Iba One et Vieux Farka Touré en croisade contre l’insécurité alimentaire

Tout comme plusieurs autres pays de la région du Sahel, le Mali est touché par l’insécurité alimentaire. Cette situation est accentuée par une crise politique et militaire ainsi que par des prix anormalement élevés, facteurs qui affectent les populations les plus vulnérables. Pour se mettre au parfum de la proportion atteinte par la crise les artistes Vieux Farka Touré et Iba One ont visité, du 16 au 18 juillet 2012, Mello (à  Kayes, une région o๠plus d’un million de personnes ne mangent pas à  leur faim, selon le bulletin du Système d’alerte précoce (SAP) en date du 31 juillet 2012). Pour faire le point de cette tournée, l’Organisation internationale Oxfam a organisé ce lundi, dans un hôtel de Bamako, une Conférence de presse animée par les musiciens Vieux Farka Touré et Iba One. l’appel d’Oxfam Après Baaba Mal du Sénégal, l’organisation a jeté son dévolu sur des artistes chanteurs maliens. Sensibles à  la détresse des populations rencontrées, les musiciens maliens Vieux Farka Touré et Iba One, ont répondu favorablement à  l’appel de solidarité entre Africains lancé par Oxfam. Né à  Nianfunké (au Mali) en 1981, le premier est le fils du légendaire guitariste malien Ali Farka Touré. Vieux Farka est connu pour être très proche du monde rural. Il dit avoir répondu à  l’appel d’Oxfam, car pour lui, «Â la situation que vit le Mali est grave et inadmissible. «Â Nous devons tous aider les communautés touchées par la crise alimentaire et le conflit au nord », lance-t-il. Sur le terrain, dit-il, «Â J’ai été émerveillé par le sourire retrouvé des populations, grâce aux bons d’achat d’Oxfam ». Le second, Iba One, qui fait figure de Star montante du hip hop malien. Tous affirment s’être engagés avec Oxfam pour non seulement soutenir les communautés vulnérables et les paysans, mais aussi pour le public et les dirigeants africains à  l’action. C’est-à -dire mobilier des fonds pour sauver le Mali. Ainsi, ont-ils lancé un appel du village de Mello (Kayes) qui se vidait petit à  petit de ses habitants, pour aider Oxfam à  mobiliser des fonds afin de donner de la nourriture, de l’eau, améliorer les conditions d’hygiène des plus vulnérables et protéger les populations déplacées. Mobilisation de fonds : 33 000 F CFA par mois pour les ménages Dans le but d’impulser une réponse alimentaire Oxfam a entamé un programme de distribution mensuelle de bons d’achat à  1 400 ménages dans deux communes du cercle de Kayes, pour leur permettre de se procurer des aliments et autres articles essentiels. D’une valeur pécuniaire de 33 000 F CFA, les bons d’achats distribués par Oxfam sont destinés aux populations les plus vulnérables. En août, le nombre de bénéficiaires a été revu à  la hausse avec 1 250 nouveaux ménages venus s’ajouter aux premiers dans le cadre d’un projet de transfert monétaire direct. Pour atteindre son objectif d’aider les populations à  juguler la crise alimentaire, Oxfam voit l’impérieuse nécessité de mobiliser des fonds. C’’est pourquoi elle se fait accompagner par des artistes pour porter le message au plus haut niveau. En même temps qu’elle intervient sur le terrain pour aider les populations, l’Organisation mobilise des célébrités africaines et internationales pour rendre visibles cette crise et ces populations oubliées par les leaders du monde. Notons que, dans le cadre de son travail de plaidoyer contre la faim dans la région du Sahel, Oxfam a travaillé avec des footballeurs tels que Seydou Keà¯ta, Demba Bâ, Charles Kaboré et des chanteurs tels que Baaba Maal, 2face Ibadi…

