Fatou et Linda, têtes-pensantes de l’African leadership University

Elles ont l’air de lycéennes normales. Mais Fatoumata Fall et Linda Rebeiz n’ont pas suivi le cursus classique. A 16 ans, elles font une rupture dans leur parcours académique. Et s’en vont grâce à  une bourse, étudier à  l’African Leadership Academy à  Johannesburg. Là , les deux jeunes filles apprennent l’anglais, l’histoire de l’Afrique, ré-inversent leurs cours, feront des maths appliquées et du génie urbain (Fatou à  Harvard et Linda à  Duke University) et deviendront des entrepreneurs dans l’âme. Comme le dira Fatou : « ce qui m’intéresse, C’’est de voir comment la jeunesse s’en sort sans tout attendre de l’aide d’en haut. Autrement dit, comment devenir un vrai leader en Afrique ». Rencontre avec deux jeunes dames en avance sur leur temps. Journaldumali.com : Fatou, raconte-nous ton parcours académique ? Fatou Fall : J’ai étudié au Sénégal, jusqu’ à  l’âge de quinze ans pour faire un bac en sciences. Mais en 2008, je suis allée à  l’African Leadership Academy en Afrique du Sud pendant deux ans. Là  bas, J’ai reçu une formation en entrepreneuriat, leadership et études sur l’Afrique. En 2010, J’ai été reçu à  l’université de Harvard o๠J’ai étudié les Mathématiques appliquées pendant quatre ans. Aujourd’hui avec Linda, je suis revenue au Sénégal et nous travaillons sur un nouveau projet de chaà®nes d’universités africaines consacrées au leadership. Journaldumali.com : Comment cette expérience à  l’African Leadership Academy a-t-elle changé ta vie ? Fatou Fall : Depuis que je suis adolescente, je me suis toujours intéressée à  ma communauté et aux problèmes qui nous environnent, particulièrement au genre. Mais jusque là , je n’avais jamais vécu une expérience africaine. A l’académie, nous étions plus de 30 nationalités à  vivre sur un campus, des jeunes de mon âge, aussi ambitieux et persévérants que moi, et vivre cette expérience, projette l’Afrique dans un contexte plus positif et qu’on entend pas souvent en grandissant et désormais, je me vois vivre ici en Afrique et tout faire pour participer au changement. Journaldumali.com : Justement, es-tu optimiste sur cette future Afrique, on parle beaucoup d’émergence économique, d’ici les 20 prochaines années ? Fatou Fall : Vingt ans, C’’est beaucoup trop loin. Aujourd’hui, il y a des changements partout. Selon les régions en Afrique. Mais ce qui m’intéresse, C’’est de voir comment une grande partie de ce changement ne vient plus du top, de l’administration, de l’état, mais plutôt des jeunes comme moi, des mouvements sociaux, des femmes qui se mobilisent pour impacter durablement sur leurs sociétés. Journaldumali.com : Alors Linda, toi tu es sénégalo-libanaise et apparemment, tu n’arrives plus à  trop parler français, après l’Afrique du Sud ? Quels cours avez-vous suivi là  bas ? Linda Rebeiz : Effectivement, après deux ans à  l’Académie Africaine de Leadership, je crois que l’anglais effectivement a pris le dessus sur mon français ( rires). Pour en revenir aux cours que nous suivions là  bas, on avait deux programmes en parallèle. Le premier concerne entrepreneuriat, études sur l’Afrique et leadership et le deuxième, ce sont les études normales ou le bac en anglais. Les cours nous ont surtout appris à  matérialiser une idée, comment créer son entreprise et dès la première année, les élèves créent leur propre business et lors de la deuxième année, ils sortent leur entreprise du cadre de l’école pour le faire évoluer dans leur propre pays. Ensuite, le cours sur les études africaines nous apprend à  penser l’histoire de l’Afrique de manière critique, des civilisations antiques à  l’histoire contemporaine, comment l’évolution de l’histoire affecte la manière dont on se développe. On choisit aussi cinq matières o๠l’on a vraiment envie de se focaliser. J’avais personnellement opté pour les maths, la psychologie, la