Mouvement « Me too » : Faible impact au Mali

Me too, Balance ton porc, si ces mouvements de protestation contre les agressions sexuelles ont contribué à travers le monde à « libérer la parole »  des victimes, au Mali, une année après leur déclenchement, l’heure n’est toujours pas au grand déballage. Toutefois les organisations engagées dans le domaine entendent briser le silence et donner une nouvelle impulsion à la lutte contre ces violences.

Souvent perpétrées dans l’entourage familial même, les violences sexuelles sont « malheureusement souvent couvertes par des femmes », déplore Madame Touré Naba Traoré, directrice du projet « J’en suis une » de l’association Jigitougou. Lancé en 2015, ce mouvement, qui avait pour objectif d’aider les femmes en difficulté,  a finalement permis à plusieurs femmes victimes de violences, de libérer leur parole, en se confiant à l’association.

Stigmatisation Peur de la stigmatisation ou du « blâme qui est toujours du côté de la femme ou de la fille » agressée, plusieurs d’entre elles hésitent encore à franchir le pas, ajoute M. Touré.  « Elle sera accusée d’avoir provoqué sa propre agression », précise pour sa part Mariam Diallo Dramé de l’association Femmes leadership et développement durable (AFLED). Une réaction qui vient de « notre culture qui bannit ce genre de dénonciation » et suppose que ce « mal doit être caché et inavoué », soutient la présidente de l’AFLED.

Refuser de dénoncer, parce que l’on va à l’encontre des « traditions » ou de la religion, est au contraire une aberration, car « si ces principes religieux et traditionnels étaient respectés », « les femmes seraient plus heureuses », soutient pour sa part l’initiatrice de « J’en suis une ». Même lorsqu’elles franchissent le pas et osent dénoncer, ces femmes restent soumises à diverses formes de « pression » qui leur font « retirer leur plainte », déplore la présidente de l’AFLED. Une impunité qui contribue à perpétuer le phénomène et justifie encore plus la nécessité que le mouvement Me too prenne de l’ampleur au Mali, afin que les femmes cessent de subir ces violences qui « constituent un frein à leur développement socio-économique », selon la présidente de l’AFLED.

Pour éviter « d’exposer  les victimes » et mener une lutte efficace contre le phénomène, les associations misent sur la prévention afin que les femmes puissent se protéger. L’AFLED multiplie ainsi les initiatives pour former les filles en « compétences de vie » pour éviter les situations de danger et se confier en cas d’agression. La formation des agents chargés d’accueillir les victimes est également essentielle pour mettre en confiance les victimes.