Abdoulaye Konaté, Directeur Général du CNAM de Bamako :  » Malgré le départ de certains enseignants, nous avons l’essentiel pour former »

La grogne est perceptible dans le rang des enseignants au niveau du conservatoire des Arts et Métiers Balla Fasséké Kouyaté de Bamako.Aux arriérés de salaires s’ajoutent l’inertie et le manque de dialogue fécond avec la direction. Grogne des enseignants Excédés, certains professeurs ne sont pas passés par 4 chemins et ont purement et simplement claqué la porte de l’établissement. Ainsi, l’absence totale de conditions de travail et d’incessantes plaintes ont ouvert la voie à  des départs d’enseignants au niveau du Conservatoire national des Arts et Métiers multimédias de Bamako. Les filières qui souffrent du départ de leurs professeurs, sont entre autres, la section multimédia et danse. Approché par nos soins, le Directeur général de l’établissement a reconnu qu’effectivement l’établissement souffre du départ de certains professeurs, et de certaines difficultés. Avec ses 30 étudiants à  l’ouverture (en 2002)? le conservatoire national en compte aujourd’hui 217. Ce qui du point de vue de M. Konaté, est de nature à  accroà®tre la charge et les demandes. Pourtant la création de cette école (il y’a 7 ans) avait été grandement saluée. D’autant qu’elle avait fait miroiter l’image d’un véritable réceptacle de la culture universelle. Le conservatoire des Arts est un établissement public, fonctionnant à  90% sur budget de l’Etat. O๠se situe la responsabilité ? Contrairement à  l’opinion publique qui croit que la faute est imputable à  la Direction, Abdoulaye Konaté a, sans ambages, indiqué que la responsabilité se situe ailleurs. A entendre les propos du premier responsable de l’établissement, on a l’impression qu’il minimise le problème : « Il n’y a pas le feu à  la maison », rétorque-t-il, ce n’est pas qu’on n’a pas de professeurs, nous en avons à  suffisance. Mais il faut que ces deniers soient dans les conditions requises pour accomplir leur travail ». Grâce à  la coopération entre le Mali et de nombreux pays, l’établissement recevait des enseignants de nombreux pays. « Les professeurs français interviennent exclusivement dans le cadre de la coopération. Ils nous appuient dans tous les domaines de la formation, et ne sont pas payés par l’Etat malien », ajoute Konaté. Fonds alloués Feignant de reconnaà®tre que la responsabilité de toutes ces difficultés se situe à  son niveau, le directeur de l’établissement s’est rétracté en indexant le trésor public qui aurait adopté de nouvelles stratégies dans le décaissement des fonds. Avec le nouvel système, dit-il, le trésor public effectue le décaissement des fonds destinés aux heures supplémentaires, par trimestre. Ce qui engendre inéluctablement une situation de crise et des arriérés de salaires.  » Les difficultés actuelles sont dues à  un problème de décaissement Nous sommes en pourparlers pour décanter la situation et déjà  nous avons frappé à  toutes les portes et saisi qui de droit pour changer les choses ». Autoformation Pour Konaté, le système de l’auto-formation devra être une exigence chez les étudiants. « Même en l’absence du professeur, les étudiants ont la latitude de se livrer à  des exercices de recherche. Pour quelqu’un qui veut travailler, il a tout à  sa disposition ici dans l’établissement. Nous fondons beaucoup d’espoir sur la constitution d’un corps professoral entièrement malien ». En attendant que la direction de l’établissement trouve de nouveaux enseignants à  même d’exercer dans des conditions aussi draconiennes (manque de professeurs, heures creuses…), les étudiants eux sont astreints à  prendre leur mal en patience. En tout cas, tant que des mesures ne seront pas prises pour régler la question d’heures supplémentaires des étudiants, et la régularisation des contrats, les départs en cascade se poursuivront au niveau de cet établissement de renom.

