Invitée de la rédaction : Fatouma Harber, je tweete, donc je suis !

Elle tweete avec passion. Elle dit ses états d’âmes sur son blog. Elle pleure aussi quand elle est meurtrie par les évènements politiques du Mali. Fatouma Harber, C’’est un mélange de sensibilité, d’intelligence, mais aussi de finesse mentale. Avril 2012 à  Tombouctou, au plus fort de l’occupation, une petite fille est fouettée par les djihadistes et pas loin, une vieille dame est incarcérée. Fatouma qui habitait pas loin de l’ancienne police islamique, ne tient pas en place : « J’ai réussi à  connecter mon téléphone chinois au réseau 3G d’Orange Mali… » Et pour cause, les djihadistes avaient détruit le réseau Malitel. « Ensuite, je me suis mise à  tweeter pour dénoncer ce qui se passe. Pendant l’occupation, il n’y avait plus de presse, plus personne raconter ce qui se passait au Nord du Mali ». l’un des tweets de Fatouma arrive ensuite jusqu’ au département d’Etat à  Washington. Repérée par l’ambassade des USA au Mali, elle est contactée pour assurer une formation de « Journalisme citoyen » au Tech Camp 2014, une initiative qui met avant la société civile malienne. Mais depuis les évènements, la jeune enseignante en psycho pédagogie, n’a pas pu ré-enseigner à  Tombouctou. Mobile désormais entre Bamako et Gao, elle s’est du coup impliquée dans le web-activisme. En 2013, elle participe à  la création de la Communauté des blogueurs du Mali », pour fédérer des blogueurs maliens actifs sur la toile. Grâce à  l’un de ses deux blogs dont l’un est hébergé par l’atelier Médias de RFI, Mondoblog, Fatouma a participé à  une formation à  Dakar. Lutter contre le racisme et le sous-développement Mais attention, Fatouma Harber sait bien qu’elle n’est pas journaliste : « Internet m’a permis d’être une citoyenne du monde. J’utilise le web pour faire connaà®tre la réalité, je suis apolitique, réactionnaire. Mon rôle consiste à  observer et à  dénoncer ce qui se passe ». Voilà  qui est clair dans l’esprit de celle qui se définit comme « une femme sans peur, qui a des idées, une femme qui se positionne à  travers Internet pour lutter contre le racisme et le sous développement ». D’ailleurs, lorsqu’elle n’a rien à  dire, elle se tait, comme sur les récents évènements de Kidal : « Ce n’était pas le moment d’y aller. Tout ce que nous étions entrain de reconstruire, a du coup été balayé », confie Fatouma, qui regrette l’utilisation faà®te des réseaux sociaux par les autorités. Il y a encore du chemin pour créer le débat entre nos gouvernants et les internautes. « Twitter ne consiste pas à  publier son agenda seul pour soi disant informer », ironise t-elle. Sur la question du Nord, la jeune femme est lucide : « On n’a pas le choix que d’écouter ces gens là  et la suite ne nous appartient plus. Elle appartient à  la communauté internationale ». Un constat terrible qui n’empêche la blogueuse de secouer les partenaires internationaux du Mali. Pas peu fière, elle estime, le 21 Mai dernier, avoir poussé la Minusma à  sortir de son silence sur les réseaux sociaux au moment o๠des combats meurtriers opposaient l’armée malienne aux groupes armés à  Kidal ». Grâce notamment au hastag #Grin 223. Afin de combler le vide de l’information : « Les autorités ne communiquent pas trop sur les réseaux sociaux… ils sont encore trop rigides sur la question… l’interactivité manque. Il n’y a pas de débat », déplore Miss Harber. «Barcampons!» Avec ses amis de la Communauté des blogueurs du Mali, Fatouma Harber prépare un « BARCAMP » pour initier toux ceux que ça intéresse, au monde des nouvelles technologies. « Beaucoup ne savant pas l’impact d’un tweet face à  un texte sur un blog ». On veut bien la croire quant on apprend qu’elle suit aussi Marine Le Pen sur Twitter. « Je la suis attentivement pour mieux lui répondre, pas parce que je l’aime hein ! », rectifie t’elle. Seule femme enseignante à  l’IFM de Tombouctou, Fatouma Harber a désormais posé ses valises à  Bamako pour accueillir un petit bébé. « Le bonus 2014 », rit-elle. «Bloggers for Peace », est un autre projet qui lui tient à  C’œur. Il s’agit d’un plaidoyer pour la Paix à  Kidal. Le Barcamp, espace d’échanges sur les nouvelles technologies sera d’autant plus pertinent avec des formateurs expérimentés, des discussions actives : « Au Mali, à  cause du niveau d’éducation, la plupart des Maliens n’ont pas la capacité d’analyser le champ politique. On attend toujours le dernier moment pour se rendre compte que la situation est grave ». N’empêche, le terrain est vierge, les perspectives infinies. D’ici là , Fatouma tweete, écrit, anime son petit monde virtuel, avec le sourire de la cité des 333 saints sur le visage. Elle était donc venue nous raconter tout ça à  la rédaction de Journaldumali.com ce 4 juin.