biologie, l’histoire entre autres. Journaldumali.com : Fatou et toi planchez sur ce réseau d’Universités africaines du leadership qui vise à  s’implanter dans toute l’Afrique, y compris anglophone Linda Rebeiz : « African Leadership Unleashed », c’est la suite logique de l’African Leadership Academy. C’est la version universitaire de ALA. On apporte une vraie différence en matière de savoir aux étudiants. On a un module qui s’appelle « Flip Classrooms », ce qui veut dire littéralement, retourner la classe. C’est à  dire que les élèves ne viennent plus en classe pour apprendre mais simplement pour faire les exercices, établir des discussions critiques. Le cours, ils l’apprennent à  leur propre rythme à  la maison. On leur donne donc tout le soutien technologique pour pouvoir intégrer le cours et ensuite en faire une application directe. On a quatre modules. Le premier « Data and décisions »,comment appliquer les maths pour la résolution de problèmes concrets. Le deuxième c’est « Professionnal communication », comment écrire un CV, un rapport, faire une présentation, se mettre en valeur. Le troisième Modules, c’est »Projets ». Tous les élèves sont sponsorisés par de grandes multinationales, qui leur donnent des sujets à  trouver, des idées à  développer. Le quatrième Module est autour du leadership entrepreneurial. Comment allez-vous sélectionner les étudiants ? Linda Rebeiz : L’application est complètement en ligne. Ils iront s’inscrire sur un site et auront un test en ligne, en plus de leurs notes et recommandations des professeurs. Après la première sélection, ils auront un cours en ligne à  faire, suivi d’un deuxième test d’aptitude, de leadership et d’entrepreneuriat. La chose la plus intéressante de l’application, c’est qu’ils seront appelés à  collaborer avec d’autres candidats d’autres pays. Journaldumali.Com : dernière question, o๠vous voyez vous dans 20 ans ? Linda Rebeiz : Wouaw, vous savez, il y a tellement d’options. Mais après ce projet, je pense que je vais me focaliser sur la science des données, je serai certainement quelque part à  faire des recherches sur la manière dont les choses évoluent, notamment dans le domaine de l’éducation. Fatou Fall : Pour moi, ce sont davantage les capacités qui comptent, notamment les capacités à  créer des institutions solides et c’est cela qui m’anime. Je me vois bien dans la politique, à  imaginer les nouvelles politiques à  mettre en œuvre pour consolider nos institutions et les moderniser. Dans 20 ans, je vois qu’on aura déjà  dépassé le cadre du leadership individuel à  l’assemblée nationale mais nous verrons plutôt les choses en termes des politiques qui s’y votent. Je pense que je resterai dans le domaine de l’environnement du business et parmi les pionniers de ceux qui construisent ces institutions fortes pour l’Afrique

Fatou Ndiaye, bloggeuse nappy

Cette jeune femme suscite depuis quelques temps un grand intérêt de la part de nombreux professionnels de la beauté et de la mode. Elle vient d’être désignée égérie de la marque Kooka௠pour la sortie de leur collection Printemps – été et Automne- hiver 2014, elle collabore entre autre depuis quelques mois en tant que consultante pour le groupe l’Oréal Paris. Cette passionnée de mode et de beauté, au caractère bien trempé et à  l’emploi du temps très chargé a bien voulu nous consacrer le temps d’une interview ! Qui se cache derrière la bloggeuse ? J’ai 36 ans et je suis née à  Paris, d’un père Sénégalo-malien et d’une mère Nigériane. Je suis maman d’un adorable garçon de 12 ans. Je suis aussi une très grande passionnée de mode et de beauté. Aujourd’hui J’ai la chance de vivre cette passion au quotidien à  travers mon propre blog. Qu’est ce qui vous a poussé à  créer votre blog ? J’ai créé mon blog en juillet 2007 sur la plateforme Skyblog. à€ l’époque il s’appelait MyMakeUpBag, et C’’est en basculant vers Blogspot