Essakane, à l’année prochaine…

Ils étaient près de 3000 festivaliers à  avoir pris d’assaut les dunes de Tombouctou malgré la menace sécuritaire pour écouter la musique du désert. l’hommage à  Ali Farka Touré a réuni vendredi soir, les amoureux du Blues du Désert, celui originaire de Niafounké, qui a fait vibrer le public, malgré une température presque hivernale. 12° les pieds dans le sable, autour de braises rougeoyantes, l’esprit d’Ali Farka Touré a plané sur Essakane grâce à  ses mucisiens, Samba Touré, Oumar Touré, Hamma Sankaré, le doyen qui a joué avec Ali Farka Touré de son vivant, Barou Diallo ou encore Bassékou Kouyaté. Belle mention à  Noura Mint Seymali qui chante sa Mauritanie natale, à  Fatoumata Wallett du groupe Tartit ou encore l‘Indienne Khiran Alhuwalia plus contemporaine et l’Anglo-soudanaise Amira Kheir vibrante. Diversité des cultures, celle de Noura Mint Symali se rapproche des peuples Tamasheks, magnifiés dans le documentaire  » Woodstock à  Essakane » qui retrace toute l’histoire du festival depuis ses débuts en 2001 : « Je souhaite qu’un jour le festival revienne à  Essakane », dira une festivalière nostalgique du temps o๠il se tenait à  60 km de Tombouctou : « Ni téléphone, ni liaisons Internet, nous étions de vrais touaregs du désert, avec la musique en plus, le clair de lune et les tentes pour dormir… ». Une autre souhaitera retrouver l’esprit itinérant d’Essakane comme à  ses débuts et pourquoi pas à  Agadez, dans le désert du Ténéré un jour… Après le concours de danse Takamba, le clou du festival a été l’arrivée surprise du chanteur anglais Bono du légendaire groupe U2. Une présence remarquée puisque l’artiste a chanté avec Tinariwen devant 3000 spectateurs déchaà®nés, dans un déhanché spectaculaire. Belle surprise pour les organisateurs, parce que la paix et l’unité peuvent exister au Nord : «Â AQMI a été localisé à  15km d’ici, confiait un haut gradé de Tombouctou, devant la scène, mais croyez moi, ils n’ont rien à  voir avec nous, soyez rassurés, certains actes sont isolés. » Reste que l’attaque de Novembre dernier, a plombé l’industrie touristique dans la cité des 333 saints. Alcoye, propriétaire de l’Hôtel du Désert, qui a accueilli beaucoup de festivaliers, explique qu’après la fête, il fermera ses portes. Les touristes ne viendront pas. Cela suffit à  Alcoye pour envisager autre chose. C’’est pourquoi les autorités, représentées par 4 ministres à  Essakane, ont livré un message fort : «Â Il était important que le festival ait lieu en dépit des menaces, nous avons particulièrement été touchés par la présence de Bono à  Tombouctou… », a confié le Premier Ministre Mariam Kaidama Sidibé, qui a appelé à  une mobilisation de tous pour que le festival Au Désert d’Essakane vive encore et toujours… Des spectateurs venus de partout, d’Australie, de France, d’Israà«l, d’Amérique Latine, d’Angleterre, la fête a été belle durant trois jours dans le sable de Tombouctou. Habib Koité a clôturé le show sur de belles mélodies dansantes… Essakane a vécu de beaux moments cette année, ce qui a conforté les organisateurs dans leur initiative, celle de promouvoir les cultures des peuples du désert et comme nous l’a confié Manny Ansar, Directeur du Festival, « Essakane » appartient d’abord aux populations du désert… A l’année prochaine !

Ali Farka Touré : Le génie de la guitare blues de Niafunké

L’enfant de Niafunké Ali Ibrahim Touré voit le jour, le 31 octobre 1939 à  Kanau (à  65 km de Tombouctou), son village natal. Ali était le fils unique de la famille. Il a perdu neuf frères et sœurs. Chacun des enfants de ses parents mourraient mystérieusement. Il sera le seul rescapé parmi les dix. C’’est d’ailleurs ce qui lui valu son surnom Farka, qui signifie âne. Ce surnom comme il l’indiquait lui-même, n’a rien de péjoratif car, l’animal est admiré pour sa force et bravoure. Il disait souvent [i »je suis l’âne sur lequel personne ne peut monter » ]. Ali Farka était de l’ethnie Djerma, un démembrement des songha௠et venait d’une famille noble. Sa noblesse ne l’empêchera cependant pas de devenir musicien parce qu’au Mali, il n’ y a que les hommes de castes qui sont normalement habilités à  faire la musique. A l’école de la vie ! Ali Farka perdra très tôt son père, un tirailleur sénégalais mort pendant la 2e guerre mondiale. Après ce décès, sa famille immigre vers Niafunké (à  250 km de Tombouctou). Très vite, il s’intéressera à  la musique et apprendra à  jouer certains instruments comme la guitare traditionnelle, le violon et la flûte peulh. Il apprendra vite et bien parce qu’ayant suffisamment de temps pour cela. Autodidacte l’artiste n’a jamais fréquenté l’école des blancs. Il a plus tôt été, à  l’école coranique o๠il avait beaucoup plus de temps libre. Farka sera très vite responsabilisé puisqu’étant le fils unique de sa mère. Elle lui apprendra à  devenir un homme, à  apprendre l’adversité de la vie, les travaux champêtres et même parfois, des travaux ménagers. Le premier métier d’Ali sera celui de chauffeur. Il l’exercera pendant de longues années et même, au début sa carrière musicale. Débuts dans la musique En 1960, Ali Farka forme la troupe avec laquelle il fera le tour du Mali pour de nombreux concerts. Après avoir acquis quelques expériences professionnelles, il effectuera son 1er voyage professionnel à  l’extérieur. Ainsi en 1968, Ali participe au festival des arts à  Sophia (Bulgarie). Deux ans plus tard, il intègre l’orchestre de la Radio Nationale et devient ingénieur de son dans la même boite. l’orchestre ne fera malheureusement pas long feu puisque, dissout en 1973 par les autorités politiques du pays. Carrière solo Après la dissolution de l’orchestre de Radio Mali, Ali Farka Touré commence une carrière solo et sillonne toute la zone ouest africaine. Il effectuera alors plusieurs tournées internationales en Europe, en Asie et aux Etats-Unis, après la sortie de son premier album ‘Farka’ en 1976. Le succès au-delà  de toute espérance Le petit chauffeur de Niafunké, n’ayant pas fait les bancs, ne se voyait pas du tout prédestiné à  un tel avenir. En 1991, après la sortie de plusieurs albums à  succès Ali s’ouvre à  la musique du monde en enregistrant un titre avec le bluesman Taj Mahal. Deux ans après ce duo phénoménal, Farka signe l’album ‘Talking Timbuktu’ avec le guitariste américain Ry Cooder. La même année, il reçoit le Grammy Award du meilleur album. En 2006, Ali Farka Touré reçoit un second grammy pour l’œuvre « In the heart of the moon », cosigné avec Toumani Diabaté. Il décèdera juste un mois après avoir reçu le grammy. Ali Farka célébré à  Niafunké EN 2010 En 2005, Ali Farka crée la fondation qui portera son nom. Celle-ci, malgré la disparition de l’homme, continue à  perpétuer l’œuvre humanitaire de l’homme. Elle tiendra d’ailleurs le 11, 12 et 13 novembre prochain, le festival Ali Farka Touré à  Niafunké. Une vidéo d’ Ali Farka Touré au Festival du Désert 2003 avec Afel Bocoum

