COMATEX : au bord de la faillite

La Compagnie malienne de textile (COMATEX), inaugurée en 1968 à Ségou, est la première usine de textile au Mali. Entreprise d’Etat, devenue privée par la suite, la société a marqué l’histoire du Mali. Les principaux actionnaires restent l’Etat et la société nationale chinoise COVEC. De 1994 à un passé récent, la société s’était développée et a résisté aux ajustements structurels et aux aléas de la concurrence. Mais malgré l’accompagnement de ses partenaires et actionnaires, la société tend chaque année vers la faillite. « Nous avons des contrats de performance signés avec l’Etat, et dans le texte il y a des mesures d’accompagnement  qui sont plus ou moins appliquées rigoureusement. C’est cette application qui fait défaut depuis quelques années et cela fait que nous avons de vives tensions de trésorerie. Nous sommes vraiment au bord de la faillite », alerte Issa Sangaré, directeur général adjoint de la COMATEX. En même temps que l’Etat leur doit « certaines sommes », la société a également des dettes. « D’un côté comme de l’autre ce n’est pas facile », ajoute-t-il.

La société produit du fil à tissé que les artisans utilisent pour leur travail manuel, du tissu percal, du tissu traité mais également du tissu évènementiel comme pour le 22 septembre, le 1er mai, le 8 mars etc.  « Nous nous sommes pratiquement spécialisé dans l’évènementiel parce que nous faisons face à une concurrence très forte de la part des pays asiatiques sur les tissus ordinaires. Nous étions obligés d’abandonner un segment important de notre marché », regrette le responsable de l’entreprise.

Victimes de JEMENI : « Non à l’impunité, ATT nous voulons notre argent ! « 

Deux ans de calvaire Unis dans le malheur et plus que jamais solidaires dans la défense de leurs droits, les clients du réseau de la caisse d’épargne et de crédit « JEMENI » ont marché ce matin à  Bamako. Cette marche est partie de la structure de Jemeni à  la primature. Elle a vu la participation de nombreux clients qui brandissaient les pancartes qui disaient clairement leur mécontentement .La marche a été organisée dans le but d’informer le peuple malien et l’opinion internationale sur leur calvaire et aussi de sensibiliser les autorités maliennes afin qu’elles cherchent une solution à  la crise de liquidité de JEMENI. Il y a deux ans, l’institution de micro finance s’est retrouvée en faillite à  cause de problèmes très graves de trésorerie. Cela au grand dam des sociétaires. La clientèle a simplement été informée (avec une politesse commerciale) qu’ « il n’y a plus d’argent ». La situation est allée s’empirant et aujourd’hui les sociétaires ne cachent plus leur ras-le-bol. Plus de 60 000 personnes seraient concernées par cette situation. C’’est la direction générale qui est quotidiennement prise d’assaut par des dizaines de clients. Des sociétaires lors de la marche pacifique n’ont pas pu contenir leur colère contre les responsables de cette structure. Ras le bol ! Un client du nom de Sékou Sidibé, en proie à  une légitime indignation, nous tend son carnet qui indique des dépôts s’élevant à  plus de 2 700 000 F Cfa M. Sidibé révèle d’avoir perdu sa mère par faute de soins « J’ai perdu ma mère à  Sikasso jeudi passé par faute d’argent et je n’ai même pas eu de transport pour assister à  ses funérailles, vraiment C’’est trop », nous crie-t-il. Un autre sociétaire du nom de Issouf Condé a un dépôt de 7 million de FCFA. Pour lui les responsables ont détourné l’argent : « J’ai pu avoir mon argent, en l’espace de deux ans, la société Jemeni n’a pu me rembourser que quelques 20 000 F Cfa », s’indigne-t-il. Ils sont nombreux des sociétaires ayant des dépôts de plus de 5 millions de nos francs et qui prétendent rentrer en possession de leurs sous, se voient quotidiennement renvoyés avec politesse à  la maison par la direction de JEMENI. Chaque jour le même discours : « il n’y a pas d’argent », alors que les clients croupissent sous les charges quotidiennes. Il faut que justice soit faite Ce qui est révoltant selon les marcheurs, C’’est que la direction exige des anciens sociétaires d’effectuer un nouveau placement avec un nouveau carnet d’épargne pour avoir droit au crédit. Ce qui fait dire Mamadou Mamby Keita le président du collectif que JEMENI a failli à  ses objectifs fondamentaux, à  savoir : collecter l’épargne des sociétaires en vue de leur consentir du crédit pour les besoins personnels et professionnel, assurer la sécurité de leur épargne et la rendre disponible à  tout moment. A cet effet, le collectif des victimes du réseau des caisses mutuelles d’épargne et de crédit « JEMENI » après deux années de souffrance et de calvaire demande dans leur déclaration remise au premier ministre : l’arrestation, le jugement et la condamnation de tous ceux qui sont impliqués dans le scandale financier de Jemeni, afin que la confiance puisse renaitre entre Jemeni, ses sociétaires et ses partenaires. Il s’agira ensuite de débloquer les fonds des sociétaires et enfin d’arriver à  la restauration et à  la reprise des activités de la caisse. En tout cas, les représentants du collectif qui ont voulu remettre la déclaration au Premier Ministre ont été reçus par ses collaborateurs qui leur ont assuré qu’une solution sera trouvée à  la situation.

