La promotion du Mali via les réseaux sociaux

Depuis le coup d’État de 2012, le Mali rime avec insécurité, terrorisme, présences militaires étrangères et autres mots qui ne font pas office de bon présage pour le pays. Et pourtant, sur les réseaux sociaux où l’on voit des jeunes maliens s’investir dans des débats sur le devenir de leur pays, certains utilisent ces plateformes en ligne pour montrer la richesse du Mali et faire contrepied avec le contexte sécuritaire malien qui inquiète.

Ils sont jeunes, ambitieux et souhaitent montrer un Mali différent, leur Mali. Le Journal du Mali a sélectionné trois Maliens, soucieux de la représentation de leur pays sur la Toile.

Présente depuis mai 2017 sur Facebook, la page « À nous Bamako », créée et animée par l’entrepreneur Ibrahim Guindo aka Akim Soul, connaît une ascension fulgurante. Déjà, presque de 18 000 followers sont friands des histoires qui lient de jeunes bamakois (parfois d’adoption) à leur ville. En effet, Akim Soul, endosse le rôle de journalistes en posant des questions sur le Bamako de ces jeunes qui ont un lien particulier et affectif avec la capitale.

« À chaque fois que je me connecte sur les réseaux sociaux, Bamako sinon le Mali rimait avec crise : qu’elle soit d’ordre politico-sécuritaire, économique ou sociale », confie le jeune entrepreneur de 24 ans avant de surenchérir. « Sans compter l’inondation des plates-formes sociales par les pages fake qui n’ont pour but que d’attiser la haine, propager des mauvaises informations, nuire en résumé. Je constatais trop de négativité sur la toile chose qui non seulement ne nous fera pas avancer, mais surtout tue le peu d’espoir qui reste encore chez certains. »

Pour chaque interview postée, ce sont des centaines voir des milliers de likes et de commentaires qui s’affichent au compteur. Paris réussit, donc, pour Ibrahim Guindo qui souhaite se démarquer sur la Toile. « J’ai donc décidé de ne pas faire comme les autres. J’estimais qu’il était temps de montrer autre chose de notre ville, des aspects qui la valorise, des côtés qui donneront envie d’y venir, d’y rester pourquoi pas d’y créer. Un espace pour mettre en valeur les gens positifs, passionnés qui y croient, les initiatives porteuses d’espoir et de valeurs et les lieux à découvrir. À Nous Bamako a donc vu le jour ! »

Le Mali dans l’assiette

Le Mali est un pays qui a une richesse gastronomique diversifiée, mais beaucoup de produits sont importés de l’étranger et peu de Maliens reconnaissent la valeur des produits locaux. Ce qui n’est pas le cas de Diénaba Traoré, plus connu sous le nom de son blog « Gabougouni », traduire par petite cuisine en bambara. Cette jeune blogueuse culinaire de 26 ans est aussi consultante en salubrité/qualité des aliments. « Sur cette plateforme, j’ai voulu partager avec le monde la cuisine africaine, spécialement celle du Mali. En y ajoutant ma touche personnelle, celle du métissage culinaire, qui permet de valoriser les produits du Mali. Via Gabougouni, j’ai également voulu briser le stéréotype selon lequel la cuisine africaine est grasse et complexe. Je retravaille donc les recettes afin qu’elles soient plus attrayantes, moins complexes et plus saines », explique Diénaba Traoré.

Tristement connu dans le monde suite au coup d’État de 2012, le Mali rime avec pays en guerre. Mais, pour les patriotes comme Diénaba, il est important de « donner une image positive, car j’ai l’amour du pays et je crois au potentiel de nos produits. Mais pas que, car quand on voyage, on se rend compte que le Mali n’est pas apprécié à sa juste valeur. On entend des préjugés qui donne une mauvaise image de notre pays. Alors, il devient impératif pour une personne comme moi de montrer au monde la beauté et la richesse culturelle du Mali. » Grâce à ses cours de cuisines, la page Facebook Gabougouni est suivie par 40 000 personnes, séduites par la connaissance culinaire de Diénaba Traoré et ses vidéos de recettes très simple et rapide à reproduire chez soi.

