Mali – Sévaré : Les FAMa interpellent un suspect

Les FAMa ont interpellé le 16 juin 2020 aux environs de 08 heures un suspect au rond-point central de Sévaré dans le centre du pays. L’intéressé filmait un  convoi FAMa. Deux téléphones ont été récupérés sur lui. Le suspect et les téléphones ont été remis aux éléments prévôtés.

Source: FAMa

FAMAs: Le général de division, Ibrahima Dahirou Dembélé d’Ansongo et de Ménaka

Le général de division, Ibrahima Dahirou Dembélé accompagné d’une forte délégation militaire s’est rendu dans les postes de commandements d’#Ansongo et de #Ménaka. Objectif apporter le soutien des plus hautes autorités du pays aux #FAMa sur le terrain.

Marche de soutien aux FAMas: Le Président IBK appelé à « la démission »

« Quitte le pouvoir, quitte le pouvoir, je te dis quitte le pouvoir ». C’est ce refrain de Ticken Jah Fakoly qui a galvanisé les milliers de personnes massées ce vendredi 15 novembre 2019 à la place de l’Indépendance dans la capitale malienne, Bamako. La marche de soutien aux FAMAs entamée le 8 novembre se poursuit. Plusieurs partis politiques de l’opposition, des syndicats et la société civile avec des brassards rouges ont répondu à l’appel, pour soutenir l’armée malienne victime de plusieurs attaques meurtrières. 

« A bas la France ! A bas la MINUSMA ! IBK, démissionne ! Vive l’armée malienne ! ». C’est par ces propos que Nouhoum Togo,  le chargé de communication au cabinet du chef de file de l’opposition harangue la foule avant l’arrivée de son « boss ». Les manifestants scandent fièrement ces slogans hostiles aux forces étrangères présentes au Mali. C’est donc en rendant hommage aux FAMas qu’ils appellent à la démission le Président Ibrahim Boubacar Kéïta.  

 « Qu’on donne les moyens à l’armée malienne pour l’exécution correcte de ses missions. Que les autorités prennent en charges les veuves et les enfants de militaires morts au front. Nous dénonçons une haute trahison contre le Mali », a déclaré à son arrivé Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition, demeuré intraitable au micro quand des manifestants voulaient lui faire dire « A bas la France ! ». 

Politiciens, syndicalistes et membres de la société civile se sont succédé sur le podium avec à chaque fois le même argumentaire que celui du chef de file de l’opposition. « IBK a échoué. Les Maliens sont dans un avion sans commandant, ni pilote et sans carburant », ironise l’honorable Mahamadou Hawa Gassama, très acclamé. « Qu’IBK écoute les Maliens avant la communauté internationale », propose Kadiatou Sow, présidente de la plateforme « Anw ko Mali dron » (Le Mali uniquement).  « Que la justice interpelle Soumeylou Boubèye Maïga et Tiéman Hubert Coulibaly dans l’affaire des avions cloués au sol», invite Mohamed Aly Bathily, connu pour son franc-parler. Et l’oscar du meilleur orateur viendra à Moussa Sinko Coulibaly, qui comme en un tour de magie a fait dire en boucle aux manifestants « IBK, démissionne. IBK, démissionne.»

En marge de la manifestation, le message audio du chanteur Salif Kéïta accusant la France d’être derrière les attaques visant les FAMas et appelant au départ le Président Ibrahim Boubacar Kéïta a été entonné. Comme pour dire que c’est tout un système qui est en marche. 

 

Boubacar Diallo (Stg)

FAMAs : L’union sacrée

Plusieurs associations de la société civile projettent pour ce vendredi une marche de soutien à l’armée nationale. Après les meurtrières attaques de ces derniers jours contre les FAMAs, ces associations lancent un appel au peuple malien pour un soutien indéfectible aux militaires maliens.

