Ibrahim Sarr : « Il faut que la commune de Hawa Dembaya rentre dans ses droits »

Jouranldumali.com : Quels peuvent être les impacts du barrage de Felou sur votre localité? Ibrahim Sarr : Avec le relèvement du seuil, nous voyons de moins en moins de chutes. On se demande si cela n’aurait pas d’impact sur l’environnement. Aujourd’hui, avec toute cette mesure de sécurité autour de l’ouvrage, qui est normal bien entendu, est-ce qu’on pourrait toujours continuer à  recevoir des touristes. Je peux dire que cela peut être considéré comme un impact négatif. Nous devons donc trouver une solution avec la SOGEM, l’OMVS, ne serait- ce qu’aménager un espace qui puisse permettre aux visiteurs de venir sans pour autant poser un acte quelconque à  la sécurité de l’ouvrage. Ensuite, cette forte attente de ressource issue de reversement de patente à  la commune pourrait être difficile à  négocier avec les autorités de l’OMVS et éventuellement avec l’Etat. Nous comptons sur la promptitude du président Ibrahim Boubacar Keita qui porte une attention particulière au développement des collectivités territoriales, donc à  la décentralisation. Nous pensons qu’il va nous aider à  défendre ce dossier auprès de l’OMVS pour compenser ce manque à  gagner que nous attendons avec impatience. Quatre ans après la pose de la 1ere pierre du barrage de Felou, est-ce que, le jeunes ont eu du travail ? Est-ce que l’OMVS a versé la patente à  votre commune et quel est le montant de la compensation ? Durant trois années successives jusqu’en 2012, l’OMVS nous a accompagnés en apportant ce manque à  gagner qui est de 3.5 millions par an, mais en 2013, on a pas reçu ce montant. Quant à  la création d’emploi, nous devons reconnaà®tre aussi que dans le cadre de la construction de l’ouvrage, plus de 60% de la main d’œuvre non qualifiée était de la commune. l’apport de l’OMVS dans ce domaine a été conséquent. Par contre, en ce qui concerne les autres mesures d’accompagnement qui devraient se faire dans le cadre du projet de Felou, notamment l’électrification des villages, la création de périmètre maraà®chers pour les femmes, la création de centre pour les jeunes, etc., le tout pour un montant de trois milliards, nous sommes à  moins de 3% de réalisation. A ce niveau, C’’est une déception pour la commune et nous continuons à  engager un plaidoyer auprès de l’OMVS et de ses partenaires. Nous comptons aussi sur l’accompagnement de l’Etat pour que la commune puisse rentrer dans ses droits, C’’est un engagement qui a été pris par le conseil des ministres de l’OMVS donc qui engage l’OMVS et l’état malien.

Mohamed Ould Abdel Aziz : « Il y a malheureusement parfois plus de coopération entre les terroristes que les Etats »