La blogueuse culinaire a des projets d’avenir. Elle espère « mettre en place l’e-shop de Gabougouni, qui permettra de faire connaître et vendre au juste prix les produits des femmes transformatrices du Mali et de la sous-région. À long terme, je désire mettre en place un « hub culinaire » qui sera un espace de coworking entre passionnés de cuisine, restaurateurs, entreprises agroalimentaires, etc. »

Instagram

Le réseau social crée par Mark Zuckerberg, n’est pas le seul qui séduit les Maliens. Instagram, la plateforme de partage de photo par excellence regorge de nombreux comptes dédiés à la valorisation du Mali. Parmi eux, « Malianpride ». L’objectif est clair : montrer l’excellence à la malienne. Piloté par un groupe de jeunes personnes, désireuses de rester dans l’ombre, leur constat était que « la communauté malienne ne parlait peu si non quasiment pas de ces gens et de ces choses qui font à la fois notre richesse et notre fierté. » Encore une fois, l’engouement des Maliens pour les réseaux sociaux n’est plus à démontrer. Ce sont plus de 100 000 abonnés qui suivent Malianpride sur le réseau social. Par ce biais-là, les Maliens et les étrangers d’ailleurs, peuvent découvrir des personnes qui contribuent au rayonnement du Mali, malgré un contexte préoccupant. Mais pas que.

https://www.instagram.com/p/BfDCKJdg5tz/

« Nous ne tirons aucun profit de notre page à part le simple plaisir d’éduquer, divertir, et motiver nos abonnés et aussi montrer aux différents talents à travers le monde qui excellent dans leurs différents domaines de compétence qu’ils sont appréciés sans “niengoya” et qu’on les félicite et les encourageons davantage. Nous voulons juste montrer un côté positif de notre beau pays à travers sa riche culture et ses braves fils et filles. »

La jeunesse malienne

Un élément est récurrent : l’amour du pays. Que ce soit pour Ibrahim Guindo, Diénaba Traoré ou Malianpride, tous, croient en leur pays. L’équipe de Malianpride pense que « le respect commence par soi-même. Si en tant que communauté nous nous aimons et soutenons les uns les autres et bien les autres ne pourront guère se permettre de nous dénigrer ou porter atteinte à notre pays ou nos frères et sœurs. Le Mali est un beau pays qui regorge de talents de toutes sortes et si pleinement riche en culture qu’on a rien à envier à aucun autre pays. Nous devons juste changer un peu les mentalités. Nous espérons avec cette plateforme apporter notre petite pierre à l’édifice pour inciter encore plus à œuvrer pour un Mali meilleur et un avenir brillant pour la jeunesse malienne. »

Censure Facebook : une mesure efficace ?

La majorité des internautes maliens ont été privés d’accès au réseau social Facebook depuis mardi 13 juin. Une coupure qui aurait un lien direct avec les manifestations prévues pour protester contre le projet de réforme constitutionnelle voté par l’Assemblée nationale le 2 juin dernier. C’est en tout cas ce que pense un des membres de la plateforme « ANTESON A BANA », opposée à cette réforme. « Il s’agit d’une volonté délibérée des autorités de nous empêcher de communiquer. Cette réforme est inopportune, le gouvernement a mieux à faire, comme sécuriser certaines villes du pays comme Kidal par exemple », lance Elhadj Tandina, qui ajoute qu’en 1991, « il n’y avait même pas de téléphone portable, ce qui n’a pas empêché le peuple de se réunir ». Pour cet autre membre de la plateforme Anteson a bana, « les autorités doivent comprendre que la constitution de 1992 qu’elles souhaitent réviser a été acquise au prix du sang des martyrs et après un large consensus. Pour celle qui est proposée, personne n’a été consulté y compris le parti au pouvoir », souligne-t-il, confirmant que la censure de Facebook n’impactera pas la mobilisation contre cette réforme.

Sur les raisons de cette coupure, certains avancent par contre qu’il s’agirait d’une coupure au niveau d’un satellite sans aucun lien donc avec des manifestations liées à la réforme constitutionnelle.

Contacté par la rédaction via son service client, Orange, le principal opérateur de téléphonie et fournisseur d’accès à internet, indique qu’ils ont aussi « constaté la coupure » et qu’ils informeront les clients dès que le service reprendra. À la question de savoir s’il s’agit d’une panne technique, ils répondent que ce n’est pas lié à leurs équipements et que cela concerne tous les opérateurs.