que J’ai changé de nom pour le rebaptiser BlackBeautyBag. J’ai choisi cette appellation histoire d’élargir mon blog à  un lectorat à  la fois anglophone et francophone, et d’axer volontairement mes sujets vers les thématiques de la beauté noire. à€ l’époque de Skyblog, mon blog avait plusieurs fois été primé parmi le top 3, ce qui m’a encouragé à  continuer dans cette voie. Ce blog, C’’est avant tout le seuil de la porte de ma maison beauté, et avant d’y entrer, la lectrice sait pertinemment qu’elle met les pieds dans l’univers beauté de Fatou N’diaye, une femme noire qui s’assume jusqu’au bout. Car je suis de ceux qui pensent que s’affirmer et aimer ce que l’on est, est une grande richesse et surtout l’un des points forts de l’estime que l’on peut avoir de soi. Quels sont les sujets que vos lectrices affectionnent plus particulièrement ? Qu’il s’agisse du maquillage, des soins de la peau, des cheveux ou du bien – être … mes lectrices s’intéressent aux sujets beauté qui font partie de leur quotidien et ce quelque soit leur âge. En écrivant pour elles, C’’est aussi une façon de renouer avec une tradition importante chez les femmes noires qui accordent beaucoup de place à  la transmission des rituels beauté. Et comme je le dis souvent, une femme qui se sent belle se sent invincible. Cette confiance que l’on a ou que l’on gagne est un booster pour aller de l’avant et croire en l’impossible. Comment expliquez vous un tel succès? Mes lecteurs affectionnent particulièrement mes points de vues et prises de position. Grâce aux remarques et interventions sur mon blog, je sus devenue en quelque sorte leur porte parole. Je n’hésite pas à  dire aux marques et fabricants cosmétiques, ce qui me déplait concernant leur stratégie commerciale. Hélas certains acteurs du marché de la beauté sont encore très peu informés sur les spécificités et les besoins des consommatrices noires. Certains même avant l’avènement des blogs afros ne percevaient même pas cette absence de représentativité des femmes noires dans l’univers de la beauté, C’’est le cas notamment ici en France. Mais depuis l’essor de la blogosphère, les choses s’améliorent et C’’est tant mieux ! C’’est quoi la journée type d’une hyper bloggeuse ? La plupart du temps ma journée commence par la lecture de mes mails et des différents communiqués de presse ou actualités beauté. Je fais le tri entre ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas. Ensuite je rédige mes articles, C’’est toujours au feeling, ils ne sont jamais prévus à  l’avance, je privilégie la spontanéité, sauf quand il s’agit de billets sponsorisés, o๠J’ai des deadlines à  respecter. Mes journées se passent très souvent à  l’extérieur, dans les locaux des marques o๠J’apporte mon expertise en réunion, il m’arrive aussi de me déplacer à  l’étranger pour animer des workshops. Sinon J’adore écrire mes billets à  la maison, tard le soir quand tout le monde dort, ou alors dans un salon de thé que m’a d’ailleurs fait découvrir une amie bloggeuse. En ce moment, je participe beaucoup à  l’élaboration de nouveaux produits pour les femmes noires et J’ai hâte de les voir commercialiser sur le marché français. Bloguer et en vivre C’’est aussi faire beaucoup de paperasse, des factures et des dossiers , C’’est la partie moins glamour de mon quotidien ! Quels conseils donneriez vous à  celles qui veulent s’aventurer dans la blogosphère ? Il faut être honnête, quand J’ai commencé à  bloguer, être bloggeuse n’avait rien de trendy. On avait jamais pensé ou imaginé que les marques s’intéresseraient aux blogs d’ailleurs. à€ cette époque il était plus facile de bloguer tranquillement dans son coin. à€ présent C’’est différent, les blogs sont très mis en avant, nous sommes invités , sollicités et chouchoutés par les marques, donc il est normal que cela attire des émules. Bloguer C’’est avant tout partager sa passion pour un domaine