Le véritable rôle du griot dans la société malienne

Sociologie d’un groupe endogame Les griots politiques appartenant à  une caste sont socialement autorisés à  interpréter en public un répertoire d’épopées et de poèmes de louanges. Souvent, ils sont également la mémoire généalogique des familles importantes selon les aires culturelles. On peut citer le plus célèbre d’entre eux, l’illustre Balla Fasséké Kouyaté, griot de l’empereur Soundjata Keita. Dans ces aires culturelles différentes, le plus grand groupe endogame auquel appartiennent les griots est désigné par le terme de . Parmi les , les diverses activités économiques ne se chevauchent pas. Par exemple, le forgeron (numu) travaille le métal et sculpte le bois, tandis qu’un maroquinier (garangè) ne travaille que le cuir. Un funè ou fina est mime et poète de louanges musulmans. Le griot est un artisan de la parole impliqué dans la médiation et la communication, à  la fois entre les individus et les groupes entre les personnes de l’ici-bas et celles de l’au-delà . Familles de griots De nombreuses familles exercent le métier de griot, dont les . Tous les membres d’une famille de griots ne font pas de représentations publiques, n’ayant pas le même talent ni les mêmes aptitudes Une formation longue Comme les familles de griots sont endogames, de nombreux griots ont grandi en écoutant les représentations de leurs parents ou de griots en visite. Au Mali, les enfants sont autorisés à  assister aux représentations publiques, et s’ils montrent un quelconque talent pour jouer d’un instrument ou pour chanter de la poésie, leurs familles les encouragent à  développer ce potentiel. Un jeune homme peut commencer à  jouer d’un instrument de musique tel le ngà²ni, sorte de banjo à  quatre cordes, ou bien le balan, un xylophone fait main, et s’il est talentueux, il peut devenir l’apprenti d’un parent en dehors de sa famille directe. Trois modes d’expression Les griots peuvent utiliser trois modes d’expression dans le cadre d’une représentation : la narration, la chanson et l’accompagnement musical. Un homme seul peut se vanter d’exercer les trois talents, déclamer, chanter et jouer mais un maà®tre chanteur peut aussi se contenter de déclamer la narration et interpréter éventuellement certaines des chansons comprises dans l’épopée. Les griots femmes (jeli-musu), qui habituellement ne narrent jamais les récits, peuvent chanter les chansons d’une épopée en solo ou en chœur avec d’autres femmes lorsqu’elles s’intercalent entre les phrases narrées par le maà®tre chanteur. Les rôles traditionnels du griot Comme tous les nyamakalaw, les griots participent aussi bien de la sphère sociale que de la sphère économique. Dans le système de croyances mandingue, la parole du griot est censée avoir non seulement un pouvoir de persuasion mais aussi un pouvoir occulte (nyama). C’est pourquoi une formule sera toujours récitée lorsqu’on gratifie le griot après sa performance : (éloigne le pouvoir occulte !). La gratification du griot est donc perçue comme nécessaire pour neutraliser le nyama. Ce processus donne au griot professionnel un moyen de subsistance. Le rôle traditionnel dévolu au griot implique sa maà®trise de la parole. En tant qu’artisan de la parole, il est un arbitre du passé et du présent, remplissant les fonctions d’historien et d’interprète/analyste de l’histoire de la nation, du groupe économique, du village et/ou de la famille  » hôte « , en fonction de ses propres rattachements. Une autre mission du griot consiste en la négociation et la préservation de coutumes et de valeurs sociales. Parce que les griots appartiennent à  une caste et parce toute fonction politique leur est interdite, ils sont libres d’exprimer publiquement leurs opinions sur les comportements sociaux sans pour autant avoir à  en subir de représailles. Rites et traditions Les griots interviennent également lors des principaux rites de passage mandingues, dans les mariages et dans les cérémonies islamiques d’attribution du nom. Ils y récitent des poèmes de louange et certains épisodes tirés de récits épiques. Ils ont un rôle important en tant que médiateurs officiels dans le cas de disputes entre groupes. En effet, ils arrivent à  établir une précieuse communication indirecte entre familles, entre personnes, ou entre des anciens qui se disputent au village. Ici aussi, puisqu’ils n’ont pas le droit d’occuper un poste politique, ils ont l’autorisation sociale de rendre un avis impartial sans être soupçonnés de le faire dans le but lucratif, même s’ils sont rémunérés pour leur peine. Cette médiation peut être indirecte dans le sens o๠tout au long des négociations, le griot rencontrera chaque groupe séparément, facilitant ainsi une résolution du conflit sans qu’il n’y ait de frictions inhérentes en face à  face. De nouveaux rôles, de nouvelles situations Le rôle des griots contemporains est complexes et parfois ambigu. Ils ont évolué avec la société. Des différences régionales existent par rapport à  ce que l’on attend des griots ou ce qui leur est permis. Depuis quelques années, les griots mandingues se produisent sur scène en Europe et aux à‰tats-Unis, chantant des compositions traditionnelles ou récentes et jouant de la kora, du ngà²ni et du balafon. Certains ont des résidences aussi bien en pays mandingue qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Aujourd’hui avec l’avènement de la démocratie, les griots participent pleinement à  l’amélioration du paysage politique au Mali, une manière de consolider à  la cohésion sociale et la paix durable en tant membre de a société civile selon Monsieur Ben Sherif Diabaté.