Cette coupure de Facebook, qui n’est pas une première, est diversement appréciée par les internautes. Pour Monsieur Renaud Gaudin, responsable de Mali 100 Mégas (qui lutte pour l’accès à internet à haut débit), cette censure peut avoir un impact positif en permettant à ceux qui ne travaillent pas à cause de Facebook de découvrir d’autres aspects plus intéressants d’internet.

S’il dit ignorer les raisons de cette coupure, il reconnaît que bloquer Facebook n’est pas l’idéal. Il ajoute qu’il existe cependant des moyens de contourner. Même si ces solutions qui passent par le téléchargement de certaines applications peuvent coûter chères aux internautes.

Habitué pour ne pas dire accro du net, Monsieur Guindo, blogueur, vit mal cette interruption d’accès au réseau social. Il estime néanmoins être « préparé » pour ce genre de situation. Des applications disponibles à partir des téléphone Android existent comme les VPN, un système permettant de créer un lien direct entre des ordinateurs distants, Constiégalement disponibles pour ceux qui se connectent à partir d’un ordinateur.

People, l’info made in Facebook

Le boom de l’utilisation des réseaux sociaux est une réalité au Mali, comme ailleurs dans le monde. Sur Facebook, sur Twitter ou encore Viber, on se tient également désormais informé des actualités mais aussi, et surtout, des potins.

L’actualité people est donc désormais indéniablement made in Facebook. Les réseaux sociaux sont devenus un moyen d’information très présent dans notre quotidien. Au menu : une histoire banale de couple, les péripéties d’un artiste, d’un politicien, d’une personnalité publique, le tout suivi et commenté d’appréciations et de moult détails croustillants, les « affaires privées » font la joie des internautes. Créées le plus souvent par des administrateurs anonymes, elles se nomment notamment « Mali Jolies Dew », « Mali Nieta », « Kabako 24 », « Gossip Mali » ou encore « LCHM », « Madame Mali », et attirent jusqu’à plusieurs centaines de milliers de nos compatriotes, d’ici ou de la diaspora, en quête de nouvelles fraiches et sensationnelles.

Pour et contre Selon Bouba Fané, personnalité très suivie sur les réseaux sociaux au Mali, notamment sur Facebook, « l’État malien doit prendre ses responsabilités face à ce fléau et prendre contact avec le réseau Facebook afin de pouvoir canaliser tout ce qui s’y passe aujourd’hui ». « Au Mali, beaucoup de gens ont vu leur image salie à cause de ces pages sans que rien ne puisse être fait », déplore-t-il. La question de la crédibilité même des informations publiées pose un vrai problème. « Les gens prennent pour argent comptant ce qui se dit sur ces réseaux et colportent ainsi de page en page ces informations », ajoute Boubacar Diarra, internaute. B. Konaté pense, quant à lui, que ces pages permettent à beaucoup de gens de changer positivement : « s’attaquer à l’homosexualité et la dépigmentation, par exemple, comme le font ces pages, est une bonne chose, car elles sont contraires à la culture malienne ». « Je suis pour la liberté d’expression, mais encadrée. C’est à dire sans dessein de nuire et limitée en respectant la vie privée des autres », soutient Bilaly Dicko, coach en développement personnel. Abdel K. Dicko trouve pour sa part immoral la diffusion à travers ces pages, de photos et de vidéos compromettantes pour des personnalités connues. Selon lui, il faudrait que « nous soyons plus responsables tous ensemble et individuellement dans la gestion de ces nouveaux médias, qui peuvent tout aussi bien accompagner nos causes qu’être la cause de notre perte ».

 

 

 

Les Maliens « like » la drague on line

Les réseaux sociaux sont devenus les meilleurs outils de la drague en ligne. L’ajout innocent d’un ou d’une nouvelle amie, l’accès à un grand nombre d’informations sur la personne convoitée, une conversation en messagerie instantanée, des sourires et des clins d’œil en forme d’émoticônes, et c’est parti… parfois pour la vie !

Mariés et célibataires, jeunes et vieux, hommes et femmes, on croise tout le monde sur les réseaux sociaux et sur le plus fameux d’entre eux, Facebook, devenu au Mali l’instrument numéro 1 de la drague sur Internet. Plus discret que certains sites spécialisés, il semble être le vecteur de rencontres, déguisées en « nouvelles amitiés ». « Une fois la demande acceptée, on accède aux photos, aux statuts, aux commentaires. Tout ce qu’il faut pour se mettre au boulot », explique Dramane, la trentaine, qui assure avoir fait « des rencontres en pagaille ! », grâce à Facebook.