« Nous en appelons au sens élevé du patriotisme de tous les Maliens pour ne pas céder aux attentes des forces obscurantistes visant à saper notre foi inébranlable en notre armée nationale et pour ne négliger à aucun moment les sacrifices incommensurables de nos vaillants soldats pour préserver notre patrie », a exhorté Massour Cissé, porte-parole de ces associations, lors d’une conférence de presse le 5 novembre. Même si de nombreuses interrogations demeurent après l’attaque du camp d’Indelimane, un mois après celui de Boulkessy, ces associations appellent à faire un front uni derrière l’armée. Depuis l’attaque du 1er novembre, les marques de soutiens à l’égard des FAMAs se multiplient. Le lundi 4 novembre, une association de femmes a tenu une manifestation spontanée de soutien à l’armée, qu’elle affirme « suivre jusque dans la mort ». Durant son adresse à la Nation dans la soirée, le Président IBK en appelait à l’union sacrée autour de l’armée. « Je ne cesserai de le rappeler, c’est dans ces moments qu’il est impératif de rendre effective l’union sacrée autour de notre vaillante armée, derrière ces hommes qui ont choisi de nous défendre et de défendre le Mali tout entier, au prix de leur vie ».

 

MINUSMA : Vers un mandat « robuste » ?

Le 30 juin, le Conseil de sécurité des Nations Unies doit renouveler le mandat de la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Déployée dans le pays depuis 2013, elle a pour mandat principal de stabiliser les grandes agglomérations et de contribuer au rétablissement de l’autorité de l’État en soutenant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix de 2015. Six ans après, la paix est toujours un mirage et le centre, jadis stable, est rongé par la violence des milices et des groupes terroristes.

Chaque année, et ce depuis 2013, le Conseil de sécurité de l’ONU prolonge à l’unanimité le mandat de la MINUSMA pour un an, lui fixant des priorités et résultats à atteindre. La principale mission est d’aider le pays à retrouver la paix et à affirmer son autorité, en mettant l’accent sur la protection des civils contre les violences. Avec la signature en 2015 de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, la MINUSMA s’est investie auprès des parties signataires pour sa mise en œuvre. Mais cette signature « à l’arraché » n’a pas permis le retour de la paix. Le cycle de violences a au fil du temps gagné progressivement le centre du pays, avant que cette zone ne devienne en 2018 la plus dangereuse. Les attaques terroristes visant les forces de défense et de sécurité maliennes ainsi que les forces internationales se sont intensifiées. Les derniers massacres de civils au centre du pays ont couronné « l’impuissance de la MINUSMA » et ré ouvert le débat sur son utilité en l’état, à la veille du renouvellement de son mandat. Car restaurer la paix dans un pays en guerre semble être une mission impossible pour elle.

En conférence de presse, le vendredi 21 juin à l’hôtel Sheraton, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, chef de la MINUSMA reconnaissait les attentes déçues des Maliens. « Je sais depuis que je suis là que les attentes des Maliens lambda sont au-delà du mandat de  la MINUSMA. Ils estiment qu’il faut une force d’imposition de la paix pour lutter contre le terrorisme. Nous, notre mandat, c’est un mandat de stabilisation du Mali », affirmait Mahamat Saleh Annadif.  « À partir du moment où il y a ce péché originel, que j’ai toujours évoqué, et à partir du moment où nous sommes là et qu’il y a toujours des morts, considérons que nous avons tous échoué et que le premier échec est celui des Maliens d’abord », répliquait-il à une question.

Mandat robuste ou statu quo ?

Alors que les critiques visent la mission, qui a payé un très tribut en vies humaines, le gouvernement, à travers son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, plaide depuis quelques mois auprès du Conseil de sécurité le renouvellement de son mandat. Tiebilé Dramé a demandé « une présence accrue de la MINUSMA dans les régions du centre du Mali, aux côtés des Forces de défense et de sécurité maliennes, afin de protéger les populations civiles et leurs biens, de mettre un terme au cycle de violences et de permettre le retour de l’administration et des services sociaux de base ».  En visite de « solidarité » au Mali du 19 au 21 juin, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de paix, Jean-Pierre Lacroix informait du renforcement de l’action de la MINUSMA dans le centre mais sans changements majeurs. « L’effectif ne sera pas augmenté, mais notre défi c’est comment faire mieux et plus pour aider les Maliens à inverser la  tendance. L’essentiel, c’est de faire en sorte de prévenir les menaces (…) et de créer des espace de sécurité pour permettre à l’État de revenir ». Le diplomate soulignait que « la MINUSMA a été créée pour répondre aux problématiques du nord et surtout à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ».

