap, de Dakar à  Djibouti. Bamako, le 20 mars 2011.