La chasse est ouverte Pour ce nouveau type de conquête amoureuse qui s’opère sur le net, Facebook dame le pion à Viber, Skype ou autres Imo, jugés plus limités. « Sur Viber, ce n’est pas la même chose. Il faut impérativement que j’ai ton numéro, ce qui n’est pas forcément facile », résume Ibrahim, ancien noctambule, qui depuis quelques années, ne fait des rencontres que sur le net. « Dans la vraie vie, on n’a pas trop le temps pour s’approcher ou pour discuter, et je ne pourrais pas forcément dire ce que je ressens. Sur mon téléphone, je peux draguer de façon décomplexée partout et tout le temps », explique-t-il. Dramane, inscrit sur le réseau social depuis 2009, avoue que ce qui le passionne, c’est la chasse. « La plupart des gens se voient, font ce qu’ils ont à faire et partent sur une autre conquête. Ce qui m’amuse vraiment c’est draguer, taquiner les filles, mais une fois que j’ai leur numéro, bien souvent je ne les appelle même pas », déclare-t-il.

Pour le meilleur Mais si Facebook permet de faire des rencontres éphémères, il favorise aussi les unions plus durables, comme pour Bintou, 28 ans, mariée fin 2015 à André, un Français rencontré sur Facebook et venu la rejoindre au Mali 6 mois après leur première conversation privée. « Des couples se forment sur Facebook, c’est vrai, mais ce n’est pas le premier but recherché », explique Dramane, qui compte quitter Facebook car il se mariera bientôt avec une personne rencontrée dans la vraie vie. Il interdit même formellement l’accès du réseau social à ses nièces, « parce que je sais comment ça se passe et ce que moi je fais sur Facebook ! », conclut-il, un sourire au coin des lèvres.

 

 

Connecter l’Afrique à moindre coût, le nouveau pari de Marc Zuckerberg !

Pour le fondateur du géant du Net, Mark Zuckerberg, connecter l’Afrique est désormais une priorité. Le jeune et talentueux patron du réseau social le plus couru d’Afrique a annoncé vouloir offrir aux pays émergents des moyens de connexion moins chers. Après le boom de la téléhonie mobile, celui des smartphones oblige tout un chacun à  avoir un accès à  une connexion internet. « Si vous pouvez vous offrir un téléphone, je pense qu’il est bon pour vous également d’avoir accès à  Internet », a estimé Mark Zuckerberg en prenant fait et cause pour l’Afrique dans un article du New York Times. Ce qu’il faut savoir c’est qu’avec la saturation des marchés européens et occidentaux, l’Afrique pourrait devenir un terrain favorable, voire juteux pour le géant des réseaux sociaux. Connecter 5 milliards de personnes Le projet de Facebook, baptisé [LINK=http://internet.org/]Internet.org[/LINK], vise à  élargir l’accès à  Internet à  5 milliards de personnes, sur une population mondiale de 7 milliards. Pour cela, il s’agira notamment de réduire le coût des services internet de base sur les téléphones mobiles dans les pays en voie de développement de manière drastique. « Il y a de gros freins dans les pays en voie de développement pour se connecter et rejoindre l’économie du savoir. Internet.org est un partenariat global destiné à  rendre internet accessible à  ceux qui ne peuvent pas se l’offrir », a expliqué Mark Zuckerberg. La téléphonie mobile sollicitée Le fondateur de Facebook poursuit : « Les pays en voie de développement représentent la plus grande opportunité d’obtenir de nouveaux clients, si les entreprises trouvent les moyens de mettre ces gens en ligne à  bas prix ». Certaines grandes marques ont déjà  commencé à  aller dans ce sens. C’est notamment le cas de Nokia qui offre un accès gratuit à  Facebook via Telcel, un opérateur de téléphonie mobile. Fort de son succès en Afrique, o๠la population se connecte à  internet en passant essentiellement par le mobile, cette offre est désormais proposée via Bharti Airtel, un opérateur indien et africain.