Avec la grave crise que le mali a connu, l’OMVS ne peut-elle pas profiter pour porter une deuxième corde à  son arc en plus de celle relative à  l’économie, un volet sécurité ? Mohamed Ould Abdel Aziz : Nous sommes dans une situation assez difficile au niveau du Sahel, nous sommes menacés par ce phénomène qu’on appelle le terrorisme qui est étranger à  notre région, à  notre culture et à  notre civilisation mais on est obligé de faire avec. Le terrorisme ne vient pas seul et ne s’implante pas n’importe oà¹, il faut qu’il y ait une faille quelque part pour qu’il puisse s’implanter. Malheureusement, il se trouvait qu’il y avait une situation au nord du Mali qui a fait que les terroristes ont pu l’atteindre. Le terrorisme est alimenté par les trafics de drogue, les trafics illicites d’armes, la prise d’otage et le paiement de rançon. Ce phénomène n’a pas été malheureusement traité à  temps. Il y a eu du laxisme, un manque de coordination et de coopération entre les Etats du Sahel. On a essayé ensemble de faire un effort mais on a pas trouvé la bonne formule qui pouvait nous permettre de sortir de cette situation. A cela, il faut ajouter, les problèmes survenus en Libye. Le démantèlement de l’arsenal militaire libyen est venu renforcer les équipements des terroristes sur place. Il a fallu l’intervention de l’armée française pour stopper l’avancée des terroristes. Je pense que nous devons tenir compte de cette situation et en tirer les enseignements nécessaires et à  l’avenir, compter que sur nos propres moyens. Le terrorisme est un phénomène qui peut frapper n’importe quel pays de la région, un phénomène qui ne connait pas de frontière, un phénomène qui permet à  des gens d’horizons divers de s’organiser entre eux et de s’entendre, même parfois plus que les Etats. Il y a plus de lien malheureusement parfois et plus de coopération entre les terroristes eux-mêmes que les Etats. Et là  C’’est un problème. Avec mes collègues Chefs d’Etat, nous sommes très conscients de cette situation et nous prenons des mesures qui s’imposent. Ce qui s’est passé au Mali peut se passer ailleurs donc nous devons travailler main dans la main pour juguler ce phénomène pour qu’il ne s’étende ailleurs. Nous ne devons pas laisser des terroristes se substituer à  l’Etat, ni s’implanter quelque part dans une partie de nos états. Quel peut être l’impact de ces ouvrages hydroélectriques sur le vécu des populations ? Macky Sall: D’abord un mot sur le terrorisme. Après avoir parlé au commandant du contingent du Sénégal à  Kidal, il m’a rassuré que le morale ne saurait être touché par ce qui s’est passé et ils sont déterminés à  assumer la mission qui est la leur pour restaurer la paix et l’intégralité de l’intégrité territoriale conformément à  leur mission en territoire malien. Ce qui s’est passé ne pourra entamer la détermination du Sénégal, son armée et son gouvernement à  faire face à  toute sorte d’agression particulièrement à  cette forme nouvelle d’agression au sahel. Pour revenir à  la question, ces barrages donnent plus d’espoir quant à  l’avenir de l’organisation commune et les autres barrages qui devront suivre. La voie est indiquée pour l’avenir de l’OMVS et C’’est une source d’énergie propre, tirée à  partir de l’eau. Il n’y a absolument pas d’impact sur l’environnement. En dehors des ouvrages de l’OMVS, dans l’espace, nous avons d’autres sources d’énergie en Mauritanie, le gaz sur lequel le gouvernement mauritanien a accepté de travailler avec le Mali et le Sénégal pour un échange d’énergie, de vente d’électricité à  partir de gaz. Tout cela montre que l’espace OMVS est un espace o๠tout nous lie, l’histoire, la géographie, l’économie et je pense que nous n’avons d’autres choix que de poursuivre cet héritage, de le consolider et de le renforcer. Avec l’énergie nous allons construire une union forte au sein de nos espaces communautaires. Au regard de la crise énergétique que vivent nos pays, les actions comme l’inauguration du barrage de Felou et de Gouina sont à  saluer, cependant, force est de constater que dans les deux autres volets de l’OMVS à  savoir l’agriculture et la navigabilité trainent les pas. Qu’en est-il de ces deux volets, est ce qu’il y a un manque de solidarité sur ce plan ? Ibrahim Boubacar Kéita: Ce volet nous tient parfaitement à  C’œur et je vous assure qu’il n’est pas du tout en reste. Le Haut commissaire est rentré d’une mission précisément pour ce sujet. La Sogénav qui a son siège en Mauritanie a cela, comme mission et vocation, faire en sorte que rapidement ce volet devienne réalité et que nous ayons enfin l’accès à  la mer. Il n’y aucun abandon à  ce niveau là  et je crois que cela sera réalisé. En ce qui concerne l’irrigation également, on sera davantage servi après le projet des deux barrages à  venir en territoire guinéen qui vont donner au Mali un espace aménageable beaucoup plus important. Il n’y a qu’une continuité dans tout cela. Tous ces efforts contribuent à  faire en sorte que nos pays soient à  l’unisson et que chacun trouve ses marques là  o๠il y a déficit ou difficulté interne, C’’est ça la solidarité, C’’est ça la mise en commun de ce qu’on peut avoir en partage et je voudrais dire que le rôle de fleuves dans le développement d’un pays est assez singulier, notre fleuve va créer la vie faire que la lutte contre la pauvreté soit effective et efficace, l’électricité va permettre aux petites et moyennes entreprises, des entreprises minières et d’autres de se mettre en place avec la création d’emploi renouvelé, l’agriculture sera développée pour la sécurité alimentaire dont nos pays ont besoin, la navigabilité sera là  pour mettre les peuples en liaison, et commercer entre eux, tout cela fonde un vivre ensemble.

