Mort d’Adama Drabo : le cinéma malien pleure l’un de ses fils prodiges

A 61 ans, Adama était devenu un grand nom du cinéma malien. Il réalisera de nombreux films tels que « Taafé Fanga », « Ta dona » et « Fanta Fanga » son tout dernier long métrage sorti en 2008 et projeté au dernier Fespaco à  Ouagadougou. Depuis sa tendre enfance, l’homme rêvait de pouvoir faire un jour, des films. Adama débutera d’abord dans l’enseignement. Puisqu’à  l’époque, il ne pouvait pas se permettre le luxe de fréquenter une école de cinéma. Enseignant dans de petits villages environnants de Bamako durant une dizaine d’années, Adama consacrera son temps libre à  l’écriture de pièces de théâtres. Parmi elles, nous avons «Massa» en 1972, «Le trésor de l’Askia» en 1977, «l’Eau de Dieu tombera» en 1982 et «Pouvoir de Pagne» en 1983. l’homme avait aussi des talents cachés pour la peinture qu’il n’a jamais poussé loin d’ailleurs. En1979,il intègre le centre national de production cinématographique du Mali (CNPC). C’’est le début de la réalisation d’un rêve d’enfance. De là , il fait la rencontre de plusieurs grosses têtes du cinéma malien comme Souleymane Cissé et Cheick Oumar Sissoko. Il sera l’assistant de réalisation de ce dernier pour le tournage des films « Nyamanton » sorti en 1986 et « Finzan » sortit en 1989. Il se fait remarquer grâce à  ces films. Après avoir acquis une multitude de connaissances et d’expériences en matière de production cinématographique, Drabo réalisera en 1991, son premier long métrage intitulé «Ta dona ». Ce film est une sorte de sensibilisation face à  la dégradation de l’environnement par les hommes.‘’Ta dona » est une expression bambara qui veut dire, «’il y a le feu ». Ce film relate l’histoire d’un jeune garçon luttant pour le reboisement de l’environnement de son village et contre la corruption. Les dirigeants de la communauté ne font que s’enrichir sur le dos des pauvres villageois, ne se souciant que de leurs poches. Lorsque les feux de brousse se déclenchent, C’’est la catastrophe, le jeune exploitant forestier trouve une solution au problème. C’’est la décente aux enfers pour lui… » Ce film sera remarqué au FESPACO 1992 et au festival de Cannes. Taafe Fanga ou le pouvoir du pagne Après un franc succès pour son premier film, le réalisateur se jette à  l’eau pour une seconde fois en 1997 avec une oeuvre intitulée « Taafé Fanga ». Le film séduit le public malien car il jette un regard fort sur la condition des femmes. « Lorsque les femmes s’emparent du masque censé donner des pouvoir, elles changent le cours de l’histoire. Le pouvoir autrefois détenu par les hommes, est maintenant dans leurs mains. La cuisine, la lessive et tous les travaux ménagers sont effectués désormais par les hommes… » « Taafé Fanga » est comme une sorte de miroir dans lequel chacun se voit et comprend la situation de l’autre. Le film lui vaudra des prix au festival de Cannes, de Tokyo et au FESPACO. Son dernier long métrage « Fanta Fanga », co-réalisé avec le cinéaste malien Ladji Diakité, est sorti en 2008. Il a décroché le prix de la Sécurité sociale au FESPACO 2009. Il relate les problèmes rencontrés par les albinos en Afrique. En effet, ils sont le plus souvent l’objet de sacrifices humains, car considérés comme personnes mystiques et porteuses de richesse. La vie et l’oeuvre d’Adama Drabo resteront à  jamais gravées dans la mémoire du public malien avec son regard lucide sur la vie quotidienne. Il touchait au C’œur même des problèmes de société et des vécus quotidiens. l’Afrique perd un baobab de la cinématographie et de l’art. Adama laisse derrière lui une génération de spectateurs en nostalgie. Il a su se faire un nom et s’imposer sur dans le domaines du 7e art panafricain et mondial. S’il existe un paradis des cinéastes, Adama Drabo doit s’y trouver !