Conservatoire Balla Fasséké Kouyaté : les inscriptions en cours

Etablissement d’enseignement supérieur, le CAMM, assure la formation artistique et professionnelle de créateurs des domaines variés. Il s’agit entre autre des arts plastiques, de la danse, de la musique du théâtre et des métiers multimédias. C’’est aussi un établissement public à  caractère culturel, scientifique et technologique avec une capacité d’accueil de 300 étudiants environs. Les études durent cinq ans. Pour y accéder comme étudiant, il faut être soit titulaire du bac ou du diplôme de l’institut national des arts (INA). En effet, depuis la décénnie 90, le Mali regorge de talentueux artistes dans tous les domaines de l’art. Un besoin de perfectionnement se faisait de plus en plus sentir. C’’est ce qui va pousser le cinéaste et ancien ministre de la culture Cheick Oumar Sissoko à  envisager ce projet de création. Ainsi, avec l’aide de partenaires techniques et financiers et celui de l’état malien, le conservatoire Balla Fasséké Kouyaté ouvrira ses portes. De la création à  nos jours, le CAMM enregistre chaque année, de nouveaux arrivants. l’accès se fait sur concours. Le nombre d’étudiants s’élève pour cette année 2009 à  256, répartis entre toutes les filières d’études. Les étudiants se disent satisfaits des cours dispensés et espèrent que le Mali sera une référence mondiale en matière d’art. Le théâtre est la dernière discipline incluse au conservatoire. Débuté en 2007, il est enseigné par de grands talents de l’univers théâtral malien tel Aguibou Dembélé, Lamassa Traoré, Kardjigué Laà®co Traoré, Ousmane Sow … Il est vrai que l’INA propose une bonne formation d’acteur mais, le Mali avait besoin d’une forme d’art plus développée. Il est donc certain que la création du CAMM permettra d’aller dans ce sens. Le professeur d’expression corporelle Aguibou Dembélé explique « la 1ere promotion en 2007, regroupait 7 étudiants bacheliers et 3 issus de l’INA. Nous avons donc deux niveaux un peu différents, avec des étudiants qui découvrent pour la 1ere fois les conventions du théâtre et d’autres qui les ont déjà  assimilées. l’important étant de reprendre les bases afin que celle-ci soient comprises par tous ». La danse contemporaine est une discipline qui accueil chaque année, différents intervenants en provenance de plusieurs continents. Le célèbre professeur de danse contemporaine, l’antillaise Kettly Noel dispense des cours depuis 2004. Le jeune danseur sud africain de 26 ans, Yvan, est l’un des enseignants invités de la CAMM. Yvan estime que les l’enseignement est de qualité mais, l’emploi du temps est trop chargé pour les étudiants. Ils ont besoin de plus de temps de repos afin d’acquérir certaines notions élémentaires. Ils sont en tous cas très motivés et assidus. Le directeur du CAMM, Abdoulaye Konaté songe à  une amélioration considérable de l’institution pour la rentrée prochaine. « Nous essayerons de mettre le plus à  l’aise possible les étudiants et repartir équitablement les emplois du temps. » Précise M. Konaté. Le Multimédia : La section multimédia est opérationnelle depuis la création du CAMM en 2004. l’Union Européenne a créé un programme d’aide à  la culture, géré par le programme sectoriel d’investissement culturel (PSIC) au Mali. Le CAMM a bénéficié en 2007, de cette aide. Et cela, grâce au PSIC. Selon le concepteur et installateur du studio numérique image et son du CAMM, Benoit Bruwier, ce type d’outil est fondamental pour un tel conservatoire. La section multimédia est équipée de 4 postes son, 4 postes images et tout le numérique nécessaire. Les étudiants apprennent les dessins animés, la vidéo, les images virtuelles, les images de synthèse et même la production en tout genre. Pour pouvoir créer et distribuer efficacement, ce qui est d’ailleurs l’objet de la communication multimédia, Benoit Bruwier estime qu’il faut faire la différence au niveau de la création. Il faut dire que cette différence a bien été créée après 5 ans de dur labeur. Pour ceux qui voudraient intégrer le conservatoire, les inscriptions ont lieu jusqu’au 10 septembre 2009 au conservatoire.