Le barrage de Félou inauguré ce mardi

Situé sur le Félou, au Mali, ce barrage a été cofinancé par les quatre pays membres de l’Office de la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), l’Association internationale pour le développement (IDA) et la Banque européenne d’investissement (BEI). Avec cet ouvrage ces pays pourront espérer réduire considérablement les difficultés énergétiques. Situé sur le cours supérieur du Fleuve Sénégal, le barrage de Félou est un ouvrage de seconde génération destiné à  alimenter en électricité un barrage central, celui de Manantali, également situé dans la région malienne de Kayes.Le financement des travaux du nouvel ouvrage a été assuré à  hauteur de 105 milliards de francs cfa par la Banque mondiale et par les gouvernements des trois pays membres fondateurs de l’organisation, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. l’Aménagement de Félou est composé des ouvrages suivants : le seuil ou barrage, l’ouvrage de tête ou prise d’eau, le canal d’amenée, l’usine, le poste de départ 225KV et la ligne HT 225 KV d’évacuation de l’énergie vers le poste de Kayes. Le chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Kéita et ses homologues du Sénégal, de la Mauritanie et de la Guinée Conakry président cette cérémonie.

Sites touristiques du Mali : les merveilles de la région de Kayes

Le Fort de Médine Haut lieu de l’histoire de la pénétration coloniale française, le Fort de Médine, occupe les hauteurs de la ville de Médine, à  12 Km de Kayes, sur la route de Diamou. Beau village Khassonké situé au bord du fleuve Sénégal, Médine, construite en 1810 par Hawa Demba Diallo, fut la capitale du royaume du Khasso Dembaya. Selon nos sources, en 1855, C’’est Faidherbe lui-même qui aurait choisi le Fort de Médine afin de protéger le village des attaques d’El Hadj Oumar, l’homme qui tenta d’islamiser le royaume bambara du Mali. Aujourd’hui le Fort tombe en ruine mais la visite de Médine est constante. Et pour cause, le village qui domine le fleuve Sénégal est l’un des plus beaux sites de la région. Qu’à  cela ne tienne, le site demeure un haut lieu de pèlerinage touristique. Des festivals y sont organisés pendant tous les moments de l’année. Félou, ses chutes et son barrage à  venir Les chutes de Felou se trouvent à  hauteur du village de lontou, à  4 km de Médine. Ici, les français avaient construit une centrale électrique qui alimentait la ville de Kayes depuis 1926. l’intérêt touristique réside dans la beauté naturelle du site. Le paysage fabuleux est à  visiter de préférence en période sèche pour apprécier le scintillement des masses rocheuses sur l’eau. Sur ce site, le touriste peut décrypter un monument qui indique la date d’arrivée des colonisateurs en septembre 1855. Les Chutes de Gouina sont quant à  elles situées à  une centaine de kilomètres au Sud-Est de Kayes. Selon certains touristes, les Chutes de Gouina sont encore plus spectaculaires que celles de Félou. Bafoulabé et environs En bambara, Bafoulabé signifie « rencontre de deux fleuves ». à€ 90 km, sur le Bafing, se trouve le barrage hydroélectrique de Manantali. Le réseau hydrographique comprend également des rivières, des marigots et des mares. La zone est favorable aux excursions en pirogues, les plages aux sables fins accueillent le visiteur, la corniche sauvage et les rapides de Kolé à  25 km, puis les chutes de Billy. Les deux rivières Bafing et Bakoye se rejoignent ainsi pour former le fleuve Sénégal. Le climat est de type sahélien avec une alternance saison froide de novembre à  février, et saison chaude de la mi-février à  la mi-juin et une saison des pluies (hivernage) de juin en octobre. La pluviométrie moyenne annuelle est de 900 mm. Comme attraits touristiques de la région de Kayes, il faut également citer le Tata d’El Hadj Oumar Tall à  Koniakary, la réserve du Bafing, le Barrage hydroélectrique de Manantali etc… De nombreux lieux qui font toute la beauté touristique mais aussi historique de la région de Kayes. A découvrir d’urgence ! Investissements économiques Ils sont légions et sont l’œuvre des pouvoirs public, opérateurs privés et partenaires au développement. A coté des investissements privés, la cité touristique de Kayes constitue aujourd’hui le théâtre d’opérations ou convergent des projets de développement tels que la restauration de monuments historiques, le renforcement des capacités des acteurs locaux intervenant dans le tourisme, le commerce, les échanges de marchandises. La rénovation du Pont de Kayes et l’aménagement du barrage hydro-électrique de Félou est l’un de ces projets d’envergure auquel le gouvernement du Mali s’est engagé. Tout récemment a eu lieu la pose de la première pierre du barrage en présence de nombreux chefs d’états. Kayes est sans nul doute un pôle stratégique du développement économique du Mali.