S’il fut un temps où ce mandat était incompris d’une frange de l’opinion malienne, aujourd’hui, il s’avère à ses yeux inadapté au contexte. « Le mandat, tel que défini, ne répond pas du tout à l’urgence du moment. Il faudrait revoir les dispositions, pas un renouvellement seulement. La MINUSMA est considérée aujourd’hui comme une force tampon, d’interposition, il faut penser qu’elle puisse aller au-delà », estime Khalid Dembelé, économiste et chercheur au Centre de recherche et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES). Selon lui, rien ne laisse présager du mandat « robuste » tant réclamé. « C’est à nous de faire en sorte que le mandat puisse aller au-delà : qu’ils acceptent ou qu’ils quittent le pays », affirme-t-il.

Dans son dernier rapport, en date du 31 mai, sur la situation au Mali, le Secrétaire général de l’ONU recommandait une augmentation en « efficacité et en efficience, en assurant une protection accrue lors des déplacements, en étant plus souple et plus agile et en adoptant une attitude proactive dans toutes ses zones de déploiement. Ce qui nécessitera la reconfiguration de certaines unités existantes et le déploiement de capacités supplémentaires ».

C’est ainsi que le camp de Diabali devrait être transféré aux FAMAs début 2020. Les responsables onusiens rappellent souvent que la MINUSMA n’a pas à se substituer à l’État, mais à l’appuyer dans ses efforts. « Il y a une nécessité de réponses maliennes à la crise du centre. Chacun a son rôle. N’essayons pas de considérer qu’il y a une baguette magique quelque part qui s’appelle MINUSMA,  EUTM ou G5 Sahel », rappelle le chef des opérations de maintien de  paix, ajoutant « il faut un renforcement des capacités de l’État, des FAMAs et des forces de sécurité ».

Même si la contribution des Nations Unies est considérable, le mal est toujours vif et le pays peine à se remettre debout. La persistance de l’hémorragie malgré l’assistance des forces internationales agace de plus en plus en l’absence de perspectives. Dr Bréma Ely Dicko, chef du département Sociologie – anthropologie de l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako, recommande un mandat robuste pour la MINUSMA. « C’est le minimum que les Nations Unies puissent faire, pour la simple raison qu’il permettra à la MINUSMA d’être plus efficace sur le terrain et de contribuer à la lutte contre le terrorisme, ce qui n’est pas dans son mandat actuel », souligne-t-il.

Une mission à laquelle doivent faire face, selon Abdoulaye Tamboura, Docteur en géopolitique, d’autres forces. « C’est aux Forces armés maliennes, à Barkhane et au G5 Sahel que revient cette mission ». C’est d’ailleurs dans cette lutte qu’un groupe armé terroriste a abattu mi-juin lors de combats dans le nord-est du pays un hélicoptère de la force Barkhane. Un témoignage de leur capacité de nuisance et de l’urgence à circonscrire les violences au centre.

Pour Dr Bréma Ely Dicko, le temps n’est plus au statu quo. « À quoi sert de vouloir sauvegarder des institutions si le pays sombre de jour en jour et tend vers l’inconnu ? Il est aujourd’hui plus que nécessaire de revoir la façon de faire de la MINUSMA, de la sortir de cette position de stabilisation pour être une force combattante ». Il ajoute « si l’on n’accorde pas à la MINUSMA un mandat robuste, lui permettant de combattre les groupes terroristes, elle comptera toujours ses morts et sera là pour une dizaine d’années ». 

Toutefois, le sociologue suggère qu’à défaut d’accorder un mandat offensif à la mission « ses effectifs soient réduits et de faire en sorte que l’argent qui servait à les prendre en charge soit réorienté au bénéfice du G5 Sahel, qui est une force de lutte contre le terrorisme sans moyens ».

Pour l’heure, malgré les critiques, la présence de la MINUSMA reste indispensable, tant la menace est réelle. Les Forces armées maliennes supposées prendre la relève sont  toujours en reconstruction.

Lutte contre le terrorisme: 15 djihadistes tués dans des frappes aériennes de Barkhane

L’opération Barkhane a annoncé ce vendredi 18 janvier qu’une quinzaine de djihadistes avaient été tués par des frappes françaises le 10 janvier au Mali.

Une quinzaine de djihadistes soupçonnés de préparer une attaque ont été tués le 10 janvier dans le centre du Mali par des frappes aériennes françaises, a annoncé l’opération Barkhane dans un communiqué transmis à notre rédaction ce vendredi.

