Facture d’électricité : que paie-t-on ?

Mamadou Sissoko, 68 ans, est soudeur à  Lafiabougou. Avec les machines qu’il utilise pour son travail, les factures se suivent et se ressemblent : très salées au goût du vieil homme qui se plaint. « Malgré les coupures intempestives, les tarifs d’électricité d’EDM sont toujours élevés. Et on ne comprend rien à  leurs factures ». Ce sentiment est partagé par de nombreux usagers, voire la grande majorité. La plupart sont d’ailleurs convaincus, comme Fousseyni Coulibaly, enseignant à  la retraite, que cela est fait exprès pour « embrouiller le consommateur ». « Chaque mois, ma facture augmente sans que je ne sache pourquoi et quand je me rends dans les agences, on me fait tourner en rond », se lamente t-il. De l’aveu même d’un technicien de la société, « les releveurs ne font pas correctement leur travail, ils reconduisent les mêmes indices, ce qui fait que même en cas de coupure, le client ne sent pas la différence sur la facture », explique t-il pour justifier cette situation. Selon d’autres explications fournies par à‰nergie du Mali, la facture comporte non seulement la consommation d’électricité sur une période donnée, mais aussi différentes taxes qui s’y appliquent automatiquement. Le consommateur s’acquitte donc de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de la redevance de régulation, qui est calculée à  raison de 60 centimes par KwH. à€ cela s’ajoute le prélèvement « éclairage public ». La facture est donc composée d’une part fixe, l’abonnement, et d’une part variable, proportionnelle à  la quantité d’énergie consommée. Hausse régulière Depuis février 2013, les tarifs de l’électricité ont connu une hausse constante, culminant à  plus de 30% depuis juillet 2014, exception faite du tarif social destiné aux clients consommant moins de 100 KwH par mois. Depuis cette date, le tarif de base de 0 à  200 KwH, est à  133 francs CFA le KwH, et au-delà  de 200 KwH, il passe à  155 francs CFA. Le tarif social est de 64 francs CFA pour une consommation inférieure à  50 KwH et de 99 francs CFA entre 51 et 100 KwH. Le prélèvement pour l’éclairage public est de 150 francs CFA le KwH, pour les premières heures d’utilisation, et au-delà  de 200 KwH, le tarif passe à  175 francs CFA. Il faut rappeler qu’il existe 3 types de tarification déterminés en fonction de la puissance souscrite : la puissance inférieure ou égale à  16 Kw pour les petits et moyens consommateurs (comptage en basse tension), la puissance comprise entre 16 et 500 Kw, moyenne tension (comptage en basse tension, type I et II), la puissance supérieure à  500 Kw, haute tension (comptage en haute tension type III). Les deux dernières catégories sont utilisées par les gros consommateurs (unités industrielles et minières, etc). « EDM ne fixe pas le prix de l’électricité », explique le directeur des relations publiques et de la communication d’EDM, M. Tiona Mathieu Koné. « Ce travail incombe à  la Commission de régulation de l’électricité et de l’eau (CREE). Cependant, cet organe prend en compte nos charges de fonctionnement. Comme elle relève de la Primature, elle décide en toute souveraineté », poursuit-il. La hausse des tarifs devait permettre à  la société de s’équiper afin de gérer les pics de consommation de la période de chaleur et éviter les délestages. « Je pense qu’ils ont beaucoup diminué. C’’est la période pendant laquelle nos faiblesses se ressentent à  cause de la demande qui est en constante augmentation, environ 11% par an ». à€ la CREE, on assure que le prix de l’électricité est le résultat d’une analyse du coût de production de l’énergie et qu’il est difficile de faire mieux, EDM produisant son électricité à  plus de 80% avec des hydrocarbures. Ce que ne sait pas la majorité des consommateurs C’’est que l’électricité est globalement vendue à  perte, car le KwH est cédé à  un tarif inférieur au coût de revient. Chose qui contribue à  creuser les déficits de l’entreprise nationale, régulièrement renflouée par l’à‰tat malien, au grand dam des bailleurs de fonds.