quel qu’il soit avec des anonymes… Je compare très souvent mon blog à  un journal intime que J’ouvre à  des inconnus. Si on crée un blog dans un but qui est à  l’opposé du partage, il suscitera très peu d’intérêt. C’’est ce qui explique que très peu de personnes bloguent dans la durée. àŠtre suivi par des millions d’ internautes ou de followers sur les réseaux sociaux ne font pas la notoriété d’une bloggeuse. C’’est la personnalité, le ton ou les idées qu’elle véhicule qui feront la différence. Je dis souvent à  celles et ceux qui veulent bloguer à  plein temps : ne cherchez pas à  être quelqu’un d’autre ou reproduire ce qui marche, car que C’’est en adoptant ces schémas que vous risquerez de passer à  côté de vraies opportunités. le plus important C’’est de rester soi-même ! Vous pouvez suivre Fatou N’diaye sur @blagbeautybag et sur sa page FB : Blackbeautybag

Gbagbo fut-il un démocrate ?

Gbagbo est-il le père de la démocratie ivoirienne ? Est-il l’un des premiers démocrates africains dont l’incarcération à  la CPI constitue à  ce titre un scandale absolu comme se plaisent à  le soutenir ses supporteurs qui en font même une icône du panafricanisme et de l’anticolonialisme. Le chef d’accusation sous lequel Gbagbo est inculpé ne bat-il pas en brèche sa prétention à  incarner le combat pour la démocratie en Afrique et ne permet-il pas d’en douter ? Gbagbo est-il par conséquent le démocrate sincère et l’acteur politique incontournable dont la jeune démocratie ivoirienne a besoin pour se constituer et se consolider comme semble le suggérer son parti le FPI qui fait de sa libération la condition absolue de sa participation au jeu démocratique ivoirien ? Peut-on créditer « le socialiste » Gbagbo d’avoir voulu mener une politique de classe démocratisante que la rébellion de 2002 aurait empêchée ? Est-il l’initiateur d’une démocratie sociale centrée sur la promotion des intérêts des catégories populaires en Afrique qu’un complot du « néocolonialisme » français et international aurait tué dans l’œuf ? Pour que la réponse à  ces questions fût affirmative, il aurait fallu qu’il se posât en démocrate soucieux de la représentation politique des intérêts de la diversité sociale dans toute ses composantes et en homme politique agissant dans le sens de la défense de l’intérêt national d’une République citoyenne. Il aurait fallu qu’il acceptât le principe de l’alternance du pouvoir et qu’il récusa dès sa prise du pouvoir en 2000, la politique ségrégationniste, clivante et désintégrante de l’ivoirité pour mener une politique d’intégration de la diversité sociale et culturelle fondée sur la représentativité des intérêts sociaux, la citoyenneté et la limitation du Pouvoir ! En effet comme l’écrit Alain Touraine « une politique de classe n’est démocratisante que si elle est associée à  la reconnaissance des droits fondamentaux limitant le pouvoir d’Etat et à  la défense de la citoyenneté, C’’est-à -dire du droit d’appartenance à  une collectivité politique qui s’est donné le pouvoir de faire des lois et de les changer ». Or, le premier acte politique de la mandature de Gbagbo fut de substituer le principe ethnique de la nationalité au principe citoyen de la nationalité, d’exclure une large frange de la population du droit d’appartenance à  la collectivité politique ivoirienne, de profiter de la rébellion qu’avait suscitée cette exclusion pour violer les droits fondamentaux et installer un Pouvoir sans limitation et sans contrôle. Faisant alors fi de la représentation des intérêts populaires, la politique du Front populaire ivoirien sous la direction de Gbagbo fit de la référence au peuple un instrument de manipulation au service d’un régime despotique qui se transforma en régime proprement totalitaire comme l’attestèrent les milices ethniques et les escadrons de la mort qui soumirent la société ivoirienne à  un contrôle total et livrèrent