Iba Ndiaye : « Cette convention nationale est un piège ! »

Journaldumali : Pour commencer, M. Le Vice-président de l’ADEMA, comment vivez-vous ces heures difficiles que traverse le Mali ? En tant que malien, et je crois que tous mes compatriotes éprouvent la même chose, C’’est vraiment beaucoup d’angoisse de tristesse, je dirai même d’humiliation. Un pays dont on est fier, quand on voit son histoire, son parcours, qui a su bâtir une démocratie exemplaire, et C’’est cette fierté qui nous nous nourrissait. On ne vit pas que de pain, ce sentiment là  nous faisait vivre d’une autre manière et C’’est tout cela qui aujourd’hui va à  vau l’eau. Parce que ces acquis là  aujourd’hui sont perdus et il faut tout faire pour les faire revenir. Journaldumali : Comment entendez-vous justement faire revenir ces acquis ? C’’est le sens de tout ce qu’on est en train de faire. En matière de communication, d’explication, de recherches de meilleures solutions, et au niveau de l’ADEMA comme de l’Alliance des partis politiques comme du FDR qui est l’alliance de la société civile et des politiques, nous avons esquissé des schémas. Et aujourd’hui, après toutes les analyses, tous les débats que nous avons eus, on a dégagé une solution extrêmement simple, efficace et rapide. Il faut respecter la Constitution. Non par fétichisme, mais simplement parce que cela nous permet d’être cohérent et de nous faire respecter. Et, il n’y a pas que l’aspect juridique ou institutionnel à  prendre en compte. Nous avons vu en cette option une clé pour déverrouiller la situation qui est là . Le problème aujourd’hui, ce sont ces sanctions qui sont prises parce que nous n’avons pas renoué avec l’ordre constitutionnel. Et pourquoi ne pas le faire ? Pourquoi ne pas renouer avec notre Constitution, ce n’est pas celle des autres, C’’est la notre ! Les sanctions, C’’est la résultante d’accords que le Mali a signé avec les autres pays africains. Pour moi, C’’est même une fierté qu’enfin les africains arrivent à  s’organiser à  prendre en charge leurs propres problèmes avant que la solution n’arrive d’ailleurs. Nous sommes tous des africanistes ! Journaldumali : Mais certains voient derrière la CEDEAO, la France ou d’autres pays, qui veulent s’ingérer dans les affaires du Mali… Moi C’’est la CEDEAO que je connais. C’’est une construction africaine, à  laquelle le Mali a beaucoup participé. Le jour o๠les soldats maliens sont allés intervenir en Sierra Leone pour aller rétablir l’ordre, faire la guerre, qui a vu du mal à  cela ? Aujourd’hui, C’’est notre tour. Dans cette communauté, nous avons signé des accords qui disent que lorsque la Constitution est bafouée, nous donnons l’autorisation d’intervenir. Renoncer à  ses ambitions personnelles et respecter ces accords, cela peut-il peser dans la balance face aux sanctions et aux conséquences désastreuses qu’elles ne manqueront pas d’avoir sur le Mali ? Par rapport à  tous les appuis que le Mali peut recevoir pour faire face au problème essentiel que le pays a en ce moment : la guerre du Nord ? Parce que notre armée, on l’a mise dans un état o๠elle ne peut pas régler ce problème toute seule. Il suffit donc qu’on se mette d’accord. En 24heures, les sanctions peuvent être levées. Il suffit pour cela de renouer avec la Constitution, et le Mali tout entier, y compris les plus pauvres, sera à  l’abri de la misère. Journaldumali.com : Le FDR a annoncé qu’il ne participera à  la Convention Nationale prévue pour ce 05 avril à  l’instigation de la junte. Pourquoi ce refus? Pourquoi ? Quand on veut résoudre un problème, il y a des voies, des façons de faire. Là , on invite à  la télé « tout le monde » pour venir discuter, pour prendre une décision. Une décision qui engage le pays et son avenir. On peut s’attendre à  1000 voire 2000 personnes ! Comment pourra-t-on gérer cela pour s’assurer de leur représentativité et dire voilà  la majorité qui engage tout le monde? C’’est un piège ! Il ne faut pas tomber dedans. Nous sommes en contact permanent avec eux (la junte, ndlr), il ne faut pas aller à  la rupture. Il faut maintenir le dialogue et la discussion et expliquer qu’il y a une solution rapide, efficace, pour résoudre le problème du nord. Journaldumali.com : Vous avez évoqué un schéma simple pour sortir de cette crise. Quel est –il ? La Constitution du Mali dit que le Président empêché, la Cour constitutionnelle peut constater et se déclenche le processus de l’intérim. Le respect de cela et la mise en place de l’intérim de 40 jours, assumé par le Président de l’Assemblée Nationale, nous met à  l’abri des sanctions. Mieux, il nous permet de bénéficier de l’appui militaire de tous les pays amis, et je suis sur qu’en un mois, on aura des résultats significatifs sur le front. Ce n’est pas cela la première des préoccupations des maliens aujourd’hui ? Les 40 jours passés, on rentre dans la Transition, et on aura eu le temps pendant la période d’intérim de négocier qui dirigera cette transition. Si les maliens décident que C’’est Amadou Sanogo, nous on ne s’y opposera pas. Mais l’imposer en tant que chef d’un groupe de militaires, C’’est ce qui n’est pas bon. Il y a une solution à  tout et la solution à  notre problème, C’’est celle là . Il faut que nous arrivions à  ce que J’appelle « une complicité malienne ». Mettons ensemble pour décider courageusement de faire ce qu’il y a à  faire pour nous sortir de ces sanctions et obtenir de l’aide. Si on se replie sur nous-mêmes, avec notre fierté, notre orgueil, et on reste sur nos positions, on viendra nous prendre à  Bamako ici. Dieu nous en garde.