OMVS: le Mali va bénéficier d’un nouveau barrage

Le coup est parti et plus rien ne pourra freiner le processus de développement engagé par les quatre pays qui ont en partage le fleuve Sénégal. Elevage, agriculture, maraichage, et autres activités seront développées dans la commune rurale de Hawa Dembaya o๠sera construit le nouveau barrage hydroélectrique. Vers l’autosuffisance énergétique Dans 38 mois seront produits les premiers mégawatts d’électricité. Le barrage hydroélectrique de Félou dans la région de Kayes aura une capacité de 59 mégawatts. La Guinée Conakry qui vient de rejoindre l’organisation, est plus ou moins autosuffisante, voire moins gourmande. l’électricité qui sera produite à  Félou contribuera à  combler un vide. La clé de répartition de l’électricité produite est en faveur du Mali qui consommera 45%. La Mauritanie aura 30% et le Sénégal 25%. Le maire de la commune rurale a fondé un grand espoir sur ce projet qui non seulement permettra d’électrifier sa commune mais aussi de générer plusieurs emplois pour les jeunes. La chine maitre d’ouvrage Le nouveau barrage hydroélectrique de Félou sera construit par Sino hydro – corporation, une société chinoise, comme pour retourner l’ascenseur à  la république populaire de Chine qui appuie la plupart des pays membres de l’OMNS. Le chef des travaux a assuré les différents chefs d’Etats quand au respect du délai d’exécution du contrat. La Chine a réaffirmé sa disponibilité à  accompagner le Mali dans son élan de développement. Les travaux coûteront 120 milliards de FCFA financés par la Banque mondiale et Banque européenne d’Investissements. La nécessité de protéger les berges Les chefs d’Etat ont aussi, lancé le programme de restauration des berges du fleuve Sénégal à  Kayes. Dans un premier temps, près de 3km de berges seront aménagées pour un coût de trois milliards de francs CFA. Dans un deuxième temps, il concernera le long Kayes- Bafoulabé au Mali. Les travaux seront étendus aux berges du Bafing en Guinée et la basse vallée du fleuve Sénégal en Mauritanie et au Sénégal. Il s’agit non seulement d’empêcher l’effritement des berges mais aussi de mener une lutte intensive contre les plantes « aquatiques nuisibles ». Selon Amadou Toumani Touré, « toutes ces actions s’inscrivent dans le cadre de deux chantiers majeurs en cours d’exécution par l’OMVS. « Il s’agit du projet de gestion des ressources en eau et de l’Environnement du Bassin du Sénégal », a- t-il souligné. Ce sont près de 400 millions qui seront mobilisés dans le cadre de cette phase du programme.