« Le 10 janvier, des frappes aériennes ont été menées par des Mirage 2000 et un Atlantique 2 de la force (Barkhane), appuyés par un drone Reaper, sur ce groupe terroriste » localisé dans la zone de Dialoubé, au nord de Mopti, et « une quinzaine de terroristes a été mise hors de combat », selon le communiqué.

« Ces succès ont permis de réduire le niveau de menace dans cette région peu accessible du delta intérieur du Niger » et « s’inscrivent dans la continuité d’opérations menées conjointement avec les forces maliennes, mi-décembre et début janvier », se félicite l’opération.

Une série d’opérations menées début janvier avec les forces maliennes dans la forêt de Serma (Douentza) ont permis de démanteler des camps d’entraînement, de saisir de l’armement et de collecter des renseignements selon lesquels « un groupe de terroristes en lien avec le centre de formation démantelé s’apprêtait à conduire une action contre une emprise institutionnelle symbolique dans la région de Dialoubé », détaille le communiqué.

Coopération renforcée

Le communiqué souligne en outre le renforcement des modalités de coordination entre les forces armées maliennes et Barkhane, « ce qui a permis d’obtenir des résultats probants notamment dans la forêt de Serma et à Dialoubé ».

 

Gal B. Guibert, Commandant de la Force Barkhane : « Il n’y a plus de sanctuaire terroriste au Mali »

Quelques heures après une attaque contre le camp Minusma de Kidal, le Commandant de la force française Barkhane rassure : la situation tourne en défaveur des groupes terroristes. Ces derniers ont été frappé au cœur de leur dispositif grâce à une opération encore en cours et qui a permis de neutraliser ou d’arrêter des individus dont de nombreux cadres de l’EIGS et du JNIM.  

Opération de communication inédite pour le chef de la Force Barkhane. Le général de division Bruno Guibert a rencontré la presse ce jeudi 22 mars 2018. L’officier supérieur connait bien le Mali. Il y a été d’aout 2013 à avril 2014 en tant que chef de la mission de formation de l’Union européenne, l’EUTM. Depuis juillet 2017, il a pris le commandement de la force française, déployée dans cinq pays de la bande sahélo-saharienne, avec PC à N’Djamena (Tchad).

Lancée, le 1er août 2014, la Force Barkhane est déployée essentiellement au nord du Mali où  elle lutte contre le terrorisme. En près de quatre ans, des centaines de terroristes ont été mis « hors de combat », des bases démantelées etc. « Cette tâche, nous la continuons », assure le Général Guibert qui se réjouit que l’opération menée dans le Liptaco-Gourma depuis trois semaines et qui aura déjà permis de toucher près de 70 terroristes, ait permis de déstabiliser les actions des groupes installés dans cette zone. Une action qui se mène sur le terrain  en collaboration avec les différents acteurs militaires sur le terrain (troupes internationales, Forces armées maliennes et des pays voisins), mais aussi certains groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation(APR).

 Général Bruno Guibert, le 22 mars 2018, à propos de la collaboration avec certains groupes armés. Copyright JDM

« Je ne fais pas de politique »

« Barkhane est une force militaire. Donc moi je mène des combats, je ne m’occupe pas de politique, je ne me positionne pas sur le champ politique même si je comprends que l’action militaire à des impacts sur le champ politique », précise le Général français. La question de la mise en œuvre de l’APR entre en ligne de compte dans la gestion des opérations sur le terrain, « ce qui est décidé au niveau politique en CTS par exemple en ce qui concerne la circulation des armes et des munitions, n’est appliqué par personne ».  Barkhane a  des « preuves de collusion de certains  acteurs avec les groupes terroristes ». « Il faut faire preuve de courage et de détermination, choisir son camp et avancer vers la paix dans le cadre de l’APR tel qu’il a été signé par ces mêmes groupes […] Tout le monde doit faire des efforts pour que la paix progresse». De soupçon de collusion, il en a été question après la frappe d’Abeïbara qui avait causé la mort de soldats maliens. « C’est un sujet difficile et compliqué », reconnait le patron de Barkhane qui « en tant que chef militaire qui a ordonné cette opération», n’a « aucun doute sur la nature du groupe qui avait été frappé et dont le comportement était clairement caractéristique de celui d’un groupe armé » mais ne saurait dire si la situation des militaires maliens était « délibérée, volontaire ou imposée ». « On ne connaitra certainement jamais la vérité profonde de ce qui a pu se passer. Malheureusement, ça fait partie des risques de la guerre, où il n’y a jamais de certitude absolue », conclut-il pour clore le sujet en demandant de passer « au-delà de cette affaire pour avancer ensemble ».

