Sublime bazin, toxique harmonie des couleurs…

Depuis le début des années 90, le Mali est la plaque tournante de la production et de l’exportation de Bazin, un tissu fait à  base de coton et importé d’Allemagne. Toute la sous-région vient s’approvisionner en Bazin au pays d’Oumou Sangaré. C’’est la tenue que portent les maliens pour de grandes occasions ainsi que les grands griots du pays pour leurs cérémonies. Malheureusement, les fabricants ce trésor nationale, se soucient peu des effets des produits utilisés, sur la santé et l’environnement. Le procédé de fabrication du Bazin Initialement blanc, le tissu destiné à  la confection du bazin, est teint en plusieurs couleurs avec une multitude de motifs. Avant les années 70, les produits utilisés étaient de la potasse à  base de cendre et l’argile, très peu dangereux et comportant moins de risques. Mais depuis les années 90, les procédés de fabrication se sont modernisés avec l’usage de la soude caustique et de l’hydrosulfate. Une fois la teinture choisie, la soude caustique, et l’hydrosulfate sont dissous, dans une eau préalablement bouillie à  plus de 190°. Ces deux produits permettent, par réaction chimique, une meilleure tenue de la teinture sur le coton. Après imprégnation, le bazin est lavé plusieurs fois à  l’eau froide jusqu’à  ce que les produits disparaissent complètement. Pour éviter que le tissu se déchire, on le met à  sécher au soleil. Ces nouveaux produits permettent un travail plus rapide et donc une production plus importante avec des couleurs vives et variées. La plupart des teinturiers sont des femmes. Environ 11% font leur travail au bord du fleuve Niger et déversent directement leurs eaux dans le fleuve après utilisation. 60% exercent à  la maison et versent leurs déchets dans les caniveaux à  proximité ou dans la rue. Celles qui travaillent au bord du Niger mettent en avant l’espace et la facilité d’accès à  l’eau, alors que celles qui travaillant à  domicile, évoquent l’aspect pratique notamment pour recevoir les clients. Les teinturiers sont conscients de la nocivité des produits utilisés. La soude et l’acide étant très corrosifs, lorsqu’il y a contact direct avec la peau, l’effet est immédiat et C’’est une brûlure du 2e degré qui survient. C’’est pourquoi tous les teinturiers portent des gants qu’ils remplissent d’eau fraà®che afin d’éviter toute brûlure. « Nous consommons presque tous du lait à  la fin de la journée pour éviter des problèmes de gorge. Nous portons également des masques, des lunettes et des bottes de protection », explique Mme Fofana Anna Maiga, teinturière à  Daoudabougou depuis 22 ans. Mais, ces précautions ne sont pas toujours respectées. Les effets toxiques de la teinture Les gaz s’échappant du liquide engendre de nombreuses maladies : cancers de la peau et des poumons, des maladies respiratoires, des brûlures… Par ailleurs, l’environnement subit la pollution de l’eau du fleuve. Certaines nappes phréatiques trop polluées ne sont plus réutilisables. Le produit fini est lui distribué dans des emballages plastiques qui sont source de pollution. l’association des femmes teinturières de Kalanban Coura a vu le jour il y’a a 3 ans, pour lutter contre la dégradation de l’environnement et l’altération de la santé. Ces femmes recyclent les eaux des teintures pour assainir la ville de Bamako. l’exemple des femmes de Kalaban est unique dans la cité. Certaines nappes phréatiques trop polluées ne sont plus réutilisables. Le produit fini est lui distribué dans des emballages plastiques qui sont source de pollution. Ceci pour respecter les règles de protection et éviter toute complication sanitaire plus tard. Sur 100% de teinturiers, seulement 18% se protègent. 5% meurent chaque année par inhalation et 4% de maladies respiratoires. Dans le cadre de la quinzaine de l’environnement, il est utile de rappeler la nocivité des produits utilisés pour la confection du bazin. Si le précieux tissu est source de richesse pour l’économie, il faut veiller au respect des règles d’hygiène et de santé.