3 questions à Fatouma Sani Morou, ministre du Tourisme du Niger

Fatouma SANI Morou a une longue connaissance du Tourisme et du voyage, puisqu’ancienne Responsable à  Air Afrique, l’ex compagnie aérienne panafricaine. Aujourd’hui, Ministre du Tourisme du Niger, elle était de passage à  Bamako pour le Sitour 2009 (le salon international du Tourisme de Bamako) o๠elle a participé à  des conférences sur la communication touristique. Rencontre Journaldumali.com : Quel bilan tirez-vous de ce Sitour 2009 ? Fatouma Sani Morou : C’est un bilan plutôt satisfaisant. Le Sitour est un lieu d’échanges et de rencontres entre Européens, Africains, tours opérateurs et une multitude d’autres agents du secteur, qui se fédèrent autour des valeurs du tourisme et pour le porter encore plus haut. Cela grâce à  des produits, une synergie et une transversalité qui booste le secteur. Journaldumali.com : Le thème du SITOUR cette année a été le Sahara, l’un des plus grands déserts au monde mais l’insécurité de cette zone est souvent évoquée ? Fatouma Sani Morou : Vous savez, le désert du Niger est l’un des plus beaux au monde. Et c’est aussi un produit touristique qu’il faut repositionner. Et n’oublions aussi tous les merveilleux parcs à  faune et à  flore du Sud du Niger qu’il faut absolument découvrir. Quant au problème de l’insécurité, il est résolu, au Niger en tout cas; Vous savez, le désert est un produit qui se vend tout seul, c’est un espace de découverte, de sérénité mythique et qui a toujours attiré, d’o๠la pertinence de ce thème pour le SITOUR 2009. Journaldumali.com : Le Niger accueille bientôt le FIMA (le festival International de la Mode) et aussi le SAFEM (le salon de l’artisanant féminin ) Fatouma Sani Morou : Nous fondons beaucoup d’espoir sur le FIMA qui est un produit culturel, avec une vison, un thème. Celui de la Culture, de la Paix et du développement, et c’est l’effort que fournit Alphadi pour promouvoir l’économie et le développement du Niger. Le FIMA est un festival d’envergure qui reçoit des sommités de la mode et attire des touristes internationaux et des personnalités étrangères, des artistes. C’est un festival qui amène les visiteurs à  s’intéresser à  la population locale et aux potentialités du Niger. Quant au SAFEM, il regroupe autour de l’artisanat féminin des créateurs et d’ailleurs, on peut espérer que le SAFEM profite du FIMA puisque les deux évènements vont se chevaucher cette année. Pour le SAFEM, il y aura des artisans de la sous région qui dévoileront leur imagination et tout un savoir faire. J’insiste sur les produits de transformation locale et le SAFEM inclut aussi des aspects agro-alimentaires, donc vous voyez, c’est un vecteur de développement économique. Journaldumali.com : Comment ces artisans vivent de la vente de leurs produits, ont-ils accès à  de bons circuits de distribution hors des salons et foires et surtout est-ce que les Africains achètent assez les produits locaux ? Fatouma Sani Morou : On fait face à  la crise, aux difficultés en pérennisant les activités des foires et salons. Il y aussi le volet Formation dont bénéficient les femmes Artisanes, grâce à  des experts qui les forment à  l’activité économique, comment être visibles et viables, comment attirer les consommateurs etc… Quant au fait de consommer local, les choses changent. Il fut un temps certes o๠ce sont les occidentaux qui consommaient nos produits artisanaux, mais ajourd’hui, de plus en plus, nous consommons ce que nous produisons. Il faut que cela continue !