Quid du centre du Mali ?

La zone d’instabilité descend depuis plusieurs mois vers le sud du pays. Avec des actions de groupes armés majoritairement peuls et les conflits intercommunautaires, la question de l’insécurité du centre du Mali est le sujet de préoccupation du moment. Alors que la Force conjointe du G5-Sahel commence timidement son déploiement, que la Minusma subit des pertes à cause d’engins explosifs, Barkhane est absente de la zone. « Si aujourd’hui nous ne sommes pas engagés dans le centre du Mali, c’est que les autorités maliennes ne l’ont pas souhaité », explique le Général Guibert. « Nous agissons essentiellement dans le nord du Mali, parce que c’est là que se concentrent certains foyers terroristes et les donneurs d’ordre de ces groupes se trouvent dans le nord. Pour le moment, il n’est pas prévu que Barkhane intervienne dans le centre où les Famas mènent des opérations  avec succès», précise-t-il. Des succès qui font dire à l’officier qu’il n’y a « plus de sanctuaire terroriste au Mali. Je ne dis pas que la menace n’existe plus mais il n’y a plus d’impunité des groupes terroristes au Mali. Ils sont traqués partout ».

L’armée malienne fait des efforts pour se restructurer et monter en puissance.

Général Bruno Guibert, le 22 mars 2018, à propos des FAMas. Copyright JDM

Armée malienne : Plus agressive et plus performante

Le samedi 27 janvier, un camp militaire était attaqué à Soumpi, dans la région de Tombouctou, entrainant la mort de 14 soldats. Au-delà de ce sinistre, c’est la remobilisation rapide des Famas, qui ont lancé la contre-offensive et fait 17 morts chez les terroristes, qui doit retenir l’attention. Cet épisode met en évidence la nouvelle posture de l’armée malienne.

Des éléments craintifs, sous-équipés et mal formés, tels étaient certains des qualificatifs peu glorieux utilisés il y a peu pour décrire les militaires maliens. Mais, aujourd’hui, la situation a évolué. Nonobstant les nombreux défis sécuritaires auxquels ils font face, les Famas font désormais front. « A force de subir et d’encaisser, nous avons mené une réflexion et sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait mettre l’accent sur l’Homme, parce que c’est l’Homme qui est déterminant dans l’issue d’une guerre », explique le colonel Diarran Koné, chef de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa).

Pour mener à bien cette politique, de nouveaux centres de formation ont vu le jour et d’autres ont été réhabilités et rouverts. « Nous avions cédé du terrain, et ce n’était pas seulement faute de matériel. Il nous fallait forger la combativité du soldat malien, lui faire comprendre qu’il est le rempart entre la population et l’ennemi », ajoute le colonel. Les dispositions de la Loi d’orientation et de programmation militaire, adoptée en 2015, prévoient également l’achat d’équipements plus performants. « Le matériel vient en complément, c’est un démultiplicateur des forces. Au-delà, il y a une vraie détermination de l’armée pour que le pays se débarrasse une bonne fois de ses assaillants», assure notre interlocuteur. Cela se voit sur le terrain. Régulièrement visés par des attaques complexes, les Famas répondent mieux.

Ripostes vigoureuses, traques sans relâche, la posture a positivement changé. Pour preuve, les « nombreux » terroristes neutralisés dans la région de Mopti, à Djenné début janvier et à Youwarou, le 25. Pas de triomphalisme toutefois chez le Directeur de la Dirpa. « Nous ne devons pas crier victoire. Tant qu’un seul Malien ou ami du Mali sera victime d’une mine ou d’un terroriste, nous estimerons que rien n’aura été fait ».  Ce n’est pas le car de civils qui a sauté sur une mine à Boni, le camp attaqué à Soumpi et le kamikaze a entrainé dans sa mort quatre militaires qui lui donneront tort.

