Code de la famille : les femmes maliennes s’expriment

Généralement au Mali, les femmes au Mali n’aiment pas trop s’exprimer. Par peur de bouleverser l’ordre social, un ordre presqu’immuable hérité de la tradition. Le Mali reste un pays de paradoxes, de contradictions qu’il faut comprendre. Mais un changement palpable est entrain de s’amorcer avec le nouveau code de la famille, et malgré la polémique. Mais quant il s’agit de revendiquer leurs droits, de s’émanciper, le poids de l’éducation peut parfois rattraper les militantes les plus aguerries. Il faut alors se soumettre à  la loi du silence, silence des femmes devant l’homme, cet autre soi et qui conditionne la vie de beaucoup d’entre elles. La volonté d’émancipation contre le poids de l’éducation Qu’elles soient de la société civile ou dans les ministères, à  l’Assemblée ou dans les champs de Koulikoro ou de Samanko, les femmes veulent s’émanciper au Mali. Tâche difficile dans une société o๠la parole devient tabou quant il faut s’exprimer sur certaines questions sensibles, comme le nouveau code de la famille. Ou sont-elles donc ces batailleuses, ces féministes, d’ici et d’ailleurs ? O๠sont leurs paroles savantes pour dire leur désir véritable de s’épanouir dans une société o๠le devoir d’obéissance se voit aboli par le nouveau texte. l’émission de téléréalité  » Mande Massa Ka Baara Mousso » ou l’éloge du Mandé Massa, qui choisit et élimine une à  une les différentes candidates au mariage, rencontre pourtant l’adhésion de la gente féminine malienne. Alors, point n’est besoin de s’agiter, car sans que le Haut Conseil ne s’offusque de certaines dispositions inhérentes au code, bien des femmes maliennes partagent leurs vues. Celle d’être inférieures à  l’homme. Et parfois même de s’agenouiller pour le saluer ou lui servir à  boire…comme dans Mandé Massa… Ce code est-il une réelle avancée pour les femmes ? Les femmes elles-mêmes en doutent. Celles plus conservatrices comme Safiatou Dembélé, présidente de l’Association Islamique des femmes du Mali:  » Ce code va à  l’encontre des principes religieux. Il n’y a pas un texte qui mette plus à  l’aise les femmes que le Coran. » On apprend en effet, que le Coran permet à  la femme d’acquérir des biens, des contrats ou de nouer un commerce sans l’autorisation du mari. O๠est alors la frontière entre valeurs sociétales et religieuses ? Entre laicité et religion ? Autre point : le mariage religieux, qui n’est plus reconnu seul par le nouveau code. Or bien des ménages sont mariés depuis des années, devant Dieu et cela leur suffisait. Aujourd’hui, la femme mariée religieusement ne jouira pas de la même protection qu’une femme mariée devant la mairie. Et si un homme qui a été marié à  une femme religieusement, décide d’en prendre une deuxième civilement, qu’en sera-t-il des droits de la première épouse ? Par ailleurs, le nouveau code évite les questions liées au lévirat, à  l’excision et qui ne sont nullement légiférées au Mali, à  l’inverse d’autres pays comme le Sénégal, le Burkina Faso ou la Guinée. On vient des autres pays pour exciser au Mali, terre de traditions et de coutumes immuables. Les féministes appellent au dialogue, à  la concertation… Ce nouveau code s’il fait polémique, après la marche des religieux le 15 Aout à  Bamako, et la grande manifestation du 22 Aout au stade du 26 Mars, reste source de malentendus. Beaucoup s’indignent, s’agitent sans vraiment comprendre le fond de la question. « Il est d’abord utile de s’en imprégner, de le lire attentivement avant de se livrer à  toute commentaire et toute interprétation… », affirme Aminata Dramane Traoré, ex ministre de la culture du Mali. D’autres comme Traoré Nana Sissako, présidente de l’On »g Pivot Droits et citoyenneté des femmes », pense qu’il faut débattre de la question et multiplier les recontres de femmes pour éclaircir les opinions sur les articles qui fâchent. C’est aussi l’avis de Mme Dembélé Oulematou Sow, qui appelle à  une large concertation pour mieux comprende le code de la famille : » Il faut vulgariser, expliquer davantage le contenu du code, pour éviter tout amalgame, toute interprétation tendancieuse ». Malgré ces appels émanant de personnalités de la société civile ou de responsables d’associations, les femmes ne sont pas assez nombreuses à  s’exprimer. Est ce parce que beaucoup d’entre elles partagent encore l’avis des religieux, sont trop enracinées dans la tradition ? Ou s’agit-il simplement d’un manque de communication ?