la chasse aux ennemis intérieurs et extérieurs. Le gouvernement du peuple par le peuple que Gbagbo mit en œuvre fut un gouvernement de la négation des droits du peuple par un Etat qui avait transformé la société civile naissante en communautés ethniques divisées ou coalisées les unes contre les autres et en ressource politique au service d’un Pouvoir sans borne. Si la démocratie se définit par l’interdépendance des trois principes : la limitation du pouvoir, la représentativité et la citoyenneté, force est de reconnaà®tre que Gbagbo, qui fonda son pouvoir sur la négation de ces trois principes, ne fut pas démocrate. Gbagbo n’a pas combattu pour ouvrir la Côte d’Ivoire au multipartisme afin d’instaurer pour de bon la démocratie en faisant des trois principes cardinaux de ce régime les règles d’exercice du pouvoir d’Etat et les lois de la politique en Afrique. Affilié idéologiquement au socialisme révolutionnaire qui cherche à  prendre le pouvoir pour libérer les ouvriers et les peuples opprimés, il a prétendument lutté contre le régime oligarchique du parti unique pour libérer le peuple ivoirien de l’exploitation et de l’aliénation générée par le capitalisme international dont ce régime était selon lui le complice. Fidèle à  ce type de socialisme qui finit toujours par à  instaurer un régime autoritaire comme l’histoire le prouve, Gbagbo a installé un gouvernement nationaliste autoritaire chargé prétendument de libérer la Côte d’Ivoire du néocolonialisme français et de l’épurer de l’emprise prétendue des étrangers. Gbagbo n’a pas lutté pour accéder au pouvoir suprême dans le but d’asseoir la gouvernance sur la représentation politique des intérêts de la société civile sur la défense des intérêts nationaux d’un Etat démocratique fondé sur le principe citoyen de la nationalité. La finalité de la lutte politique de Gbagbo fut d’accaparer le gouvernement afin d’exercer un pouvoir illimité qui devait réparer, dans son esprit, l’injustice faite à  sa communauté d’avoir été jusque là  exclue du partage traditionnel du pouvoir entre les groupes ethniques composant la Côte d’Ivoire. l’ethno-nationalisme xénophobe et antidémocratique de Gbagbo s’enracine subjectivement dans cette rancune et dans cette volonté de revanche. Le refus de céder le pouvoir, après dix années de gouvernement sans élection présidentielle, fut la conclusion nécessaire d’une logique d’accaparement qui refusait le principe démocratique de l’alternance du pouvoir et les règles du jeu de la démocratie représentative. l’esprit de la démocratie fut pour cela trahi, dès le départ, par l’entorse faite à  la lettre de la démocratie dans les modalités de l’élection présidentielle par lesquelles Gbagbo accéda au pouvoir en 2000. Les élections de 2000 « calamiteuses » selon sa propre expression ne le furent pas accidentellement. Les candidats des deux principaux partis d’opposition furent exclus de la compétition électorale, empêchés de se présenter par l’intimidation, la terreur et la manipulation de la constitution ! Le refus du jeu de la démocratie et la mentalité du soupçon enracinés dans une tradition du complot imprègnent et constituent la texture de la culture politique du FPI de Gbagbo comme en témoigne jusqu’aujourd’hui son refus obstiné de participer aux différentes élections lorsqu’il n’est pas assuré de les remporter. Hier au temps de sa splendeur le fameux slogan électoral « on gagne ou on gagne » était l’expression cynique de cette morgue du tricheur politique patenté qui est prêt à  tout pour conserver le pouvoir. Aujourd’hui dans la défaite son refus de jouer son rôle démocratique en tant que parti d’opposition trahit sa conception spécifiquement nihiliste du pouvoir : le pouvoir d’Etat est la propriété personnelle de son détenteur qu’une opposition politique ne fait que légitimer. Son refus de s’engager dans une opposition constructive pour tenter