Le regard de Fatoumata : Les Africains et la folie Facebook…

Network ! Network ! Ce fabuleux outil permet grâce à  ses fonctionnalités de télécharger et de commenter des photos, d’envoyer et de recevoir des messages. Il permet également d’être en contact avec sa famille quelque soit la distance. En dehors de cet avantage, ce réseau social permet de retrouver des amis d’enfances et autres contacts égarés avec le temps. Les avantages de Facebook sont bien connus, les utilisateurs perçoivent-ils mal les inconvénients ou font-ils semblant de les ignorer ? La divulgation de vie privée est l’un des problèmes les plus récurrents sur Facebook. Certains, par ignorance, expose leur vie privée sur la toile. Cette légèreté peut entrainer des désagréments à  cause du fait qu’ils aient renoncé à  un droit que je considère comme fondamental : la préservation de la vie privée. D’autres, en revanche, savent très bien ce qu’ils font ! Ils veulent exister et surtout se faire envier. Pour se faire, ils n’hésitent pas : ils mettent tout en ligne. Ils sont comme des stars, le hic, C’’est qu’ils sont aussi leur propre paparazzi. Vie privée, vie publique Pour la dame que nous avons questionnée sur ces utilisations de facebook, elle ne consulte ce réseau que pour voir les photos qu’on y poste. A son avis, la plupart de ses photos sont inutiles et ne peuvent servir qu’a rabaisser la personne qui les met en ligne. En effet, certaines personnes prennent des photos d’eux et de leur famille très souvent mal habillés ou encore des photos de leur maison ce qui fait que leur vie privée est complètement exposée. En plus de ce problème, les gros utilisateurs de Facebook sont moins productifs qu’ils soient travailleurs ou étudiants parce qu’ils passent le plus clair de leur temps à  surfer. Enfin le paradoxe de Facebook est qu’il vous rapproche des personnes dont vous êtes le plus éloigné géographiquement et il vous éloigne de celles dont vous êtes le plus proche. En communiquant avec un parent installé dans une autre ville ou dans un autre pays, vous avez le sentiment d’être proche de lui par contre la conversation quotidienne sur Facebook avec un parent dans la même ville a pour conséquence de réduire les rencontres physiques pour beaucoup de personnes. En revanche, Amy, nous apprend que son utilisation est modérée. Elle n’y vas que lorsqu’elle a le temps. Elle ne prend des photos que pour rafraichir son profil. Son témoignage démontre bien que tous les utilisateurs maliens n’ont pas les mêmes objectifs. Avec ses deux déclarations nous comprenons bien le fait que les utilisateurs n’aient pas les mêmes motivations de ce fait, on ne pas tous les stéréotyper. Pourtant ne devraient-ils pas avoir une vie active plutôt que virtuelle ?

Qui visite votre profil Facebook ?