Vieux Farka Touré : « Fondo », un nouvel album pour ravir les mélomanes

Beaucoup trouvent époustouflant cet album. Car empreint de diversité musical, et riche de la tradition du pays Trois ans après son premier album, Vieux Farka vient livrer une nouveau bijou musical. Ce superbe opus de l’artiste est déjà  dans la besace de pas mal de mélomanes. Intitulé « Fondo », le nouvel album de vieux Farka est riche de toutes les sonorités modernes et mandingues. Absent un moment de la scène musicale Malienne, Vieux Farka Touré signe ainsi son retour parmi les siens. Musicien de père en fils Le fils d’Ali Farka se reconnaà®t praticien du « Sahara Rock », à  la différence de son père qui dit-il s’est remarquablement fait distinguer à  travers le « Blues du désert ». Sur tous les plans, le parcours musical de Vieux Farka fait une rétrospective de celui de son défunt père, chez qui il reconnaà®t s’être « inspiré ». Sur les fondements d’un tempo mandingue, fleurissent au fil des productions des sonorités soul, reggae et rock. Pour les professionnels de la musique,l e nouvel album de Vieux Farka est plein de maturité : « Il a fait preuve de professionnalisme et d’ouverture », indique Salif Koné, professeur de musique. Tout en se distinguant autrement dans la musique, Vieux Farka est celui que beaucoup ont vite classé dans les espoirs de la musique mandingue. Fondo, la route de l’inconnu « Fondo » désigne la « route » en langue Songhaà¯. Mais pas une route au sens propre du mot, une route continuelle, ou encore un processus ininterrompu. La pochette de l’album arbore les merveilles de la ville qui a vu naà®tre son père Ali Farka Touré, Niafunké : une petite dune de sable, comme une plage, juste à  coté du Fleuve Niger, sur la route de Tombouctou. Pour l’artiste, la tradition s’accommode avec le mode de vie. Elle est le tréfond de notre richesse. « Il faut la conserver comme de l’or. Car on ne pourra jamais se départir de notre culture. Nous devrons œuvrer à  renforcer notre attachement et tout notre intérêt aux richesses culturelles du terroir », estime t-il. La musique dans le sang Ce jeune artiste s’est lancé dans la musique, bien sur, avec l’ambition de s’y positionner à  l’image de son père dont le génie musical est reconnu au delà  des frontières. Vieux Farka se réjouit d’être entouré de grands musiciens tel que Toumani Diabaté, Afel Bocoum, Oumou Sangaré, qui n’ont jamais cessé de lui servir de repère. Sur les traces de son père, Vieux Farka apporte à  sa propre histoire, ses propres couleurs. Beaucoup d’artistes essaient de suivre les pas de leur pères, mais ça ne marche pas toujours. l’artiste souhaite conquérir l’univers musical à  sa manière. l’album « Fondo » vient matérialiser cette volonté de passionné. l’artiste reconnaà®t que ses tournées et séjours aux Etats-Unis ont façonné sa musique. Toute chose qui le fait distinguer quelque peu de son père. « Mon père et moi possédons le même feeling. Mais Ali, C’’est Ali. Et moi, C’’est moi. Nous avons un œil et une oreille différente ».