Togo : Double marche à Lomé ce samedi

A l’issue du scrutin présidentiel du 4 mars, le président sortant Faure Gnassingbé a été reconduit à  la tête du pays avec 61% des voix, contre 34% pour son adversaire Jean Pierre Fabre. Dès le lendemain du vote pourtant, les deux hommes s’étaient autoproclamés vainqueurs. l’opposant Fabre déclarait avoir obtenu plus de 55% de voix. La contestation a donc été immédiate après la proclamation de la commission électorale nationale indépendante (CENI). Première marche interdite de l’UFC Le dimanche 7 mars, l’union des forces pour le changement (UFC), a tenu sa première marche de protestation à  Lomé. Une marche qui, il faut le dire, avait pourtant été interdite par le pouvoir en place. Ainsi, l’UFC était accompagné par toute la crème de l’opposition togolaise ce jour là . La manifestation avait alors réuni plusieurs centaines de personnes et l’on craignait le scénario de 2005 o๠il y eut environ 400 morts et des milliers de blessés pour les mêmes raisons. Cette journée, comme nous vous le disions tantôt, était vraiment à  haut risque. Cependant, il y eut plus de peur que de mal parce que, peu de personnes ont effectué le déplacement comme on s’y attendait. Il y a eu quelques véhicules, maisons et lieux de travail brulés par les manifestants et plusieurs blessés mais, pas de morts. Les forces de l’ordre ont dispersés la foule à  l’aide gaz lacrymogène. Deux marches, deux causes Les marches de ce samedi 13 mars divergent de part et d’autre. D’un côté, l’UFC qui continue de réclamer sa victoire volée, dit-elle par le RPT. Le parti au pouvoir (RPT) d’un autre côté, marche pour témoigner sa joie et son soutien à  son président Faure, reconduit à  la tête du pays.Chaque parti explique que les deux marches ne se croiseront pas puisque, les trajets n’étant pas les mêmes. Néanmoins, il y a de fortes chances que leurs chemins se croisent parce que le RPT terminera sa marche à  la place de l’indépendance et, la dite place se trouve sur la route de l’UFC. Une guerre de générations La situation politique au Togo, est beaucoup plus complexe qu’on l’imagine. Ce pays, à  l’image de nombreux de ses frères africains, vit sous un régime « dynastique ». Les Gnassingbé ont fait plus de quarante de règne. Le défunt président Gnassingbé Eyadema a dirigé d’une main de fer son pays. Préparant pendant ce temps, sa succession comme si l’on se trouvait sous un régime monarchique. Lorsque Eyadema est mort, les généraux togolais ont installé son fils Faure au pouvoir et cela, au mécontentement général de tous. En particulier, celui de son demi frère Kpatcha qui se croyait déjà  «héritier du trône». Les dissensions entre les deux frères, viennent de là  justement. Mais, cela n’empêchera pas Kpatcha de déployer les forces de l’ordre à  Lomé en 2005, après l’élection contesté de son frangin, pour mater la foule en colère. Ces répressions se solderont par des centaines et des centaines de morts. Il réussira donc à  maintenir Faure au pouvoir. Certains ont pour habitude de dire « en Afrique, on n’organise pas des élections pour les perdre.» Autrement dit, un président africain qui se représente au prochain scrutin, fait le maximum pour ne pas perdre la course à  la présidence. Les élections deviennent donc de simples formalités. C’’est le même cas dans de nombreux pays africains (Sénégal, Gabon, Congo…). En plus, cela se fait toujours avec la complicité de la communauté internationale (UE, UA, etc.). Quel dommage pour toi Afrique, qui te considère indépendante après 50 ans !