Au-delà  des problèmes d’ovulation et de blocage sur MSN, la question de savoir qui a consulté son profil Facebook s’impose comme une des obsessions de la vie numérique. Les situations qui peuvent engendrer cette recherche sur Google sont nombreuses: patron indiscret, conjoint jaloux, ex intrusif, parent curieux, etc. Pour répondre à  cette angoisse, de nombreux groupes ou applications Facebook promettent de donner la liste des gens qui ont visité notre page. Le groupe «Qui Viste votre profil (nouvelle application Facebook)» propose par exemple de délivrer l’information si et seulement si on invite tous nos amis. Cette vidéo (dont on ne parvient pas à  déterminer si elle est authentique ou non) montre les prouesses supposées de ce genre d’outils: Alors ça marche ou pas? Non, bien sûr, c’est de l’arnaque. Facebook s’est toujours battu contre ces outils et invite dans les FAQ les utilisateurs à  leur signaler les groupes ou applications de ce type. Les applications qui affichent une liste d’amis qui ont visité votre profil ne peuvent sortir qu’une liste aléatoire, Facebook ne donnant pas accès à  l’information «qui a visité telle ou telle page» aux développeurs. Le stalking, activité de base sur Facebook Il est facile de comprendre pourquoi le réseau social lutte contre ces applications. Sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien, disait un célèbre dessin du New Yorker. De la même manière, sur Facebook, personne ne sait quel profil vous êtes en train d’espionner. C’est la base du contrat social du site: on vous demande de mettre de nombreuses informations personnelles en ligne, mais en échange vous avez le droit de consulter librement et en toute impunité quantité d’informations sur vos contacts. C’est ainsi que naà®t le «stalking», mot anglais dont la traduction se situe entre l’espionnage et la filature, mais qui prend sur les réseaux sociaux un sens nettement plus inoffensif. Le «stalking» est une activité normale d’un jeune qui s’ennuie devant son ordi, une errance numérique au milieu des données disséminées par ses amis, l’équivalent social d’un zapping sur les 500 chaà®nes de son abonnement satellite. Si une application permettait de déterminer qui a visité son profil, ce serait la mort instantanée du «stalking», faisant chuter le nombre de pages vues et donc le nombre d’affichage de publicités. Facebook encourage d’ailleurs discrètement l’espionnage de profil, comme en témoigne le lancement en mai dernier de la fonctionnalité «Photos souvenirs», qui fait remonter dans la colonne de droite des photos issues du fin fond des albums de ses amis. Plus récemment, Facebook a lancé les pages «Friendship» qui affichent toutes les interactions avec une personne en particulier, une forme de «stalking» prémâché. Un mythe récurrent La question de savoir qui consulte son profil est un mythe récurrent des réseaux sociaux. Si Facebook ne l’a jamais permis, cela n’a pas empêché le site d’informations américain Gawker de fantasmer en 2008 sur le lancement de cette option par Facebook lui-même. Une liste de 5 noms apparaissait alors mystérieusement quand on tapait sur la touche «flèche bas» dans le moteur de recherche: La rumeur sur MySpace A la grande époque de MySpace, en 2006-2007, une légende urbaine voulait que les filles possèdaient un logiciel leur indiquant en temps réel qui visite leur profil. Effroi chez les garçons qui parcouraient des pages et des pages à  la recherche d’une partenaire. La rumeur était bien sûr fausse, mais pas complètement infondée. En bidouillant le code html de sa page, on pouvait rajouter une application appelée Trakzor qui affichait des informations sur ses visiteurs: le nom et la photo pour les personnes aussi inscrites sur Trakzor, mais seulement l’emplacement géographique grossier (à  partir de l’adresse IP) pour les autres. Cela pouvait être utile pour identifier formellement un ami exilé en Argentine ou en Tanzanie, mais pas davantage. Le plus étonnant est que MySpace a fini par se ranger du côté de ces applications sulfureuses et a lancé en 2009 une fonctionnalité pour identifier ses visiteurs. Sentant les risques potentiels pour la vie privée, MySpace permet de désactiver l’option d’un clic, ce qui la rend relativement inoffensive: il suffit de cliquer pour reprendre son «stalking» en toute quiétude. Ce timide pas vers la transparence des visites montre que MySpace ne se considère plus comme un pur réseau social, mais plutôt comme un site de loisirs o๠on va visiter la page de ses groupes préférés plutôt qu’espionner la page de son ex. Facebook isolé En fait, Facebook est un des seuls réseaux sociaux à  ne pas permettre de savoir qui a visité son profil. Sur les sites de rencontres comme Meetic ou Adopte un mec, cette fonctionnalité est à  la base de la sociabilité —on peut même recevoir une alerte mail à  chaque visite. Parcourir une page est considéré comme une première approche et non pas comme un acte d’espionnage. De la même manière, les sites de networking comme LinkedIn ou Viadeo font de cette fonctionnalité un atout de leur offre payante sans que cela ne gêne personne. D’autres réseaux thématiques proposent l’option: Trombi.com (retrouver ses anciens amis) ou Last.fm (trouver de la musique chez ses amis). La fonction est également activée sur Skyblog, o๠elle est rendue acceptable par le fait que le site est un mélange de réseau social (espace privé) et de blog (espace public). Mais ce n’est pas sans poser certains soucis. Malgré tous ces exemples, la fonction «Qui a visité mon profil» paraà®t inimaginable sur Facebook. Sans doute parce que le site de Mark Zuckerberg est un réseau social généraliste, o๠les finalités de l’interaction sont dissimulées (trouver l’amour, trouver un job, se faire des amis…). Sur un réseau o๠l’on ne dévoile jamais tout à  fait son objectif, visiter un profil est forcément suspect. La page Facebook est paradoxalement un espace à  vocation publique (ouvert à  tous les amis) en même temps qu’un sanctuaire privé (quelqu’un qui s’y rend trop souvent est vu comme malintentionné).