Confiance restaurée

L’armée a aussi su instaurer une relation de confiance avec les populations, indispensable pour recouvrer les parties abandonnées du territoire. Excédés par les nombreuses morts et exactions, les habitants coopèrent mieux avec elle, en dépit des menaces. « Nous constatons un sursaut collectif. La population a compris qu’elle est son premier agent de sécurité et doit nous signaler tout mouvement suspect, afin que nous puissions agir », conclut le colonel Koné.

Barkhane : le point sur son engagement

Pas très habitué à cet exercice de communication, la force Barkhane, par la voix de son général, Christian Allavène, a organisé une rencontre avec les journalistes qui s’est tenu à la maison de la presse, à Bamako, ce 21 novembre. Le souhait de la force étrangère était d’informer la presse malienne sur « les actions de Barkhane en faveur de la population malienne ».

Les travaux accomplis

Cette conférence de presse a débuté en évoquant les différentes réalisations accomplies par la force armée française. En plus de ces interventions militaires, la force Barkhane s’est engagé à prodiguer des soins à la population malienne, première victime de cette insécurité. « Barkhane a accordé pas moins de 5 000 consultations médicales et sanitaires au profit de la population. Ce sont 500 patients qui ont été soignés par des soins médicaux de Barkhane », commence-t-il à dire. En tout ce sont près de 28 500 actes médicaux qui ont été prodigués aux Maliens, à l’heure actuelle.

En poursuivant son exposé sur ces données chiffrées, il a été question des actions civilo-militaires (CIMIC). « Ce sont des actions militaires au profit de la population civile. Ces actions tournent autour des besoins vitaux. Il s’agit de l’accès à l’eau (…) de l’électricité, l’éducation. Et c’est d’ailleurs une graine que Barkhane plante pour l’avenir du peuple malien », affirme le général. Pour l’eau et l’électricité, la force Barkhane s’appuie les deux partenaires de la lutte contre le terrorisme que sont le Mali et la France. « Barkhane appui la remise en route de la centrale électrique de Kidal et y a investi beaucoup d’argent. Grâce à EDM, l’État malien, qui a décidé de consacrer une somme très conséquente à la remise en route de cette centrale à Kidal, l’a relancé il y a un mois et demi. Au moment de notre arrivée, la centrale fournissait six à huit heures d’électricité pour environs 25 % de la population kidaloise, aujourd’hui, 80 % de la centrale électrique produit quasiment 100 % des Kidalois a au moins 20 heures », dit Christian Allavène. Pour une autre ressource vitale, qu’est l’eau, le général nous apprend la présence, à Gao, de la société française Veolia, dont certains représentants sont sur place. Cette venue est motivée par une étude des projets qui pourront y être menés à très court terme au profit du grand Gao. « D’autres projets sont en cours, même si certaines régions bénéficient davantage d’aide que d’autres », précise le chef militaire.

Dans son appui aux forces armées malienne, l’opération Barkhane poursuit son appui aux militaires maliens à travers 142 actions de formations dispensées, en 2017, la fourniture de munitions, de carburant et d’alimentation.

L’insécurité au centre du Mali

L’absence de la force militaire dans cette partie du pays s’explique par le fait que «  Barkhane intervient là où on lui demande de le faire. La force militaire travaille dans les zones aux profits desquelles l’État malien lui demande d’intervenir. Je vous le rappelle, la force française, intervient au profit et en appui de la MINUSMA. » Pour le commandant Allavène, les missions à menées dans le nord du pays ne sont pas encore accomplis et reconnaît que cette partie du pays est la priorité de Barkhane. « Le « ménage », si je peux me permettre d’utiliser cette expression un peu maladroite n’est pas complètement réalisé ». Il poursuit en précisant que les effectifs de Barkhane sont minimes face à l’immensité du territoire malien. « Barkhane, c’est 4 000 hommes dans un pays vaste comme le Mali, je vous laisse imaginer si nous avons la capacité à être partout et en même temps. » L’absence des forces française dans le centre du pays est un fait que M.Allavène a tenu à pondérer en précisant que « les FAMas oeuvrent dans cette partie du pays ».