Microfinance : Le crédit Jemeni en faillite

Les sociétaires de l’Union des caisses mutuelles d’Epargne et de crédit Jemeni ne contiennent plus leur colère. Les multiples et infructueux va-et-vient pour réclamer leur solde se bute à  « une mauvaise volonté de l’administration appuyée par l’à‰tat », selon eux. « Nous avons été jusqu’ici trop passifs. Le cas du Bénin [Ndlr : en référence à  l’affaire d’ICC service, une affaire d’escroquerie] doit nous enseigner », a souligné une sociétaire. Plus de deux ans de difficultés économique, la situation reste ahurissante. D’une crise de trésorerie, l’institution de micro finance s’est retrouvée en état de faillite à  cause d’une mauvaise gestion de l’administration de l’époque. Cela au grand dam des sociétaires. Au niveau des caisses Jemeni, la clientèle est simplement informée (avec une politesse stratégique) qu’il n’y a pas d’argent. La situation s’empire davantage. Et les sociétaires ne cachent plus leur ras-le-bol. Mobilisation sociale Plus de 60 000 personnes seraient concernées par cette situation. C’’est la direction générale qui est quotidiennement prise d’assaut par des dizaines de clients. Des sociétaires réunis à  la porte de la direction générale, hier, assurent avoir eu des échos que des clients embourbés dans la faillite de Jemeni se sont retrouvés en prison pour n’avoir pu honorer des engagements. Un client, la colère dans la gorge, nous tend son carnet dont le dépôt relève plus de 3 700 000 F Cfa. En l’espace de deux ans, la société Jemeni n’a pu lui rembourser que quelques 20 000 F Cfa. Mise sous administration provisoire depuis juillet 2009, l’espoir suscité s’est effondré. « La direction nous a fait savoir la semaine dernière qu’elle est dans l’incapacité de gérer ce problème », a indiqué un sociétaire. C’’est un comité officieux de réclamation des dus qui s’est constitué. Ce comité a rencontré le médiateur de la République (il y a environ un mois) et les services de la primature (il y a une semaine) qui se sont engagés à  s’investir dans une recherche de solutions. Mais, ils nourrissent une confiance très limitée dans l’engagement de ces services. Aujourd’hui, des clients menacent de protester de la manière la plus vigoureuse pour rentrer en possession de leurs sous. Dans le milieu, on songe à  interdire l’accès de la direction à  l’administration. « On a eu peur des voleurs, C’’est pourquoi on a déposé notre argent là -bas. Et C’’est d’autres voleurs qui vont nous arnaquer, avec la complicité des autorités. Ce qui se passe est purement de la délinquance », s’indignent-ils. Plus d’une dizaine d’agents des forces de l’ordre sont régulièrement réquisitionnés pour assurer la sécurité de la direction. Cette sécurité pourra t-elle dissuader les sociétaires en colère ? Ce n’est pas évident.