de reprendre le gouvernement en obtenant la majorité des suffrages aux élections, grâce à  la pertinence de son projet de société et de son programme de gouvernement, traduit ce fait que le peuple a toujours été pour le FPI de Gbagbo une ressource politique destinée à  être manipulée et instrumentalisée. Son refus de regagner une crédibilité politique par le débat et les propositions rationnelles, afin de reconquérir électoralement le pouvoir d’Etat sous l’arbitrage du peuple souverain, démontre que le FPI demeure dans la logique antidémocratique de la force qui fait peu de cas de la souveraineté de la vox populi ! Se situant dans la ligne d’un intérêt exclusivement factionnel, centré sur la restauration du pouvoir personnel de l’oligarchie du parti, il s’ingénie à  bloquer le processus de démocratisation du pays en refusant sa participation politique partisane pour faire du tort à  ses adversaires. Il se soucie ici précisément de l’intérêt général du peuple ivoirien comme d’une guigne ! Le gouvernement du FPI ne fut pas le gouvernement démocratique d’une société o๠l’autonomie de la société civile et de la société politique avait été restaurée après la chute du parti unique. Ce fut à  nouveau le gouvernement d’un parti dominant qui avait envahi la société civile naissante en clientélisant la majeure partie des ONG et en incorporant les organisations populaires dans l’appareil du parti et bientôt dans celui du parti-Etat FPI lorsque le parti s’accapara du pouvoir. Gbagbo ne fut pas le démocrate qui avait libéré la Côte d’ivoire de l’oppression interne et étrangère, restitué à  la Côte d’Ivoire la souveraineté de son peuple et rétabli le gouvernement de ce peuple par ses représentants dans un Etat démocratique qui était le produit de sa propre volonté. Gbagbo fut le chef totalitaire d’un Etat criminalisé qui ne reculait pas devant le meurtre de masse pour soumettre le peuple ivoirien à  l’oppression endogène de sa dictature personnelle.

Fatou Bensouda :  » La CPI peut poursuivre les auteurs des crimes de Tombouctou »

«Â Fatou Bensouda, vous êtes le nouveau procureur de la Cour pénale internationale, pourquoi avoir choisi de visiter le Sénégal ? Fatou Bensouda : Je voulais rendre hommage au Sénégal, qui est le premier pays à  avoir ratifié le statut de Rome. Ma visite coincide avec les 10 ans de la CPI et C’’est symbolique de venir au Sénégal rencontrer les autorités sénégalaises et évoquer la coopération exemplaire du Sénégal avec la Cour pénale internationale depuis le début, une coopération qui doit être renforcée davantage, pour aider la CPI à  faire son travail. Le président Macky SALL a demandé à  ce que Hissène Habré qui est poursuivi par la Belgique soit jugée en Afrique et il a affirmé que le Sénégal prendrait ses responsabilités, quelle appréciation en avez-vous ? Fatou Bensouda : Sur l’affaire Hissène Habrè, la CPI n’a pas compétence à  juger ce cas, puisque les crimes reprochés à  Hissène Habré ont été commis avant 2002, date d’installation de la CPI. La cour n’a donc pas compétence à  juger ce cas. Je pense que Macky Sall a eu raison de faire cette déclaration et surtout, il a lancé un message lié à  l’impunité. Personne n’est au dessus de la loi ! Sur le Nord Mali et la situation à  Tombouctou, quelle est la position de la CPI ? Fatou Bensouda : J’ai fait une déclaration dans ce sens. Il est impensable de laisser commettre la destruction de ces mausolées et ces édifices historiques et religieux. J’ai demandé à  ce que cela cesse, sinon le CPI entreprendra la collecte d’informations contre les personnes auteurs de ces crimes, qui sont d’ailleurs des crimes de guerre. La CPI peut donc poursuivre les auteurs de ces destructions ? Fatou Bensouda : Tout à  fait, le Mali est un état parti du Traité de Rome et si le Mali n’engage pas de poursuites contre les auteurs de ces crimes, la CPI a vocation à  le faire.