Sujets épineux

Sur une possible porosité entre certains groupes signataires de l’accord de paix d’Alger et les terroristes, Christian Allavène lève le voile. « Les différentes opérations que nous avons menées récemment dans le nord, mais pas uniquement, notamment par la saisie d’un nombre de pièces à charge, démontrent la collision qui existe entre certaines personnes de certains groupes armées signataires et des groupes armés terroristes. »

Suite au tollé qu’à susciter la mort des 11 soldats maliens tués dans une embuscade de la force militaire française, en octobre dernier, le général Christian Allavène, n’a pas souhaiter s’étendre sur ce sujet. Afin d’y mettre à terme. « Votre président et notre ministre [Florence Parly, ministre française des Armées : NDLR] ont affirmé que cette affaire était derrière nous. Souhaitez-vous vraiment la remettre devant nous ? Ne pensez-vous pas qu’il convient de sortir de ce sujet et de considérer l’avenir ? Cette affaire est derrière nous, je cite votre président et ma ministre », se contente-t-il de dire.

 

Human Rights Watch accuse les FAMAs de violations de droits de l’homme

 L’organisation de défense des Droits de l’Homme Human Rights Watch a indexé  dans un rapport publié le 08 septembre dernier l’armée malienne des « graves violations des droits de l’homme ». Selon  l’organisation c’est dans la volonté de «  contrer les groupes islamistes dans le centre du Mali » que ces violations ont été commises. Pour vérifier  ces accusations,  en plus des allégations faites par la MINUSMA, la CMA et la Plateforme, le ministre des droits de l’homme et de la reforme de l’Etat a effectué une visite dans la région le 23 septembre.

L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch dans un rapport publié le 08 septembre dernier, accuse l’armée malienne de violations de droits de l’homme dans la région de Mopti (Centre du pays). Le début de ces atteintes commises remonte à  fin 2016. Il s’agissait pour l’armée malienne  de contrecarrer la montée en puissance des groupes islamistes qui s’imposent en maitre des lieux dans certaines localités de la région. Elle aurait donc fait recours à des pratiques répressives allant « des meurtres extrajudiciaires, à des disparitions forcées, à des actes de torture et à des arrestations arbitraires à l’encontre d’hommes accusés de soutenir les groupes armés islamistes » souligne le rapport. En plus des ces actes dénoncés, l’organisation a documenté l’existence de trois fosses communes «  qui auraient contenues des cadavres d’au moins 14 hommes exécutés après avoir été détenus depuis décembre par des militaires maliens », accable le rapport, selon lequel les abus ont continué jusqu’en juillet 2017. Dans la même période, les groupes armés islamistes ont eux aussi commis dans la même zone du centre des  abus graves des droits de l’homme, « notamment des exécutions sommaires de civils et de militaires de l’armée malienne, des destructions d’écoles, et le recrutement et l’utilisation d’enfants comme soldats »  poursuit le rapport d’HWR.

Pour vérifier la veracité des accusations et les allégations formulées par la Minusma et les groupes armés signataires de l’Accord, le ministre des droits de l’homme et de la reforme de l’Etat a effectué  le 23 septembre, une tournée de trois jours dans la cinquième région. Sur place, le ministre Me Kassoum Tapo accompagné des membres de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) et des autorités administratives de la région a visité les  prisons, les gendarmeries et  les commissariats de certaines localités comme Douentza, Hombori  Bandiagara, Sevaré pour ne citer que celles-ci. Le ministre s’était dit «  séduit » par la qualité de certains lieux de détention qui répondent à un certain confort. «  J’ai été personnellement séduit, en tant qu’avocat par cette gendarmerie ou j’ai vu une cellule pour la première fois avec une douche intérieur » se réjouissait-il. Il a eu l’assurance lors de cette mission que tous les présumés terroristes arrêtés sont au bout de 48 heures transférés à Bamako.

Revenu a Bamako, il a tenu hier mardi dans l’après midi au sein de son département une conférence de presse. Lors de cette rencontre il a  dénoncé le rapport de l’organisation des Droits de l’Homme,  qui selon lui manque de « sérieux » et de professionnalisme. Selon lui, ce document aurait dû être transmis aux autorités maliennes avant sa publication. Toute chose qui scandalise le ministre qui par la même occasion a balayé d’un revers de la main les accusations formulées à l’encontre des forces de défense et de sécurité malienne.