Cour Pénale Internationale : L’Afrique aux commandes

La Gambienne Fatou Bensouda a été désignée jeudi 1er décembre dernier par les pays membres de la Cour pénale internationale. Fatou Bensouda devrait ainsi succéder à  Luis Moreno-Ocampo qui vient de passer neuf années à  la tête de la CPI. Son élection formelle devrait intervenir le 12 décembre. L’ambassadeur du Liechtenstein à  l’ONU, Christian Wenaweser, qui préside le processus de sélection, a souligné lors d’un point de presse que Mme Bensouda était désormais l’unique candidate des quelque 120 pays ayant ratifié le Statut de Rome, traité fondateur de la Cour. Cette désignation arrive au moment oà¹, du Soudan à  la Côte d’Ivoire, l’Afrique est concernée au premier chef par les poursuites de la justice mondiale Nous nous attendons à  un vote consensuel, a dit M. Wenaweser. Il y avait une opinion largement partagée sur le fait que le prochain procureur devait être originaire d’Afrique, a ajouté l’ambassadeur, soulignant que l’Afrique apportait le plus grand nombre d’Etats parties à  la CPI. Il y avait au départ 52 candidats en septembre, au début du processus de sélection. Mme Bensouda, une ancienne ministre de la Justice en Gambie, est l’adjointe de M. Moreno-Ocampo à  la CPI. Le fait de nommer une Africaine à  la tête de cette juridiction devrait permettre de contrebalancer le sentiment répandu en Afrique que la CPI est l’instrument d’une justice de Blancs, d’autant que, pour le moment, toutes les personnes visées par des poursuites de la Cour sont africaines. L’élection d’une africaine à  la tête de la CPI suffira t-elle à  atténuer le sentiment d’une cour uniquement orientée vers les Africains ? Cependant, de source diplomatique onusienne, on souligne que Mme Bensouda n’a pas été présentée comme une Africaine, mais qu’elle avait été considérée comme « la plus compétente et la plus expérimentée ». « Elle avait clairement dit qu’elle en avait assez de ce mythe d’une CPI qui était tournée contre l’Afrique mais qu’une fois élue, elle continuerait à  poursuivre les gens en Afrique si c’est en Afrique que des crimes continuent à  être commis », a-t-on ajouté de même source. Mais la CPI a clairement indiqué qu’elle était prête à  se charger d’autres dossiers en-dehors de l’Afrique comme le Yémen, précise-t-on de même source. Le successeur du procureur Moreno-Ocampo aura du pain sur la planche. La CPI cherche actuellement à  mettre la main sur le président soudanais Omar el-Béchir pour génocide au Darfour. Des responsables kényans de premier plan et des chefs de milices en République démocratique du Congo sont aussi sur la liste de la Cour. L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a été transféré dans la nuit de mardi 29 novembre au mercredi 30 novembre au centre de détention de la Cour à  La Haye, devant laquelle il comparaà®tra ce lundi 05 décembre pour la première fois. « L’Assemblée des Etats parties » élira formellement le successeur du procureur Ocampo, dont le mandat s’achève en juin 2012, lors de sa prochaine session, du 12 au 21 décembre à  New York. Elle devra également alors élire six juges, parmi 19 candidats. L’annonce met un terme à  un processus long et rigoureux et nous comprenons que cette décision reflète un consensus parmi les Etats parties de la CPI, a souligné Param Preet Singh, conseiller pour l’ONG Human Rights Watch qui a suivi de près le processus de sélection.